La libération des femmes une plus-value mondiale
282 pages
Français

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La libération des femmes une plus-value mondiale , livre ebook

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Description

Les analyses de la situation des femmes oscillent entre une dénonciation de la domination masculine qu'elles subissent, et un exposé plein d'espoir quant aux réformes accomplies dans la conquête de leur égalité avec les hommes. Le parti pris suivi dans cet ouvrage est de jeter la lumière sur les contradictions, aussi bien à l'échelle microsociale de la vie quotidienne que dans les engagements plus politiques. L'approche anthropologique et la réflexion féministe sont conjuguées pour explorer le sens de ces évolutions.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 août 2015
Nombre de lectures 8
EAN13 9782336388083
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Anthropologie critique
« Anthropologie critique » Collection dirigée par Monique Selim

Cette collection a trois objectifs principaux :
– Renouer avec une anthropologie sociale détentrice d’ambitions politiques et d’une capacité de réflexion générale sur la période présente ;
– Saisir les articulations en jeu entre les systèmes économiques devenus planétaires et les logiques mises en œuvre par les acteurs ;
– Étendre et repenser les méthodes ethnologiques dans les entreprises, les espaces urbains, les institutions publiques et privées, etc.

Derniers ouvrages parus :

Fernandino FAVA
Qui suis je pour mes interlocuteurs ? 2014 .
Roch Yao GNABÉLI
Les mutuelles de développement en Côte d’Ivoire. Idéologie de l’origine et modernisation villageoise , 2014.
Gaëtane LAMARCHE-VADEL
Politiques de l’appropriation , 2014.
Mathieu CAULIER
De la population au genre. Philanthropie, ONG, biopolitiques dans la globalisation , 2014.
Nicole KHOURI, Joana PEREIRA LEITE
Khojas ismaïli du Mozambique colonial à la globalisation , 2014.
Claire MESTRE
Maladies et violences ordinaires dans un hôpital malgache , 2014.
Françoise HATCHUEL
Transmettre ? Entre anthropologie et psychanalyse, Regards croisés sur des pratiques familiales , 2013.
Yannick FER, Gwendoline MALOGNE-FER
Le protestantisme évangélique à l’épreuve des cultures , 2013.
Nicole FORSTENZER
Politiques de genre et féminisme dans le Chili post-dictature , 2012.
Marie BONNET
Anthropologie d’un service de cancérologie pédiatrique , 2011.
Michela PASIAN
Anthropologie du rituel de possession Bori en milieu Hawsa au Niger. Quand les génies cohabitent avec Allah, 2010.
Anne Q UERRIEN
Monique S ELIM











La libération des femmes,
une plus-value mondiale
Copyright












Cet ouvrage a été publié avec le concours de l’ANR CRITERES, portée par Pascale Absi. Il a beaucoup bénéficié des réflexions collectives menées dans l’ANR CRITERES mais aussi dans l’ANR GLOBAL GENDER, portée par Ioana Cirstocea.
Nous remercions très chaleureusement Cathy Bernheim et Nicole Beaurain pour leur relecture attentive.

© L’Harmattan, 2015
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-73819-2
Sommaire
Couverture
4 e de couverture
Anthropologie critique
Copyright
Sommaire
À quatre mains
Prélude à l’exploration
Dit autrement
La double face des femmes
Mobilités féminines
Femmes basques à Paris
Salariées d’une entreprise textile d’État au Vietnam
Ouvrières de la couture en voie de se syndiquer au Bangladesh
Un laboratoire scientifique en mode survie en Ouzbékistan
Perdurances féminines
Travail sexuel, travail pour tous
Les imaginaires du contact sexué au Bangladesh
Entre divorces, mariages et célibat au Bangladesh
Les auxiliaires de vie
Mouvements
Les filles de joie de la pensée 68
Dans les villes
Des subjectivités rebelles en bourgeons
Gouines rouges et viragos vertes
Études de genre à C anton
Croquer les pieds de porc salés
Vers des normes globales de genre
Des registres d’action et de pensée dissensuels
La libération des femmes comme plus-value du capital
Des mêmes auteures
Sociologie et questions de société aux éditions L'Harmattan
Adresse
À QUATRE MAINS
Anne Q UERRIEN
Monique S ELIM
Les analyses de la situation des femmes oscillent entre une dénonciation de la domination masculine qu’elles subissent, et un exposé plein d’espoir dans les réformes accomplies dans la conquête de leur égalité avec les hommes, exposé tout de suite tempéré par l’énoncé des inégalités qui demeurent. Le parti pris suivi dans ce travail est plutôt de jeter la lumière sur les contradictions, aussi bien à l’échelle microsociale de la vie quotidienne que dans les engagements plus politiques. Au Mouvement de libération des femmes, nous avons éprouvé la difficulté de prendre conscience individuellement de ces contradictions, différentes pour chacune et communes à toutes. Dans l’exercice de l’anthropologie ou de la sociologie, nous n’avons pas voulu occuper la position féministe qui conduirait à voir le monde du point de vue de sa moitié féminine, mais plutôt prêter attention aux expressions et aux engagements des femmes dans un monde qui demeure cartographié par la domination masculine. L’éthique professionnelle demande de distinguer dans l’ensemble des processus sociaux les logiques ambivalentes des acteurs, et d’observer les manières des dominées de penser un avenir meilleur pour elles et leurs proches, au-delà d’un présent dont elles voient les blocages. Cela implique de prendre en compte les doubles mouvements positifs et négatifs, les lignes de fuite et les révoltes, les dérélictions et les effondrements passagers ou durables, les soulèvements. En se bornant à condamner les crimes commis contre les femmes, il est facile de réaliser une unanimité de façade. La position victimaire s’épuise pourtant à la longue en se heurtant à l’indifférence qu’elle dénonce. Elle ignore le désir des femmes d’aller au-delà de la domination et de rencontrer d’autres formes d’émancipation. Quand la solidarité soulève un tant soit peu une société, des institutions publiques et non gouvernementales se mettent en branle pour réformer ou assister. Aussi timides et limitées que soient ces réponses, elles frayent un changement qu’il s’agit de percevoir malgré la reconduite de la domination.
Qui sommes-nous, nous qui avons écrit ce livre à quatre mains et mis dans un pot commun réflexions, expériences, terrains, sans épuiser dans cette microcollectivisation nos ressources personnelles. Nous avons fait nos études secondaires à quelques années de distance au lycée Victor Duruy, à l’époque réservé aux filles, en jupes et chaussettes, doit-on ajouter. Nous y avons porté une blouse alternativement beige et bleue selon les semaines, et brodée à notre nom, nous y avons toutes les deux étudié le latin et le grec, et suivi le catéchisme. Anne Querrien y a connu la fin de la guerre d’Algérie en 1962 ; Monique Selim y a monté un comité Vietnam en 1966 et obtenu en 1968 le droit de fumer dans la cour et de se maquiller !
Pour toutes les deux, la lecture du Deuxième Sexe fut décisive mais différente. Pour Monique Selim, comme Simone de Beauvoir D 1 l’a bien résumé : « On ne naît pas femme, on le devient. » C’est un choix. Si on n’a pas envie de devenir une femme, on ne le devient pas. Si on n’a pas envie d’être prise dans cette catégorisation de femme, on le peut, grâce, notamment, à la contraception. Il est possible de ne s’axer que sur le plaisir et le désir.
Anne Querrien, aînée de cinq filles, a, de son côté, ressenti après cette lecture une pulsion amoureuse pour l’amie qui le lui avait fait connaître. Mais sans remettre en question son désir d’être pleinement à la fois une mère et un être humain. Elle aurait eu le sentiment de sacrifier quelque chose si elle n’avait pas eu d’enfant, tout en travaillant et en militant. Toute son histoire familiale lui disait que les femmes n’étaient nullement inférieures aux hommes : en charge de la continuité matérielle, quotidienne, elles en imposaient les contraintes sur les autres. Cette vision contradictoire, faite d’une double aspiration à l’égalité et à la maternité, fut mise à rude épreuve par l’institution scolaire puis par le militantisme syndical étudiant. Ces épreuves la conduisirent au Mouvement de libération des femmes, où elle eut l’impression d’être une femme sans condition.
Monique Selim, à l’inverse, plaçait avant tout sa liberté et son désir de parcourir le monde et voulait rester socialement un homme, mais dans un corps de femme jouissant. C’était une évidence personnelle, collective, comme en 1968, d’être au Mouvement de libération des femmes, très liée sans aucun doute à la politisation de sa famille. Mais surtout l’évidence subjective résidait dans sa volonté de ne pas être une femme. Le MLF était pour elle un espace où pouvait être affirmée la négation profonde du désir d’être une femme. Ne pas être une femme, ne pas être assignée à une position inférieure, c’était échapper à toutes les trappes. Le fait de se situer comme non-femme impliquait tout d’abord le refus de la

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