La marche vers le pouvoir (Tome II)
184 pages
Français

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La marche vers le pouvoir (Tome II) , livre ebook

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Description

Quelles sont les réalités, les limites, l'avenir de l'Excellence française ? Ce second tome examine les rapports entre la diversité des talents et le principe d'égalité, souligne le rôle des valeurs et montre comment les meilleurs, la plupart du temps issus du système méritocratique, acquièrent pouvoir, richesses, considération, et concourent, par conséquent, à définir les structures de la société française mais aussi à la régidifier.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2010
Nombre de lectures 44
EAN13 9782296932968
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LA MARCHE VERS LE POUVOIR
Du même auteur


La Méritocratie française. Les élites françaises. Essai critique. Tome I , Éditions L’Harmattan, 2010.

Ombres et Lumière. Les élites françaises. Essai critique. Tome III , Éditions L’Harmattan, 2010.


© L’Harmattan, 2010
5 - 7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-11308-4
EAN : 9782296113084

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Maurice B ERMARD


LA MARCHE VERS LE POUVOIR

Les élites françaises

Essai critique


T OME II


Préface de Raymond Boudon
Questions Contemporaines
Collection dirigée par J.P. Chagnollaud ,
B. Péquignot et D. Rolland

Chômage, exclusion, globalisation… Jamais les « questions contemporaines » n’ont été aussi nombreuses et aussi complexes à appréhender. Le pari de la collection « Questions contemporaines » est d’offrir un espace de réflexion et de débat à tous ceux, chercheurs, militants ou praticiens, qui osent penser autrement, exprimer des idées neuves et ouvrir de nouvelles pistes à la réflexion collective.


Dernières parutions

Gilbert ANDRIEU, Sport et spiritualité , 2009.
Gilbert ANDRIEU, Sport et conquête de soi , 2009.
Bruno PÉQUIGNOT (préf. & prés.), Interaction entre modèles d’agir : civils et militaires , 2009.
René PARIENTE, Le socialisme utopique. Antiféminisme et antisémitisme , 2009.
Daniel LAGOT, Justice ou injustice internationale ? , 2009.
Martin KYLHAMMAR, Le Moderniste intemporel. Essais sur la dimension culturelle du modèle suédois , 2009.
Olivier DURAND (dir.), A quoi bon aller voter aujourd’hui ? , 2009.
Marcienne MARTIN, Des humains quasi objets et des objets quasi humains , 2009.
Abdel-azize HOUCINE, Temps et langage dans la philosophie de Hegel , 2009.
Jean Joseph REGENT, La part du citoyen , 2009.
Jean-Didier ROSI, Privatisation de la violence. Des mercenaires aux Sociétés militaires et de sécurités privées , 2009.
Frédéric DE CONINCK (préf. & prés.), Je connais la situation, mais comment agir ?, 2009.
Imerio SEMINATORE, L’Europe entre utopie et realpolitik , 2009.
Claude FOUQUET, Modernité, source et destin , 2009.
Héliane de VALICOURT de SERANVILLERS, La preuve par l’ADN et l’erreur judiciaire , 2009.
« On aime tant la vérité
que ceux qui aiment autre chose qu’elle
veulent que ce qu’ils aiment soit la vérité. »

Saint Augustin
Préface La démocratie française : une démocratie à tendance oligarchique
Voici un ouvrage sur les élites françaises, modéré dans le ton, pertinent par les questions posées, nourri d’informations et décapant. Il n’existe pas de sociétés sans élites. Elles sont indispensables à leur fonctionnement. Mais pourquoi sont-elles, en France, lentes à s’ouvrir ? Pourquoi paraissent-elles ne pas assumer aussi efficacement qu’ailleurs leur rôle de moteur de la modernisation ? Pourquoi certains des changements institutionnels qui s’imposent sur toutes sortes de sujets paraissent-ils si longtemps différés ?
Plutôt que de résumer un texte limpide, je tenterai ici de prolonger les réflexions sociologiques de Maurice Bernard dans la direction d’une exploration de l’origine politique du conservatisme des élites françaises.
*
La France se caractérise par un système éducatif dual qui la distingue de ses voisins : grandes écoles d’un côté, université de l’autre. Les premières garantissent à leurs anciens élèves l’emploi et un certain niveau de prestige, d’influence et de pouvoir. Les secondes débouchent souvent, après des années d’études, sur le chômage ou sur un emploi de niveau inférieur aux qualifications acquises. Dans l’ensemble, les premières marchent bien et assurent la formation des élites économiques, politiques et culturelles. Elles se modernisent et se réforment lentement mais sûrement, à défaut de s’ouvrir autant qu’il le faudrait. Le problème de l’université et de l’enseignement secondaire est, lui, vraiment sérieux. L’une et l’autre mériteraient une cure de jouvence qui paraît constamment différée ou homéopathique.
La raison principale du conservatisme français en la matière tient à ce que, s’agissant du système d’enseignement, les responsables politiques partagent leur pouvoir avec des syndicats d’enseignants et d’étudiants peu représentatifs, auxquels viennent s’agglutiner des groupes d’influence et de connivence, les uns et les autres à forte teneur corporatiste. Les tenants du pédagogisme ou de la grammaire dite structurale ont imposé au politique des réformes d’intérêt contestable. Des sociologues d’inspiration marxiste ayant décidé qu’un enseignement abstrait des mathématiques devait avoir pour effet de neutraliser l’influence des parents et, par suite, d’atténuer le poids de l’origine sociale sur la réussite scolaire, on imposa les mathématiques dites modernes. Cela eut surtout pour effet d’intensifier l’effet dissuasif qu’exercent les mathématiques sur de nombreux jeunes esprits. Au nom de l’égalité, ces mêmes groupes d’influence ont érigé la différentiation minimale entre établissements en un principe intangible, en un temps où la complexification du marché de l’emploi et la diversification du public scolaire recommandaient une différentiation maximale, afin que chacun ait des chances de trouver sa voie. C’est parce que le système d’enseignement américain est très différencié que le chômage des jeunes n’est pas aux États-Unis un problème majeur.
L’organisation oligarchique du pouvoir apparaît avec une netteté particulière dans le cas du système d’enseignement. Mais elle tend à caractériser le système politique français dans son ensemble. Pourquoi ?
La réponse est pour une part fournie par l’histoire. L’histoire de la France a fait que les grands principes de la démocratie s’y sont plus difficilement installés et sont l’objet d’une attention plus précaire que dans d’autres pays démocratiques. La patrie de Montesquieu donne l’impression, aujourd’hui encore, de se rallier un peu à contrecœur au grand penseur bordelais. L’histoire politique de la France se caractérise en effet par une tendance à la concentration et à la centralisation du pouvoir politique. Il suffit d’évoquer le Consulat, le Premier Empire, le règne de Charles X et le Second Empire, voire les débuts de la V e République. Certes, les magistrats français ont su affirmer leur indépendance dans les dernières décennies. Les lois sur le financement des partis ont contribué à la séparation des pouvoirs économique et politique. Le lien qui subordonnait le pouvoir médiatique au pouvoir politique à l’aube de la V e République a été dénoué. Mais, d’un autre côté, de longues périodes de l’histoire moderne de la France ont été caractérisées par une hypertrophie de l’exécutif. Les traces de ce passé ne sont pas entièrement effacées.
Le haut degré de centralisation qui caractérise notre pays a pour effet de le soumettre à une élite politique, bureaucratique, économique, syndicale, intellectuelle et médiatique étroite. En même temps, le faible pouvoir dévolu au Parlement confère à divers groupes d’influence un pouvoir qu’ils n’ont pas au même degré dans les démocraties où le pouvoir des représentants de la nation limite à la fois celui de l’exécutif et celui des groupes d’influence. Il en résulte une faiblesse endémique des gouvernements français et, du côté du citoyen, un sentiment d’éloignement et de défiance à l’égard du politique. C’est pourquoi on a facilement l’impression que la France est dans un état de crise politique chronique : une impression que l’on n’éprouve nullement en Allemagne, au Royaume-Uni ou en Suisse.
Ces facteurs ont encore pour effet de renforcer le pouvoir de la rue , lequel distingue aussi la démocratie française au sein du petit club des démocraties occidentales. L’expression même de la rue au sens politique témoigne de cette spécificité. Un Français déclare spontanément que la rue a parlé. On ne voit pas un Anglais déclarant que the street has spoken ou un Allemand que die Strasse hat gesprochen.
On peut préciser les causes des tendances oligarchiques de la démocratie française. Un important économiste et sociologue de notre temps, l’Américain Mancur Oison, a identifié un mécanisme fondamental responsable des menaces

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