La nature et le balnéaire
358 pages
Français

La nature et le balnéaire , livre ebook

-

358 pages
Français

Description

Cet ouvrage s'adresse à un public intéressé aussi bien par l'aménagement et le développement durable du littoral que par le développement touristique en embrassant les pratiques balnéaires comme le tourisme de nature. Ce livre fournit, notamment, l'occasion de contribuer à la thématique de la Gestion intégrée des zones côtières (GIZC) pour laquelle l'expérimentation de l'outil Parc naturel régional sur le littoral touristique est quasiment inédite.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2008
Nombre de lectures 268
EAN13 9782296217881
Langue Français
Poids de l'ouvrage 37 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1400€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

REMERCIEMENTS

Cet ouvrage est en partie issu d’une thèse de doctorat de géographie soutenue à l’université de
ParisEst Marne-la-Vallée en 2004. J’en remercie les directeurs, Bernard Cervelle et Nacima Baron-Yellès,
pour leurs encouragements répétés et leur soutien indéfectible.
Mes plus vifs remerciements vont également à Marie-ClairePrat, ChristineClus-Auby et
Yvonne Battiau-Queneyet plus largement à l’EUCCFrance, à la Fondation Procter & Gamble
pour le littoral et au Conservatoire du littoral, sans lesquels le Prix Roland Paskoff n’existerait pas,
et sans lesquels le présent ouvrage n’aurait certainement pu voir le jour.
En amont d’un livre comme celui-ci, ilyaune envie de connaissance – oserais-je direundésir de
rivage?– ,un appétitd’analyse etd’écriture et une patience àvoir se construireun manuscrit.Pour
le premiermoment, j’aiune pensée pourmesproches qui m’ontpoussé et soutenuà découvrir un
littoralsurlequel jesuisparti à larecherche d’une géographie maisaussi d’une histoire familiale
dont quelquesépisodes, de Venise à Toulouse, onteule ciel audoisetlesplageslanguedociennes
pourdécorheureux. Je n’oublie pas non plus tous ceux, habitants, touristes, élus, techniciens, dont
j’ai souvent abusé du temps et de la gentillesse, et sans lesquels cet ouvrage n’aurait pu être nourri
puisqu’ils en sont la matière. Peut-être se reconnaîtront-ils entre les lignes qui suivent ? Pour le
second moment, je reconnais le rôle des collègues, qui de l’université de Bretagne Occidentale,
à l’université de Marne-la-Vallée et à l’université du Maine, ont su m’épauler dans un virage
disciplinaire, de l’écologie à la géographie, qui a enrichi progressivement mes réflexions. Je mesure
également ici toute la chance que j’ai eu de vivre de l’intérieur –in situ– la gestation et la création,
entre2001 et 2004, d’un Parc naturelrégional.Jesalue la passion, le dévouementetletravail
acharné detoute l’équipe duPNRde la Narbonnaise.Pourle derniermoment, il m’est un agréable
devoirderemercierchaleureusementl'équipe de l'UMR ESO6590CNRSàqui je doisl’important
travail de mise en forme du textequisuit.
Finalement,toute mareconnaissanceva à la mémoire de Roland Paskoff pouravoir tracé lavoie des
chercheursde ma génération en lesanimantde la passion dulittoral.

« Le hasard m’asitué dèsma jeunesse,vers1906-1910, audébutdugrand essordes
bainsde mer ;leshommesne m’avaientcertespasattendupour se baigner, mais
lesnageursn’avaientété, jusque là,qu’une exception.Leslecteursd’aujourd’hui
doiventbien avoirceci d’abord présentà l’esprit: ilya cinquante ans, lesplages
françaisesétaient vides, l’été (sauf lesplages situéesàquelquesheuresde Paris), ainsi
que lesmontagnes, l’hiver.Ilyavaitencore de la place dansla nature.Etdu silence.
Est-ce hasard, oufûmes-nouslespremiers, parl’exemple etparl’écriture, à donner
lesignal de l’immenseruée actuelleversl’eauet verslescimes ?» (Paul Morand,
1960,Bains de mer, p.9).

« Letempsn’est-il plusoùles touristesetlespopulationsenvacancesorganisaient
eux-mêmesleursdéplacementset venaient s’intégrerensurnombre à la
population indigène;letempsn’estplusmême oùilsuffisaitdequelqueshôtels
et villasaccolésàunvillage agricole ouàun petitportde pêche.Cesontdes
régionsentières qu’il fautmaintenantéquiper: laroutetouristique, le portde
plaisance, lastation balnéaire, lastation desportsd’hiver, levillage devacances,
voici desnotions récentes qui prennentchaque jour unesignification nouvelle.»
(OlivierGuichard, 1965b, p.12).

INTRODUCTION

La nature.Le balnéaire.Le lecteur serasansdoute intrigué parla juxtaposition de
deuxmots qui évoquentdes universbien distincts.D’un côté, de grandesétendues
d’eauetde marais, grouillantd’unevie intense,survolésdes volsde Canardsetde
Flamants.De l’autre côté, la plage, la crèmesolaire, les vacancesetles résidencesde
frontde mer, piedsdansl’eau.Évidemment, cette antinomie n’est qu’apparence.Sur
le littoral de l’Aude, à l’image d’autres rivagesbalnéaires, les stationsde bord de mer
s’inscriventdans un environnementnaturelsuffisamment singulierpour que cesdeux
catégoriesd’espacesne puissentfonctionnerhermétiquementetindépendamment.À
chercherles ressemblances, lesarticulationsetlesliens, on découvre finalement une
géographie et une histoire aussi complexes qu’une pièce dethéâtre dontlesactes se
e
sontdéroulésdepuisleXIXsiècle jusqu’à aujourd’hui.Lesacteurs quitiennentla
vedettesontdeshabitantsetdes touristes, desaménageurs(desélus, desentreprises,
l’État…) etlanature,quasi-personnage et véritableembrayeur d’action(Lussault,
1994), complexe etpolysémique,qui estloin detenirlesecondrôle.

D’un littoral à l’autre : nature, béton et… nature

Véritablethéâtre etobservatoire desmétamorphoses touristiquesdulittoral, le
e
rivage audoisest un casd’école.DèsleXIXsiècle, cette côte marécageuse etinfestée
de moustiques, domaine dequelquespêcheurset viticulteurs, estinvestie pardes
villégiateurs venusdes villesproches.Mêmesi certainsjugerontcette histoire
anecdotique, elle demeure exemplaire du vaste essordesbainsde mer quitouche les
e e
littorauxeuropéensentre la fin duXVIIIetle débutduXXsiècle.Unerévolution
s’estalorsopérée danslesilence, celle de la découverte de la baignade, maisaussi
celle de la plage comme d’un lieude mixitésociale,tandis que lesautres rivages
touristiquesdevenaientmondains.Plusd’un demisiècle plus tard, ce littoral est

devenu l’un des symboles du tourisme balnéaire voulu au plus haut niveau de l’État.
En l’espace de20années, de 1963à 1982, la poignée detechnocratesde la Mission
interministérielle Racine coordonne et transforme la façade maritime languedocienne
en l’un desfleuronsde l’économietouristique française.Le fortpouvoirdémonstratif
d’une politique bâtisseuse aussi flamboyante a marqué durablementlesesprits, ceux
deschercheurscomme ceuxdupublic,si bienqu’aulittoral de l’Audes’est rivée, à
l’instardesdépartementslimitrophes,une image de béton dontlesprofessionnels
du tourisme peinentencore àse débarrasser.Enfin, depuis une décennie, lesélus
locauxœuvrentpourfairereconnaître leur territoire comme Parc naturelrégional.
Aprèslesnombreusesétapesd’une procédure mouvementée, pimentée pardes
tensionspolitiquesantagonistes, le projetémerge finalementlorsqu’un décretdu
17décembre2003officialise la création duParc naturelrégional de la Narbonnaise
en Méditerranée.Une autrerupture a eulieu:un littoral dédié au tourisme
balnéairede masseestdevenu, officiellementetde manière lisible,unterritoire où
protection de l’environnementetdéveloppementlocal doivent se lierdurablement.
Ce momentmarque en mêmetempsla première étape de lareconnaissance d’un
patrimoine naturel parde nombreuxacteursinstitutionnelsetassociatifs quis’est
prolongée en2005 parle classementde l’ensemble lagunaire commezone humide
d’importance internationale au titre de la Convention de Ramsar.

Àtravers unetellerétrospective, l’objectif de cetouvrage estde mettre en lumière
l’exemplarité d’un espace où se cristallisentlesprincipalesmutationsdescôtes
françaisesdepuisplusd’unsiècle etd’offrirl’occasion d’une lecture condensée de la
1
transformation despratiquesde la gestion dulittoral.Unequestion centrale mérite
dèslorsd’être formulée :commentetpourquoiuntel espace emblématique du
tourisme balnéaire a-t-il puconnaîtreuneremise en cause aussiradicale desesmodes
de gestion?D’une part, cetteremise en cause estliée à la montée en puissance de
doctrinesde la protection de la nature dontla matérialisation législativetend, depuis
lesannées1980, à définir un nouveaucadre de la gestion deslittorauxen France.
Si la loi Littoral de 1986a été la premièretentative de limitation de l’urbanisation,
l’affirmation duConservatoire dulittoral –véritable agence foncière publiq

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