Le combat culturel

Casajus Emmanuel

Description

"Amour ! Absinthe ! Révolution !". C'est par ce genre de slogan que les Identitaires, mouvance située à la droite du Front National, entendent renouveler l'imaginaire d'extrême droite. Leur faiblesse numérique n'entrave pas l'efficacité de leur propagande. S'inspirant de l'esthétique punk ou gauchiste, de l'avant-garde futuriste, ou du cinéma nouvelle vague, ces militants construisent jour après jour, à l'aide d'un réseau de blogs, une contre-culture originale... C'est en sociologue que l'auteur traite ici de ce "combat culturel".

Sujets

• Sociologie
• Science politique
• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 janvier 2014
• Nombre de lectures: 73
• EAN13: 9782336334875
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 39 Mo

Extrait

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LE COMBAT CULTURELQ
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CHEZ LES IDENTITAIRES
LE COMBAT CULTUREL
IMAGES ET ACTIONS
« Amour ! Absinthe ! Révolution ! ». C’est par ce genre de QQQ CHEZ LES IDENTITAIRESslogan que les Identitaires, mouvance située à la droite du
Front National, entendent renouveler l’imaginaire
d’extrêmedroite. Leur faiblesse numérique n’entrave pas l’ef cacité de leur
propagande. S’inspirant de l’esthétique punk ou gauchiste, de
l’avant-garde futuriste, ou du cinéma nouvelle vague, ces militants
construisent jour après jour, à l’aide d’un réseau de blogs, une
contre-culture originale. Face à un Occident qu’ils jugent vulgaire
et consumériste, les Identitaires cherchent à faire revivre une
Europe portée par son art de vivre et ainsi à ré-enchanter,
à ré-esthétiser leur monde. C’est en sociologue que l’auteur traite
ici de ce « combat culturel ».
Emmanuel Casajus prépare une thèse de sociologie à
l’Université Paris-Diderot Paris VII sur les contre-cultures
politisées.
Questions contemporaines
ISBN : 978-2-343-02637-4
20 €
Emmanuel Casajus
LE COMBAT CULTUREL






LE COMBAT CULTUREL









Questions contemporaines
Collection dirigée par B. Péquignot, D. Rolland
et Jean-Paul Chagnollaud

Chômage, exclusion, globalisation… Jamais les « questions
contemporaines » n’ont été aussi nombreuses et aussi
complexes à appréhender. Le pari de la collection « Questions
contemporaines » est d’offrir un espace de réflexion et de
débat à tous ceux, chercheurs, militants ou praticiens, qui
osent penser autrement, exprimer des idées neuves et ouvrir
de nouvelles pistes à la réflexion collective.


Dernières parutions

Mario ZUNINO, Quand le JT de TF1 fait son cinéma, 2013.
Delphine DELLA GASPERA, L’économie moderne au risque de
la psychanalyse, pour un développement plus sain, 2013.
Jean–Christophe TORRES, Quelle autonomie pour les
établissements scolaires ?, Réflexions sur la liberté
pédagogique dans les collèges et les lycées, 2013.
Frédéric JONNET, Officiers : oser la diversité. Pour une
recomposition sociale des armées françaises, 2013.
Stéphane CHEVRIER, Gérard DARRIS, Les résidents secondaires
à l’âge de la retraite, 2013.
Mohamed Amine BRAHIMI, Réflexion autour d’Alain Badiou et
Toni Negri. Pour une sociologie des intellectuels
révolutionnaires, 2013.
Alain CHEVARIN, Former sans déformer ni conformer, 2013.
Bruno COQUET, L’Assurance chômage, une politique
malmenée, 2013.
Nesmet LAZAR, Peut-on encore sauver la France ?, 2013.
Michel PERALDI, Ils ont volé la décentralisation ! Pamphlet
argumenté pour que la décentralisation soit rendue aux
citoyens, 2013.
Jacques Adrien PERRET et Samuel Mayol, Pour un système
éducatif réaliste et sans élitisme, 2013.
Emmanuel CASAJUS








COMBAT CULTUREL

Images et actions
chez les Identitaires















































© L’Harmattan, 2014
5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris

http://www.harmattan.fr
[e-mail]
[e-mail]

ISBN : 978-2-343-02637-4
EAN : 9782343026374








« Amour ! Absinthe ! Révolution ! » Du rêve, du
changement et un brin de folie douce… un slogan qui sent
bon le patchouli, ou, pire, le cannabis. Pourtant, ce slogan
n’a rien à voir avec mai 68 : c’est une parodie du
identitaire « Europe ! Jeunesse ! Révolution ! » Pour être
compris, il doit être mis en parallèle avec la devise du blog
dont il est tiré, Zentropa : « Tout est dans le style ».
Tous ces slogans sont des mots d’ordre de la famille
identitaire, une composante en pleine expansion de la droite
radicale française. Jouant habilement sur les apparences et
sur les mots (se revendiquant « identitaires » et non
« nationalistes »), les Identitaires ont réussi à mystifier le
spécialiste autoproclamé de la question, Jean-Yves Camus,
qui écrivait le 19 octobre 2009 pour Rue 89 un article au nom
évocateur, « Le Bloc Identitaire, nouveau venu dans la
1famille d’extrême droite » . Les Identitaires, selon lui, ne
ressembleraient en rien à « l’extrême droite classique, ni par
2la tenue de leur discours, ni par leurs orateurs » , comme s’il
y avait une essence de l’extrême droite. Évidemment, les

1 Voir Camus, Jean-Yves, « Le Bloc identitaire, nouveau venu dans la famille de
l’extrême droite »,
http://www.rue89.com/jean-yves-camus/2009/10/19/lebloc-identitaire-nouveau-venu-dans-la-famille-de-lextreme-droite, 19 octobre
2009.
2 Tiré d’une interview de Jean-Yves Camus dans « La déferlante anti-Islam :
enquête sur la nouvelle extrême droite », reportage diffusé sur Canal + le 30 mai
2011.
8 LE COMBAT CULTUREL

Identitaires d’aujourd’hui ne ressemblent pas plus à
l’extrême droite d’hier que le Parti socialiste ne ressemble à
la SFIO. Les familles politiques sont en constante évolution,
et des éléments migrent même parfois de l’une à l’autre : on
pense à la vague d’intellectuels de gauche rejoignant les rangs
de l’extrême droite par antisémitisme pendant l’affaire
Dreyfus, ou aux nombreux radicaux qui se tournèrent vers le
fascisme dans les années 1930.
La mouvance identitaire est un avatar contemporain d’un
courant qui n’a jamais totalement disparu de la société
française depuis la guerre d’Algérie. Changeant souvent de
nom, parfois de visage, une nébuleuse de groupuscules
vivote à l’extrême droite de l’échiquier politique depuis les
années cinquante. Sa base militante est souvent jeune. Fidèle
à une tradition qu’on peut sans doute faire remonter au
efuturisme, mouvement artistico-littéraire du début du XX
siècle dont certaines intuitions ont été reprises par les
fascistes italiens, ces jeunes gens trouvent dans l’extrême
droite antiparlementaire un moyen d’exprimer leur
opposition à un mode de vie qu’ils jugent bourgeois et
sclérosé, avant de se ranger et de céder la place à une
nouvelle génération. Si cette base est mobile, les inamovibles
têtes pensantes du mouvement, souvent fort éloignées de
leurs troupes, sont par contre de « vieux routards de
l’extrême droite », selon l’expression consacrée. On trouvait
d’ailleurs pendant longtemps des anciens de la division
Charlemagne au sein de l’extrême droite, même si cette
génération a aujourd’hui fait son temps. Fondant et
refondant des groupuscules au fil des générations et des
scissions, chacun de ces chefs tente, de conspiration en
conspiration, de s’imposer en gourou suprême des
nombreux groupuscules de la nébuleuse radicale. Des
blousons noirs de Jeune Nation aux skinheads des Jeunesses
Nationalistes Révolutionnaires, en passant par le GUD et
Occident, des générations de jeunes gens ont fait leur
apprentissage de la vie politique à l’extrême droite. La
INTRODUCTION 9

mouvance identitaire, sous ses airs novateurs et
révolutionnaires, s’inscrit dans cette tradition politique.
Mais les Identitaires ont réussi à sortir de la
représentation caricaturale que l’on se fait des groupuscules
fascistes, sans pour autant rejeter certaines dimensions du
fascisme, en particulier, comme nous le verrons, sa
dimension esthétique. Comment ont-ils réussi le tour de
force de s’enlever l’étiquette de groupuscule fasciste, étant
donnée leur appartenance à cette idéologie ? <