Le monde des odeurs
213 pages
Français

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Description

Les pratiques, les savoir-faire et les habitudes liés à l'olfaction, le rapport étroit qu'entretiennent odeurs et émotions, placent l'odorat au coeur des rapports et des comportements sociaux et affectifs de séduction, d'évitement, de rejet et d'exclusion. Mais comment étudier cette modalité singulière ? Voici un tableau d'ensemble des recherches les plus récentes dans le domaine de la psychologie de l'olfaction.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2011
Nombre de lectures 134
EAN13 9782296465473
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le monde des odeurs
De la perception à la représentation
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-55212-8
EAN : 9782296552128
Céline Manetta & Isabel Urdapilleta


Le monde des odeurs
De la perception à la représentation



















L’Harmattan
Sciences Cognitives

Collection dirigée par Annamaria Lammel

Les sciences de la cognition représentent aujourd’hui un des domaines les plus dynamiques de la recherche scientifique. C’est une nouvelle science pluridisciplinaire (de la neurobiologie à la philosophie, en passant par la psychologie, l’anthropologie, la linguistique, la préhistoire et la paléontologie...) avec des racines très anciennes. Son objectif est l’étude de la nature humaine avec des méthodes scientifiques novatrices.
Cette collection a pour vocation de constituer un lieu d’échange et de réflexions interdisciplinaires sur la cognition. Elle offre des synthèses accessibles aux lecteurs qu’ils soient étudiants, chercheurs, praticiens, mais également aux «curieux» qui cherchent à découvrir un domaine intellectuel riche et passionnant.

Déjà parus

Daniel DUBOIS, Le sentir et le dire. Concepts et méthodes en psychologie et linguistique cognitives , 2009.
Frank JAMET et Dominique DÉRET, Raisonnement et connaissances : un siècle de travaux , 2003.
Emmanuel SANDER, L’analogie, du Naïf au Créatif, 2000.
Dominique DÉRET, Pensée logique, Pensée psychologique , 1998.
Claire PETITMENGIN, L’expérience intuitive, 2001.
Sébastien POITRENAUD, Complexité cognitive des interactions homme-machine. Modélisation par la méthode ProcOpe, 2001
Remerciements


Les auteurs remercient Arnaud Montet, Yann Le Gauffey et Isabelle Cayeux qui leur ont permis d’approcher le monde de l’olfaction, pour lequel recherche fondamentale et appliquée vont de paire.

Les auteurs remercient aussi leurs amis, parents et collègues qui les ont accompagnés ces dernières années : Alberto, Maryse, Alain, Hector, Camille, Clémence, Anatole, Jean Charles, Stéphanie, Audrey, Aurélie, Marion, Christine, Jean- Pierre, Philou, Claude, Joëlle, Sophie, Jacky, Romuald, Delmina, Giovanni, Caroline, Laurence et Louise.

Les auteurs remercient également Cécile Revéret et Louise Arrenault pour leurs relectures de cet ouvrage.
Introduction
Longtemps considéré comme futile et longtemps négligé, voire méprisé, l’odorat est un sens chimique dont l’étude semble actuellement incontournable. Dès l’Antiquité, la parfumerie et la cosmétique apparaissent comme associées au bien-être, à la séduction ou encore aux rituels religieux. De nos jours, dans une société qui prône le plaisir, l'émotion et la sensualité, nombreuses sont les habitudes d’odorisation qui consistent à éliminer et à masquer les odeurs corporelles, ou au contraire, à parfumer le corps et les lieux de vie. Les pratiques, les savoir-faire et les habitudes liés à l’olfaction, le rapport étroit qu’entretiennent odeurs et émotions, placent l’odorat au cœur des rapports et des comportements sociaux et affectifs de séduction, d’évitement, de rejet et d’exclusion. Ils touchent la sphère de l’intime et contribuent à créer un marquage identitaire. Ainsi le rôle de la modalité olfactive dans les comportements, usages et symboliques quotidiens ne peut-il être omis. Nous pensons que l’odorat et les usages pragmatiques et symboliques qui en découlent ne peuvent être considérés comme négligeables.

La réhabilitation actuelle des odeurs coïncide avec un renouvellement des recherches portant sur ce thème et particulièrement sur l’anatomie du système olfactif, sa physiologie et les aspects perceptifs de base. Pour mémoire, les travaux de Linda Buck et Richard Axel sur la neurophysiologie de l’odorat se sont vu décerner le prix Nobel de Médecine et de Physiologie en 2004. Le monde de l’industrie, notamment les secteurs agro-alimentaires et cosmétiques, le monde universitaire et académique sont également acteurs du développement des recherches dans ce domaine. Néanmoins, trop peu de chercheurs se sont engagés dans l’étude des traitements cognitifs de l’information olfactive, à savoir les aspects de « haut niveau ». Ainsi, nous possédons aujourd’hui une bonne connaissance des mécanismes physiologiques de la perception olfactive mais, les processus cognitifs impliqués sont encore flous et peu de modèles explicatifs ont été mis au jour.
Cette réserve est liée à des difficultés inhérentes à l’étude de l’odorat. Premièrement, il n’existe pas de modèle psychophysique, tel que, par exemple, celui de la vision qui décrit un lien univoque entre un récepteur visuel et une perception. Deuxièmement, la variabilité intra et interindividuelle est très importante ; il est donc difficile de construire un modèle qui se voudrait universel, sans prendre en compte les spécificités propres à chaque individu.
Troisièmement, l’étude des mécanismes cognitifs se fait souvent par le biais du langage. Or l’odorat est un sens faiblement lexicalisé. Par conséquent, l’étude du langage olfactif semble, pour certains auteurs, quasi inabordable.

En fait, toutes les difficultés liées aux mesures sensorielles, et a fortiori à la modalité olfactive, sont à la fois un talon d’Achille - car la mesure des perceptions fait intervenir avec force le facteur humain qui en déstabilise les propriétés métrologiques - et une source de créativité - parce que les théories de la psychologie se sont avérées indispensables dans ce domaine pour rendre compte des processus en jeu et se sont enrichies des questions nouvelles auxquelles elles ont été confrontées. Par exemple, la psychologie cognitive étudie les mécanismes mentaux en jeu lors d’activités de perception, de mémorisation et de catégorisation d’objets, afin de comprendre les représentations que les individus se font du monde. Les théories élaborées dans ces domaines ont eu essentiellement comme objets d’étude les catégories dites « naturelles », les aliments, les animaux, les végétaux, etc. et les catégories dites « manufacturées », c'est-à-dire fabriquées (par exemple, les outils, les vêtements, etc.). Aussi peut-on s’interroger sur la validité de ces modèles lorsqu’ils sont appliqués à des objets sensoriels et plus précisément aux odeurs. Sont-ils valides pour la modalité olfactive ? Nous apporterons dans cet ouvrage quelques éléments de réponse. En ce qui concerne la psychologie sociale, les auteurs ont développé des méthodes permettant d’accéder au contenu et à l’organisation de la représentation, par différentes analyses langagières qui visent à faire émerger l’information sous-jacente à un discours. Appliquées aux stimuli olfactifs, elles permettent d’envisager les représentations issues du « monde des odeurs » sous un autre jour, comme en témoignent les travaux de recherche présentés dans cet ouvrage.

L’ouvrage brosse donc un tableau d'ensemble des données les plus récentes de la psychologie de l’olfaction.

Le premier chapitre concerne la perception olfactive. Il vise à démontrer la spécificité de la perception olfactive par rapport aux autres sens. Dans un premier temps, nous évoquons les aspects perceptifs « de base » qui concernent la détection et la discrimination d’odeurs. Dans un second temps, sont décrits les aspects perceptifs dits de « haut niveau », qui impliquent des traitements cognitifs liés à la mémorisation d’odeurs et conduisent au rappel du souvenir olfactif. Nous abordons les spécificités d’encodage de l’information olfactive, à court, moyen et long terme et notamment le rôle du contexte et de l’imagerie mentale dans la mémorisation d’odeurs. Après cet état de la littérature concernant les différents niveaux perceptifs et représentationnels en jeu dans la perception olfactive, nous examinons les rapports entre la mémorisation d’odeurs et sa « mise en mots ».

Le lien entre langage et olfaction est complexe. En effet, il semble difficile de nommer spontanément une odeur, bien que l’attribution d’un label ait un effet notable sur sa perception et sa mémorisation. Néanmoins, des méthodes d’étude des stimuli sensoriels ayant pour support les verbalisations ont été développées ; par exemple, le profil sensoriel et ses variantes. Après les avoirs décrites nous montrons dans le second chapitre comment ces méthodes descriptives o

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