Le problème de la réussite scolaire des sans-papiers
84 pages
Français

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Le problème de la réussite scolaire des sans-papiers , livre ebook

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Description

Enseignant en collège dans un DAI (dispositif d'accueil et d'intégration), l'auteur aborde le sujet de la réussite scolaire des élèves sans-papiers, et notamment de ceux dont les parents sont demandeurs d'asile. Confronté aux larmes et aux désillusions amères, l'auteur propose que toute scolarité engagée soit menée à son terme. Entre témoignage et réflexion, un autre angle de vue sur l'immigration des jeunes, parfois très jeunes, dont l'avenir est sacrifié sur l'autel d'une politique qui manque d'humanité.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2012
Nombre de lectures 17
EAN13 9782296487611
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le problème de la réussite scolaire des sans-papiersApprendre la peur au ventre
Jean-Pascal Collegia Le problème de la réussite scolaire des sans-papiers
Apprendre la peur au ventre
Propositions pour une solution juste et humaniste au problème de l’immigration
© L’Harmattan, 2012 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-96698-7 EAN : 9782296966987
Avertissement
« Qu’est-ce que l’humanisme, sinon l’amour des hommes ? [...] L’humanisme est aussi une politique, une attitude de révolte contre tout ce qui souille ou déshonore l’idée de l’homme. »
Thomas Mann
J’exerce depuis plus de quinze ans en ZEP comme professeur des écoles auprès des élèves nouvellement arrivés en France (ENA), autrement dit des élèves mineurs isolés entrés seuls sur le territoire français, ou ceux dont les parents immigrent en France et sont, pour la plupart, demandeurs d’asile.
Force est de constater qu’une minorité de jeunes, nés en France, et issus de la troisième ou quatrième génération d’immigrés, fait l’objet de toutes les attentions médiatiques. Chacun a des images et des faits en tête, mon propos n’est pas d’en ajouter d’autres. D’un autre côté, on parle moins, voire pas du tout, des gens qui immigrent pour la première fois en France, des "entrants", comme on les nomme vulgairement. Dans "entrant" il y a potentiellement "sortant", c’est-à-dire un destin déjà annoncé. Les gens qui viennent en France ou dans d’autres pays d’Europe sont pour la plupart des réfugiés. Quel que soit le motif de l’exode, économique, politique, guerre, ce n’est jamais avec plaisir que ces gens quittent leur pays, leur famille, leurs amis, leur langue. Ils viennent chez nous dans l’espoir d’une vie meilleure, pour trouver un semblant de stabilité économique, la sécurité de la famille, la possibilité d’envoyer les enfants à l’école et de se soigner. Qui, privé de ces fondamentaux, ne tenterait pas comme eux l’aventure ?
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Souvent, les nouveaux entrants font beaucoup d’efforts pour s’intégrer au plus vite. Les pères, quelquefois les mères, trouvent à travailler là où les "natifs" français ne daignent pas postuler, que ce soit à cause de l’image sociale de l’emploi ou bien parce que les horaires sont pénibles, ou encore parce que les salaires sont bas. Il est faux de dire qu’il n’y a pas d’emploi pour ces réfugiés. Ils sont prêts à se sacrifier en acceptant des emplois difficiles, quelquefois largement en-dessous de leur niveau de qualification. Ils ne désirent qu’une chose : qu’on leur donne une chance, que l’on donne une chance à leurs enfants.
Les enfants, puisque c’est le propos de ce livre, jeunes et moins jeunes sont scolarisables dès leur arrivée sur le territoire français. Des dispositifs, au sein de l’école, leur sont spécia-lement dédiés. Ils y apprennent le français et entament un processus qui a pour vocation de les mener à la réussite scolaire, c’est-à-dire à l’obtention d’un diplôme. En quinze années de travail auprès de ces jeunes, j’ai pu constater que dans la plupart des cas, ils font tout ce qu’ils peuvent pour réussir, à commencer par un comportement exemplaire, en passant par des efforts scolaires fort louables et avec, pour finir, un sérieux qui n’a rien à envier aux meilleurs élèves natifs français. Seulement voilà, ces jeunes, malgré leurs qualités et leurs efforts, ne peuvent pas étudier sereinement comme les natifs, ils apprennent la peur au ventre, suspendus au sort que l’on réserve à leurs parents, ce qui n’est évidemment pas sans conséquence sur leur scolarité. Bien qu’ils fassent preuve de beaucoup de dignité face à l’avenir sans lendemain qu’on leur réserve, ces jeunes souffrent et encaissent en silence.
Au bout du compte, malgré efforts et mérites, bien souvent désillusion et rejet sont au rendez-vous. Fi des épreuves et traumatismes que ces enfants, parfois très jeunes, ont pu vivre dans leur pays d’origine, comme de celles endurées durant leur périple migratoire et qui, si elles avaient été vécues sur notre sol, auraient déclenché un suivi psychologique des plus sérieux. Fi des efforts, du mérite, et pire, du talent de ces enfants. Car outre l’aspect inhumain du refus de tenir compte de tout cela,
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