Les genres journalistiques
274 pages
Français

Les genres journalistiques , livre ebook

274 pages
Français

Description

Les genres journalistiques de la presse écrite se réfèrent à des savoir-faire sur lesquels le journalisme professionnel s'est construit. Les genres rédactionnels sont questionnés en tant qu'indices des évolutions de la production journalistique, et ceci à partir de trois pistes de réflexions : celle des règles discursives et de leur transgression, celle du rapport entre genres et lignes éditoriales et celle des conditions de production.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2009
Nombre de lectures 311
EAN13 9782296229709
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Introduction générale
Roselyne RINGOOT etJean-Michel UTARD

Cetouvrage interroge le journalisme etsestransformations à partir des genres
journalistiques pris à la fois comme savoir-faire etcomme objets de savoir.
Revendiqués comme savoir-faire propres sur lesquels le journalisme
professionnel s’estconstruit, les genres journalistiques ontdonné lieuà de nombreuses
publications de « guides » etde manuels. Fondamentauxdans la formation des
journalistes, les genres journalistiques sontle domaine réservé des «
professionnels », enseignantdans les cursus spécialisés et/oupubliantdes ouvrages
didactiques. Nousvoulons ici apporterun éclairage différentetcomplémentaire,
fondé sur des approches scientifiques plurielles qui sontancrées dans les sciences
de l’information etde la communication, la science politique, la sociologie, les
sciences dulangage etl’analyse dudiscours.Etsi les genres sontcompris
comme les indices des évolutions de la production journalistique, l’entrée par
les genres de la presse écrite renseigne aussi sur les influences qu’elle subitou
qu’elle développe auprès des autres médias, notammentdansun contexte de
prolifération des écrits journalistiques - professionnels etamateurs – provoquée par
la banalisation desusages de l’Internet.

Les contributions présentées se greffentsur le colloque « Genres
journalistiques : savoirs etsavoir-faire » qui s’est tenuà Lannion en septembre2004, sous
l’égide duDépartementInformation Communication de l’IUT de Lannion etdu
Centre de recherches sur l’action politique en Europe (CRAPE, UMR6051,
CNRS-IEP de Rennes – Université de Rennes 1). On ne retrouvera pas la
restitu1
tion des débats organisés sous forme detable rondeentre enseignants, chercheurs
etjournalistes, mais les contributions retenues s’inspirenten partie des échanges
qui ontété menés. La question des genres journalistiques,telle qu’elle futposée
lors ducolloque et telle qu’elle estposée ici, s’inscritdans la continuité d’autres
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recherches, notammentcelles duRéseaud’étude sur le joule cadrernalisme dans
duprogramme « Hybridation etcréation des genres médiatiques : réalités,
représentations et usages destransformations de l’information », qui a donné lieuà des
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publications fin2005 etauprintemps2008 .Cela dit, le présentouvrage relève
d’une démarche distincte.

(1) BernardBoudic, attaché à la rédaction en chef d’Ouest-France, Olivier Clech, rédacteur en chef au
Télégramme, etPhilippe Brochen, secrétaire d’édition àLibérationontnotammentcontribué auxdébats.
(2) Réseauinternational de chercheurs brésiliens, québécois, mexicains, français (dontréunionnais). Voir
www.surlejournalisme.com
(3) Voir R. Ringoot, J.-M. Utard, dir.,Le journalisme en invention,Rennes, Pressesuniversitaires de Rennes,2005.
(4) Voir D. Augey, F. Demers, J.-F. Tétu, dir.,Figures du journalisme. Brésil, Bretagne, France, La Réunion,
Mexique, Québec,Presses de l’université de Laval,2008.

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Introduction générale

La première partie dulivre est consacrée à deux textes introductifs alors que
les autrestravauxsontprincipalementdes études empiriques qui questionnentles
modalités d’écriture des genres etles logiques d’acteurs etd’organisations.
Corrélées à des cadresthéoriques différents, ces approches sontnéanmoins
redevables d’un socle commun qui pose les genres journalistiques comme constitutifs
de la diversité de l’offre informationnelle, durapportauxsources etauxlecteurs.
Reportage ouinterview, billetouéditorial, mouture oubrève, les genres
conditionnentle recueil d’information, l’écriture, lavalorisationvisuelle, les horizons
d’attente dulecteur. Partantde là,trois pistes de réflexion complémentaires
s’articulent:

•celle de la catégorisation des genres : le genre présuppose à la fois des règles
discursives etleurtransgression. Cette contradiction inhérente peutexpliquer
la difficulté à définir età catégoriser les genres, mais il fautreconnaître aussi
un manque de réflexion en la matière, alors que produire les genres, les
penser, lestransmettre, les apprendre, nécessite le recours à des classifications,
des prescriptions, des schèmes. Le problème de l’identification etdes
impératifs des genres estdoncun fil directeur dans l’ensemble des contributions.
•celle durapportentre genres etligne éditil s’agioriale :tde comprendre
commentles genres structurentla relation auxlecteurs etauxsources et
commentles genrestravaillentles identités éditoriales. Lesvariations
génériques sontà la fois les marqueurs destransformations dujournalisme etles
marqueurs des évolutions ausein d’untitre :genres spécifiques, genres
exclus, genres importés, genres surexploités, genres envoie de disparition,
genres nouveaux, genres hybrides.
•celles des conditions de production : les genres sont un des facteurs de
production etd’organisation du travail, constitutifs des logiques de spécialisation
(agencier, reporter…), associés auxparcours professionnels età l’évolution
de carrière (de la brève confiée austagiaire, à l’éditorial réservé aurédacteur
en chef), liés à l’organisationtemporelle etauxsupportstechniques.
Commentle facteur déontologique influence les genres, commentle facteur
économique pèse sur les genres, commentle facteur compétitif joue sur les
genres, commentle facteur hiérarchique etdécisionnel agitsur les genres,
sontautantde questionstransversales.

Nous proposons en préalable deuxcontributions àvisée introductive dans la
mesure oùl’une estconsacrée à la notion même de genre, etque l’autre porte sur
la pédagogie des genres en centre de formation. Les études empiriques qui suivent
sont thématisées selon cinqvolets. Les genres dans le cadre de presse quotidienne
régionale (PQR) fontl’objetdupremiervoletquitraite plus particulièrementla
question de la proximité etde ses inférences dans les prescriptions etles pratiques

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Roselyne Ringoot et Jean-Michel Utard

liées auxgenres. Un autrevoletconcerne la carrière contradictoire des genres en
presse nationale, à savoir ici le déclin ducompte renduparlementaire
etl’ascension ducourrier des lecteurs. Il estsuivi parunvoletconsacré à l’évolution de
genres ancrés dans l’histoire dujournalisme, l’éditorial n’étantplus
forcémentsoumis à la « plume », ni la dépêche d’agence au« carcan ». Levoletquitraite les
logiques commerciales dontles genres peuventêtre l’enjeuporte sur le marketing
éditorial à l’œuvre dans la création d’un supplémentde quotidien, etsur le statut
de la critique spécialisée sur de nouveauxproduits culturels. Le derniervoleta la
particularité de questionner les genres journalistiques par rapportà leur ancrage
linguistique etculturel etde pointer les interactions entre les déterminismes
professionnels etles contextes culturels.

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– PREMIÈRE PARTIE –
GENRES
JOURNALISTIQUES,
OBJETS DE SAVOIRS
ET DE SAVOIR-FAIRE

CHAPITRE I

Le genre :
une catégorisation peu catégorique

Roselyne RINGOOT et Jean-Michel UTARD

Le genre : une catégorisation peu catégorique

Quel peutêtre l’intérêtde recourir à la notion de genre dans l’étude des
productions culturelles etmédiatiques en général, etjournalistiques en particulier ?
La notion estdoublementpiégée. D’une part, sonusage commun en fait un
équivalentde « classe » oude « catégorie » qui pourraits’appliquer àtoute
sorte d’objet(genre d’individuougenre detexte). Toutàtour mauvais genre,
drôle de genre, mais côtoyantaussi le bon chic oula distinction, le genre se
définitplus par le prédicatqui le caractérise que par sa précision conceptuelle.
C’est une notionun peumolle,une catégorisation peucatégorique. D’autre
part, la forte évidence de l’existence de genres se heurte à l’impossibilité où
setrouventceuxqui essaientd’ymettreun peude logique à construireun
système convaincant, en particulier dans l’étude des productions symboliques, et
spécifiquementlangagières. Qu’on ess

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