Migrants d Afrique de l Ouest au Maroc
260 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Migrants d'Afrique de l'Ouest au Maroc , livre ebook

-

260 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

La présence actuelle des populations subsahariennes au Maroc, en provenance notamment du Sénégal, est d'une actualité brûlante tant il est vrai que le Royaume chérifien a cessé d'être un pays de transit pour devenir une destination d'établissement de ces populations. L'ouvrage cherche à clarifier la pensée de l'Etat en mettant au clair les représentations des populations locales et en identifiant les conditions de vie des Subsahariens au coeur des quartiers populaires.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 avril 2015
Nombre de lectures 43
EAN13 9782336375090
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Collection « Penser le temps présent »
Cette collection a pour ambition de proposer au lecteur un ensemble de travaux – études et essais – portant sur les thèmes d’actualité ou aptes à éclairer les grands événements du temps présent.

Déjà parus

BENZENINE (Belkacem), Penser la laïcité dans les pays arabes. De la Renaissance arabe à nos jours, 2014.
CONTI (Bartolomeo), L’islam en Italie. Les leaders musulmans entre intégration et séparation , 2014.
GABRIEL-OYHAMBURU (Kattalin), Du nationalisme au terrorisme basque , 2014.
COSSE (Jean-Pierre), Alain Juppé et le Rwanda , 2014.
DA COSTA (Pascal), États-Unis, Europe, Chine. Des États au cœur des crises financières et économiques mondiales, 2013.
NASRAOUI (Mustapha), Le migrant clandestin, Le paradoxe de l’être et de la société, 2013.
Titre
Rachid Benbih





MIGRANTS D’AFRIQUE DE L’OUEST
AU MAROC

Établissement des Subsahariens
et gestion étatique du phénomène migratoire













L’Harmattan
DU MÊME AUTEUR
Les systèmes de protection sociale au Maroc. Défis et perspectives, éd. Afrique Orient, Casablanca, 2013 (en langue arabe).

Collectif, Éléments d’initiation à la sociologie , Tome I, éd. Université Ibn Zohr, Agadir, 2013 (en langue arabe).

Collectif, Rapport. Les politiques sociales au Maroc , éd. Revue marocaine des politiques publiques, Rabat, 2010 (en langue arabe).
Copyright

© L’Harmattan, 2015
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-72520-8
DÉDICACE
À mon aimable Professeur et sociologue Asmae Benadada pour l’inspiration, l’aide, le soutien et le temps qu’elle a bien voulu consacrer à mes projets de recherche…
REMERCIEMENTS
Je remercie le sociologue Brahim Labari, pour ses lectures et ses remarques les plus avisées qui ont contribué à améliorer la qualité de ce travail.

J’exprime ma gratitude à tous les migrants subsahariens de m’avoir laissé être le témoin de leur expérience migratoire, à la population locale enquêtée et aux responsables des administrations publiques rencontrés lors des enquêtes effectuées, et qui ont accepté de répondre à mes questions.

Je remercie également : M. Mohamed Charef, M. Lahoucine Bouyaakoubi, M. Mohamed Lhachami, M. Lhoucine Zaiaa, pour leur soutien tout au long de ce travail.
INTRODUCTION GÉNÉRALE
Cette recherche a pour objet l’analyse des défis migratoires que pose l’installation de migrants subsahariens dans un contexte local, notamment les Sénégalais. Par migrant, nous entendons un être de mobilité qui ne s’installe dans un endroit que pour repartir. Il perturbe le rapport usuel avec l’espace. Ainsi, « le migrant se distingue de l’immigrant par sa liberté et sa prise de distance à l’espace juridique de son point d’accueil, toujours transitoire » 1 . De cette façon, notre travail consiste à saisir la pensée de l’État et celle de la société, qui se manifestent d’une part à travers l’action des agents étatiques et d’autre part à travers les contacts intersociaux entre migrants et la « population locale », et ce en vue de défendre l’idée selon laquelle l’immigration des Sénégalais est une invention des deux États, le Maroc et le Sénégal. En effet, pendant presque deux décennies, la présence des Subsahariens au Maroc est devenue visible dans quelques villes au point que les médias se saisissent périodiquement de cette visibilité : Nador, Oujda, Tanger, Rabat, Casablanca. De 444 Subsahariens « illégaux » interceptés par la police marocaine en 1995, le chiffre est passé à 4 500 en 1998, puis 8 500 en 1999 2 . Le ministère de l’Intérieur marocain parle d’un chiffre qui a oscillé entre 10 000 et 15 000 migrants subsahariens selon les années 3 . D’autres études et rapports (Rapport de la Banque Mondiale de 2009) ont estimé le nombre de migrants illégaux au Maroc entre 250 000 et 300 000 4 . Cependant, les statistiques concernant ce phénomène restent éparses et lacunaires, car il s’agit soit des estimations, soit des chiffres des arrestations des personnes en situation d’« illégalité ». Or, l’opération de régularisation de la situation de quelques migrants, lancée en 2013, a permis d’estimer le nombre des étrangers ainsi que leurs nationalités dans chaque province du Maroc, compte tenu de la logique identificatoire inhérente à cette opération. Jusqu’à nos jours (31 juillet 2014), le nombre des étrangers vivant au Maroc, fourni dans le cadre du projet de régularisation de la situation des migrants, n’est pas encore publié. Faut-il dire que les données sur les immigrés dont dispose le bureau des étrangers au niveau de notre aire d’étude (la ville d’Inezgane) sont accessibles. La majeure partie de ces étrangers sont des Sénégalais.

Ce n’est pas simplement un souci de diagnostic des défis migratoires qui nous pousse à choisir un tel sujet. L’analyse des défis, auxquels le Maroc fait face, sert de prétexte pour saisir la pensée de l’État et celle de la société, qui se manifestent au fur et à mesure de la gestion étatique des contacts intersociaux et des défis qui en découlent. Comme l’a fait remarquer Abdelmalek Sayad : « Penser l’immigration, c’est penser l’État et que c’est l’État qui se pense lui-même en pensant l’immigration » 5 . Ceci dit, une hypothèse selon laquelle l’analyse de la migration renseigne sur la pensée de l’État est à mettre à l’épreuve. Soulever cette question me paraît être la meilleure façon d’aller au-delà des défis migratoires aux apparences « visibles » dont tout le monde parle, tels que l’intégration des migrants, l’accès aux droits fondamentaux, rejet, acceptation…

C’est ainsi que notre réflexion s’inscrit dans cette perspective tracée par Abdelmalek Sayad. Il écrit : « Il aurait fallu sans doute commencer par là [par l’État] ou, pour le moins, savoir cela avant de commencer ». Lorsqu’on examine les catégories de pensée véhiculées par l’État, jusqu’à une date récente, telles que : « L’immigration subsaharienne est un danger », on constate qu’elles représentent de fortes similitudes avec celles de la société qui perçoivent les migrants « subsahariens » de la même façon 6 . Certes, le Maroc prit en 2013 une position favorable à l’immigration subsaharienne qui consiste, comme nous l’avons déjà évoqué, en la régularisation de la situation administrative des migrants. Mais nombreux sont ceux qui se sont posé la question de savoir dans quelle mesure l’État et la société marocains sont préparés à accueillir des « étrangers » pour qu’une politique d’immigration soit possible.

L’intérêt de notre recherche est de restituer à l’étude du fait migratoire son unité par une tentative de l’appréhender dans le cadre d’une relation d’interaction entre migration, société et État. La prise en compte de cette dimension fait défaut à nombre d’études qui tentent d’expliquer la question migratoire en abordant des sujets tels que les mouvements migratoires, les déterminants de l’émigration-immigration, les parcours migratoires… Les défis migratoires sont peu étudiés par une approche qui se veut sociologique, faisant appel à la fois aux logiques sociales des migrants, de la population locale et celles des « agents » étatiques. Nous ferons le pari, dans la mesure du possible, de rendre à cet objet son unité en analysant l’immigration des Subsahariens dans le cadre d’une ville moyenne tout en nous appuyant sur le concept de la « pensée d’État ». Ainsi, cette recherche s’organisera autour de cette problématique générale.

Notre travail est sous-tendu par une hypothèse principale selon laquelle la façon dont l’État gère les rapports sociaux entre migrants subsahariens et les populations locales renseigne sur la pensée de l’État et celle de la société, qui présentent bien entendu de fortes similitudes.

À coup sûr, les Sénégalais constituent la catégorie dominante des étrangers dans notre aire d’étude. Il convient aussi de noter que ces migrants présentent un cas spécifique qui mérite d’être étudié. D’une part, ils sont arrivés légalement au Maroc, aucun visa n’étant requis pour les titulaires du passeport sénégalais pour entrer au Maroc 7 . D’autre part, ils deviennent des « irréguliers », une fois que leur séjour dépasse trois mo

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents