Misère de la finance
136 pages
Français

Misère de la finance , livre ebook

-

136 pages
Français

Description

La finance est aujourd'hui au coeur de la polémique : certains la rendent responsable de la plus grave crise économique depuis la grande dépression des années trente alors que d'autres estiment qu'elle impose un véritable diktat aux Etats et que son emprise sur l'économie est devenue excessive. Comment en sommes-nous arrivés là et comment en sortir ? Ce livre est destiné à tous ceux qui désirent découvrir le visage de la finance.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2014
Nombre de lectures 35
EAN13 9782336348919
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

JOSSE ROUSSEL
o na sn i c a e R
MISÈRE DE LA FINANCE
Collection dirigée par Georges NURDIN
Collection « Raisonance »
Misère de la Finance
© L’Harmattan, 2014 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Pariswww harmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-03503-1 EAN : 9782343035031
Josse ROUSSELMisère de la Finance
Du même auteur Vers l’entreprise numérique, Gualino Editeur, 2005. Economie et Management de l’Entreprise, L’Harmattan, 2011. Action rationnelle et convention de capital humain, Editions Universitaires Européennes, 2012.
INTRODUCTION
Les marchés financiers sont avant tout des…marchés et devraient donc fonctionner de la même manière que les marchés de biens et services. C’est ce qu’affirme en effet Samuelson (1998). Selon lui, chaque chose échangée sur un marché a un prix, que cette chose soit un bien ou un service. Il évoque la règle fondamentale de l’offre et de la demande. Ainsi, Samuelson énonce que si la demande d’un bien particulier augmente à offre constante, le prix de ce bien augmentera ce qui en retour incitera les produc-teurs à offrir davantage de ce bien. L’ajustement par les prix, ici la hausse du prix, permet de rendre compatibles l’offre et la demande. Il affirme que si par exemple l’offre d’un bien est excessive par rapport à la demande, la concurrence entre les firmes constituant la fonction d’offre, aboutira à une baisse du prix de ce bien, ce qui par voie de conséquence stimulera la demande. En effet, la demande augmentera puisque le bien en question est meilleur marché. L’offre baissera car les firmes, confrontées à un prix en baisse, seront moins bien rémunérées. Une fois de plus, l’ajustement des prix permet un retour à l’équilibre entre l’offre et la demande. Le raisonnement tenu par Samuelson selon lequel les variations de prix sur un marché de biens ou de services permettront d’atteindre une situation d’équilibre où l’offre est compatible avec la demande, est étendu mutatis mutandis aux marchés de capitaux. Ce qui est vrai des marchés de biens de consommation et de service l’est également pour les marchés au sein desquels des facteurs de production comme le travail, le foncier et le capital sont échangés. Comment ne pas être en accord avec le raisonnement de Samuelson ? En effet, si la demande pour un bien augmente à offre constante, le prix de ce bien augmentera
7
ce qui entrainera par la suite une hausse de l’offre, celle-ci étant mieux rémunérée par des prix plus élevés. Le processus de marché permet ainsi aux marchés d’atteindre une situation d’équilibre et d’allouer les ressources de manière optimale. Si des entrepreneurs découvrent une meilleure allocation des ressources pour certains biens ou facteurs de production, ils seront prêts à les payer davantage ce qui entraînera une hausse de leur prix. Le prix plus élevé reflétera ainsi une efficacité économique supérieure. Cependant, qu’en est-il du marché des capitaux ? Est-ce que les marchés financiers, c’est-à-dire les marchés qui permettent d’échanger des titres financiers (actions, obligations, produits dérivés), se conforment à la démonstration énoncée par Samuelson ? Il existe bien entendu des marchés qui contredisent le raisonnement de Samuelson, c’est-à-dire des marchés pour lesquelles la hausse des prix n’entrainera pas nécessaire-ment une baisse de la demande et une augmentation de l’offre. Les marchés de l’art et des biens de luxe sont caractérisés par le fait que la demande est en grande partie stimulée parce que l’offre ne peut précisément pas être augmentée de manière significative. Qui accepterait de payer une œuvre d’Andy Warhol plusieurs centaines de milliers d’euros s’il était possible d’augmenter l’offre des œuvres de cet artiste ? C’est parce que l’offre n’est pas sensible au prix que les acheteurs acceptent de payer un prix que d’aucuns jugeraient exorbitant pour une œuvre d’art. Intéressons-nous désormais au marché des produits de luxe. La consommation des produits de luxe revêt un caractère ostentatoire. Acheter un produit de luxe procure une gratification symbolique au delà de l’usage du produit en lui-même : l’acheteur bénéficie, par la possession du bien de luxe, d’un ensemble de services de nature symbolique : notamment le sentiment de posséder un objet
8
exceptionnel et d’appartenir à une élite capable de s’offrir ce type de produit. Mais la consommation d’un produit de luxe permet également d’affirmer son statut social, elle reflète un pouvoir économique. Le produit de luxe est ainsi un trophée gagné dans le cadre d’une compétition économique difficile. Il peut s’exhiber comme le témoignage symbolique d’une réussite sociale et économique, contribuant ainsi à marquer le territoire social en distinguant l’élite économique du commun des consommateurs. L’économiste Thornstein Veblen (2003) a parfaitement analysé les marchés des produits de luxe. Il a notamment observé qu’à la différence de la plupart des marchés de biens et services, la demande pour les produits de luxe a tendance à augmenter face à une hausse des prix. Ce comportement étonnant de la demande n’est pas irrationnel si l’on tient compte du caractère symbolique de la consommation d’un produit de luxe. En effet, selon Veblen, ce sont les prix élevés des produits de luxe qui encouragent leur consommation. Ce phénomène est d’ailleurs renforcé lorsque le prix d’un bien de luxe est de notoriété publique, c’est à dire perçu comme excessive-ment onéreux par le grand public. En acquérant un bien de luxe on signifie donc de manière symbolique au grand public sa réussite sociale. Cependant, on peut légitimement considérer que les marchés de l’art et des produits de luxe ne sont pas les plus pertinents sur le plan économique. Une économie moderne serait ainsi essentiellement structurée autour de marchés de biens et services fonctionnant selon le schéma décrit par Samuelson, les marchés du luxe et de l’art n’y tenant qu’une place somme toute assez faible. Mais qu’en est-il précisément des marchés financiers ? Comment les marchés de capitaux fonctionnent-ils ? Est-ce que la demande de titres financiers réagit comme le décrit Samuelson ?
9
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents