Mixités
285 pages
Français

Mixités , livre ebook

-

285 pages
Français

Description

Le vocable "mixité" est omniprésent dans les médias, dans les débats politiques, dans les sciences sociales. Déclinant la notion dans des champs variés les quinze auteurs de cet ouvrage récusent l'idée que la mixité soit une simple pétition de principe et l'interrogent à l'école, au travail, dans le quartier et l'espace publique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2008
Nombre de lectures 88
EAN13 9782296194915
Langue Français
Poids de l'ouvrage 11 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

MixitéS
Variations
autour d'une notion transversaleLogiques Sociales
Collection dirigée par Bruno Péquignot
En réunissant des chercheurs, des praticiens et des essayistes, même si
la dominante reste universitaire, la collection Logiques Sociales entend
favoriser les liens entre la recherche non finalisée et l'action sociale.
En laissant toute liberté théorique aux auteurs, elle cherche à
promouvoir les recherches qui partent d'un terrain, d'une enquête ou d'une
expérience qui augmentent la connaissance empirique des phénomènes
sociaux ou qui proposent une innovation méthodologique ou théorique,
voire une réévaluation de méthodes ou de systèmes conceptuels
classiques.
Dernières parutions
Catherine TOURRILHES, Construction sociale d'une jeunesse en
difficulté. Innovations et ruptures, 2008.
Abdelkader BELBAHRI, Les Enjeux de la reconnaissance des
minorités. Les figures du respect, 2008.
Patricia WELNOWSKI-MICHELET, L Identité à l'épreuve de
l'exclusion socioprofessionnelle, 2008.
Grzegorz J. KACZ"YNSKI, La connaissance comme profession. La
démarche sociologique de F. Znaniecki, 2008.
Marie-Claude MAUREL et Françoise MAYER (sous la dir.), L'Europe
et ses représentations du passé. Les tourments de la mémoire, 2008.
F. DERVIN et A. LJALIKOV A (Sous la dir.), Regards sur les mondes
hypermobiles, 2008.
Fabrice HAMELIN, Élodie PINSARD, Isabelle RAGOT et Bérangère
VÉRON, Les radars et nous, 2008.
Trinh VAN TRAO, Vietnam, du confucianisme au communisme,
2008.
Thierry GUILBERT, Le Discours idéologique ou la Force de
l'évidence, 2007.
Roland GUILLON, Sociologie critique d'un socialisme de
gouvernance, 2008.
Audrey ROBIN, Les filles de banlieue populaire. Footballeuses et
« garçonnes» de «cité»: «mauvais genre» ou «nouveau
genre », 2007.
Marie-Thérèse RAPIAU, Stéphane RIMLINGER, Nelly
STEPHAN, Quel marché du travail en agriculture, en
agroalimentaire et en environnement pour les techniciens, les
ingénieurs et les cadres?, 2007.Sous la direction de
Beate COLLET et Claudine PHILIPPE
avec la participation de
Gabrielle V ARRO
MixitéS
Variations
autour d'une notion transversale
L'Harmattan<9 L'HARMATTAN, 2008
5-7, rue de l'École-Polytechnique; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan 1@wanadoo. fr
ISBN: 978-2-296-05339-7
EAN : 9782296053397pour Claude ZaidmanMIXITÉS
En guise d'introduction
Beate COLLET et Claudine PIDLIPPE
Depuis quelques années, le vocable « mixité» est omniprésent, que
ce soit dans les médias, dans les débats politiques, voire dans les
recherches en sciences sociales! Toutefois, sa signification n'est pas
univoque et elle se déploie sur des terrains variés, s'y déclinant à
profusion. Tantôt mixité se réfère à la co-présence des femmes et des
hommes dans le monde du travail ou dans l'espace public, tantôt est
évoquée la cohabitation de populations d'origines sociales et ethniques
différentes au sein des quartiers urbains et péri-urbains, en faisant
référence à la «mixité sociale ». Mais le terme est aussi utilisé pour
caractériser la nature interculturelle, interreligieuse ou internationale de
certaines réalités conjugales. On parle alors de « mixité conjugale» ou de
«mariage mixte ». Enfm, on y recourt pour qualifier le brassage d'élèves
de classes sociales différentes, il s'agit alors de « mixité scolaire ».
D'emblée, nous sommes confrontées à un terme qui connaît des
usages multiples - dans le langage courant, le langagepolitique ou le
langage scientifique - et dans des domaines variés: vie politique,
entreprise, école, famille, quartier... La défmition du dictionnaire nous
indique « caractère de ce qui est mixte », et mixte à son tour est défmi
comme ce «qui est formé de plusieurs, de deux éléments de nature
différente» (petit Robert, édition 1994, analysée in Varro, 2003). Le nom
renvoie donc à l'adjectif qui lui prête sens; mais souligner le caractère
mixte d'une réalité, est-ce la même chose que parler de sa « mixité» ?
L'univers défmitionnel évoqué est-il le même?
En interrogeant les présupposés que le terme véhicule, peut-on
dépasser le simple usage descriptif du terme, le stade d'un simple «
motvalise» (Cassaigne, 2005), qui serait employé par commodité pour
décrire des réalités composites? Grâce au terme «mixité », est-il
possible de saisir autrement, voire de manière plus pertinente, des réalités
sociales et politiques habituellement qualifiées d'inégalités, de
ségrégations ou de discriminations?MIXITÉS. INTRODUCTION
Intéressons-nous donc aux implications politiques du terme. TI
s'agit d'une composante du projet d'égalité pour tout ce qui caractérise
l'idéal démocratique (Varro, 2003 ; Schnapper, 2005). Patrick Savidan
(2005 : 17) en anive même à parler d'« une exigence de mixité dans la
société », qui représente « un idéal de sociabilité fondé sur la diversité et
sur la reconnaissance des différences». Quelquefois, on en vient à se
demander si la prolifération du terme «mixité» ne relève pas d'une
spécificité française (ni en anglais, ni en allemand, ce terme n'est
d'usagel) qui, une fois de plus, serait l'expression du rapport tout à fait
particulier que la conception nationale française établit avec la
reconnaissance des différences: une forte exigence d'indifférenciation.
S'agirait-il d'un idéal politique fortement chargé justement parce que
l'idéal républicain a tant de mal à venir à bout des inégalités sociales?
L'appel à davantage de mixité, invoqué de manière quelque peu
incantatoire (en particulier dans les discours politiques), vient en France
se heurter à une réalité sociale marquée par des inégalités et des situations
de non mixité avérées (absence des femmes dans les sphères dirigeantes,
ségrégation urbaine croissante). Ce décalage, entre la formule magique et
les réalités ségréguées, participe du discrédit qui entache la notion. Il lui
confère un sens peu dynamique au regard des autres termes plus
mobilisateurs du combat politique tels que discrimination ou inégalités.
Or qu'en est-il de la conceptualisation de la notion de mixité
audelà de sa simple utilisation descriptive? Nous postulons que le transfert
de cette notion forgée par la pratique sociale vers le langage scientifique
est possible. Toutefois, pour passer du niveau descriptif au niveau
analytique il faudrait admettre que la mixité - au-delà de la coprésence
des deux sexes, du mélange des catégories sociales et ethniques -
constitue une remise en cause des attributions héritées, tant sexuées,
1 Les néologismes « mixedness » en anglais ou « Mixitat» en allemand sont des
traductions possibles du terme «mixité». Mais force est de constater qu'ils ne
connaissent pas le même succès (voire ne sont pas utilisés du tout) dans ces
contextes nationaux. Quand on parle de hybridity pour qualifier une mixité
culturelle ou de co-education (Koeducation) pour parler de la mixité à l'école, on
reste dans des usages sectoriels qui n'ont pas la même capacité transversale que
le terme «mixité» en français.
10Beate COLLET & Claudine PHILIPPE
sociales que culturelles, qu'il s'agirait d'étudier empiriquement dans les
processus sociaux.
La volonté de conceptualiser la notion n'est certes pas nouvelle,
elle a inspiré de nombreux chercheurs dans divers domaines avant nous
(Baudoux & Zaidman, dirs., 1992, Porté et alii., 1998, Portino, 1999).
L'ouvrage coordonné par Claudine Baudoux et Claude Zaidman est .en
quelque sorte l'ancêtre de notre entreprise actuelle. TI regroupe les
contributions de vingt auteurs et faisait suite à un colloque sur « la mixité
dans les organisations et les institutions» en mai 1990 organisé par le
CEDREp2 à l'Université Denis Diderot Paris 7. TIconstitue une première
tentative de porter un regard transversal, en étudiant la mixité sexuée
dans l'éducation

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