Mouvement sourd (1970-2006)
250 pages
Français

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Mouvement sourd (1970-2006) , livre ebook

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Français

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Description

Aujourd'hui, il est commun de voir et d'entendre parler de la Langue des Signes française (LSF) et des sourds. La visibilité sociale dont ils bénéficient s'est construite à travers la diversité des modes d'expression de leur langue et de leur "culture sourde". Ce qui apparaît aujourd'hui pour beaucoup comme une évidence ne relevait en France, au début des années 1970, d'aucune réalité.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2012
Nombre de lectures 43
EAN13 9782296490352
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE MOUVEMENT SOURD (1970-2006)
Logiques sociales
Collection dirigée par Bruno Péquignot
En réunissant des chercheurs, des praticiens et des essayistes, même si la dominante reste universitaire, la collection « Logiques Sociales » entend favoriser les liens entre la recherche non finalisée et l'action sociale.
En laissant toute liberté théorique aux auteurs, elle cherche à promouvoir les recherches qui partent d'un terrain, d'une enquête ou d'une expérience qui augmentent la connaissance empirique des phénomènes sociaux ou qui proposent une innovation méthodologique ou théorique, voire une réévaluation de méthodes ou de systèmes conceptuels classiques.
Dernières parutions
Jacques COENEN-HUTHER, Les paradoxes de la sociologie , 2012.
Charlotte LECLERC-DAFOL, Pietro Germi et la comédie à l’italienne , Cinéma, Satire et société , 2012.
Suzie GUTH, L’itinéraire sociologique de Robert Ezra Park de Red Wing à Chicago , 2012.
Isabelle BIANQUIS, L’alcool : anthropologie d’un objet-frontière , 2012.
Loïc JARNET, Figures de la rationalité dans les STAPS , 2012.
Jean FERRETTE, La Société Métallurgique de Normandie, Grandeur et déclin d’une communauté ouvrière , 2012.
Aline CHAMAHIAN, Claire LEFRANÇOIS, Vivre les âges de la vie, de l’adolescence au grand âge , 2012.
Sacha LEDUC, Les Ressentiments de la société du travail. La couverture maladie universelle (CMU) en quête de légitimité , 2012.
Charlotte BOISTEAU, Violences, sécurités et territoires, 2012.
Emmanuel QUENSON, Une socio-histoire des relations formation-emploi , 2012.
Hugues JACQUET, L’intelligence de la main , 2012.
Arnaud ALESSANDRIN (dir), La transidentité. Des changements individuels au débat de société , 2012.
Andrea TRIBESS, Un village sarde contemporain : pouvoirs et contrepouvoirs , 2012.
Philippe ZARIFIAN, Sociologie du devenir. Éléments d’une sociologie générale, 2012.
Birgitta ORFALI, L’adhésion à l’extrême droite. Étude comparative en France , Hongrie, Italie et Roumanie , 2012.
Arnaud ALESSANDRIN, Aux frontières du genre , 2012.
Colette MÉCHIN, La Fabrique des prénoms , 2012.
Yris ERTUGRAL, Le désir de maternité et la mort, depuis la légalisation de la contraception et de l’avortement , 2012.
Sylvain Kerbouc’h
LE MOUVEMENT SOURD (1970-2006)
De la Langue des Signes française à la reconnaissance sociale des sourds
© L’Harmattan, 201 2
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http ://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-55859-5
EAN : 9782296558595
À Stéphanie,
Sébastien, Emma et Valentine
REMERCIEMENTS
Cet ouvrage est le fruit de multiples rencontres. D’abord, au Centre d’Analyse et d’Intervention Sociologiques (Cadis) à l’École des hautes études en Sciences sociales (Ehess) depuis 1999, où j’ai soutenu en 2006 une thèse de doctorat sous la direction de Michel Wieviorka. J’ai pu y partager nombre de réflexions avec certains membres parmi lesquels Alexandra Poli, Jacqueline Longérinas, Philippe Bataille, Alain Touraine, Yvon Le Bot ; merci à eux. Merci aussi à Nacira Guénif-Souilamas, à Sophie Dalle-Nazébi pour toutes nos discussions. Merci à Anne-Marie Collenot d’avoir scruté le manuscrit original, et à Sylvie Meuric pour sa relecture finale.
Cette recherche doit beaucoup aussi à ceux que j’ai rencontrés sur le terrain et appris à connaître par leur engagement et leur disponibilité. Que les membres du groupe d’ Intervention sociologique soient remerciés pour leur participation, ainsi que les personnes qui m’ont permis de l’organiser : Morgane, Marie et Sandrine, et aussi Jean-François Labouverie et Emmanuelle Laborit d’IVT pour leur aide logistique et l’accès à des archives d’IVT. J’ai aussi rencontré nombre de personnes engagées autour de la LS, la surdité et au-delà, m’accordant écoute, dialogue, temps ; qu’ils en soient tous infiniment remerciés. Je pense particulièrement à Bernard et Dora Mottez, Patrice Dalle, Brigitte El Khomsi, Michel Lamothe, Catherine et Philippe Texier, Maryse Bonnefont.
Surtout, merci à toi Stéphanie pour ton appui indéfectible durant toutes ces années et tes lectures de cet ouvrage ; merci à vous trois : Sébastien et ta poétique thèse sur les doudous, Emma pour tes enjôleurs « mon papa à moi » d’un langage qui se construisait, Valentine qui depuis est venue griffonner ce manuscrit : vous m’apportez force et équilibre.
INTRODUCTION
« […] tous les mouvements sociaux défendent la liberté et la capacité des Sujets humains de combiner leurs identités particulières avec leur participation au monde de plus en plus effervescent des techniques et de la vie économique. » (Touraine, 1984b)
Il est aujourd’hui commun de voir et d’entendre parler de la Langue des Signes française (LSF). À travers une vaste littérature, sur Internet ou d’autres supports multimédias, les occasions ne manquent plus de constater son expansion et de découvrir ce qu’est la « culture sourde » (Delaporte, 2002, 1998a, b ; Mottez, 1992 ; Lachance, 2002). Dans la rue, les cafés, le métro, à la télévision, au théâtre ou dans les musées, dans les cours de langue des associations, à l’école et à l’université, dans les services publics voire dans les entreprises, la Langue des Signes (LS) se donne à voir par la diversité de ses modes d’expression. Au cours des trente dernières années, les sourds 1 ont conquis leur émancipation personnelle et une visibilité sociale certaine. Ils commencent maintenant à ouvrir les portes de l’accessibilité à la société, pour leur plus grande participation sociale.
Pourtant, ce qui apparaît aujourd’hui pour beaucoup comme une évidence ne relevait en France aux débuts des années 1970 d’aucune réalité. Même, le Mouvement Sourd , qui émerge lors de cette décennie, tire ses racines de bien plus loin : il sonne Le Réveil Sourd (Kerbourc’h, 2006), l’autre nom donné à ce mouvement socioculturel. Il est une réactualisation du mouvement des sourds des XVIII e et XIX e siècles qui défend le système d’éducation des sourds construit par Charles-Michel Lespée dit l’abbé de l’Épée dès 1760 (Cuxac, 1983 ; Encrevé, 2008 ; Bertin, 2010). Ce dernier rompt radicalement avec le modèle préceptoral qui assure jusque-là l’éducation de quelques sourds – principalement des sourds de familles aisées – et privilégie la rééducation de la parole. À travers l’œuvre de leur père fondateur, les sourds ne défendent rien moins que leur accès à la « société des hommes et non des perroquets », selon les termes de Ferdinand Berthier. Mais cette méthode bilingue – internationalement reconnue – fait aussi l’objet d’une querelle des méthodes, surtout en Europe entre l’Allemagne (Samuel Heinicke) et la France (l’abbé de l’Épée). Dans de nombreux pays, elle prend la forme d’un conflit séculaire entre partisans des méthodes orales – les oralistes – et partisans des méthodes gestuelles – les gestualistes. Lorsque les défenseurs de l’éducation oraliste parviennent à s’imposer en 1880 au Congrès de Milan au terme de près d’un siècle de conflits, les sourds tentent de s’opposer, notamment par leurs élites, à l’interdiction de leur langue gestuelle, future LSF. En France, cet interdit prend officiellement effet par la circulaire du 3 septembre 1884 (Bouillon, 1990 2 ), et ne commencera à être levé qu’en novembre 1976. Délibérément évincés des affaires de leur éducation, les sourds ne parviennent guère à inverser la tendance, même par l’expression publique de leurs instances représentatives. Ainsi, à l’âge d’or des sourds durant le siècle des Lumières succèdent les ténèbres postrévolutionnaires, qui ne cesseront de se vérifier durant toute l’ère moderne et au-delà.
Plus que l’histoire elle-même, ce qui nous importe est ce qu’elle représente aux yeux des sourds et le sens qu’ils lui accordent. Au moment où les fondements historiques de leur intégration sociale courent un risque de démembrement (Mottez, 1983a), cette histoire cristallise pour eux l’oppression qu’ils subissent des non-sourds et des non-locuteurs de LS. La Nation Sourde était née et avec elle les sourds peuvent, près

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