Poison en paradis
150 pages
Français

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Poison en paradis , livre ebook

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150 pages
Français

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Description

Alice, le personnage principal de ce récit documentaire-fiction, est une fille de colons français à Madagascar. Longtemps déracinée, elle s'y réinstalle plusieurs années après l'avoir quitté. Colonisé dans le passé, maintenant indépendant, elle redécouvre un paradis natal -riche de ses sites, sa faune et sa flore uniques au monde, de ses traditions, ses artisans et sa culture pacifique-, qui apparaît comme perfusé par un cocktail de poisons : corruption, racisme inter-ethnique, dégradation de l'environnement.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2007
Nombre de lectures 32
EAN13 9782296631618
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

POISON EN PARADIS
© L’HARMATTAN, 2007
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris


http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr


ISBN : 978-2-296-02548-6
EAN : 9782296025486

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Hélène GAYA


POISON EN PARADIS


L’Harmattan
Rue des Ecoles

Cette collection accueille des essais, d’un intérêt éditorial certain mais ne pouvant supporter de gros tirages et une diffusion large, celle-ci se faisant principalement par le biais des réseaux de l’auteur.
La collection Rue des Ecoles a pour principe l’édition de tous travaux personnels, venus de tous horizons : historique, philosophique, politique, etc.


Déjà parus
Maryse VUILLERMET, Et toi, ton pays, il est où ?, 2006.
Ahmed KHIREDDINE, Rocher de sel. Vie de l’écrivain Mohamed Bencherif, 2006.
Pierre ESPERBÉ, La presse : à croire ou à laisser , 2006.
Roger TINDILIERE, Les années glorieuses , 2006.
Jacqueline et Philippe NUCHO-TROPLENT, Le moulin d’espérance , 2006.
Sylviane VAYABOURY, Rue Lallouette prolongée, 2006.
François CHAPUT, À corps et à cris , 2006.
Cédric TUIL, Recueil d’articles sur Madagascar, 2006.
Maguy VAUTIER, Vents de sable , 2006.
Olivier DOUAL, Impossible n’est pas africain, 2006.
Yves-Marie LAULAN, Un économiste sous les cocotiers, 2006.
Louis-Marie ORAIN, Le blé noir , 2006.
Stéphane MADAULE, Scènes de voyage à Amsterdam , 2006.
Anny MALROUX, Ceux du 10 juillet 1940. Le vote des quatre-vingts, 2006.
Pierre PICQUART/GARNIER-GRIZOT, La terre de Berrouaghia , 2006.
Geneviève TOUQUETTE, Chronique hospitalière d’un autisme ordinaire , 2006.
Introduction.


Madagascar, dans la mémoire de ses anciens résidents colons, demeure le paradis perdu dont le fantasme hante tous ceux qui, comme Alice, y sont nés ou y ont vécu.
Lors de l’accession du pays à l’indépendance, les français sont partis en masse, plusieurs années après, nombreux parmi eux reviennent y investir dans une petite entreprise ou tout simplement en espérant y couler une retraite paisible.
Retrouvant avec bonheur la Grande Ile, ils découvrent peu à peu leur grande illusion.
Misère, corruption, maladies et magie noire sont le quotidien de ses habitants et le fossé est immense entre les riches et les pauvres.
Peuple désillusionné, dont chaque sursaut électoral, en apparence démocratique, n’est suivi que d’une lutte encore plus âpre pour la survie, mais dont la richesse du cœur est immense.
Madagascar, la belle, touchante et somptueuse grande Dame de l’Océan Indien, parée de tous ses bijoux que sont ses sites, sa faune et sa flore uniques au monde, ses traditions ancestrales, ses artisans fabuleux et son peuple doux et pacifique, ne tient plus debout que grâce aux baleines de sa robe d’apparat, couleur de paradis.
L’esprit de séparatisme exacerbé par la lutte pour le pou-


voir des diverses ethnies ne favorise pas l’unité nationale, mais l’exploitation des ressources et du peuple par des étrangers sans scrupules. Henri, le compagnon d’Alice fut l’un de ceux-là.
Déçue par ses deux amours, son pays et Henri, elle les quitta en les laissant l’un à l’autre.
Sous des noms d’emprunt, les personnages de ce récit ont réellement existé ainsi que les évènements et les lieux.
1- ALICE À LA COLONIE.
Nous sommes en 1945. La guerre est terminée, c’est la démobilisation générale. Un climat de liesse règne dans la ville le plus au nord de Madagascar, Diégo Suarez, deuxième plus grande baie du monde.
Comme beaucoup de réunionnais, les parents d’Alice, Albert de Grandville et Jeanne, s’étaient engagés au service de la mère patrie, la France. Le père, en qualité de fusillé marin dans la marine de guerre et la mère, comme assistante sociale infirmière dans l’armée de terre.
Ce dut être une époque formidable dans un cadre paradisiaque car ils en parlaient toujours avec bonheur.
Port d’attache de la marine française, la ville était très animée et connue pour ses jolies filles aux mœurs libertines.
Depuis le début du vingtième siècle, la région hébergeait de nombreux colons réunionnais. L’immensité et la richesse de ce fabuleux pays convainquirent Jeanne et Albert de s’y installer. Albert trouva emploi dans une exploitation forestière, musicien dans un orchestre le week-end, il ne manquait pas de s’amuser dans les bals tout comme Jeanne et les autres jeunes femmes de sa génération. Formée à l’école normale avant son engagement dans l’armée française, Jeanne débuta dans le métier d’enseignante.

À cette époque, au dancing comme à la messe, la tenue vestimentaire avait une grande importance. Si à l’office du dimanche, la mantille ou le chapeau étaient obligatoires, au bal, c’était la robe de soirée pour les femmes et le costume cravate pour les hommes.
Jeanne et Albert unirent leurs destins au cours de l’une de ces soirées et se marièrent quelques mois plus tard car il était alors inconvenant de vivre ensemble sans être passé devant Monsieur le curé.
La colonisation battait son plein, la France y puisait là de nombreuses matières premières, entre autres, du cacao, des minerais divers, du bois, du coton et du café.
Les autochtones n’avaient pas beaucoup de droits et les colons continuaient de s’établir sur les meilleures terres. Les malgaches, las de ce joug se révoltèrent en 1947, rébellion sanglante jugulée par l’armée française, et au cours de laquelle des centaines de malgaches furent tués et quelques colons assassinés. Petite, Alice entendit raconter mainte fois l’épisode du fusil de son père, chargé en permanence et qui, appuyé contre un mur, chuta, laissant partir une balle qui passa à quelques millimètres de son frère aîné encore bébé.
Elle imaginait la rébellion comme un gros monstre que le peuple pouvait réveiller si les colons relâchaient leur vigilance. Elle naquit après ce dramatique épisode politique.
L’année suivante, ses parents s’en allèrent vivre sur les hauts plateaux où le climat est plus doux et plus sain. Les hautes terres s’étendent telle une immense crête sur presque toute la longueur de l’île. Toute une variété de paysages se trouve là ; dômes arrondis des volcans éteints, collines dénudées, pics crénelés à l’horizon avec une impression d’immensité où que l’on aille. La rizière y est quasi permanente. La côte regorgeait alors de moustiques, vecteurs du dangereux paludisme, de puces de toutes sortes, de fourmis carnassières qui s’attaquaient à vos cheveux durant votre sommeil, de scorpions et scolopendres, sans oublier les rats et les serpents s’introduisant à l’intérieur des maisons créoles en bois. Seule alternative contre les insectes rampants étaient les boites en fer blanc remplies de pétrole, dans lesquelles trempaient les pieds du lit et dont on s’habituait à l’odeur. La forte humidité ambiante n’était pas favorable à la guérison des plaies.
Voici les de Grandville arrivés dans cette magnifique ville thermale, Antsirabé, la plus coquette d’entre toutes, dit-on. Ici, le chalet suisse voisine avec les grandes bâtisses à balcons des hauts plateaux, les villas scandinaves et les jardins anglais avec les maisons de campagne à la française. Les fleurs à profusion et les arbres bien disciplinés procurent à l’ensemble une ambiance de ville d’eau européenne. La brique et la tuile rouge y dominent en harmonie avec la terre. Les eaux thermales réputées dans toute la région attirent de nombreux curistes locaux mais on y vient beaucoup aussi de l’extérieur. Un grand hôtel de luxe doté d’un cours de tennis et d’une piscine, à l’architecture fastueuse et coloniale, « l’Hôtel des Thermes » voit défiler dans ces murs et son magnifique parc boisé du beau monde et parfois même des célébrités mondialement connues. À quelques kilomètres de la ville, un beau lac, Andraikibo et son club nautique privé offre la pratique du ski nautique et le spectacle des régates. Ses abords sont très bien entretenus, et des cabines de douche et de déshabillage mis à la disposition du public de préférence français. Il est rare de voir là des autochtones, seuls quelques bourgeois malgaches possédant véhicules s’y rendent, mais se contentent de pique-niquer à l’ombre des nombreux arbres qui s’y trouvent, loin des européens occupant les lieux.
En ville, de belles voitures circulent, décapotables et autres dans lesquelles paradent les riches colons. Les moins nantis se contentant d’une bicyclette ou du tra

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