Politiques féministes et construction des savoirs
260 pages
Français

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Politiques féministes et construction des savoirs , livre ebook

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Français

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Description

Quand, en 1938, au cri de « Penser nous devons », Virginia Woolf exhorta les femmes à résister à leur assimilation « dans la procession des fils des hommes cultivés », elle ne pouvait pas imaginer qu'à peine trente ans plus tard les interventions féministes sur les savoirs scientifiques allaient inaugurer une critique approfondie des contenus des savoirs. Cet ouvrage propose un parcours original des chemins par lesquels la pensée féministe contesta le caractère neutre du savoir.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2013
Nombre de lectures 42
EAN13 9782336285160
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Ouverture philosophique
Collection dirigée par Aline Caillet, Dominique Chateau, Jean-Marc Lachaud et Bruno Péquignot
Une collection d’ouvrages qui se propose d’accueillir des travaux originaux sans exclusive d’écoles ou de thématiques.
Il s’agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions qu’elles soient le fait de philosophes « professionnels » ou non. On n’y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux qu’habite la passion de penser, qu’ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou… polisseurs de verres de lunettes astronomiques.
Dernières parutions
Pascal KOLESNORE, Histoire et liberté : éclairages kantiens , 2012.
Mahamadé SAVADOGO, Penser l’engagement , 2012
Françoise KLELTZ-DRAPEAU, Une dette à l’égard de la culture grecque. La juste mesure d’Aristote , 2012.
Julien GARGANI, Poincaré, le Hasard et l’étude des Systèmes Complexes , 2012.
Jean-Pascal COLLEGIA, Spinoza, la matrice , 2012. Miklos VETÖ, Explorations métaphysiques , 2012.
Marcel NGUIMBI, Penser l’épistémologie de Karl Popper , 2012.
Joachim Daniel DUPUIS, Gilles Châtelet, Gilles Deleuze et Félix Guattari. De l’expérience diagrammatique , 2012.
Oudoua PIUS, Humanisme et dialectique. Quelle philosophie de l’histoire, de Kant à Fukuyama ? , 2012.
Paul DAU VAN HONG, Paul Ricœur, le monde et autrui , 2012.
Michel VERRET, Les marxistes et la religion. 4 e édition revue et complétée , 2012.
François-Gabriel ROUSSEL, Madeleine JELIAZKOVA-ROUSSEL, Dans le labyrinthe des réalités. La réalité du réel, au temps du virtuel , 3 e édition, 2012.
Titre
María Puig de la Bellacasa









Politiques féministes
et construction des savoirs


« Penser nous devons » !
Copyright
© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 9782336285160
R EMERCIEMENTS
Ce livre a tardé longtemps à être publié, les tours et détours de ma vie personnelle, politique et intellectuelle l’ont voulu ainsi. Le texte a fait d’abord partie d’une thèse de doctorat en philosophie défendue en 2004 à L’Université Libre de Bruxelles. La première personne que je voudrais remercier est Isabelle Stengers qui dirigea cette thèse avec un engagement et attention extraordinaires.
Mon amie Katty De Boeck corrigea déjà scrupuleusement ma thèse. Elle a édité ce livre avec attention, patience et professionnalisme, et c’est à son aide à la réécriture et à son amitié que je dois d’avoir gardé l’espoir de le voir un jour exister.
D’autres amies lectrices n’ont jamais cessé de m’encourager contre vents et marées à publier ce livre afin que des chercheuses et chercheurs puissent s’en emparer. Merci en particulier à Elsa Dorlin, Marion Jacot-Descombes, Fanny Filosof, Donna Haraway, Nadine Plateau, Hilary Rose, Marcelle Stroobants, Nathalie Trussart, Benedikte Zitouni et Vinciane Despret.
Je dois enormement aux groupes féministes belges et européens dont j’ai fait partie pendant des années. Ce sont des activistes et chercheuses féministes qui m’ont appris que la politique qui compte est toujours au plus proche de la vie et que les divergences solidaires sont possibles. Merci tout particulièrement au réseau belge d’études féministes SOPHIA, à L’Université des Femmes de Bruxelles, au réseau Nextgenderation , au groupe d’action féministe Gaff’elles et aux Femmes en Noir contre les expulsions et les centres fermés.
Finalement, cette publication n’aurait pas été possible sans le soutien et soin inconditionnels dont j’ai béneficié, tout particulièrement de la part de Sarah Bracke, Chloé Deligne, Didier Demorcy, Laurence Gouillart, Dimitris Papadopoulos et Ramón Puig de la Bellacasa.
Sommaire Couverture 4e de couverture Titre Copyright REMERCIEMENTS PRÉAMBULE LA COLERE DE WOOLF: DES FEMMES ET DE LA SCIENCE MALADE INTRODUCTION I. INSCRIPTIONS: HERITAGES POLITIQUES Un style politique nouveau? Nous en tant que femmes: mais que veux-tu dire par «nous», fille blanche? Ce que savoir veut dire: (re)construire les savoirs Vers l’institutionnalisation: persistance du politique? II. TENSIONS: FEMINISMES ET SCIENCES Vers l’épistémologie? Enjeux politiques de la biologie En tant que scientifiques: mais que voulez-vous dire par Science? III. POSITIONS: MIGRATIONS EPISTEMOLOGIQUES Le standpoint feminism: entre politique et épistémologie Expérience et savoir: la vie matérielle Figures du possible Une science de la lutte? POST-SCRIPTUM: YEARNING Adresse
Nous ne sommes pas la question des femmes Nous sommes celles qui posent des questions
Adrienne Rich
PRÉAMBULE L A C OLERE DE W OOLF : D ES FEMMES ET DE LA SCIENCE MALADE
Nous qui agitons à présent cette humble plume, nous pourrons, peut-être, d’ici un siècle ou deux, parler du haut d’une chaire. Personne n’osera nous contredire ; nous serons les porte-parole de l’esprit divin – une pensée assez solennelle, non ?
Virginia Woolf, Trois guinées
Dans son célèbre Une chambre à soi , publié en 1929, Virginia Woolf nous raconte ses péripéties lorsqu’elle entame une recherche sur les femmes et l’écriture. A la recherche d’une bibliothèque, elle arpente les chemins paisibles d’une université subtilement fabulée mais impossible désormais à confondre : Oxbridge. Elle décrit alors son soubresaut alors qu’un homme lui crie dessus, affolé : elle a franchi les accotements des territoires prohibés aux femmes ! Un peu tard dans son périple, un bibliothécaire lui défendra, avec une condescendance polie cette fois, l’accès à la bibliothèque : revenez un autre jour madame, toutefois accompagnée d’un « fellow » 1 . Finalement, après avoir pu vérifier le type d’accueil réservé aux femmes dans les jardins de la connaissance, et ayant enfin réussi à se procurer l’accès à des livres, Woolf nous fait part d’un constat : la femme est « peut-être de tous les animaux de la création celui dont on discute le plus » 2 . Cependant, on aurait pu s’en douter, peu de ces pages sont en 1929 écrites par des femmes. Un tel constat paraît aujourd’hui bien factuel, pourtant ce n’était pas le cas pour Woolf. Oxbridge n’existe pas nous dit-elle, ni la femme qui dit « je » et « moi » dans son texte ni donc, on pourrait en conclure, le « nous femmes » auquel elle s’adresse à maintes reprises. Ce sont là des fictions créées pour aborder un thème (lié au « sexe ») qui « se prête à de nombreuses controverses » et à propos duquel il est possible « que la fiction contienne plus de vérité que la simple réalité » 3 . Mais ce qui caractérise la fiction ce n’est pas tant le mensonge que la liberté de raconter une histoire dont la valeur, au contraire du discours prétendant à la vérité, est précisément d’être ouvertement exposée aux limites, préjugés et particularités de celle qui parle. Autrement dit, c’est d’une forme de fabulation de sa propre expérience dont Woolf se sert ici pour situer ses positions dans un terrain sur lequel « on ne peut espérer dire la vérité et on doit se contenter d’indiquer le chemin suivi pour parvenir à l’opinion qu’on soutient » 4 . C’est dans cet esprit à la fois modeste et positionné qu’elle aborde les écrits des hommes, professeurs, hommes prestigieux, gentlemen ayant reçu les accréditations du savoir supérieur. Voici un extrait de ses commentaires : « En lisant ce qu’il avait écrit sur les femmes j’ai pensé non pas à ce qu’il disait, mais à lui-même. Quand un raisonneur raisonne sans passion il ne pense qu’à son raisonnement, et le lecteur ne peut pas s’empêcher de penser aussi au raisonnement. Si le professeur avait écrit sans passion sur les femmes, s’il s’était servi de preuves indiscutables pour justifier son argumentation, s’il n’avait montré aucune trace de son désir d’en voir le résultat être tel ou tel, je n’aurais pas été en colère, moi. Je me serais inclinée devant le fait , tout comme je m’incline devant le fait qu’un petit pois est vert et un canari jaune. Ainsi soit-il, aurais-je dit. Mais je me suis mise en colère car lui-même était en colère

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