Pour un féminisme méditerranéen
106 pages
Français

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Pour un féminisme méditerranéen , livre ebook

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Description

Réfléchir à la formule d'un féminisme méditerranéen, c'est dépasser le modèle des débats vains autour de "cette inégalité des sexes qui n'en finit nulle part de finir", disait J. Berque. Pour l'auteur, l'"approche méditerranéenne" consisterait à trouver au féminisme une tonalité plus authentique, plus savoureuse, plus chargée de sens. Si les femmes de la Méditerranée ont un rôle à jouer, c'est, entre autres, de renouer le dialogue entre les communautés et les cultures, de redonner à cette région des raisons d'espérer.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2012
Nombre de lectures 10
EAN13 9782296988637
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
La bibliothèque de l’Iremmo
Collection dirigée par Pierre Blanc et Bruno Péquignot
Cette collection se propose de publier des textes sur tous les aspects de la vie sociale de la Méditerranée et du Moyen-Orient. Tous les domaines sont concernés, de la politique à la culture et aux arts, de l’analyse des mœurs et des comportements quotidiens à l’économie, de la vie intellectuelle à l’étude des institutions et organisations sociales, sans oublier la dimension historique ou géographique de ces phénomènes.
L’objectif est de créer une sorte d’encyclopédie, au sens historique de ce terme, présentant, de façon claire et rigoureuse, toutes les connaissances produites par la recherche scientifique, mais aussi par les réflexions des acteurs impliqués à tous les niveaux de la société. Chaque ouvrage vise à faire le point sur un sujet traité dans un souci de le rendre accessible au-delà des cercles des spécialistes.
Dans la même collection
1 - Mounir Corm, Pour une Troisième République libanaise , 2012.
2 - Marc Lavergne, L’émergence d’une nouvelle scène politique , 2012.
3 - Marc Lavergne, Une société en quête d’avenir , 2012.
4 - Sébastien Abis, Pour le futur de la Méditerranée : l’agriculture , 2012.
5 - Sylvia Chiffoleau, Sociétés arabes en mouvement , 2012.
Titre
Fawzia Zouari






Pour un féminisme méditerranéen








L ’ H ARMATTAN
Copyright

© L’Harmattan, 2013
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-296-98863-7
Avertissement
J’ai écrit ce texte au lendemain de la Conférence de Pékin qui s’était tenue en 1995 autour du thème de l’émancipation féminine. La première guerre du Golfe venait de s’achever, les violences islamistes gagnaient toute l’Algérie et l’on enregistrait ce fait inédit : des femmes voilées de pied en cap descendaient dans les rues de Rabat et d’Alger. Pour la première fois, surgissait, face au féminisme de naissance européenne et d’obédience occidentale, une contestation qui risquait de mener au clash et de dresser en Méditerranée de nouvelles frontières. Bien que n’ayant jamais milité, je tentai de trouver une parade, une solution, un espoir.
Toutefois, gagnée par le doute d’aller à contre courant de l’Histoire ou de me faire piéger par une fausse alerte, je renonçai à publier ces pages. Je craignais en outre que ma démarche soit mal comprise ou soit assimilée à une prise de position dépassée, sectaire, voire anti-féministe. à quoi bon aller contre, d’un côté, des militantes occidentales convaincues de détenir le modèle idéal de l’émancipation féminine malgré les nombreux « retours de bâton », et de l’autre, des musulmanes persuadées que le sort des femmes est à placer sous la bannière du Prophète et la loi de Dieu.
Et puis, il y a eu les récentes révoltes arabes. Et le risque pour les femmes de rester sur le quai. L’espoir d’une évolution réelle des conditions des femmes du Sud à la faveur de ces rebellions s’éloigne, en effet. Et l’émergence de l’islamisme légitimé par les urnes augure plus que jamais de cette fracture que je redoutais entre les femmes des deux rives.
C’est pour cette raison que je livre aujourd’hui ces réflexions – à peine réactualisées – au lecteur. C’est à lui de juger de l’opportunité ou de la vanité de leur teneur. Elles seront ma donne pour la Méditerranée dont je revendique l’appartenance première.
• • • P RÉFACE
« Il faudrait que la Méditerranée, au lieu de séparer, unisse. Et c’est alors, peut-être, que l’on verrait de nouvelles Andalousies remonter du fond de la mer. » Jacques Berque.

Nous sommes entrés dans les temps féminins. Parce qu’il est devenu crucial de poser la question des femmes ; de renégocier leur place et leur rôle en ces temps d’impasse du féminisme au Nord et de déferlante islamiste au Sud ; de songer au-delà même de la condition féminine à l’avenir de la Méditerranée.
Si aucun discours sur la Grande Bleue n’a inclus sérieusement la question des femmes, s’il n’existe nulle trace d’une Histoire des Méditerranéennes, ni la détermination de refonder la réalité et les imaginaires à partir d’une action et d’une pensée féminines, c’est le moment où jamais de le faire. De démontrer que les Méditerranéennes savent parler à partir d’un lieu unique, revendiquer en même temps qu’une condition digne, un héritage commun ; bâtir un projet où l’on ne distingue plus la cause des femmes du devenir méditerranéen.
Que les non-Méditerranéennes se rassurent ! Mon intention n’est pas d’exclure d’autres femmes, mais de reconnaître la proximité évidente d’une aire géographique où les histoires sont si proches, les références identiques, les conflits inextricablement mêlés. Elle n’est pas de créer une sorte de duo exclusif entre les femmes des deux rives, ni de prêcher pour un nouveau sectarisme, mais de resserrer les liens entre celles qui ont un patrimoine commun de souvenirs, d’épreuves et de réalisations, de désigner des ouvertures et des lieux de passage entre le Nord et le Sud de la Méditerranée. Mon intention est d’affirmer l’identité de cette région spécifique parmi toutes, non pas dans le but de l’opposer à d’autres, mais d’amener ses propres riverains à conjuguer leurs acquis et à reconnaître leurs ressemblances, à chercher dans leur propre passé des réponses aux débats qui secouent leurs sociétés, à survivre enfin à l’hégémonie du modèle unique, seule façon de conserver une chance pour l’universel, en ce que celui-ci est la résonance simultanée de particularités diverses.
Prétentieuse peut paraître la tentative d’unir la Méditerranée autour de la question des femmes, voire même paradoxale ; tant est ancrée l’idée que nul clivage entre les deux rives n’est aussi marqué que sur ce registre. Il suffit d’observer les « différences », nous dira- t-on. Le Nord a pour lui le droit et la suprématie de l’individu et ses femmes ont gagné haut la main le combat de l’émancipation. Le Sud est attardé, fanatique, primitif. La Méditerranée arabe et musulmane demeure la région au monde où la régression et l’obscurantisme, s’agissant des femmes, sont les plus frappants. Alors, pourquoi cette obstination à chercher l’implication de sujets différents dans un dessein identique ? à proposer le même projet à des femmes de deux « mondes » ostensiblement opposés ? Comment légitimer la voix des Méditerranéennes du Sud en un lieu de parole où les acquis du Nord paraissent « aller de soi », et où l’exemple de l’Europe s’impose d’emblée ? Pourquoi remettre en question les modèles instruits et les dominations légitimes du féminisme occidental ?
Le tableau contrasté qu’offre la condition féminine d’une rive à l’autre pousse les pessimistes à conclure à une indéniable rupture en Méditerranée et oblige à reconnaître que le statut des Méditerranéennes illustre un sujet de conflit, un « différend » de plus, et pas des moindres. Et dans ce langage de différenciation, les femmes sont, elles aussi, prises au piège. Peu au fait de leur passé commun et de ce qui les rapproche, ne sachant pas s’il faut relayer ou confronter le discours masculin, les Méditerranéennes perpétuent une vision manichéenne qui ne cesse de cliver leur existence de femmes, leurs présents, leurs rives.

De là, probablement, vient cette absence d’une réflexion sur un « féminisme de terroir » méditerranéen, si j’ose dire. Une réflexion sur un « modèle » qui ne créerait pas de scission entre le Nord et le Sud et qui porterait une grande partie des revendications et des ambitions des femmes. Une pensée qui échapperait à la facture rigide et hégémoniste du féminisme nordique comme au programme rétrograde et ségrégationniste des femmes islamistes.
Réfléchir à la formule d’un féminisme médi

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