Recherches sur le développement
266 pages
Français

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Recherches sur le développement , livre ebook

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Description

L'auteur, économiste du développement, résume ici ses principales conclusions sur le "processus de" développement. Redéfinir "l'économie du développement" encore une fois, est-ce bien utile ? Il s'agit ici, pour Christian Comeliau, d'une réflexion critique sur le processus de "progrès" des sociétés.

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Publié par
Date de parution 01 septembre 2016
Nombre de lectures 28
EAN13 9782140016660
Langue Français
Poids de l'ouvrage 23 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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Christian Comeliau
REchErchES SUr lE Christian Comeliau DÉVElOPPEmENt
Leçons du passé défis de & L’aveniR
REchErchES SUr lE DÉVElOPPEmENt
RECHERCHESSUR LE DÉVELOPPEMENT
Christian ComeliauRecherches sur le développement Leçons du passé et défis de l’avenir
© L’Harmattan, 2016 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Pariswww.harmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-09853-1 EAN : 9782343098531
Introduction
Redéfinir, une fois encore, le « développement » et « l’économie du développement » ? Est-ce vraiment bien utile ? Je ne crois guère aux débats terminologiques, mais je pense qu’ils masquent souvent des problèmes importants de la réalité : dans le cas présent, ce sont ceux dela réflexion critique sur le processus de « progrès » des sociétés. J’ai travaillé professionnellement sur ces questions durant plus de cinquante ans, et j’y travaille encore ; mon activité se rapproche inévitablement de son terme, et certains de mes amis m’incitent, au moins implicitement, à y renoncer avant de sombrer dans le bavardage sénile. Je ne m’y résous pas vraiment, et je voudrais expliquer pourquoi. J’y vois au moins trois raisons majeures. La première est évidemment ce qui se passe dans notre monde aujourd’hui, en contradiction avec l’optimisme systématique et la prétendue rationalité dont les économistes du développement se sont crus naïvement les hérauts et les défenseurs, depuis des décennies. Certes, dans presque tous les pays de la planète, on continue à utiliser le terme de « développement », pris au sens le plus favorable qui puisse lui être donné, celui de « progrès », pour désigner et pour qualifier les évolutions majeures des sociétés et des économies durant la période récente. Cette qualification de « progrès » est sans doute discutable ; on peut cependant la comprendre si on se met à la place de ceux (individus, groupes sociaux, Etats nations, ou grandes régions) qui en ont été et qui en restent les principaux bénéficiaires. Mais ces évolutions ne semblent ni entièrement positives, ni même probablement durables. Elles s’accompagnent de drames catastrophiques pour une
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fraction importante de la population mondiale, en termes de non satisfaction des besoins essentiels et d’exploitation forcenée des groupes les plus faibles par les groupes les plus forts ; même chez les plus favorisés, elles sont marquées par une insatisfaction et une insécurité croissantes, et aussi par des menaces de plus en plus précises sur la viabilité de leurs succès à moyenne ou à longue échéance. Et malgré l’affirmation bruyante de leur confiance et de leurs certitudes, les économistes et ceux qui croient encore en leurs analyses se montrent de plus en plus incapables de justifier leur optimisme en matière de « développement » des sociétés. Notre monde - ou plutôt le système qui gère notre monde - va mal, il est de plus en plus inégal et injuste, de plus en plus prédateur, de moins en moins respectable, de plus en plus violent, de plus en plus inconscient ou aliéné vis-à-vis de ses perspectives de progrès. Les deux autres raisons me sont davantage personnelles, mais il faut cependant que je les évoque rapidement. L’une provient de mon insatisfaction quant à ma propre insuffisance en tant qu’économiste de développement, ou plutôt de mes doutes quant à la pertinence de ce que j’ai dit, écrit et enseigné durant ma carrière. Je croyais cependant avoir privilégié une approche critique, à propos des changements sociaux que je pouvais observer, ou des politiques à l’élaboration desquelles j’avais été moi-même invité à collaborer. Mais aujourd’hui, je dois bien constater que ces critiques restent très en deçà de ce qu’elles auraient pu être, et qu’elles apparaissent aujourd’hui quelque peu dérisoires dans leur insuffisance, en regard des évènements que nous n’avions pas su prévoir, des difficultés que nous expérimentons déjà, et de celles peut-être encore plus graves qui s’annoncent. Des possibilités alternatives avaient été proposées, par certains
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courants de pensée auxquels j’avais cru pouvoir me rattacher : je constate maintenant qu’elles n’étaient certes pas sans objet ni même sans quelque pertinence, mais qu’elles sont restées bien abstraites et bien théoriques, faute d’avoir été traduites en choix concrets par les responsables politiques de tout niveau. Et aussi que les comportements de chacun d’entre nous - les miens comme ceux de la plupart des acteurs que j’ai pu rencontrer ou dont j’ai pu analyser les orientations - sont restés sans commune mesure avec les changements personnels, collectifs ou institutionnels qui auraient été requis, pour que notre monde ne soit pas ce qu’il est aujourd’hui, ou ce qu’il risque de devenir demain. Enfin, au niveau d’une réflexion qui est peut-être celle de beaucoup d’entre nous à partir d’une longue période de travail, je ressens le besoin de synthétiser ce que j’ai cru et pensé, dans le domaine professionnel et ailleurs (mais cet « ailleurs » relève sans doute d’une autre histoire). Une synthèse qui n’aurait évidemment pas la prétention d’un quelconque testament intellectuel, mais qui serait d’abord un effort pour résumer l’essentiel de ce que j’ai essayé de penser, d’écrire et d’interpréter en différentes périodes, et à la suite de différentes expériences professionnelles. Le but d’un tel effort de synthèse serait d’abord d’identifier les changements, les progrès, les contradictions et les reculs éventuels, par rapport à ce que moi-même et les groupes de recherche auxquels j’ai participé avions été capables d’analyser. Mais cette synthèse pourrait aller plus loin et tenter une appréciation plus générale. Pour juger si, en définitive, toute cette réflexion en valait bien la peine, si cela fait sens aujourd’hui d’en laisser une trace à l’usage des générations qui me suivent : mes enfants et mes petits-enfants, certes, et aussi ceux qui ont cherché avec moi parce qu’ils ont été mes étudiants, mes collaborateurs ou
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