RÉSISTER DANS LE TRAVAIL DE SERVICE PUBLIC (VOL 6)
254 pages
Français

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RÉSISTER DANS LE TRAVAIL DE SERVICE PUBLIC (VOL 6) , livre ebook

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Description

Le démantèlement du service public est ici analysé à travers le sentiment de colère. Comment les professionnels expérimentent-ils la colère dans leur travail ? Comment vivent-ils leur colère dans le travail au quotidien ? Colères rentrées ou colères explosives, silence, renoncement ou courage de dire non et attraper un petit bout de la queue du dragon ? Comment pratiquent-ils l'art de résister ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2011
Nombre de lectures 157
EAN13 9782296804586
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

RÉSISTER DANS LE TRAVAIL
DE SERVICE PUBLIC
Colère, courage et création politique
Sous la direction de
Marie-Claire Caloz-Tschopp


Volume 6


RÉSISTER DANS LE TRAVAIL
DE SERVICE PUBLIC
Colère , courage et création politique



Actes du colloque international
de théorie politique

Université de Lausanne
Institut d’Études Politiques et Internationales (IEPI)
23 – 24 – 25 avril 2010
© L’H ARMATTAN, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-54508-3
EAN : 9782296545083
Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
À propos de la résistance
Françoise Proust
Philosophe


« C’est au XVII e siècle, quand la rationalité étatique apparaît pour mettre fin définitivement aux rébellions sauvages, que naît le droit de résistance (p. 153). La résistance est à l’ordre du jour. Pourtant, toute résistance est inactuelle, quand bien même le danger est imminent. Elle est un refus inconditionnel de l’état des choses, une réaction immédiate à une situation : affaire de justice. Son actualité serait-elle alors affaire d’ajustement ? C’est à condition d’entendre que la résistance n’est pas un moyen en vue d’une fin : le succès ou même un résultat, car la résistance est immanente à son objet : toute instance suscite une résistance. Celle-ci est un fait et non un droit ou un devoir. « Elle se lève partout où il y a du pouvoir » (p. 157). Si l’être persévère dans son être, comme le dit Spinoza, alors la résistance est incluse dans l’être, comme un contre-être qui double l’être et non comme un devoir-être. Elle se joue « dedans » et « dehors », « elle se joue sur les bords de la scène » (p. 98)
« C’est à Foucault [qui a travaillé sur les rapports de pouvoir] que nous devons d’avoir généralisé, en la déplaçant, la loi physique de la résistance : toute force, en même temps qu’elle est affectée par une autre force, suscite une résistance qui contrecarre, à défaut d’arrêter, l’action de la première ; les forces entrent nécessairement en rapports non d’opposition ou de contradiction (qui n’en sont qu’un cas rare et précaire), mais de contrariété dissymétrique. Toute force double et est doublée par une autre force qui, en même temps qu’elle en accompagne continûment l’exercice, la contre et, par suite, la déséquilibre et la dérègle. (…)
La résistance est le nom de cet agencement à la fois compact et fissuré, de ce dispositif stratégique où les puissances jouent obscurément et librement à la fois avec et contre d’autres puissances.
En « positiviste aprioriste », Foucault établissait une cartographie du pouvoir ; en « transcendantaliste », nous voudrions élaborer une analytique de la résistance, c’est-à-dire le transcendantal de toute résistance quelle qu’elle soit : résistance au pouvoir, à l’état des choses, à l’histoire, résistance à la destruction, à la mort, à la guerre, résistance à la bêtise, à la paix, à la vie nue. La résistance n’est pas une tâche ou une nécessité, elle n’est pas un devoir ou un droit. Elle est une loi de l’être, elle est interne et immanente à son objet. Dès que de l’être est donné qui prend forme et figure, qui consiste et insiste, dès qu’il y a de l’étant ou de l’état, il suscite et bute sur une résistance qui le tord irrésistiblement et le fissure irréversiblement. De même qu’une règle est une stabilisation fragile et un conglomérat hétéroclite de rapports de force, de droit, de compromis et de justice et que, par suite, elle est toujours en voie d’être déréglée et remaniée, de même que la vie n’est pas une substance, une donnée ou une valeur, mais un agencement subtil rusant de manière fragile avec une puissance de destruction qui l’accompagne continûment et qui forme un complexe vie-mort précaire et réversible, de même, d’une manière générale, tout état est flanqué de son double qui le contre et le liante, tout étant est bordé de son ombre qui le limite et le presse de l’intérieur. La résistance est interne et coextensive à l’instance , tout être bute sur son contre-être. Le contre-être n’est ni un non-être ou un néant ni un autre type d’être ou une puissance de néantisation ni même un moindre être, c’est l’être lui-même qui, dans son déploiement et son extension, se retourne contre lui-même et affecte son « dedans » d’un « dehors » qu’il a lui-même suscité et éveillé. » {1}
PREFACE Éclats de colère, éclats de monde
André Tosel
Professeur émérite de philosophie Université, CNRS , Nice


Quel chemin pourrait aujourd’hui nous conduire de la colère au courage et du courage à une création politique capable d’inverser la course à l’abîme de la mondialisation impulsée par le supercapitalisme liquide et réfléchie par cette conception totale du monde qu’est le néolibéralisme ? Telle est l’interrogation inquiète mais militante qui parcourt les sept volumes de ce qui fut un colloque aussi singulier qu’original, conçu et organisé par Marie-Claire Caloz-Tschopp et son équipe et qui s’est tenu à Lausanne du 23 au 25 avril 2010.
Ce colloque en quelque sorte a permis de réaliser une encyclopédie portative des savoirs de résistance à cette course à l’abîme ; et cette encyclopédie s’est constituée en mêlant et hybridant les uns par les autres les témoignages réfléchis d’acteurs sociaux, de victimes des violences de notre monde et les élaborations de spécialistes, chercheurs ou universitaires de tous ordres et de plusieurs nationalités. Ce mixte volontairement impur et fécond a évité tout académisme et a manifesté le simple fait que tous, militants, artistes, chercheurs, étudiants, assistances, étaient unis par la quête passionnée d’une citoyenneté politique, sociale, civile, en mesure de répondre aux défis du siècle. Il fut ainsi rappelé et montré que l’interrogation politique réellement démocratique passe par l’appropriation des savoirs et des expériences des uns et des autres sans avoir à se soumettre aux préjugés des prétendus compétents. Les compétences ne sont pas la propriété d’une caste auto proclamée comme celle des économistes et des politiciens néolibéraux qui conduit le monde à l’abîme.
Pourquoi la colère qui est une passion ou un affect apparemment négatif a-t-elle été prise pour point de départ ? Pourquoi un tel début qui s’enracine dans une anthropologie des passions tristes ? Une raison majeure est à l’origine de ce choix. Elle réfère à notre situation d’époque, celle qui devient de plus en plus intolérable pour des multitudes d’hommes et de femmes. Notre monde est une manufacture de la tristesse ; il produit et multiplie des situations où la puissance d’agir et de penser de ces multitudes est toujours davantage entravée, limitée au-delà de ce qui est historiquement justifiable, voire souvent détruite. Notre monde –si la catégorie de monde renvoie à l’espace commun produit par les hommes pour être habitable par eux, pour abriter leur existence, pour permette leur manifestation finie- est devenu un non monde, comme l’avait compris Hannah Arendt en reformulant un thème heideggerien, en interrogeant notre être en commun non pas du point de vue d’une existence authentique définie comme être pour la mort mais depuis la perspective de la naissance et du commencement. Ils sont nombreux et nombreuses ces hommes et femmes qui ont des raisons de se mettre en colère.
Une simple recension de sens commun est éclairante. Elle inclut une pluralité de colères, celle de tous ceux et celles qui sont exclus du monde, rejetés dans la pauvreté ou l’exil, celle de tous ceux et celles qui doivent vivre comme un privilège le fait d’être exploités par un capital voué à la reproduction aveugle de son impératif d’accumulation de profit, celle de tous ceux et celles qui sont privés de ce triste privilège et se voient condamnés au rang

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