Une étrange récolte
166 pages
Français

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Description

Qui en voulait à Désiré, le bouilleur de cru ? Lorsque son père, exploitant agricole et bouilleur de cru, périt dans l'incendie de sa maison, la jeune Marie décide d'abandonner ses études universitaires pour reconstruire la demeure familiale et reprendre en main le domaine.

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Informations

Publié par
Nombre de lectures 13
EAN13 9782812916137
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Albert Duclozpassionne pour l’écriture dès son plus jeune âge. Après une carrière de se directeur d’établissement de soins, il s’adonne à sa passion et publie en 2002 son premier roman,Citadelles d’orgueil. Il devient alors un véritable écrivain historien. Il prend toujours le temps d’aller sur le terrain pour s’imprégner de l’atmosphère réelle des lieux et de la vie des personnages de ses romans, tirés de faits réels. En 2007, Les Amants de juinreçoit le prix Claude Favre de Vaugelas.
UNE ÉTRANGE RÉCOLTE
Julie bon pain Le Chant d’Aurore Le Violon d’or Les Dames blanches Les Jacinthes sauvages Les Trois Promesses
Du même auteur
Aux éditions De Borée
Autre éditeur
Citadelles d'orgueil La Métamorphose de la cigale La Vengeance du marais Le Piège à loup Les Amants de juin, prix Claude Favre de Vaugelas 2007 Les Dames blanches Les Enfants des étoiles Les Larmes de Chanteuges Les Mystères d'Anaïs Lettres d'Algérie à mes parents Pas à pas dans la neige
En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage sans autorisation de l’éditeur ou du Centre français d’exploitation du droit de copie, 20 rue des Grands-Augustins, 75006 Paris.
©
, 2010
ALBERTDUCLOZ
UNE ÉTRANGE RÉCOLTE
À Ségolène.
Première partie
LES MOUCHOIRS BLANCS
I
E CIEL AVAIT TOURNE A L’ORAGE. Avec la nuit, de grsses guttes de pluie Lmite, et sans air. cmmençaient à tmber, prvquant une détente après l’accablement d’une jurnée trp Maintenant, vers les 9heures du sir, le ciel versait la pluie chaude à trrents; ses nappes terreuses et brunes ruisselaient sur le chemin bue ux et déjà raviné ù s’épuisaient les camins ruges, leurs rnflements et leur Klaxn. D aniel s’accrchait à sn vlant, lrgnait les fléchettes de pluie qui percutaient la vitre. Sulignés par les lngs rulements du tnnerre, des éclairs permettaient de vir cmme en plein ju r; c’est tut juste si l’n distinguait les phares jaunes allumés. Malgré le déluge, l’incendie prenait vigueur, dévrait le bâtiment cnstruit sur la prairie en brd de Lire, peu après que le fleuve encre jeune eut reçu le renfrt du Lignn, creusant un pittresque cirque de prairies, de champs et de frêts au lieu-dit du Nantet. Des fumées rugeâtres et grises s’élevaient en trsades, puis se curbaient sus les burrasques d’eau et de vent dans les trmbes qui s’écrasaient au sl. Sus elles, les rives de la Lire en paraissaient nyées. Descendant le petit chemin trtueux qui délaisse le pnt pur s’enfncer vers le fleuve encre rivière, les véhicules d’incendie de Mnistrl-sur-Lire peinaient à avancer. Plus les camins s’apprchaient, et plus les pmpiers percevaient l’âcre deur de brûlé du bâtiment en flammes. C’était la maisn vignernne de Désiré qui brûlait, celle cnstruite par sn aïeul dans les anciens temps, bien avant la guerre de 14, au-dessus des terrasses; celles-ci ffraient place à la vigne et aux vergers sur des cteaux bien pentus, rientés sud-uest, prpices à la culture et l’élevage. Que diable en cette fin d’aût Désiré avait-il pu entreprendre qui ait mis le feu à sa maisn? Purtant, ce n’était pas la saisn: il faudrait attendre ctbre pur chauffer l’alambic. On aurait pu cmprendre que ce builleur de cru ambulant eût au début de l’autmne cmmis un e erreur dans la cnduite de la chaudière. Cela arrivait à tus. Mais lui, Désiré, distillateur ambulant de père en fils, savait bien sa manœuvre et ne se serait jamais laissé alle r à trp chauffer. Depuis sn veuvage survenu il y avait dix-huit mis, il vivait seul; quant à sa fille Marie, elle étudiait à Lyn, ù elle se préparait à enseigner les lettres mdernes. Persnne à part Désiré ne puvait faire de feu en cette chaude jurnée. Le drame de sa vie, chacun le cnnaissait: sn fils Vincent, qui aimait la vigne, les arbres et les turnées d’alambic, devait prendre sa successin. Mais le diable rit lrsque l’hmme fait des prjets. La nuit du 17aût 1959, Vincent avait été tué en Algérie, brûlé vif dans l’engin blindé de recnnaissance tuché par une rquette, qu’entre champs de mines et barbelés électrifiés, il piltait sur la ligne Mrice le lng de la frntière algér-tunisienne. C’est plutôt à la fudre que pensait Raymnd, le chef des pmpiers: en plus de ses hectares de sérine, ancêtre de la syrah, et de ses vergers de fruitiers destinés à l’eau-de-vie, Désiré se 1 réservait pur ses tris vaches et ses quatre chèvres un pré avec uneboutassenaturellement alimentée par l’infiltratin de la Lire; histire peut-être de ne pas manquer, mais surtut en suvenir de Mélanie, sa veuve qui aimait ses bêtes pur leur seule cmpagnie et qui, en utre, tenait à baratter elle-même sn beurre et à faire ses frmages. Si la fudre avait frappé le grenier à fin, il l’avait inévitablement embrasé dans l’instant, tellement tut était sec. Depuis nmbre d’années, persnne ne gardait en mémire une pareille sécheresse: il fallait remnter à juin pur le suvenir d’une maigre averse. Presqu e tris mis sans une seule gutte! Dérapant dans la bue, s’emburbant presque dans les flaques, les tris camins parvenaient enfin à pénétrer dans la cur. La maisn vignernne à un étage était cnstruite en L, la petite partie pur l’habitatin, face à la Lire, et la grande pur l’explitatin. À l’angle se truvait l’étable, et dans sn prlngement, la grange. Ensuite, bien séparé par u n mur prteur épais, le hangar et le matériel pur la vigne; au-delà, tut au but, dans un recin, l’alambic sur ses hautes rues de fer attendait les premiers frimas d’ctbre pur prendre les chemins et cmmencer les turnées dans les villages et hameaux des pays de la jeune Lire, entre l’Ance et le Lignn. Cette partie du bâtiment demeurait pur le mment préservée des lngues et hautes flammes,
trsadées en leur pinte, jaunes, cre, parfis ru gies, malgré le déluge de pluie, des furnaises de l’incendie. Au-dessus d’elles, très haut, des fumées chargées d’escarbilles vives se perdaient dans la nuit. Le feu dégageait une chaleur ruge, éclairait la nuit tmbée. Les pmpiers s’apprêtaient à sauter des camins lr sque le tit au-dessus du bâtiment d’habitatin s’effndra dans une explsin de gerbes d’étincelles et d’envl de flammes. Un circaète jean-le-blanc perché sur un piquet s’envla d’effri, puis s’en alla planer au-dessus des fruitiers qui brdaient la frêt sur la clline. Les pièces d’habitatin ù vivait la famille vmirent alrs le feu par leurs vitres explsées en même temps qu’un brusque cup de tnnerre faisait jaillir la fudre; un vieux frêne, fudryé en plein milieu du pré, éclatait dans sa verticale; à la lisière des haies se serraient, fascinées, vaches et chèvres. Raymnd, d’un cup d’œil, jugea que lui et ses hmmes ne puvaient plus que tenter de sauver le hangar, les matériels et l’alambic. Sans dute les réserves d’eaux-de-vie illicites se tenaient-elles à la cave, sus le petit bâtiment. À part les gabelus, tut le mnde savait, mais persnne jamais n’aurait parlé. Il fallait prier que les bnbnnes pleines ne chauffent pas, que les vapeurs d’alcl ne fassent pas tut explser. « Daniel, avec tes hmmes, les lances en batterie ! Prtégez le hangar ! » Le jeune pmpier se précipita. Sur les quatre cami ns, tris prtaient des citernes, avec deux lances chacune, ce qui faisait six lances. Cependant, le bâtiment en flammes se truvait à mins de cent mètres de la Lire. Daniel réfléchit, préféra préserver la réserve des citernes. Les pmpiers dérulèrent les tuyaux et pmpèrent à même la Lire. Raymnd prit deux hmmes pur le suivre : « Vite, avec mi, peut-être est-il encre vivant. » Il n’existait que tris prtes pur entrer: celle de la maisn, celle de l’étable, et la haute et duble prte du hangar par ù, lrsque l’autmne ve nait, Désiré srtait sn alambic. À chaque prte, les pmpiers appelaient en hurlant à plusieurs, de plus en plus frt et lngtemps. Mais aucune vix ne répndait. C’était dans le hangar que Désiré se plaisait. Là se truvait sn trésr: l’alambic rutilant avec ses c rnues, les futailles tenues prêtes pur la prchaine vendange, et tus les utillages que sans cesse il se plaisait à vérifier, perfectinner et parfis inventer. Cryant qu’il s’y truvait à l ’abri de l’rage, Raymnd et ses deux cllègues pénétrèrent dans le bâtiment ù l’eau des lances dirigées par Daniel s’infiltrait dans les interstices des tuiles, nyant le mur juxtant l’étable en flammes. Hélas! Désiré ne s’y truvait pas. Il fut impssible aux tris hmmes de pénétrer dans l’étable. Le fin déjà embrasé dans le grenier en flammes cnsumait le pla ncher. Celui-ci s’effndrait, et tut brûlait maintenant: les mangeires, les râteliers à fin, les furches de bis, et même les litières purtant humides qui dégageaient en se cnsumant une exhalaisn jaune d’une deur pestilentielle. Les tris pmpiers, les yeux brûlés par la chaleur, ne puvaient rien distinguer, tant la fumée épaisse et âcre nyait tutes les frmes et les bjets; et surtut pas le crps qu’ils recherchaient. Ils durent battre en retraite. La prte d’entrée de la maisn se truvait cmme fermée de l’intérieur; sa serrure était blquée. Ils l’enfncèrent à cups d’épaule; elle cmmençait à être léchée par les flammes. Le jean-l e-blanc s’envla du pmmier ù il demeurait psté, s’éleva très haut tut autur de la maisn brûlée, plana un mment sur les terrasses, puis s’en alla se pser sur la cime du grs nyer qui, dans la cur devant la maisn, s’élevait haut et s’étalait large. À travers les fentes du plafnd, les braises épaisses de la charpente du tit effndré entreprenaient maintenant de dévrer les planches et leur ruge effrayait même ces hmmes du feu. « Ici ! Vite ! Par ici ! » Les tris pmpiers se précipitèrent. Désiré, sans dute trp suffqué pur ramper jusqu’à la prte, s’était réfugié dans l’âtre, sus le manteau de pierre. Mais la fumée l’avait asphyxié, et la chaleur, achevé. Les tris pmpiers ne puvaient plus que le regarder, inerte. Ils lisaient sur le visage nirci la surprise de la mrt. La du leur figée se dégageait de ses chairs brûlées et écœurantes. Il ne devait pas avir expiré depuis lngtemps; curieusement, les flammes ne l’avaient pas atteint. Mais, pris au piège cmme dans un fur, sn crps semblait avir été saisi, presque calciné. Ayant terminé de nyer le hangar, Daniel les rejignit tandis que ses hmmes enrulaient les lngs tuyaux des lances deve nues inutiles. Le jeune hmme cntemplait le crps nirci, sngeait à la duleur de Marie, la fille de Désiré, lrsqu’elle apprendrait la mrt de sn père. Il la cnnaissait bien, l’aimait en silence, sans jamais avir
sé le lui dire, et ce depuis l’enfance.
1.Boutasse : petite mare..
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