Vénitiens dans la Pampa
211 pages
Français

Vénitiens dans la Pampa , livre ebook

-

211 pages
Français

Description

Entre 1875 et 1898, une grande migration rurale part de Vénétie, en quittant une misère profonde, à la recherche de l'eldorado au Brésil. Ce livre raconte la construction de l'identité gaucho-vénitienne, multiple et situationnelle, qui n'est qu'un reflet de la société polyculturelle brésilienne où il est toujours possible de conjuguer l'un et le multiple, le même et son contraire.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2009
Nombre de lectures 205
EAN13 9782296231801
Langue Français
Poids de l'ouvrage 17 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

à une vieille femme centenaire d’origine italienne,
rencontrée un après-midi pluvieux dans un village de
la Serra, qui m’a confé son histoire d’amour avec un
Gaúcho.


e
Table des matières
11 pr éf ac
13 introduction
silences14 | les terrains 17 | séquences 21
23 DesVénitiensarriventauBrésil
25 l’italie, terre na ta le
la construction d’une nation 25 | une nation moderne et industrielle 28 | laVénétie de
Depretis 32 | laVénétie deCrispi 34
37 le brésil, terre d’adoption
leRioGrande doSul 38 | le grand projet 41 | lesAllemands 42 | la serra 44 | lesItaliens 46
4 un exil nécessaire : trop de vénitiens en vénétie
le nouveau monde 49 | leBrésil comme pays de cocagne 52 | la construction d’une société
idéale 52
57 le voyage : 36 jours de machine àv apeur
duvillageà laville deGênes 57|du détroit deGibraltarà la lignedel’equateur 60|« terre!» 62
65 la territorialisa tion
linhas 65 | la forêt 66 | l’agriculture 66 | la vigne 67 | de l’architecture rurale à la ville
sudaméricaine 68
73 La brésilianisation
75 devenir gaúchos
Gaúchos et colonos 76 | le cheval, symbole de l’ascension sociale 81
871975 : la vénitienneté retrouvée
colono is beautiful
le revival ethnique 90 | l’invention de l’ethnicité 92 | heimat et vaterland 93
7 les rituels festifs
le lieu de la fête 97 | icones culinaires 99 | déflés allégoriques : la dramatisation 100 |
“quem somos e o que fazemos” 101
105 la langue
du dialecte à la langue 106 | les grammaires 109 | des linguistes italiensauBrésil 112 |
la guerre de langues 115
11 fictions architecturales
des vieilles pierres rythment le récit 119 | desarchitectures vraiment fausses ou faussement
vraies? 127 | la fction pour la fction 131
133 pèlerinages en vénétie
double nationalité, vote et retour 133 | saudade vénitienne 137 | pelerinages enVénétie 140 |
fabrication de souvenirs 142

145 La déterritorialisation:traduction dumonde
gaúcho envénitien
147 régionalismes
associations de defense de la culture regionale 147 | traditions déterritorialisées 149 |
traduction de l’univers gaúcho en monde vénitien 152 | malentendus 154 |
regionalismes etautonomies 155
15 religions gaúcho- vénitiennes
missa crioula et messa veneta 159 | du catholique à l’afro-brésilien162 | d’afro-brésilien
àafro-gaucho 163 | d’afro-gaucho à gaúcho-vénitien 164
175 Des gaúchosarrivent enVénétie
177 retouràs aint- marc
gaúchos, beduinos, batuqueros… 181
187 Petit glossaire gaúcho-vénitien
195 BibliographiePréface
A propos des«Vénitiens dans laPampa»,Alessia deBiasea élaboré,
à partir d’une étude anthropologique poussée au Brésil et en Vénétie,
d’éblouissantes variations sur les jeux combinés de l’identité et de la
culture.Ces deux termes (identité et culture) sontaujourd’hui, si j’ose
dire,misàtouteslessauces.Ilestimportantqu’uneétudeaussisérieuse
vienne jeter un coup de projecteur révélateur sur leur dimension
historique.
Tout est passionnant dans ce livre: d’abord l’enquête elle-même,au
Brésil, oùAlessia deBiaseapprend à décoder les jeux du silence et de
la parole ; ensuite les jeux d’images contrastés (ceux qu’elle observe se
veulent vénitiens et gauchos) qu’elle enregistre et qui se complexifent
avec le voyage à Venise; enfn la comparaison de ces images avec les
images – simulacres qui caractérisent notre époque (à Las Vegas, par
exemple): en un sens, elles se ressemblent; en unautre sens, elles
diffèrent radicalement, les premières ayant une autre histoire et d’autres
fonctions queles secondes.
L’ouvrage d’Alessia deBiase illustre exemplairement etavec élégance
ce que peut être uneanthropologie des mondes contemporains qui font
notre monde.C’est unouvrage quiferadate.
MarcAugé
11Obrigada
à tous mes interlocuteurs pour le temps qu’ils m’ont consacré et pour la disponibilité qu’ils
ont toujours eu avec moi. En particulier toute la famille Miorelli qui a été fondamentale dans
les moments diffciles de mon deuxième terrain; le CTGGalpão da Saudade deSerafna
Correa; les archivistes de Caxias do Sul avec lesquelles j’ai pu retrouver de vieilles photos
des immigrés vénitiens;Cleodes Piazza Ribeiro et Julio Pozenato pour m’avoir accueillie dans
leur centre de recherche (ECIRS de l’Université deCaxias do Sul, Rio Grande do Sul) et pour
les heures passées ensemble toujours avec un chimarrão chaud entre les mains à chercher
de comprendre la situation complexe dans laquelle je me trouvais; Vitalina Frosi pour tous les
éclaircissementsqu’ellem’adonnésparrapportàl’histoiredutalian;RubenOlivenpourm’avoir
consacré son temps et pour m’avoir ouvert à l’univers gaúcho; JeanneBarbosa pour
toujours accueillie à bras ouverts à Rio de Janeiro lors de mes départs et de mes arrivées au
Brésil.
Merci
à Marc Augé, pour m’avoir encouragée dans les moments diffciles, Michel Agier pour une
discussion sur les dieux afro-brésiliens qui s’est revelée fondamentalepour l’évolution d’une
partie de cette recherche, Cristina Rossi, pour m’avoir expliqué le complexe univers des
mouvements indépendantistes vénitiens enItalie et pouravoir toujours eu le plaisir de partager
avec moi nos recherches, Alain Guez, Emmanuel Rubio et Giorgia Bongiorno pour tous les
signes colorés en bord de page et pour leur patience..., Adriana Soldati pour être toujours
là prête à comprendre ce qui nousarrive,Ghaïta Tauche-Lüthi pour savoir mettre toujours en
image mes pensées, Piero Zanini, pour mille et une chose, et tout le Laboratoire architecture
anthropologie.Introduction
Ce travail est né d’une lettre de 1878 écrite par unVénitien immigré
auBrésil que j’ai retrouvée lorsque j’effectuais des recherches dans des
archives à Venise. En lisant cette lettre rédigée dans un italien mêlé à
des mots de dialecte vénitien, je me suis rendue compte qu’elle n’était
paslacorrespondanced’unvoyageuroud’unhommepartiseulchercher
fortune.L’auteur de la lettre donnait des nouvelles de sa famille, mais
aussid’autrespersonnesetdemandaitdesnouvellesdesonvillage,dans
la province de Trévise. Il décrivait le lieu qui lui avait été attribué et
d’autres détails qui m’indiquaient l’émigration d’un groupeassez
nombreux.
La curiosité m’a tout de suite portée à demander aux archivistes s’il
existaitd’autreslettresdumêmetype.Onm’aconduitedansunesection
desarchives où il n’yavait que ça: des lettres d’émigrants vénitiensau
eBrésildatantdelafnduXIX siècle.
J’étais très étonnée car je me trouvais face à une émigration que je
ne connaissais pas et qui concernait ma région, étant moi-même
originaire de laVénétie.Je cherchais dans ma mémoire si l’oubli de cette
émigration était dû à une négligence scolaire de ma part.Néanmoins je
merappelaislescoursd’histoiredanslesquelsleprofesseurnousparlait
de l’émigration des Italiens du Sud vers les Etats-Unis ou l’Argentine.
LeBrésil ne faisait pas partie de mes souvenirs.En revanche, je savais
queSãoPauloétaitunevilleconstruitesuruneimportanteimmigration
«italienne»,maisdequelleémigrations’agissait-il,jel’ignorais.Lelieu
commun
selonlequell’émigrationitalienne,interneouexterne,concernait exclusivement les populations du sud de l’Italie était tout à coup
remis en cause.Les pizzerias, les restaurants italiens où il ya toujours
quelqu’un pour jouer de la mandoline et chanter «Funiculì funiculà »,
lesaffchesduVésuve,deTotóetdePolichinelle,n’étaientdoncpasles
seules représentations, bien que les plus connues, de l’émigration
italienne à l’étranger. Je me demandais quelles pouvaient être les
«icônes» des immigrés vénitiens.Avecamusement je pensais à de grandes
13
f
t


Vénitiens dans laPampa
polentas,maisjen’arrivaispasàcomprendrepourquoijen’avaisaucune
decesimagesdansmes référencesàl’émigration italienne.
silences
1Dans un ouvrageMarcAugé propose uneanthropologie du silence,
présentantcommeobjetderechercheparmid’autreslechoixfaitparles
colonisateurs de se taire et de ne pas répondre,au moment de la
décolonisation,aux promessesfaitesauxcolonisés.En uncertain
sens,l’histoire de l’émigration vénitienne au Brésil est faite d’un même silence.
L’État italien a toujours célébré ses immigrés méridionaux

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