Vers une socio-anthropologie du handicap
208 pages
Français

Vers une socio-anthropologie du handicap , livre ebook

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208 pages
Français

Description

Tenter de détacher la notion de handicap de la gangue idéologique dans laquelle elle est enfermée, ouvrir la question des personnes en situation de handicap à celle de leur place dans les rapports sociaux, l'économique, le culturel, la politique, telle est l'ambition de ce livre. D'une critique sans concession des présupposés néolibéraux censés définir le handicap à une recherche de son sens anthropologique, ce livre pose également le problème d'une autre norme distincte de la normativité stigmatisante.

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Date de parution 01 avril 2013
Nombre de lectures 143
EAN13 9782296534391
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

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Extrait

Sous la direction d’Olivier R. Grim
Vers une socioanthropologie du handicap
Vers une socio-anthropologie du handicap
Sous la direction d’Olivier R. Grim Vers une socio-anthropologie
du handicap
© L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-00418-1 EAN : 9782343004181
SOMMAIRE
INTRODUCTION......................................................................................7 Suzanne ChazanGillig PREMIÈRE PARTIEHandicap et société : contre le néolibéralisme, la solidarité ........13 CHAPITRE IVers une anthropologie de l’infirmité Un entretien avec Olivier R. Grim mené par Monique Sélim ............15 Olivier R. Grim CHAPITRE IIUn nouveau Cheval de Troie Les notions d’usager et de service appliquées au secteur social.........33Olivier R. Grim CHAPITRE IIILa relation de soin estelle soluble dans le néolibéralisme ? ..............51 Olivier R. Grim DEUXIÈME PARTIEPerspectives socioanthropo ................ logiques ....................... .......57CHAPITRE IVUne anthropologie du très proche ......................................................59 Charles Gardou
CHAPITRE VLe récit mythique du passage du Yabboq La boiterie de Jacob............................................................................69 HenriJacques Stiker CHAPITRE VI: une fantasmagorie contemporain La réparation de la déficience e....83Alain Blanc TROISIÈME PARTIEJurisprudence, loi et handicap ......................................................101 CHAPITRE VIIL’arrêt Perruche................................................................................103 Louis Moreau de Bellaing CHAPITRE VIIIProcédures et législation face au handicap .......................................135 Alexandra Grévin CHAPITRE IXLa loi de 2005 sur les personnes en situation de handicap Les débats à l’Assemblée nationale..................................................157 Louis Moreau de Bellaing CONCLUSION.....................................................................................177 BIBLIOGRAPHIE.................................................................................181 NOTES...............................................................................................189 LES AUTEURS.....................................................................................201 REMERCIEMENTS...............................................................................203
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INTRODUCTION
La transposition des termes d’usager et de service dans le domaine social est un cadeau empoisonné, un cheval de Troie qui s’identifie à la démarche qualité accompagnant généralement l’usage de ces termes. La dérive néolibérale transforme le patient en usager, le handicap en tare, le soin en service et réduit les soignants à des prestataires. S’opposent alors deux modèles sociétaux à l’œuvre dans notre société : un modèle spencérien fondé sur le conflit permanent et la concurrence, et un modèle darwinien basé sur le conflit relatif et la solidarité. Dans une France qui souhaiterait une société solidaire émancipée de la charité, la santé ne peut pas être un commerce ni l’individu une marchandise. Charles Darwin a été présenté dans l’histoire de la pensée par certains enseignants des universités comme un naturaliste organiciste alors que la lecture critique ici proposée montre à quel point ses thèses sont éloignées de celles que l’histoire et ses détracteurs lui ont fait endosser. Certains historiens des disciplines des sciences sociales devraientils revoir leurs classes en relisant les textes laissés par Charles Darwin qui sont en la matière sans ambiguïté ? Les auteurs des chapitres qui composent cet ouvrage considèrent tous la situation de handicap comme étant celle de la condition humaine dans ce qu’elle a de plus difficile. Ce niveau de généralité ne signifie nullement que la stigmatisation, au sens où l’Ecole de Chicago l’entend, serait l’indicateur principal permettant d’identifier le statut spécifique des personnes en situation de handicap. Il ne donne pas non plus le sens que celui ci prend par rapport à d’autres populations marginalisées. Robert
F. Murphy, anthropologue en situation de handicap physique, distingue clairement le délinquant qui choisit son destin du tétraplégique qui le subit et/ou cherche à dépasser sa situation. Il précise que l’on ne peut pas mettre dans le même chapeau des existences oblitérées par un choix, une hérédité ou l’adversité. Pour cet auteur, concevoir le handicap physique comme une sous catégorie de la déviance aboutit à une confusion des problèmes et conduit la sociologie à une impasse. Cette différence est le signe même du caractère unique de la situation de l’infirme rendant difficile à identifier les niveaux de généralités convenant aux diverses formes de handicap. La diversité des problématiques et des outils d’analyse utilisés pour les résoudre nécessite d’avoir recours aux savoirs des disciplines des différentes sciences humaines et sociales : la médecine, les disciplines de rééducation et la psychologie forment l’ossature première des recherches dans ce domaine, à laquelle il est indispensable d’adjoindre la psychanalyse, la philosophie, l’anthropologie, la sociologie des institutions, la science politique, l’histoire, etc. Sont mises en avant ici une posture de recherche spécifique liée aux regards croisés le plus souvent sur les disciplines majeures que sont l’anthropologie, la philosophie et la littérature, qui ont cherché à faire sens par rapport au statut réel ou supposé de la situation de handicap, et enfin les approches institutionnelles qui posent la question du politique dans les diverses instances étudiées. Bien que l’anthropologie ne fasse pas partie des disciplines majeures qui, les premières, ont contribué à orienter les débats théoriques qui se sont engagés sur la notion et la situation de handicap, nous la posons du point de vue de la production particulière du savoir essentiellement qualitatif en anthropologie, fondé sur des situations et des observations concrètes qui font émerger le sens du handicap autour des questions d’identité et d’altérité simultanément et intrinsèquement liées. Ainsi, la perspective proposée ici, loin d’être un patchwork contrasté bâti au gros fil, pose sur les critères exposés plus haut les fondements d’une socioanthropologie du handicap. L’intention se veut aussi limpide qu’une eau de source fraîchement tirée : une séparation essentielle avec un discours
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savant dont la semence, pourtant indispensable, ne sort que trop rarement des silos intellectuels où il est produit et enfermé ; et avec les gardiens du champ médico/sanitaire et social et leurs ouailles qui, par frilosité territoriale et courte vue, refusent l’ensemencement théorique, idéologique et mythologique en se maintenant dans un geste et un discours le plus souvent techniques  le plus sûr moyen d’entretenir le statu quo social dans lequel est embourbée ce que nous nommons aujourd’hui la situation de handicap. A l’heure de ces lignes, les riches, pensés en terme de classe, ont déclaré la guerre aux pauvres  dont la personne en situation de handicap est une des incarnations – et sont en passe de la gagner. Il n’est plus temps de tergiverser, mais de résister au sens où nous y invite Stéphane Hessel. Le discours savant se doit d’être au service des actions de terrain qui ellesmêmes doivent nourrir le chercheur dans un banquet où nul ne doit être écarté. Les véritables promoteurs de l’action sociale en faveur des personnes en situation de handicap ont le plus souvent une connexion biographique intime avec l’infirmité et agissent par délégation du corps social trop content de s’en laver les mains à bon compte. Le temps des procurations est révolu. Que fait une société quand elle parque ses bébés dans des crèches et ses vieillards dans des EHPAD ? Que fait une société lorsqu’elle repère sa population déficiente pour la réadapter et finalement la confiner à ses marges ? Au plan mythologique, l’Humanité poursuit son chemin. Dans quel sens souhaitonsnous aller ? Olivier R. Grim contribue à une théorie de l’édification du lien social qui opère une critique radicale des notions d’usager et de service, lesquelles connotent les rapports marchands dans la société qui les produit. Il développe cette critique autour de la notion d’infirmité et de celle de relation aux soins. Charles Gardou considère la situation de handicap comme un objet de recherche anthropologique en soi, en ce qu’elle est le signifiant du lien social, un révélateur – on pourrait aussi parler d’analyseur – dans l’étude des pratiques des acteurs et dans le jeu des institutions concernées. Cette anthropologie du très proche définit une posture qui a pour but de chercher à dépasser l’inconfort de la relation à l’autre blessé par l’expérience
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