Violences, sécurités et territoires
174 pages
Français

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Violences, sécurités et territoires , livre ebook

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Description

Le phénomène des violences urbaines et le sentiment d'insécurité sont au cœur des dynamiques urbaines contemporaines. Pour répondre à la demande de sécurité des citoyens, des moyens publics, privés et communautaires, servent les nouvelles politiques urbaines dans les grandes métropoles. Pour ne pas passer du conflit légitime à la violence, il faudra reconsidérer l'anomie dans la ville, ne plus vouloir ignorer l'état de destructuration de certains territoires et répondre aux risques urbains.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2012
Nombre de lectures 52
EAN13 9782296485112
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Violences, sécurités et territoires
Logiques Sociales
Collection dirigée par Bruno Péquignot
En réunissant des chercheurs, des praticiens et des essayistes, même si la dominante reste universitaire, la collection Logiques Sociales entend favoriser les liens entre la recherche non finalisée et l’action sociale.
En laissant toute liberté théorique aux auteurs, elle cherche à promouvoir les recherches qui partent d’un terrain, d’une enquête ou d’une expérience qui augmentent la connaissance empirique des phénomènes sociaux ou qui proposent une innovation méthodologique ou théorique, voire une réévaluation de méthodes ou de systèmes conceptuels classiques.
Dernières parutions
Emmanuel QUENSON, Une socio-histoire des relations formation-emploi, 2012.
Alhassane CHERIF, Le sens de la maladie en Afrique et dans la migration. Diagnostic, pronostic, prise en charge, 2012.
Philippe ZARIFIAN, Sociologie du devenir. Éléments d’une sociologie générale, 2012.
Birgitta ORFALI, L’adhésion à l’extrême droite. Étude comparative en France, Hongrie, Italie et Roumanie , 2012.
Arnaud ALESSANDRIN, Aux frontières du genre , 2012.
Colette MÉCHIN, La Fabrique des prénoms , 2012.
Yris ERTUGRAL, Le désir de maternité et la mort, depuis la légalisation de la contraception et de l’avortement , 2012.
Ulrich BRAND, Michael LÖWY, Globalisation et crise écologique. Une critique de l’économie politique par des écologistes allemands , 2011.
Fred DERVIN, Impostures interculturelles , 2011.
Anne-Lise SERAZIN, Vies de travail en Loire-Atlantique au XXe siècle . Traversées du siècle , 2011.
Jacqueline DEGUISE-LE ROY, Les solidarités à l’épreuve de la pauvreté . Expériences anglaises et françaises aux XIX E et XX e siècle s, 2012.
William GASPARINI et Lilian PICHOT (sous la dir. de), Les compétences au travail : sport et corps à l’épreuve des organisations , 2011.
André GOUNOT, Denis JALLAT, Michel KOEBEL (sous le dir. de), Les usages politiques du football , 2011.
Martine CHAUDRON, L’exception culturelle, une passion française ? Éléments pour une histoire culturelle comparée, 2011
Charlotte Boisteau
Violences, sécurités et territoires
Image de couverture :
Sonia Carvalho
Je t’aime , 2005
Acrylique sur toile, 80 x 120 cm
www. soniacarvalho. com

© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www. librairieharmattan. com
diffusion. harmattan@wanadoo. fr
harmattan1@wanadoo. fr
ISBN : 978-2-296-96157-9
EAN : 9782296961579
AVANT-PROPOS
En février 1997, alors que je vivais une expérience pré-universitaire en Afrique du Sud, j’écrivais : « un homme, père de quatre enfants, vient de recevoir quatre balles dans le bassin. J’ai entendu les déflagrations mais j’ai d’abord cru que c’était la télévision. L’assassin était le fils de la victime ». La violence dont j’ai souvent été témoin dans les townships de Johannesburg est devenue dès lors mon premier terrain de réflexion et d’analyse 1 . Quelques années plus tard, mon engagement au sein du bureau de l’ONU-HABITAT à Genève m’a conduite à développer puis à coordonner le projet « Violences Urbaines et Politiques de Sécurité. Pratiques locales publiques et privées dans la sécurisation de l’espace urbain. Recherche-action à Barcelone et Bogota » (VUPS) 2 . Cette responsabilité m’aura permis de financer ma propre recherche et de conduire ainsi mon travail dans d’excellentes conditions, puisque en m’établissant notamment plusieurs années sur mes terrains de recherche.
Notre démarche méthodologique s’est construite de manière progressive. Pour trouver ce qui de prime abord est « caché » comme l’écrivait Gaston Bachelard, il nous faut poser les bonnes questions, puis chercher aux bons endroits, c’est-à-dire creuser tout autant le terrain que la pensée. Nous sommes consciente que notre travail, parce qu’il s’inscrit dans le champ des sciences humaines, suppose notre implication en tant que sujet dans la compréhension de notre objet et influe sur la posture que nous adoptons et le discours que nous tenons. Mais pour reprendre les mots de Bourdieu, « les chances de contribuer à produire la vérité me semblent dépendre de deux facteurs principaux, qui sont liés à la position occupée : l’intérêt que l’on a à savoir et à faire savoir la vérité (…) et la capacité que l’on a de la produire » (Bourdieu, 1984, p. 22). Pour autant, notre travail ne prétend ni à l’exhaustivité des observations et des propos dans le champ concerné, ni à la pérennité des hypothèses vérifiées mais nous avons souhaité conduire notre recherche avec une rigueur scientifique et le souci constant d’apporter la preuve par des références aux observations et actions sur les lieux de nos travaux de recherche et de réflexion.
1 Voir la publication issue de ces premiers travaux de recherche : Boisteau (2003), Sécurité, dynamiques urbaines et privatisation de l’espace à Johannesburg , Cahier du La SUR 7, en ligne : http://lasur. epfl. ch/cahiers/CahierLaSUR07_johannesburg. pdf. Consulté le 11 décembre 2008.
2 Les résultats du projet VUPS ont été publiés en février 2008. Voir : Boisteau, Pedrazzini (2008).
DES RECHERCHES-ACTIONS SOCIO-SPATIALES EN MILIEU URBAIN
Nous sommes aujourd’hui, à propos de ces questions-clés sur le développement de nos sociétés urbaines, dans l’obligation de revenir à une observation à la fois distante et rapprochée des phénomènes urbains. La recherche urbaine que nous avons menée est caractérisée par une pratique de débordement des champs disciplinaires et scientifiques vers le transdisciplinaire, le politique et l’action.
Dans un effort de rupture épistémologique 3 et bien que cela puisse sembler contraire à la règle d’or de l’objectivité dans les sciences, nous avons jugé que l’engagement dans le champ politique autant que l’ancrage dans la vie communautaire ou de quartier, c’est-à-dire la transdisciplinarité, étaient nécessaires à cette recherche. Pour reprendre les termes du géographe Jean-Bernard Racine, « seule une réflexion transdisciplinaire peut être utile en la matière, ne se contentant pas de convoquer différentes disciplines mais devant associer plus étroitement les divers acteurs de la ville, académiques certes, mais aussi institutionnels et politiques » (Racine, 2005, p. 102). Notre recherche a alors favorisé des rapports étroits avec les autorités locales compétentes en matière de sécurité* 4 à Barcelone et à Bogota et nous avons amorcé une« coopération ville à ville » sur nos thèmes de recherche. Cette coopération ainsi que notre engagement dans la promotion de la convivialité par la culture, par l’accès aux services essentiels et par la préservation de l’espace public* 5 a, dans un mouvement de réciprocité, nourri notre réflexion et enrichi notre analyse. Nous avons pratiqué ce qui est aujourd’hui relativement en vogue mais qui a longtemps souffert de son ambivalence : la recherche-action.
Déjà en 1987, Jean Dubost dans son ouvrage L’intervention psychosociologique parlait d’action-research, et à partir des travaux de Kurt Lewin 6 et de ses collaborateurs en donnait quatre caractéristiques (Dubost, 1987, pp. 71-72). Il s’agit d’une recherche :
1) fondamentale (au sens épistémologique et politique que Popper -1945, 1972-lui confère)
2) sur l’action (dans notre cas, particulièrement sur l’action de sécurité et d’urbanisme)
3) pour l’action (amélioration des politiques publiques principalement)
4) en action (travail de terrain dominant la recherche dans une logique intersectorielle et inter-actorielle).
Ainsi, grâce à la « recherche-action », nous avons pu discuter avec les acteurs politiques de la ville (du maire au technicien de la prévention dans les districts ou les localités) des connaissances scientifiques que nous avions acquises, mais nous en avons aussi discuté avec une multitude d’autres acteurs urbains, du commerçant à l’enfant des rues, du syndicaliste au travailleur social, etc. L’avis d’un acteur social est toujours significatif et nous avons pris soin d’attribuer la même considération, aux commentaires d’un chercheur, d’un député ou d’un acteur dit « communautaire ». Ils ont de cette manière, tous, indirectement, participé à notre recherche. Comme le soulignent les anthropologues américain et norvégien Greenwood et Levin, « le point important est de savoir comment le discours entre les chercheurs et les membres de groupes locaux peu à peu dessine une situation de co-apprentissage qui affecte autant la recherche que les actions » 7 (Greenwood, Levin, 1998, p. 4). Car la recherche-action lie le chercheur et l’acteur local dans un échange de savoir t

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