Arménouhie
226 pages
Français

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Arménouhie , livre ebook

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Description

Arménouhie c'est le prénom de cette petite fille, née en Arménie en 1981. Après une enfance relativement heureuse sous l'ère soviétique, elle vécut avec sa famille plusieurs drames successifs qui vont impacter fortement et durablement l'avenir de l'Arménie. A travers l'histoire de cette jeune femme, l'auteur nous invite à la découverte de l'Arménie, ses magnifiques paysages de montagne, ses sites sublimes, ses richesses hitoriques et culturelles.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2012
Nombre de lectures 7
EAN13 9782296491533
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ARMENOUHIE
Marc GIRARD


ARMENOUHIE


De retour à Erevan…


L’Harmattan
Du même auteur


Evocations, éditions Sol Air (recueil de poésie)

Chaleureuse Arménie, en collaboration avec Zarouhie Gasparyan, 2010 (ouvrage de présentation et d’impressions sur l’Arménie)


© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-96223-1
EAN : 9782296962231

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Merci à Irina Nalbandian, Zahourie Gasparyan, Naïra Barseghyan et Josiane Boulogne qui ont inspiré et/ou collaboré d’une manière ou d’une autre à la réalisation de cet ouvrage.
1
Un bel été s’annonçait pour la famille K…En ce 9 Juin 1981, une petite fille est née, prénommée Arménouhie. Un prénom qui évoque son pays, l’Arménie. Il fait aussi référence au soleil et à la lumière. Oui, c’était bien une petite lumière qui arrivait et qui scintillait, désormais, dans cette famille d’Erevan. Une fille, un très beau cadeau de la vie, le premier enfant de ce couple de jeunes cadres, désireux de fonder et d’assumer une famille. L’épreuve de l’accouchement n’avait pas affecté le sourire de Nuné, la maman. Elle apparaissait radieuse et comblée. Toute à son bébé, naturellement maternante, elle tenait dans ses bras protecteurs, le frêle enfant. Arménouhie faisait l’objet de toutes les attentions ; celle de sa mère d’abord ; celle des soignants de la maternité ensuite, en éveil permanent sur la santé de la mère et de l’enfant. Arménouhie était le centre d’intérêt, celle dont on se souciait, dont on s’émerveillait. Le papa n’échappait pas à cette attraction. Les yeux braqués sur sa fille, admiratif et fier, il ne s’en détachait que pour se tourner et parler à son autre chérie, sa femme, désormais maman. Ingénieur en chef dans une importante industrie agroalimentaire de la capitale, son nouveau statut de père le rendait guilleret, enthousiaste, encore plus aimable avec ses collègues de travail et les ouvriers de l’usine. Il faut dire qu’ici, tous l’appréciaient et reconnaissaient ses qualités et ses compétences professionnelles. Numéro deux dans la boîte, Zakar se rendait disponible et donnait sans compter. Exigeant pour lui-même, il l’était pour les autres. Mais aujourd’hui, il a « levé le pied », paternité oblige. Il s’est absenté pour voir sa femme et sa fille à la maternité. De retour à l’usine, il avait revêtu le visage du nouveau père heureux. Des collègues le croisaient et le saluaient.
« Alors, ça y est ? Papa ? », s’enquirent-ils.
« Oui, une fille », répondit-il, heureux et fier de sa progéniture.
« Félicitations ! Elle va bien ? Et comment va la maman ? » Les questions fusèrent.
« Oui, merci ! Elles vont bien toutes les deux. »
« Comment s’appelle-t-elle ? »
« Nous avons choisi Arménouhie, c’est une fille d’Arménie, n’est-ce pas ? »
« Joli prénom ! »
Bien que physiquement présent à l’usine, Zakar semblait ailleurs. Il n’arrivait pas à se défaire de l’image de ce bébé, de cette petite fille qu’il venait de voir et de contempler à la maternité. C’était sa fille, la plus jolie des petites filles. Il devenait père. Une nouvelle responsabilité en perspective…
Après quelques jours de soins et de surveillance à la maternité, la mère et l’enfant regagnèrent l’appartement familial, déjà bien préparé à l’accueil d’une nouvelle occupante. Les parents avaient acquis un petit berceau qu’ils avaient judicieusement installé dans leur chambre. Grâce à ses talents de décoratrice, Nuné avait redonné de la couleur et de la gaîté à cet espace. De leur côté, les grands parents Hovhannès et Mannig, qui occupaient la même habitation, se réjouissaient d’accueillir dans leur famille et leur logement, leur première petite fille. Les semaines suivantes virent défiler les oncles et tantes, les cousins, la famille élargie, les voisins, les amis… Tous voulaient voir le bébé, cette petite merveille qui rayonnait et au rythme de laquelle s’organisait désormais la vie dans l’appartement. Nuné accueillit joyeusement tout ce monde et leur présenta sa fille :
« Oh ! Qu’elle est belle ! »
« Tout le portrait de sa mère ! » Effectivement, le nez, la bouche, le menton ressemblaient à ceux de la maman. Les discussions allaient bon train sur le déroulé de l’accouchement, l’allaitement du bébé et les appréciations sur le poids et les ressemblances avec l’un ou l’autre des parents.
Ils étaient venus avec des fleurs pour la maman, des vêtements pour le bébé. Ils sont restés dîner et déguster les plats présentés sur la table. Au cours du repas, Zakar proposa de lever son verre de vodka à la santé de sa fille, puis de ses parents et de la famille élargie.
C’est ainsi qu’on célébrait la naissance d’un enfant en Arménie. Avec l’enthousiasme et la joie de la famille et de ses proches ; avec l’espoir suscité par ce petit qui arrivait et qui représentait la génération de demain. Chaque nouveau-né marquait un peu plus le droit à l’existence de ce peuple chrétien, dans un environnement qui restait encore contraignant et même hostile. En effet, les tensions persistaient avec les états voisins de Turquie et d’Azerbaïdjan. Souvenons-nous de ce qu’a enduré ce peuple. On a voulu l’exterminer, le faire disparaître purement et simplement, à jamais !… Face à cette tragédie, l’arrivée d’un nouvel enfant représentait assurément un potentiel de vie et d’espoir pour la génération suivante.
Les jeunes parents savouraient ces moments de bonheur intense. Ils se rappelaient tout ce qu’ils avaient vécu au cours de cette grossesse :
« Tu te souviens ? », lança Nuné.
« Oui bien sûr ! Quand tu m’as annoncé que tu étais enceinte, j’étais fou de joie. Je t’ai dit que c’était le plus beau jour de ma vie. C’est vrai. Puis il y eut d’autres belles journées. Nous étions tous les deux sur un petit nuage ! », reconnut Zakar, qui n’avait rien oublié.
« J’aspirais tellement à cet état. Enceinte ! C’est ce que je voulais. Une envie, un rêve. Alors oui, quand j’en ai eu la certitude, j’ai explosé de joie, radieuse, rayonnante, enthousiaste, folle ! Ma mère m’avait beaucoup parlé de la condition des femmes, de l’importance qu’il y avait à porter des enfants. Elle disait que c’était vital pour devenir une femme épanouie et accomplie. J’ai été élevée ainsi », expliqua Nuné.
« Donner des enfants à l’Arménie, donner la vie était presque un devoir pour nous. Notre pays a tellement perdu d’enfants, tombés dans les horreurs du génocide et sur les routes de la déportation, que nous nous sentions investis d’une mission de vie et de survie. »
« Tu voulais absolument un garçon », se rappela Nuné.
« C’est exact ! Pourquoi un garçon ? Parce que, sans doute, mieux qu’une fille, un garçon est plus à même de défendre le pays face aux menaces toujours présentes des états voisins. Peut-être aussi, pour perpétuer le nom de la famille, génération après génération », développa Zakar.
« C’est pourquoi, lorsqu’Arménouhie est arrivée, j’ai eu peur de ta déception. Craignant que tu ne la rejettes, je t’ai promis, un peu rapidement, que le second serait un garçon. Finalement tu m’as étonnée. Tu l’as, tout de suite, très bien accueillie. J’en étais ravie », affirma Nuné.
« Arménouhie est tellement belle ! Je craque littéralement. Comment pourrait-il en être autrement ? », avoua le papa, accro à sa petite fille.
« Tu me touchais le ventre, doucement, délicatement, de peur de faire mal au bébé, de peur de me faire mal aussi. J’appréciais tes attentions. J’ai bien vécu cette grossesse. Maintenant qu’Arménouhie est là, je suis une femme heureuse et comblée. »
La famille d’Arménouhie n’avait pas été épargnée par les violences de 1915 et des années suivantes. Des hommes tués délibérément, des disparus sans laisser de trace, des femmes torturées ; des pans entiers de la famille dont on n’entendait plus parler. Où étaient-ils ? Morts ? Dans un lointain pays à la faveur d’une expatriation ? Les descendants vivaient avec cette blessure immense et réclamaient justice. La vie de chaque jour était un combat pour la renaissance du peuple arménien. Ainsi que l’affirmait Anatole France, l’un des écrivains

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