Bangui
214 pages
Français
214 pages
Français

Description

Chirurgien hors pair, Charles Séguier part exercer à Bangui, en Centrafrique, perpétuant ainsi la tradition "tropicale" de ses ascendants. Il y découvre l'âpreté et la somptuosité de l'Afrique immémoriale, sa fabuleuse faune, mais aussi l'amour. Un amour compliqué, double pour tout dire, mais merveilleux... jusqu'à ce que le destin s'en mêle. Le tout ponctué de consultations médicales pittoresques ou poignantes, d'interventions chirurgicales, et de contacts enrichissants avec les autochtones de toute condition.

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Informations

Publié par
Date de parution 05 juin 2016
Nombre de lectures 2
EAN13 9782140012297
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

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Extrait

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Jean-YvesÉPAILLY
B
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Fauves, amour et chirurgie
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Roman
Ecrire l’Afrique Ecrire l’Afrique
L’ armattan
Bangui
Écrire l’Afrique Collection dirigée par Denis Pryen Romans, récits, témoignages littéraires et sociologiques, cette collection reflète les multiples aspects du quotidien des Africains.Dernières parutions Kouadio Koffi Richard KARA,Koléma, Itinéraire d’une femme de l’Afrique à L’Europe, 2016 Adama FANKÉLÉ TRAORÉ,Kady, une indigente chaste, 2016 Lucien BALOSSA,À Magniongui, un enfant est né,2016. Michèle MALDONADO,La bonne parole, Une coopérante en Afrique anglophone,2016. Abderahim AHMAT,Un parcours difficile,2016. Joachim OLINGA,Les métis de ma mondialisation,2016. Henri MOUTOUBE,Les Scieurs de Branches, Un manager dans l’engrenage infernal du monde professionnel,2016. Emmanuel GOUJON, Clotilde RAVEL, Héloïse VOISIN (dir.), Eclats d’Afriques, Nouvelles,2016. Lulla Alain ILUNGA,Quand le maïs devient chaud,2016. Maximin Beugré GNADJRO,La Dérive du Nénuphar,2016. Gilbert GBESSAYA,A deux dans la cabane, 2016. Philippe MPAYIMANA,Rwanda, regard d’Afrique. Only forward looking, 2015. Adélaïde MUKANTABANA,Agahomamun- L’innommable wa, 2015 Nicole FAUCON-PELLET,Je viens du jardin des cafés, Une vie éthiopienne, 2015 El Hadji DIAGOLA,Merci, les femmes !, 2015 Paterne BOGHASIN,La ruine et la malédiction, 2015 Jean-Baptiste BOKOTO APANDA,Une histoire de violences, Je suis Charlie au Congo, 2015 Jean DUBUS,Là-bas, entre terre et ciel, 2015. Fred JULIANI,Contes et mécomptes d’Afrique et d’ailleurs, 2015. Jean-François Sylvestre SOUKA,Madame Gentil, 2015.
Jean-Yves ÉPAILLY
Bangui
Fauves, amour et chirurgie
© L’Harmattan, 2016 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-09300-0 EAN : 9782343093000
SOMMAIRE Chapitre I ............................................................................... 7 Chapitre II............................................................................ 23 Chapitre III .......................................................................... 39 Chapitre IV .......................................................................... 55 Chapitre V ........................................................................... 65 Chapitre VI .......................................................................... 77 Chapitre VII......................................................................... 91 Chapitre VIII ..................................................................... 103 Chapitre IX ........................................................................ 113 Chapitre X ......................................................................... 123 Chapitre XI ........................................................................ 133 Chapitre XII....................................................................... 153 Chapitre XIII ..................................................................... 171 Chapitre XIV ..................................................................... 185 Chapitre XV ...................................................................... 195
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ChapitreΙ
« J’ai été conçu en Afrique. Dans la case d’hôtes du sultan de Rafaï. Et quarante ans après, j’y reviens ». Insensible aux secousses de l’avion qui le transportait, 6.000 mètres au-dessus des sables sahariens, le Dr Charles Séguier écrivait, dans un cahier d’écolier ouvert sur ses genoux, ce qui pourrait être un jour les premières lignes de son autobiographie. Après de mille kilomètres à l’heure, il fonçait vers le théâtre, grandiose et munificent, où se déroulerait le princi-pal de l’intrigue de cet hypothétique livre à venir, dont les chapitres feraient la part belle aux lions, aux buffles, aux éléphants, aux maladies singulières, aux interventions chi-rurgicales étonnantes, aux particularités d’un peuple pas-sionnant, à une nature fabuleuse. Et à l’amour... De quoi ressentir, en somme, un vertigineux plaisir. Le bruit des moteurs lui paraissait assourdi à cause de l’engourdissement de ses tympans victimes de la pressurisa-tion. Le grondement soutenu, qui soulignait la situation aérienne, avait tendance à emplir sa conscience, ne laissant que peu de place à la pensée structurée. Aussi, ses réfle-xions étaient-elles découpées en minces tranches, et mises en désordre par une sorte de somnolence, ou, plus exacte-ment, de paresse de l’esprit. Quarante ans plus tôt, en 1939, son père, ingénieur agro-nome, avait été nommé en ce qui était alors l’Oubangui-1 Chari, vaste territoire d’A.E.F. , et il avait quitté Paris avec sa jeune épouse (laissant leur fillette de deux ans aux bons soins des grands-parents), à destination du lointain et fasci-nant Continent Noir, berceau de l’humanité. Là, il devait enseigner aux autochtones l’art de pratiquer de nouvelles
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A.E.F. : Afrique Équatoriale Française.
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cultures adaptées au pays, ou d’améliorer le rendement de celles qui existaient déjà, depuis des temps immémoriaux. Partout où il allait, il créait un « jardin d’essai » où proliféraient très vite, grâce à un climat particulier, bananes, agrumes, café, tabac, manioc, sorgho, etc. Si Charles pensait tout spécialement à son père en survolant le Sahara, c’était bien parce que cette contrée mythique avait beaucoup compté pour celui-ci. Il en avait aimé la démesure, la rudesse, et ses populations nomades avec lesquelles il avait tissé de forts liens d’amitié. Pour ce faire, il n’avait pas hésité à apprendre leurs divers idiomes ; de plus, dans son élan, il s’était initié à l’arabe littéraire, jusqu’à le parler et l’écrire avec aisance. Il avait même étudié les textes sacrés de l’Islam et les différentes applications du Coran selon les peuples, selon les inclinations.
Avec un soupir, Charles se demanda s’il serait capable d’une telle intégration en Centrafrique. Aurait-il autant de zèle dans son dévouement que les coloniaux de jadis ? Si son père avait été en poste, successivement, en Oubangui, au Tchad, au Niger et en Haute-Volta (Burkina Faso), il avait toutefois passé les cinq années de la Deu-xième Guerre mondiale à sillonner le désert à la tête d’un détachement, composé exclusivement d’indigènes, volon-taires pour collaborer avec le régiment de spahis où il avait le grade de chef d’escadron. Ce régiment devenait, de ce fait, un régiment de méharistes en raison de leurs 2 montures . Seul Français de cette petite troupe, il était en grande intelligence avec ses hommes au point qu’il fut tenté de passer toute sa vie à vagabonder, avec eux, d’une oasis à
2 Les méharis (les méhara) sont les dromadaires, le fameux « vaisseau du désert ». On dit souvent, improprement, chameau.
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l’autre, à dos de chameau, ce qui était original pour un cavalier du Cadre Noir de Saumur. La paix revenue, à chacun de ses longs congés, il regagnait la métropole, non par avion, mais par terre et mer. Il traversait, dans la chenillette du Transaharien, les ergs somptueux, les hamadas cahoteuses, le fabuleux hoggar aux roches sculptées – voire, percées de part en part – par le vent porteur de sable, et faisait halte à Bidon 1, Bidon 2… Bidon 5... Tamanrasset, où il saluait la mémoire du Père Charles de Foucauld. Quels récits, quels poèmes passion-nants résultaient de ce parcours, et les enfants de la famille – dont Charles, ainsi baptisé en souvenir du Père de Foucauld – buvaient les paroles du conteur... Lancinante, la même crainte revenait : « Serai-je à la hauteur ? s’interrogeait le chirurgien. Serai-je digne de mes aînés, et de cet univers fabuleux qui va de la Méditerranée au cap de Bonne Espérance ? Supporterai-je les scorpions dans les gants de toilette, les serpents dans les herbes du jardin, la nourriture exotique, épicée en diable, l’eau riche en danger – celle des rivières comme celle des carafes – la chaleur tropicale, et le soleil éblouissant, impitoyable pour les Européens imprudents qui demeuraient sous ses rayons sans se couvrir la tête : ils sont victimes d’insolation. Ses parents – les photos en faisaient foi – portaient un casque colonial, certains préféraient le chapeau de feutre, ou de cuir, à larges bords et au bandeau ocellé comme un pelage de panthère, annonçant l’aventurier d’une jungle de cinéma. Panama, canotier, casquette du Père Bugeaud ou du joueur de base-ball, Charles décida qu’il porterait, lorsque ce serait nécessaire, le couvre-chef le plus pratique et le plus courant. Ce n’était pas un embarras : il avait coiffé un béret pendant e toute son enfance, jusqu’en 3 , sans en être gêné. Vieux réflexe de méfiance de ses parents, habitués aux climats tropicaux, vis-à-vis du soleil, l’Été, et dugrand froidparisien, l’Hiver. De plus, c’était un béret très particulier : il
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