Ça ne gêne personne
94 pages
Français

Ça ne gêne personne , livre ebook

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94 pages
Français

Description

L'homme dévêtu du manteau des valeurs morales et spirituelles, obsédé par la quête du bonheur matériel, est devenu insensible au malheur du voisin. L'auteur relève la dualité de cet homme, qui se plaint des gens qui lui portent ombrage et qui sont en même temps des victimes de sa méchanceté. Diop, un vieux sage, conseille à chacun d'entre nous de se placer devant un miroir pour percevoir ce que nous dénonçons chez l'autre.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2013
Nombre de lectures 26
EAN13 9782336322629
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Georges Yout
Ça ne gêne personne
Ça ne gêne personne
Lettres camerounaises
Nouvelles
Ça ne gêne personne
Lettres camerounaises Collection dirigée par Gérard-Marie MessinaLa collectionLettres camerounaises présente l’avantage du positionnement international d’une parole autochtone camerounaise miraculeusement entendue de tous, par le moyen d’un dialogue dynamique entre la culture regardante – celle du Nord – et la culture regardée – celle du Sud, qui devient de plus en plus regardante. Pour une meilleure perception et une gestion plus efficace des richesses culturelles du terroir véhiculées dans un rendu littéraire propre, la collectionLettres camerounaises s’intéresse particulièrement à tout ce qui relève des œuvres de l’esprit en matière de littérature. Il s’agit de la fiction littéraire dans ses multiples formes : poésie, roman, théâtre, nouvelles, etc. Parce que la littérature se veut le reflet de l’identité des peuples, elle alimente la conception de la vision stratégique. Déjà parus André AYANGMA,Orphelinades, Afrique, Soweto, 2013. Joseph Patrice FOUMAN,Le radeau de l’inconnu, 2013. Leontine LONGBOU FOPA,Appelez-moi Madame Oumarou, 2013. Marius NANYA,Les saveurs de l’Afrique, 2013. Siméon TSEMO,L’homme qui n’avait pas eu de nom, 2013. Kanouo L. Fabrice,Éclats de vie, 2013. François A. NTSAMA,Un nouvel an pas comme les autres et autres nouvelles, 2013. Eustache OMGBA AHANDA,Les fleurs de l’âme, 2013. Juste Magloire BASSOGOG DIBOG,Nog Ndourou. L’éprouvé,2013. Dieudonné Éric NGANTCHA, Obama, Seumi et l’école du village, 2013. Dieudonné Éric NGANTCHA, Les gros champignons de Bangoulap, 2013.
Georges Yout
Ça ne gêne personne
Nouvelles
© L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-01238-4 EAN : 9782343012384
Mbombog Bikoï bi Bikoï Tu es l’autre main qui m’a permis d’attacher ce paquet. Merci
Tam-tam en larmes
Funèbres, mélancoliques et condensés, les sons du tam– tam résonnèrent encore et encore, le village était en deuil. Un de ses fils venait de rendre l’âme sur les tombes de ses aïeux. Né il y a une trentaine d’années à Mapan, il en est parti pour chercher la vie en ville. Revenu une semaine plus tôt dans son berceau passer, comme d’habitude, quelques jours auprès de sa vieille maman, il y a trouvé mystérieusement la mort.
Chaque matin, avant le chant du moineau, samère assistait à son réveil et communiait avec lui dans la prière. Ce jour-là, Simb ne parvint pas à se lever du lit malgré les supplications, les exhortations maternelles et les cris de détresse d’une veuve éplorée qui assistait impuissante au décès de son unique enfant. Pendant plus d’une heure d’horloge, elle massa le corps inerte de Simb, des orteils à la tête, tirant ses membres pour les ranimer, ouvrant ses yeux pour leur redonner la vue, l’embrassant pour lui transmettre sa chaleur et réchauffer son corps. Quand enfin, elle réalisa que ses efforts étaient vains face à l’irréversibilité de la situation qui se présentait, elle s’assit sur le lit et éleva une prière à Dieu.
Dans sa prière, Koobe parla longuement de son triste destin jalonné de malheurs et de déceptions. Son père à elle avait disparu dans la forêt, ne laissant aucune trace de ce qui lui serait arrivé. Son enfance n’avait pas connu beaucoup d’éclats de rire à cause des situations très difficiles vécues avec ses frères et sœurs auprès d’une génitrice sans moyens. Très tôt, elle fut envoyée en mariage pour alléger les charges familiales. Les premières années ne furent pas de tout repos aux côtés d’un homme plus âgé, manifestant continuellement des scènes de jalousie à son égard. Grâce à son fils devenu
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adolescent, elle goûta enfin aux délices d’une vie conjugale. Simb plaidait en sa faveur auprès du père afin que ce dernier consente de rendre le sourire à sa femme. Le sourire fendait ses lèvres toutes les fois qu’elle pensait à son fils, à l’aide qu’il lui avait apportée, au mari auprès de qui, enfin, elle savourait quelques instants de joie de vivre. Visiblement, Koobe paraissait épanouie et ne le cachait pas, attribuant ce changement dans sa vie à la volonté de Dieu.
C’était une fervente chrétienne qui essayait de suivre rigoureusement les enseignements bibliques. Elle ne manquait pas à ses devoirs religieux et son dévouement lui avait valu d’être élevée au rang de diacre. Le bonheur naissant du couple avait malheureusement été de courte durée. Keekii avait été frappé d’une terrible maladie qui rongea sa chair au fil des jours jusqu’à son dernier souffle. Affligée, elle le fut très profondément. Mais les bras de Simb réussirent à la consoler, à la ramener à la vie et à lui redonner espoir. Son mari, certes, était mort. Mais il continuait de vivre à travers le fils qui devint dès lors, son nouveau mari. Elle l’appelait « mon petit mari ». Lorsque Simb arrivait au village, la maison respirait de nouveau la présence masculine. Koobe retrouvait le sourire et même si elle n’était pas en bonne santé, son mal cessait de la tourmenter pendant le séjour de son « petit mari ».
Koobe avait usé toutes ses dernières énergies dans les travaux champêtres afin d’assurer la scolarisation de son fils. Elève intelligent, Simb ne ratait jamais son examen. Les prières quotidiennes de Koobe et ses efforts soutenus arrachèrent des diplômes et une place dans une société de renom. Après deux années de service, il pensa à restaurer la case branlante qui abritait sa mère. Par endroits, le mur avait cédé, laissant apparaître la précarité des matériaux qui la soutenaient encore. La construction d’une nouvelle maison s’imposait et pendant deux années, Simb en fit son projet immédiat. Ayant rassemblé des matériaux et un peu d’argent
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