Ce n est pas la rue qui gouverne
83 pages
Français

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Ce n'est pas la rue qui gouverne , livre ebook

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Description

"L'île des esclaves" est une sorte de République ayant pour devise : "Un président fort pour un peuple fort". Et le fait est que chaque jour, sur tous les écrans de télévision, le président est là plutôt deux fois qu'une ; il prétend notamment être le seul à pouvoir régler tous les problèmes avec une arrogance imbécile qui révèle avant tout son insignifiance". Comme un peu partout dans le monde, en raison de la crise, sur l'île des esclaves, c'est un peu la pagaille. Certains disent qu'il serait temps de convoquer les états généraux pour essayer d'y voir un peu plus clair.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2010
Nombre de lectures 243
EAN13 9782296695009
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

CE N'EST PAS LA RUE QUI GOUVERNE
 
 
© L'Harmattan, 2010
5-7, rue de I'École-polytechnique ; 75005 Paris
 
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
 
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattanl@wanadoo.fr
 
ISBN : 978-2-296-11274-2
EAN : 9782296112742
 
KARIM
« sans-papiers » citoyen du monde
 
 
CE N’EST PAS LA RUE QUI GOUVERNE
 
Ou
L'impromptu de nulle part et de n'importe où
 
 
 
« Du passé faisons table rase… nous ne sommes rien, soyons tout »
(L’internationale)
 
 
« Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le fera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse. » Albert CAMUS (Discours de Suède)
 
 
« Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses »
Paul ELUARD (Le dur désir de durer)
 
Cette pièce a été présentée pour la première fois
le 20 février 2009
au Centre Culturel de Saint-Pierre des Corps
par la Compagnie INTERLIGNE
avec
Patrick HARIVEL
et
Alain LECLERC
 
Plateau nu. Pas de décor. Une table, une chaise.
 
PERSONNAGES
 
A : Antoine
B : Bernard
C : Karim
 
PROLOGUE EN ATTENDANT LA REPETITION
 
 
Côté cour, Karim dort affalé sur son bureau.
Antoine accroche une pancarte à côté du bureau « MINISTERE DE LA CULTURE »
Puis il marche de long en large et commence à s’impatienter…
Il frappe dans ses mains
 
A :
Vous êtes prêts ? ... S’il vous plaît… Bernard, Françoise, Isabelle…
Quand vous voudrez… on n’attend plus que vous…
Je vous rappelle que la répétition était prévue pour quatorze heures…
(se jouant à lui-même la comédie, il fait mine de s’arracher les cheveux)
« Ah ! les étranges animaux à conduire que des comédiens »
Alors, c’est pour aujourd’hui, ou pour demain ?
Où sont-ils encore passés ? … Bernard !
 
B :
(au fond de la salle) Voilà… voilà… j’arrive…
 
A :
Ça fait un quart d’heure, au moins, qu’on devrait avoir commencé…
Françoise et Isabelle ne sont pas là ?
 
B :
Elles devaient passer chez la couturière pour les costumes…
 
A :
Et Karim ?
 
B :
Il a été convoqué chez les flics pour ses papiers…
 
A :
Michel n’est pas là non plus, évidemment…
Tant pis ! … On va quand même essayer de commencer sans eux…
 
B :
Alors qu’est-ce qu’on fait ?
 
A :
(visiblement énervé) Qu’est-ce qu’on fait… Qu’est-ce qu’on fait…
On reprend « l’Île des esclaves » … Comme c’était prévu…
Pour le moment ça m’a plutôt l’air d’être une île déserte…
Comment veux-tu travailler dans ces conditions ?
Tu as pu voir le menuisier pour le décor ?
 
B :
Il dit que ce projet va nous coûter les yeux de la tête…
Rends-toi compte…
« Le théâtre représente une mer et des rochers d’un côté, et de l’autre quelques arbres et des maisons » …
Si tu veux mon avis : il vaudrait mieux faire une croix sur le décor…
 
A :
Pourquoi pas ? … Tu vois, quand je sors du théâtre, j’ai souvent l’impression que le monde n’est pas aussi vrai qu’il en a l’air… plein de trompe-l’œil…
la rue… les couloirs de métro… les bureaux… les usines… les magasins…
 
Dès que je suis dehors c’est comme si j’étais du mauvais côté de la vie…
(un temps)
Le théâtre est peut être le seul endroit où il est encore permis de se passer de décor…
Alors, pourquoi en planter un ?
 
B :
Au fait… Où en est la demande de subvention que tu as déposée au Ministère de la Culture ? Tu as des nouvelles ?
 
A :
Non… Toujours rien… ça fait au moins dix fois que j’appelle
 
B :
Six mois pour instruire un dossier… ils sont probablement débordés…
 
A :
En attendant, il ne faut pas que ça nous empêche de travailler…
S CENE 1 : LA REPETITION COMMENCE
 
B : 
Rien qu’à nous deux, nous n’irons pas très loin…
 
A : 
Commençons quand même… ça les fera venir…
Scène un : Arlequin et son maître viennent d’échouer sur une plage…
Tu prends le rôle d’Arlequin… moi je fais le patron…
« Nous sommes seuls échappés du naufrage ; tous nos camarades ont péri… »
Et là, le maître se lamente sur son sort…
« … je ne reverrai jamais Athènes car nous sommes dans l’île des Esclaves. »
Toi, tu reprends après … page 45
 
B : 
… page 45 … Arlequin : « Oh, oh ! qu’est-ce que c’est que cette race-là ? »
 
A : 
« Ce sont des esclaves de la Grèce révoltés contre leurs maîtres, et qui depuis cent ans sont venus s’établir dans une île, et je crois que c’est ici :
tiens, voici sans doute quelques-unes de leurs cases ;  et leur coutume, mon cher Arlequin,
est de tuer tous les maîtres qu’ils rencontrent,
ou de les jeter dans l’esclavage. »
 
B : 
riant « Ah, ah, ah, monsieur Iphicrate, la drôle d’aventure… »
… dis donc, il a un nom à coucher dehors, le patron… Iphicrate…
Tu ne trouves pas ? On ne pourrait pas l’appeler autrement ?
 
A : 
Iphicrate, c’est comme démocrate… en grec, ça veut dire gouvernement du plus fort.
 
B : 
Et si je l’appelais Président… ça revient au même… qu’est-ce que tu en penses ?
 
A : 
Si tu veux… vas-y…
 
B : 
riant « Ah, ah, ah, monsieur le Président, la drôle d’aventure : je vous plains, par ma foi, mais je ne saurais m’empêcher d’en rire. »
 
A : 
« Méconnais-tu ton maître, et n’es-tu plus mon esclave ? »
 
B : 
« Dans le pays d’Athènes j’étais ton esclave, tu me traitais comme un pauvre animal, et tu disais que… »
Ah mais, alors là, ça ne colle plus du tout, Président…
Avant je lui disais vous… et maintenant je le tutoie…
 
A : 
C’est normal, puisque maintenant c’est toi le patron…et que le patron devient ton domestique…
On te l’explique un peu plus loin… page 54…
« ne vous gênez point, tout vous est permis à présent, mais n’oubliez pas que vous êtes Arlequin, que voici votre maître, et que vous êtes auprès de lui ce qu’il était auprès de vous : ce sont là nos lois, etc… etc … »
Non, je trouve même que c’est une bonne idée, Président…
 
B : 
C’est dommage pour lui… après le mal qu’il s’est donné, tout le fric qu’il a dû dépenser pour être élu …
 
Et puis… c’est quoi un Président ? Engagé sous contrat pour cinq ans…
Ni plus ni moins qu’un domestique au

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