Ce soir-là à Saigon
205 pages
Français

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Ce soir-là à Saigon , livre ebook

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Description

2002, Saïgon. Ce soir on fête la bisaïeule d'une famille que la tragique histoire vietnamienne du demi-siècle écoulé a dispersée de par le monde. Trente ans de guerre ont étrangement métissé la famille. On assiste à de surprenantes retrouvailles entre d'anciens belligérants que la guerre a fait parents. Une saga eurasienne pleine de romantisme et d'humour qui proclame que les liens du sang peuvent résister à l'idéologie d'une guerre fratricide et l'amour conjugal transcender les différences et différends ethno-culturels.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2005
Nombre de lectures 87
EAN13 9782336265452
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’HARMATTAN, 2005
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
L’HARMATTAN, ITALIA s.r.l.
Via Degli Artisti 15 ; 10124 Torino
L’HARMATTAN HONGRIE
Konyvesbolt ; Kossuth L. u. 14-16 ; 1053 Budapest
L’HARMATTAN BURKINA FASO
1200 logements villa 96 ; 12B2260 ; Ouagadougou 12
ESPACE L’HARMATTAN KINSHASA
Faculté des Sciences Sociales, Politiques et Administratives
BP243, KIN XI ; Université de Kinshasa – RDC http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782747595513
EAN : 9782747595513
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Du même Auteur Dedicace LE THUONG THO CUA BA NGOAI : 90 TUOI - LONGUE VIE A GRAND-MERE : 90 ANS ANNEXES Personnages et parentèle Un aperçu de la médecine traditionnelle chinoise Aperçu de l’Univers moral et religieux du Vietnamien
Ce soir-là à Saigon

Claude Balaize
Du même Auteur
Ô Djelbana !
L’Harmattan-roman 2002
La Corée
Que Sais-je (coll) 1991 Villages du sud-Vietnam
L’Harmattan-Asie 1995
La Péninsule Coréenne
Nathan-Université 1993
Le cyclo-pousse à Saigon in Aller et venir ( coll )
Presses Paris-Sorbonne 2002 La façade Pacifique de l’Asie
La Péninsule coréenne
CNED-Agrégation 1992 L’Univers moral et religieux du Vietnamien
Institut Catholique Paris 1996 Le Marché, espace et moment de la femme vietnamienne
Acta Geographica 1981
Approche Géo-Culturelle de l’Extrême-Orient sinisé
Cahiers MARS.Armées 2001
La situation des campagnes sud-coréennes
Historiens-Géographes 1996 L’hévéaculture vietnamienne
BAGF-CNRS 1990
La Corée
Hakusuisha Tokyo 1994
A... et à tous ceux et celles qui toujours font parler le cœur avant la raison.
Tous les droits d’auteur seront versés à
“ENFANTS DU MEKONG”
(Parrainage d’enfants d’Asie depuis 1958)
LE THUONG THO CUA BA NGOAI : 90 TUOI 1
LONGUE VIE A GRAND-MERE : 90 ANS
proclamait en épaisses lettres d’or la large banderole rouge vermillon que l’on venait de déployer dans la grande salle de séjour où, majestueusement massif, trônait l’Autel des Ancêtres tout vêtu de teck nacré.
Dans l’ordinaire quotidien, ouvrant sur la cour arborée délicieusement ombreuse et sur la rue bruyamment passante, cette très vaste pièce se trouvait être l’espace privilégié de l’intimité familiale que se partageaient pas moins de quatre générations d’une parentèle 2 fort cosmopolite.
Mais, en cette fin d’après-midi de ce 19 avril 2002, le lieu allait être celui de retrouvailles aussi désirées que redoutées par une famille qui, comme tant d’autres familles vietnamiennes, avait été, durant le demi-siècle écoulé, durement bousculée au point d’avoir été en partie dispersée sur plusieurs continents de l’Extrême-Occident.
Les Français n’étaient arrivés que depuis l’avant-veille. Il est vrai qu’un vol direct mettait maintenant Paris à quinze heures à peine de Saigon. Les Français ! C’est ainsi que la bisaïeule fêtée aujourd’hui se plaisait à nommer la famille de Xuân, sa fille cadette qui, dans les années cinquante, avait épousé Clajac, ce jeune gaulois fait soldat de circonstance, dont elle s’était si soudainement éprise en cette nuit tragique de décembre 1952 où...
Les Américains, eux, étaient là depuis près d’une semaine. Tout juste suffisant d’ailleurs pour récupérer de pareil voyage. C’est que pour Marie-Ly, la fille de Xuân et de Clajac, et pour son mari John et leur fille Eva-My, venir de Garden City, au cœur même du Kansas, s’apparentait véritablement à une espèce de tour du monde.
D’abord, un avion-taxi pour gagner Denver, la capitale du Colorado, aux confins des Grandes Plaines du Midwest. De là, un autre avion des lignes intérieures vous faisait franchir Les Rocheuses pour vous amener à Los Angeles, d’où un vol international vous faisait, lui, franchir l’immensité du Pacifique jusqu’à Taiwan.
Et ce n’est qu’à partir de Taipei, et après de bien longues heures de correspondance qu’un dernier avion finissait par vous déposer à Tan-Son-Nhut, l’aéroport de Ho-Chi-Minh City que ses habitants, comme par nostalgie et défi mêlés, continuaient de nommer Saigon.
En moins d’une semaine, toute la famille avait donc vécu par deux fois le sacro-saint rituel de l’accueil à l’aéroport, rituel ici presque aussi ancien que l’aviation elle-même.
Dans l’heure précédant l’arrivée de chaque vol international, c’était une foule piaillante et piaffante de plusieurs centaines de personnes qui, anarchiquement débarquée là de bus, taxis, motos, vélos, se pressait, se compressait aux abords mêmes du hall de sortie.
Manière heureuse et peu coûteuse pour beaucoup de se rêver Viêt Kieu, Vietnamien expatrié censé prospérer dans cet Occident que l’on se complaisait à n’imaginer que paradisiaque.

Il était maintenant près de 18h. Avec sa presque soudaineté propre à pareille basse latitude tropicale, la nuit envahissait sans vraiment le rafraîchir le long balcon-terrasse qui, ceinturant l’étage de la villa, dominait la cour et la rue.
C’est là, au sortir d’une sieste chaque jour un peu plus prolongée par le grand âge, que la bisaïeule aimait à venir s’installer au creux de son antique fauteuil de rotin. Manière et moment paisiblement solitaires de profiter tout à la fois du spectacle burlesque sans cesse renouvelé de la rue et de l’ombrage parfois venteux du gigantesque vu sua, arbre fruitier dont l’épaisse frondaison surplombait le balcon-terrasse comme pour en préserver l’intimité.
Mais, en cette fin d’après-midi de ce 19 avril 2002, là sur ce balcon-terrasse, la bisaïeule se trouvait extraordinairement entourée de sa fille Xuân, de sa petite-fille Marie-Ly, de son arrière-petite-fille Eva-My.
De là-haut et tout en devisant, les quatre femmes pouvaient discrètement observer les derniers préparatifs de la fête et l’arrivée des premiers invités de la nombreuse parentèle venue tout exprès de Tra-Vinh, de Sa-Dec, de Can-Tho...enfin de ce delta du Mékong qui avait fait mais aussi défait cette famille à la destinée bousculée par l’Histoire.
Des quatre femmes, seule la bisaïeule toujours demeurée au pays était capable de nommer chaque arrivant et d’en commenter éventuellement, et non sans quelque mordante ironie, la personnalité parfois singulière.
A 23 ans, faisant là son premier vrai séjour d’adulte au Viêt-Nam, la blonde Eva-My, dont seuls les beaux yeux clairs légèrement bridés la disaient quarteronne, se voulait particulièrement attentive à tout ce que se racontaient en vietnamien ses trois aînées.
Mais, sa trop faible connaissance de cette langue et sa trop faible pratique du français l’obligeaient à souvent questionner en anglais par le truchement de sa mère. Celle-ci, épouse franco-vietnamienne d’un Américain, se trouvait être la seule à maîtriser les trois langues dont cette tribu métisse avait besoin pour que chacun, autour de la table familiale, pût converser.
Marie-Ly, qui à 48 ans était dans la plénitude de sa beauté d’Eurasienne, se prêtait volontiers à cette gymnastique linguistique. Elle savait sa fille désireuse d’en connaître un peu plus de cette Histoire familiale singulièrement faite, durant le demi-siècle écoulé, de l’Histoire vietnamienne partagée avec la France et les Etats-Unis. La petite Quarteronne n’en était-elle pas d’ailleurs comme le témoin charmant ?

Chaque nouvelle arrivée d’un parent était prétexte à une anecdote resurgie de trois mémoires prêtes aujourd’hui à se livrer totalement, au point même de livrer quelques-unes de ces vérités propres à démystifier, voire à démythifier, certaines réalités familiales.
Mais, en cette fin d’après-midi de ce 19 avril 2002, les quatre femmes sur leur balcon-terrasse, comme d’ailleurs toute la maisonnée grouillant en rez-de-chaussée, ne guettaient, n’espéraient, ne redoutaient qu’une arrivée, celle de Khoi.
Seule, la bisaïeule paraissait sereine, privilège du grand âge qui a trop vu, trop entendu, pour ne pas savoir en toute circonstance d’exception prendre la vraie mesure des choses et des êtres.
Que lui importait le passé de Khoi, ce fils cadet qui, en 1950 à 17 ans, avait rejoint les rangs du Viêt-Minh. Et cela, moins par conviction idéologique que par déception vengeresse d’avoir, Diplôme d’Etudes Primaires Supérieures Indochinoises en poche, échoué au concours d’entrée au prestigieux Lycée français Chasseloup-Laubat de Saigon.
Ne lui importait que cette promesse appo

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