Cercle de Messmer
384 pages
Français

Cercle de Messmer , livre ebook

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384 pages
Français

Description

Dans ce récit, l'auteur nous plonge dans l'Estonie avant et pendant la Deuxième Guerre mondiale. Le narrateur, se souvient : sa vie d'étudiant dans un petit pays qui s'efforce de survivre face à l'appétit croissant des grandes puissances prédatrices voisines, les examens, les filles, l'inquiétude devant les évènements qui troublent l'Europe et qui vont la troubler bien davantage. Puis vient la guerre à laquelle l'Estonie, contre toute évidence, espère pouvoir échapper...Š

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Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2011
Nombre de lectures 28
EAN13 9782296469495
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le cercle de Messmer
Jaan KROSS Le cercle de Messmer Traduit de l’estonien par Jacques Tricot
L’Harmattan
Le présent ouvrage a été publié en 1995 à Tallinn par AS KUPAR sous le titre « MESMERI RING »© L'HARMATTAN, 2011 5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Parishttp://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-54492-5 EAN : 9782296544925
Sommaire Chapitre 1Levé de l’affaire Stiernhielm.............................................. 9 Chapitre 2Les Tarma.......................................................................... 15 Chapitre 3La Reine de Saba................................................................ 23 Chapitre 4Les scénaristes................................................................... 35 Chapitre 5L’affaire du mémoire......................................................... 43 Chapitre 6Le théâtre de la saint Martin.............................................. 51 Chapitre 7Des complications et l’excès de leurs possibilités............. 63 Chapitre 8Bubo bubo.......................................................................... 71 Chapitre 9Le démolisseur de violon.................................................... 83 Chapitre 10Le chant avant la peste....................................................... 95 Chapitre 11Le pacte.............................................................................. 107Chapitre 12Désintégration.................................................................... 121 Chapitre 13La vérité ne pardonne pas.................................................. 135 Chapitre 14Tentative d’auto-justification............................................. 147 Chapitre 15Depuis l’examen jusqu’au salut......................................... 163Chapitre 16Agitation sous pression de la base..................................... 181 Chapitre 17Les papillons bleus............................................................. 193 Chapitre 18L’ébranlement du château de cartes.................................. 203 Chapitre 19La volonté du peuple.......................................................... 215 Chapitre 20Changements par saccades................................................ 231 Chapitre 21Il suffit d’être ce que nous sommes.................................... 241Chapitre 22Perspectives nationales...................................................... 253 Chapitre 23Fébrilité desséchante......................................................... 267 Chapitre 24Fuite................................................................................... 279 Chapitre 25Dispersés comme du bétail................................................. 295 Chapitre 26Attente................................................................................ 307 Chapitre 27Ruuž.................................................................................... 313 Chapitre 28Le cercle de Messmer......................................................... 319 Chapitre 29 ............................................................................................ 335 Chapitre 30La boisson nationale.......................................................... 351 Chapitre 31Cet enroulement de barbelés.............................................. 367 Chapitre 32 ............................................................................................. 375 Chapitre 33Fuite face à la grippe de Hong Kong................................. 379
1 Levé de l’affaire Stiernhielm Je prends le métro jusqu’à Kungsholm, je pénètre dans l’ascenseur du second tunnel, je monte à travers le roc et débouche dans la rue à cinquante mètres de la maison où Elmar m’a aménagé un pied-à-terre. J’entre dans la maison, je prends l’ascenseur, je monte jusqu’au septième étage et ouvre la porte de l’appartement qui n’est pas fermée à clé. C’est celui de la grand-mère d’Elmar, lui-même fils d’un sociologue, deux pièces, un balcon, une cuisine et une salle de bain : un appartement pour célibataire. Elmar est parti ailleurs pour quelques semaines et m’a remis les clés pour la durée de mon séjour en Suède. Et bien que je sois ici depuis déjà une semaine, je ne puis m’empêcher de garder les yeux grand ouverts depuis la fenêtre donnant sur le balcon, et de contempler la ville et le lac Mälar. Mais le fait que je puisse être vraiment ici, en septembre 69, tient presque du miracle. Lorsque, après quinze ans, alors que j’étais l’un de ces dix-mille réfugiés venus de l’Est, je revins en Estonie, je ne pouvais imaginer ce que pouvait être la mentalité d’un voyageur, originaire, lui, de l’Occident, mais je pouvais toujours essayer. Cinq ou six ans après mon exil, à la fin des années cinquante, les temps étaient, pour la première fois, devenus un peu plus favorables, bien que je n’aie pu pourtant m’ empêcher de penser à ceux qui avaient été déportés en Sibérie et aussi à ceux qui s’étaient réfugiés en Suède. Et surtout, à ceux qui, tout d’abord, étaient partis pour la Finlande. A Tallinn, j’avais fait la connaissance d’un vieux couple politicien finlandais ayant des enfants, lesquels, du fait que leurs parents étaient liés à l’Estonie par quelque fil d’Ariane, étaient, peu après les premières manifestations - très relatives - de liberté de mouvement, venus voir ce qui s’y passait réellement, le frère journaliste, la sœur reporter-radio. Bientôt, ce vieux couple, vint le temps à autre chez nous. Mais dans de telles circonstances, de manière si officielle que je devais garder quelque distance envers lui. Pourtant il ne tarda pas à m’envoyer une invitation comportant deux signatures - celle d’un ministre du gouvernement Paasikivi ainsi que celle d’une femme - de toute évidence très marquée à gauche. Je répondis à cette invitation en posant un certain nombre de questions qui me paraissaient nécessaires, mais sans obtenir de réaction. Durant les six mois qui suivirent, les invitations furent réitérées cinq ou six fois, la dernière avec l’intervention de madame Furtseva. La réaction fut - de caractère tout à fait administratif -ne rien tenter, ne rien dire, pas à eux, pas à moi, ne pas parler de Tallinn, ne
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pas parler de Moscou.- Jusqu’à ce qu’un responsable au visage rubicond, trop dangereusement aimable, me convoque alors au département des visa et m’informe : « Vous ne pouvez pas partir ». « Pourquoi ? » « Parce que vous n’avez pas suffisamment écrit dans « Kodumaa ». Je n’y avais effectivement écrit que très rarement. Mais quelle remarque aurais je pu bien faire au sujet de mon comportement ? De sorte que je mis quelque malice à m’expliquer, comme d’une manière évidente -et d’une vérité toute bête - tout comme le crachat sort simplement de la bouche. Je ne me résignai pourtant pas, par esprit sportif, à cesser, après chaque invitation, de présenter de nouvelles demandes. Jusqu’à ce que, inexplicablement, - c’est ainsi que vont les affaires de Dieu - je reçoive quatre ou cinq ans plus tard l’autorisation de voyager, en tant qu’invité, chez des amis en Finlande et encore quelques années plus tard, également chez des amis à Stockholm. Avec cette dernière, ma légère angoisse fut accompagnée d’une conversation téléphonique avec le Comité de sécurité, courtoise, en langue estonienne, m’invitant à un petit entretien, lequel devait se dérouler quelque part dans la rue, dans le centre-ville. Là, une « Volga » grise m’attendait, avec un jeune homme qui me prit en mains et me pria de lui permettre de m’emmener dans un endroit tranquille pour y converser sans risque d’être dérangés. C’est ainsi que nous nous retrouvâmes à Rocca al Mare, derrière la pinède. Là, il m’invita à m’asseoir sur une souche, s’assit lui-même sur une autre et m’expliqua durant un quart d’heure que mon voyage pourrait être ressenti comme un exil dans une région particulièrement intéressante - cela pourrait même être considéré par les journalistes comme une certitude. De sorte que je devrais être particulièrement circonspect lors de mes prises de contact et être prêt à d’éventuelles provocations. Ce qui voulait dire : être attentionné et reconnaissant envers eux. Mais en tout état de cause, ne conclure aucun accord, ni ne rien entreprendre qui puisse amener quelque détente. Donc ne jamais donner de réponse, même si, éventuellement, j’aurais pu m’exprimer ainsi : « Cher camarade, je suis allé en Suède pour la dernière fois il y a trente ans. Mais de ce fait, la Suède devrait pouvoir se passer de moi, - disons, durant les trente prochaines années. Ce ne serait pas là, je l’espère, une offense insupportable envers une république amie voisine ». Il n’était pas nécessaire qu’il y ait une réaction à cela. J’avais probablement supposé que, dans un pays étranger, j’appartiendrais à cette sorte de gens que l’on pourrait prendre en exemple pour faire montre d’un esprit libéral. Et maintenant, je me trouve réellement ici. Où je ne puis remarquer le moindre intérêt particulier s’opposant à ma venue. Pourtant dans les journaux, en bas de page, il avait été noté en deux lignes que de derrière le
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