Charentes, les histoires extraordinaires de mon grand-père

Christian Pénicaud

Description

Parler de l'’imaginaire d’'une région, c’est tout aussi bien rappeler le souvenir de faits historiques qui ont laissé des traces, des images, que de retracer des légendes qui, elles, relèveraient plutôt de l'’invention, encore que… la plupart des légendes soient issues de réalités historiques. Déformées peut-être, mais historiques tout de même. L'’imaginaire concerne également ce que l’'on croit, mais aussi, nuance importante, ce à quoi l'’on croit. Ainsi, parler de l'’imaginaire du pays charentais peut consister tout aussi bien à rappeler certaines légendes, des contes, des histoires peu connues ou même méconnues de cette région, qu'’à narrer quelques faits historiques restés dans l'’imagerie populaire ou entrés totalement dans l’'Histoire. Légendes et histoires réelles, non seulement, font partie d’un patrimoine, mais elles ont contribué à façonner l'’esprit charentais, l'’âme charentaise. Quoi qu'’il en soit, l'auteur a pris un plaisir immense à découvrir et à relater les histoires de Saint-Savinien et de Sainte-Eustelle, comme celle de Sylve ou de Permilhac de Belcastel, à raconter les aventures d’'un Gargantua ou d’'un Guilleri, à transmettre les tribulations des ânes en culotte de l'’île de Ré, de la mandragore ou de la petite sardine. Le diable est aussi très présent ! C’est une partie de ce Terroir-là, avec ses secrets, ses mystères, ses rumeurs, son univers étrange peuplé d'’êtres fantastiques, de dames blanches, de géants et de mauvais esprits, de diableries, d’'animaux monstrueux et de personnages fabuleux que l'auteur nous révèle ici.

Sujets

• Fairy tale
• Cultural heritage
• Fiction

Informations

• Publié par: Editions CPE
• Date de parution: 27 décembre 2012
• Nombre de lectures: 117
• EAN13: 9782365729673
• Langue: Français

Extrait

Le temps et les croyances populaires

Il est assez curieux de constater combien des gens qui ne croient ni à Dieu ni à diable accordent des pouvoirs illimités à de simples objets !
De curieuses légendes sont liées aux phénomènes météorologiques en Charente-Maritime.
Et même si cette foi a plutôt tendance à s’estomper, on la rencontre encore assez fréquemment. Mais si certains demandent au curé du village de lire des prières pour le beau temps, ou au contraire pour faire venir la pluie, d’autres préfèrent s’en remettre à ce qu’ils ont sous la main.

Les orages
Ainsi, l’orage est souvent au cœur de ces préoccupations. Le fait de faire sonner les cloches pourra empêcher qu’il provoque de trop gros dégâts et serait même capable de l’arrêter. D’autres préfèrent s’en remettre à « la corde à virer le vent », avec laquelle, en battant l’eau des rivières, il serait possible de faire venir un orage porteur de bonnes pluies.
Les curés de Saintonge étaient, à une époque encore proche de la nôtre, réputés pour provoquer orages et grêle par sorcellerie. Les plus audacieux, ou les plus naïfs, allaient même jusqu’à prétendre que ces mêmes curés montaient dans les nuages pour les brasser et les diriger à leur guise pour faire tomber la grêle sur les champs des voisins et pas sur les leurs !...
Au siècle dernier, un brave curé de Charente-Maritime prenait, paraît-il, des photos d’un orage à Montlieu… jusqu’à ce que se déclenche une averse de grêle ! Témérité qui faillit bien lui coûter la vie, car les paysans de la petite cité, aussi crédules que lui, le voyant opérer, lui tombèrent dessus sans vergogne avec force fourches et piques ! Le malheureux curé dut prendre la fuite afin de ne pas se faire transpercer !
Saint-Eutrope, premier évêque de Saintes, foudroyé lors d’un violent orage, fut imploré en de nombreuses circonstances afin qu’il intervienne lorsque le temps se faisait menaçant.

Vent, tourbillons et tornades
Là, ce sont les sorcières que l’on incrimine ! Du moins les sorcières qui sont passées de vie à trépas. Lorsqu’un tourbillon de poussière se formait en certains endroits, l’on disait : « Les sorcières se lèvent », car il était courant de croire que celles-ci se réincarnaient en poussières.
Mais le diable n’est pas absent de ces croyances. Il y a fort longtemps, le diable lui-même dansait avec une jeune fille de l’île de Ré. Mais une dame du château le reconnut !... Avait-elle déjà eu à faire à lui ?... Quoi qu’il en soit, le diable, se voyant découvert, se transforma en tourbillon et disparut en déracinant les arbres qui se trouvaient sur son passage.
Une certaine demoiselle des Brousses était sur le point de se marier avec le seigneur Roger de Varaize, connu pour avoir pactisé avec le diable. Au moment où le prêtre allait marier le seigneur et sa belle, un violent ouragan se déchaîna, prit d’assaut l’église qu’il détruisit, provoquant du même coup la mort de l’infortunée jeune fille !
Mais la violence des orages, des ouragans et des tornades pouvait aussi être attribuée à des dragons ! Ou du moins au combat que ceux-ci livraient à des bêtes mal considérées, tels les serpents. La lutte furieuse que se livraient dragons et serpents était la cause des dégâts provoqués à une ville. Les marins eux-mêmes, voyant des trombes s’abattre autour d’eux, n’hésitaient pas à en accuser des dragons.