De la vendetta à la Nouvelle-Calédonie
250 pages
Français

De la vendetta à la Nouvelle-Calédonie , livre ebook

-

250 pages
Français

Description

Le bagnard Paul Louis Mariotti traverse cinquante ans de l'histoire de la Nouvelle-Calédonie (1878-1927). Bandit d'honneur envoyé six ans aux travaux forcés à 19 ans, à La Nouvelle pour crime de vendetta familiale, il devient en 1911 le premier président de la commission municipale de Farino. Cette saga familiale décrit la première génération, celle des hommes et des femmes déracinés qui créèrent un homme particulier, Le Broussard, élément incontournable de la communauté calédonienne. Paul Louis Mariotti fut l'un des "ouvriers de la transportation" qui permirent à la seconde colonie de peuplement française de devenir un "pays" multiculturel et pluricommunautaire.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2010
Nombre de lectures 91
EAN13 9782296253087
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ce roman s’appuie autantque possible sur des faits
historiques oudestraditions familiales - ces dernières
pouvantêtre contradictoires -touten laissant une large
place à la fiction littéraire généralementadmise dans le
cadre d’une biographie romancée.

Avectous mes remerciements à
Axelle, Denise, Eliane, Ghislaine, Sylvette, Tania,
Aldo, Claude, Dominique-Pierre, Jerry, Jim etMaurice.

Prologue

« Sil’on racontait sa vie exactement comme elle s’est
passée, si l’on pouvait être sincère, si l’on pouvait être
véritable dans ce qu’on écrit, il faudrait mettre cette
densité intérieure que seul donne le rêve et mettre le
lecteur dans cet état de rêve »

Jean Mariotti,Le bureau des rêves perdus, 3 juin 1958.

« Déchire-le ou ne le déchire pas, c’est la même chose ;
rien dans le monde ne sera changé pour cela. Si tu
considères ton manuscrit par rapport à toi et par rapport
à ce qu’on écrit, c’est quelque chose. Il a une valeur que
tu peux te permettre de croire énorme. Si tu le considères
par rapport à l’univers et en raison de son utilité, il est
absolument nul …

Nos existences sont parfaitement inutiles, sois-en certain.
C’estsans doute pour remplir cevide que les hommes se
sontcréésuntas de chimères qui les occupent… Et
surtoutleurvue courte leur permetde croire à l’utilité et
à la durée de leur œuvre. Pourtant, ils passentet tout
continue comme s’ils n’avaientpas existé »

Jean Mariotti,Toutestpeut-être inutile, 1929.

Préface

« Enfin danstoutes les relations de lavie,
ils (les Corses) ont un respectadmirable pour la
1
justice »

Diodore de Sicile, 85 av. JC.

Lorsque l’auteur de ce livre me demanda de le
publier dans la collectionLettres duPacifiqueetde le
préfacer, j’ai accepté pour deuxraisons: d’abord parce
qu’il complèteutilementl’importante bibliographie
consacrée à l’écrivain calédonien Jean Mariotti, l’auteur
de ces œuvres majeures de la littérature duPacifique que
sont:À bord de l’incertaine, Les Contes de Poindi,ou
La Conquête duséjour paisible, d’autre partparce que
l’histoire dupère de ce dernier, Paul Louis, Corse
condamné aubagne calédonien à la suite d’unevendetta,
resté dans la colonie oùil fondaune famille etprospéra
après sa libération, en estla clef.

Qul’œel Calédonien ignoreuvre souvent
autobiographique de l’écrivain, renducélèbre par ces
2
«Contes de Poindi» inspirés de latradition orale kanak ,

1
« Entetaïs allaistaïs entaubio kata meros oikonomiais
taumastos protimosito dikaiopragein ».
2
Il futadopté selon la coutume parune femme de latribude
Couli près de La Foa.

11

qui furent traduits en24 langues, oul’histoire de cette
famille implantée à Farino près de La Foa, oùelle
possède encore quelques biens, etqui longtemps présida
auxdestinées de cette municipalité ?

J’ai bien connula sœur de Jean Mariotti,
Faustine, quivécutcentenaire, aucours de nos
rencontres, elle me contaitses lointains souvenirs d’un
frère qu’ellevénérait, etme confia ses objets qu’elle
conservaitcomme des reliques (chapeau, objets
fabriqués quand il étaitprisonnier austalag en
Allemagne durantla guerre, photos,) pour illustrer
l’exposition littéraire que je consacrai à l’écrivain en
1981, lors de l’inauguration de la nouvelleBibliothèque
Bernheim, l’établissementpublic Territorial que je
dirigeais alors. Son neveu, FélixDéméné,yévoqua
l’écrivain, qui avaitété « oublié » depuis longtemps dans
son île natale qu’il avaitsi bien décrite dans son œuvre
(etdontil avaitégalement, il est vrai, stigmatisé les
travers de la société coloniale postpénitentiaire).

3
Seuls le normalien Paul Griscelli , la
journaliste4
écrivain Jacqueline Sénès , Bernard Broule fondateur et
5
Présidentde la Société des Etudes Historiques, qui

3
Qui écrivitla préface de la réédition de laConquête du
séjour paisiblechezHachette Pacifique (1981).
4
Journaliste de RFO radio, qui consacraune émission à
l’écrivain, etécrivitTerres ethommes de
NouvelleCalédonie,l’île aucent visages,lavie quotidienne en
e
Nouvelle-Calédonie au19 siècle, etle romanTerreviolente
qui inspirauntéléfilmtrès controversé localement.
5
Il s’agitdeLa Conquête duséjour paisibleetdeTakata
d’Aïmos.

12

réédita certains de ses livres, et moi-même, lui rendions
alors hommage.

Beaucoup lui reprochaient de n’avoir pas donné
une image idyllique du microcosme insulaire, selon une
certaine conception de la fonction d’un écrivain. Sous
divers autres prétextes, des auteurstalentueux tels que le
6
truculentconteur Georges Baudouxoule colon de
7
Ponérihouen Paul Bloc , ontsubi le même sort, suite aux
oukases de certains, bien décidés à occulter à leur profit
toutetrace de la notoriété de ces œuvres qui firent
connaître jusqu’à Paris la littérature calédonienne!

En 1998 j’écrivisun article intitulé «l’inspiration
mélanésienne dans l’œuvre de Jean Mariotti», à la
demande de l’universitaire australienne Blandine
8
Stefanson, qui le publia dans la revueNotre Librairie, à
la suite d’une conférence donnée en 1996 à l’université
de NewSouth Wales en Australie, oùje développai cette
thématique de son œuvre, (j’eus la surprise d’entendre
alorsune intervenante - qui s’en réclame à présentavec
d’autres – balayer d’unterme méprisantJean Mariotti

6
Auteur deLégendes noires des chaînes, Ils avaient vudes
hommes blancs», etc, réédités par Bernard Brou( à la
SEHNC)
7
auteur detrois romans:Le colon Brossard , Les filles de la
Néama, Mémoiresd’un cannibale, réédités par la SEH,
présentés par Hélène Colombani.
8
Voir les références bibliographiques en fin d’ouvrage.

13

9
ainsi que Baudoux, Paul Bloc etLouise Michel.) En
2000je fis la présentation etl’étude durecueil de
nouvelles de Jean Mariott«i :Le Dernier voyage du
Thétis», dans le cadre de la réédition générale de cette
œuvre faite sous l’égide de l’Université Française du
Pacifique.

L’historien Frédéric Angleviel-Mariotti dépeint
avec bonheurune famille de la brousse calédonienne du
19ème etdébutdu 20ème siècle, avec d’autantplus
d’authenticité qu’il en estlui-même issu(Paul Louis est
son bisaïeul), qu’il a passéune partie de son enfance à
Farino oùil a purecueillir les souvenirs de cette longue
saga familiale qui subissaitévidemmentles ellipses du
10
non-dit, cette «chape de plomb» qui a occulté
l’histoire souventdramatique destransportés ou
relégués, les « chapeauxde paille ».

Tous désormais sontaffublés de la péjorative
appellation de «qCaldoches »ui laisse devinerune
connotation méprisante pour les descendants de déportés,
et un ostracisme émergentenvers ceuxdes pionniers
libres. L’ombre dubagne etcelle ducolonialisme
planentencore sur les Calédoniens d’origine européenne.

9
La passionaria de la Commune, déportée aubagne de l’île
Nou, écrivit un recueil de contes etlégendes kanak qu’elle
illustra.
10
L’expression quitrouve son origine dans le livre « Le pays
dunon-dit»auxéditions île de lumière (épuisé depuis
longtemps etnon réédité) del’historien José Barbançon,
spécialiste dubagne calédonien, lui-même d’ascendance
corse, estdésormais passée dans le langage courant. Leterme
« Caldoche » estapparudans la presse en 1984.

14

Pour les libérés, l’exploit consistait moins à subir
leur peine qu’à se réinsérer ensuite dans la société «Les
bagnes rurauxsontinstallés à proximité de la maison
mère, etpas

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