De Livres en îles
168 pages
Français

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De Livres en îles , livre ebook

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168 pages
Français

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Description

Pour ceux qui ont eu la chance de connaître l'ivresse de la lecture depuis l'enfance, aborder De Livres en îles, c'est faire naître l'envie de retourner sur le champ dans son grenier personnel, dans sa bibliothèque familiale, ou dans ses cartons de jeunesse. Bâti sur le terrain meuble des souvenirs, ce voyage poétique nous fait toucher du coeur l'importance de cet objet à la fois premier et sensuel, ordinaire et surprenant, essentiel et culturel, que fut, et qu'est sans doute encore, pour la plupart d'entre nous, le livre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2012
Nombre de lectures 21
EAN13 9782296491199
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

De livres en îles
ISABELLE GUYON


De livres en îles

Récit


Préface de Luc Hazebrouck
Du même auteur

La Mer des Pluies, récit, L’Harmattan, 2009

Identification et autres nouvelles, L’Harmattan, 2010


© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-96738-0
EAN : 9782296967380

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Préface
La question du livre n’a jamais été aussi brûlante qu’en ce début de XXIème siècle. Ce livre, justement, est un livre sur les livres. Il est une manière de faire le point sur notre rapport à cet objet singulier qui a été, depuis son origine, au centre même de notre culture et de ses fondements. Force est de constater qu’en tant qu’objet matériel le livre est aujourd’hui menacé. Aussi assistons-nous actuellement, dans l’univers qui est le nôtre, à une transformation sans précédent de notre rapport au livre. Cette transformation, dans une société qui ne prend jamais son temps, est-elle superficielle ou profonde ? Le cœur même de la sensibilité et de la pensée est-elle atteinte par les bouleversements de nos modes de vie ? Il y a des livres dont nous sentons intuitivement l’importance, l’utilité et la nécessité. Ce livre-ci en fait partie, pour tous ceux qui réfléchissent sur le devenir du livre et sur ce que ce dernier peut apporter en chacun de nous.
Le sujet est grave, mais, comme à son habitude, l’auteur a suffisamment de lucidité critique pour ne pas le traiter gravement. Ainsi chaque texte lance des pistes de réflexion. Aux lecteurs ensuite de réfléchir à partir de ce qui lui est offert. Ce livre se place davantage sous le signe d’un questionnement ouvert que sous le signe d’affirmations autoritaires ou péremptoires.
Ce questionnement n’est jamais abstrait. L’approche du problème posé est au contraire à la fois sensible et charnel. Ce livre aurait pu s’intituler : « De mon amour des livres et de la langue » ce qui aurait été plus plat que son titre si poétique : « De Livres en îles » . Le sujet est complexe mais il est toujours abordé avec beaucoup de simplicité. On pourrait dire qu’il est abordé « à hauteur d’homme » . C’est à dire au fur et à mesure que les pensées se déposent naturellement en soi. L’auteur essaye sa pensée sans prétention, comme Montaigne le faisait lui-même si sagement en son temps.
Nous n’imaginons pas à quel point nous sommes redevables de toutes les lectures que nous avons faites ! Petit à petit, couche après couche, elles ont formé une terre fertile dans laquelle nous avons fini par nous enraciner, afin de mieux devenir ensuite ce que nous sommes, tel un arbre qui, après un certain laps de temps, donne d’abord ses fleurs puis ses fruits. Cette maturation est presque invisible aux yeux du profane, elle est pourtant à la source d’un enrichissement de l’être en profondeur.

Luc Hazebrouck
Je remercie pour leur relecture
Jean-Luc Berthon,
Luc Hazebrouck,
Philippe Raimbault,
et
Denise Hazebrouck,
Florence Kit.
A Luc H.
1 Des livres comme des îles
Pourquoi « De Livres en îles » ?
Peut-être parce que le premier livre, resté dans ma mémoire, qui m’ait emmenée le plus loin vers l’imaginaire et le plus longtemps, avait pour titre : « Les Enfants dans l’île », dans la collection Rouge et Or.
Ce récit, source de longs voyages intérieurs, racontait l’histoire de deux enfants, frère et sœur, échoués sur une île pour je ne sais plus quelle raison, et qui étaient obligés d’y rester pendant plusieurs mois.
C’est à la lecture de cet ouvrage que je me suis identifiée pour la première fois aussi intensément à des personnages, ces enfants qui jouissaient d’une incroyable liberté sur un bout de terre au milieu de l’océan, partageant la vie des autochtones, exemptés d’école durant toute une année, dormant dans une hutte la nuit, se balançant dans un hamac accroché aux branches le jour, ou cueillant des fruits exotiques dans les arbres, côtoyant, indéfiniment, le soleil et la mer.
J’avais lu et relu ce livre plusieurs fois. Je ne pouvais pas m’arrêter de le lire. J’avais même construit dans ma chambre une hutte avec un drap, comme celle des enfants, du moins telle que je me la figurais.
Je suis restée baignée dans ce roman très longtemps. Le volume appartenait à la bibliothèque de mon école, et quand, ayant épuisé toutes les possibilités de rallonges de prêt, j’ai dû le rendre, le cœur serré, j’ai eu l’idée de le demander à maman comme cadeau à Noël.
« De Livres en îles », aussi, parce que d’une certaine façon, chaque livre était une manière de me retrouver sur une île, celle de la rêverie autour du texte lu, île mentale.
Insula (île), isola (seule), ont la même racine. Etre isolé, c’est être séparé comme une île.
Pour m’isoler, m’évader des rigueurs de la maison.
2 L’île aux livres
La bibliothèque, c’est la caverne d’Ali Baba, l’île aux trésors.
Que ce soit celle de l’école, le CDI du collège puis du lycée, la bibliothèque universitaire, immense labyrinthe jusqu’au vertige, ou les bibliothèques municipales, dont la taille est proportionnelle à celle de la commune (celle de notre bourgade voisine occupe trois salles, tandis que celle de notre village tient dans une pièce petite comme un placard), elles sont toutes des lieux privilégiés, à la fois refuges et portes ouvertes sur le monde, du savoir comme de l’imaginaire.

Dans la bibliothèque de l’école, à Marseille, on avait droit à deux livres au maximum : il ne fallait pas se tromper dans ses choix.
Parfois, un titre qu’on avait repéré la semaine précédente avait disparu, emprunté par un autre lecteur, on l’attendait avec impatience, on le pistait, on essayait de ne pas rater sa prochaine apparition quand il serait rendu, de l’attraper avant qu’il ne soit à nouveau pris par quelqu’un d’autre.
Les bibliothécaires, prêteuses et prêtresses du lieu, acceptaient exceptionnellement de réserver le livre pour nous. On pouvait garder les ouvrages quinze jours, et lorsqu’on voulait les relire, on quémandait un report d’une semaine, souvent consenti, et en suppliant, un deuxième, rarement accordé, comme un sursis.
Aujourd’hui, les règles sont plus souples : il est possible, dans nos médiathèques de ville ou de village, d’emprunter davantage de volumes et pour une période plus longue, et même, lorsque celui que l’on cherche n’est pas dans le fonds municipal, il peut être commandé au centre départemental dont le catalogue est beaucoup plus étendu, ce qui ouvre des perspectives illimitées.
A partir de cette île aux livres qu’est la bibliothèque communale, nous accédons ainsi à des territoires infinis, des archipels inconnus.
De sorte qu’on ne rentre jamais bredouille de la sortie à la bibliothèque, ramenant dans nos filets de nouveaux ouvrages longuement convoités, des promesses de plaisir ou des objets de curiosité.
3 Dédale
La bibliothèque de l’université de Nanterre m’est apparue immense lorsque je l’ai découverte la première fois : elle était très claire, entièrement vitrée, et me semblait sans limites.
On pouvait, par un escalier de fer, monter et descendre vers une multitude d’étages, chacun d’eux s’ouvrant sur plusieurs vastes salles, et dans chaque pièce, d’innombrables rayonnages métalliques et sobres, aux livres serrés, emplissaient l’espace.
Un nombre incalculable de personnes circulaient à l’intérieur, se croisaient, se déplaçaient, horizontalement et verticalement, comme des ouvrières dans une fourmilière. Toutes avaient l’air de savoir parfaitement où elles allaient, se mouvant dans ce milieu avec aisance, d’un pas sûr et affairé, dans une direction donnée.
Je me perdais au contraire dans le dédale des étages et des rayons, explorant, rectifiant sans arrêt l’orientation de mes pas. Me servait de boussole le meuble aux multiples tiroirs en bois étiquetés par ordre alphabétique, plusieurs casiers étant attribués à une seule lettre : A-AD, AE-AG, AH-AM…
A l’intérieur de ces

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