Décalage
223 pages
Français
223 pages
Français

Description

Après une absence de deux mois passés à l'étranger, un homme découvre la femme qui partage sa vie morte dans leur salle de bain.
Tout porte à croire qu'il s'agit d'un malencontreux accident, et la police clôt rapidement le dossier. Pensant qu'il s'agit d'un meurtre, l'homme mène son enquête. Une succession d'éléments troublants le conduisent inexorablement dans un engrenage fatal.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2010
Nombre de lectures 89
EAN13 9782296256576
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

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Extrait

à Grazia

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Chapitre1

Samedi 9août 1997
esoleil venaitde disparaître derrièrelesbarres
L
d’immeublesbordant l’autoroute,mais latempérature
ne baissait pas pourautant.L’airétait irrespirable, et
en surface dela chaussée,la chaleur quele bitume avait
accumulée durant lajournéesematérialisaiten troublant
les infrastructuresdu mobilierautoroutier.
Onapprochaitde Saint-Denis.Philippetenta
d’appeler unenouvelle fois sur son portable cellequ’ilavait
espéréretrouveràl’aéroport,mais il n’obtintànouveau
quesasempiternelle boîtevocale.Dépité,il raccrocha.
Letraficse fit plusdense.Onabordale dernier
virage et le Sacré-Cœur sur la colline de Montmartrese
projeta en ombre chinoise dans un halodelumière.Les
voitures roulaient maintenantau pas,pare-chocscontre
pare-chocs.
Philippetournalatêtevers la gauche etfut surpris
par l’avancée des travauxdufutur plusgrandstade de
France.Il neput réprimer sonétonnementen se
manifestantauprèsduchauffeurdetaxi qui observait un
mutismeprofessionneldepuis le départ.Enapparence
seulement, carcelui-ci n’attendaitenfait qu’uneoccasion
pourengager la conversation.
Les premiersélémentsdu toit venaientd’être
assemblés.Ilsdonnaient uneidée dela forme etdela
hauteurdéfinitive del’ensemble.
Direqu’il nes’étaitabsentéque deux mois.Il se
demandaitbiencomment ilallaitêtre accueilli parOdile.Il

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DECALAGE

avait tantespéréqu’ellesoitàl’aéroportàl’attendre.Ilavait
scénariséunfilmdans satête et s’étaitconditionné dans
cetteidée.Elleluien voulait tellementd’avoiraccepté cette
missionenGrèce.Maiscommentaurait-il pu refuser ?Il
savait pertinemment quemêmes’il n’obtenait pas une
promotion ou un meilleur salaire, celapouvait toujours lui
éviter un licenciement.Et ilétaitbien placépour savoir que
c’étaitcequ’il yavaità craindre au seindesonentreprise,
sondéplacement n’ayant pourbut que depréparerce
qu’onappelaitdans uncertain jargon techniqueun
transfertdetechnologie.
D’uncôté comme del’autre,il n’avait pas le choix.
Leurdernière conversation téléphonique dataitdudébut
delasemaine etOdilen’avait pas parufaire deprogrès
dans ses sentiments malgréleur séparationetce,même
avecl’imminence deson retour.
Oui, comment l’accueillerait-elle?
Il seposait laquestion quand,terminant ses
réflexions sur le grandstadequi traitaientautantdela
rapidité d’exécutiondes travaux que de basses
considérations politiques,le chauffeur l’interrogea :
-Vous vousêtesabsentélongtemps ?
Philippequi nel’écoutait plus s’excusa en obligeant
le chauffeuràreposer saquestion.
-Pardon ?
L’autrelui jetauncoupd’œildans son rétroviseur,
et n’insistapas.
Letaxi s’engagea dans letunnel,puis sans raison
apparenteon restalongtempsbloqué àrespirer lesgaz
d’échappementdans leplusgrandsilence bien quetoutes
les vitresfussentfermées, enattendant quela circulation

DECALAGE

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lentement nereprîtet qu’ànouveau on pûtenfin revoir le
jour.
Onabordalepériphérique,mais lasituation ne
s’améliorait pas pourautant.
C’était samedi.Lesbanlieusards quittaient leurs
cités pourParis,ses restaurants,ses théâtreset sescinémas.
Delaporte dela Chapelle àlaporte d’Aubervilliers,làoù
curieusement les voitures se croisent pour sortiretentrer
sur lepériphérique, fantaisie d’unconcepteurd’autoroute,
cen’était qu’unenchevêtrement inextricable.Philippe
demanda auchauffeurdenepas s’engagerdans lamêlée et
de filercomplètementà droite,vers lasortie,pourentrer
dansParis.Initiativeheureuse, caren moinsd’un quart
d’heureletaxiarrivaitàsa destination, etc’esten
négligeant uneplacequiaurait puaccueillir uncamion
qu’il s’arrêtapile devant l’immeuble de Philippe,plusd’une
heurequarante aprèsavoir quittél’aéroportde Roissy.
Philipperéglala coursepuis,savestesous le bras,
descenditen mêmetemps quele chauffeur,récupérer ses
bagages.
Une fois letaxi partiet larue désencombrée des
véhiculesbloqués,il posasavalisesur letrottoir,pour
sortir un mouchoirdesapoche,s’épongeale frontet jeta
un œil vers les hauteursdel’immeuble,pensant trouver
ème
Odile àla fenêtre du8 ,mais il ne distingua aucun
mouvementdes rideaux.
Il sevoyaitdéjà contraintde déménager,nepouvant
décidément pascontinuerainsidans ses rapportsavec elle.
Plusdetrois moisàluifairela gueulCee !la avait
commencéquandil luiavaitannoncésondépart.

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Il prit unerésolutionen marmonnantentresesdents
que c’était plus qu’assezet il sepromit quetoutdépendrait
desonaccueil.
Il pénétralevestibule et se dirigeapar habitudevers
lesboîtesaux lettres,sûr qu’ilétaitden’y rien trouver.Il
fut surpris.Àl’intérieur, deuxfactures,unelettre dela
mère d’Odile et une cartepostalequ’ilavaitenvoyée depuis
une bonnesemainereprésentant l’Acropole.Il n’avait pas
trouvéplus original.Oubliant ses résolutions,il relutavec
attendrissementcequ’il luiavaitécrit,puis il ouvrit
machinalement lesfactures,les plia aveclalettre etglissale
toutdans sapoche.Enentrantdans l’ascenseur,il s’étonna
enconstatantdans la glace dufondqu’ilétaitextrêmement
bronzé, beaucoup plusen toutcas qu’il nel’auraitcru, et
pourêtreplus présentable,il prit letempsdeserecoifferen
relevant ses longues mèchesdelamain.
Il ouvrit laporte del’appartement,s’attendantàvoir
Odile assise dans le canapé du salondevant latélévision.
Onétait samedi.Il yavait une émission qu’en principe elle
neratait jamais.Il sentit uneodeurbizarre,renfermée.Il
s’enfit laréflexion, et posasavalise,puis il jetasavestesur
une chaise, et toutenallumant les spotsdel’entréereferma
laporte donnant sur lepalier.Rien nevenait troubler le
calme del’appartement, aucunéclairage dans lesalon.Il
s’engagea dans le couloir menantauxchambres.Laporte
delasalle de bainsétaitentrebâillée.Par habitude,il la
referma.
Dans leurchambrelelitétaitdéfait,undésordre
inextricablerégnait,lesdraps,tire-bouchonnés,l’odeur,
fétide.Il ouvritengrandlesfenêtreset unair nouveau
inondalapièce.

DECALAGE11

Ilne comprenait pas pourquoiOdile, d’ordinairesi
maniaque, avait pu laisser lelitdans un telétat.Il s’en
retourna dans lesalon,remonta complètement les volets
roulants,puis il ouvritengrandlesbaies vitrées.Ilconstata
que desassiettes sales occupaient latable basse.Etdes
mouches, beaucoupdemouches.Il trouva cela étrange et
commençaitàs’inquiéter,quandildécouvrit,posélàoù
elle avait l’habitude delemettre,sur une desenceintesdela
chaîne HIFI,lesac àmaindesonamie.
Une angoisselui nouala gorge.Il selança dans le
couloiret seprécipitasur laporte delasalle de bains qu’il
ouvrit vivement.
Odile étaitétenduesur lesol,nue,inanimée.Il se
jetasurelle,tenta delasouleveretfut surpris par le contact
desapeauglacée et par laraideurdesoncorps.Il regarda
ses yeux, grands ouverts, éteints,vitreux,qui le fixaient.
L’horreurbrute.
Il se demandaitcequiavait pu sepasseretdepuis
combiendetempselle gisait là.Il nepouvait plus voir ses
yeuxet tenta derefermer ses paupières.Unesensationde
videimmensel’étreignit.Il se faisait unejoie dela
retrouver, etelle était là,inerte,sans vie.Il s’en voulaitde
toutes les idées qui luiavaient traversél’esprit.
Combiendetemps resta-t-ildanscetteposition,
prostré devant le corpsd’Odile?Il n’aurait pu le dire.
Quandil sereleva,lesdernières lueursdu jour s’étaient
estompées,lasalle de bainsétait plongée dans l’obscurité.Il
éclairalapièce.Desbrossesà cheveux, desbombesde
laque, du parfum, des tubesderouge &

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