Essola
285 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

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Description

Dans le petit village d'Afipe, à quelques kilomètres de la ville de Lambaréné, le monde s'effondre pour Essola FANE, une jeune fille de 18 ans, lorsque sa mère décède soudainement et de manière étrange. Sur son lit de mort, cette dernière lui fait des révélations qui l'intriguent et qui bousculent ses croyances et sa conscience de fervente catholique. Livrée à elle-même, Essola est partagée entre sa foi chrétienne et le chemin obscur que lui indiquent de prendre les épreuves qu'elle traverse. L'auteur aborde le délicat problème de la double identité religieuse et spirituelle que la plupart des pays colonisés par les missionnaires chrétiens vivent aujourd'hui comme un mal.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2009
Nombre de lectures 102
EAN13 9782296685123
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Essola
Ecrire l'Afrique
Collection dirigée par Denis Pryen
 
 
Dernières parutions
 
Daniel GRODOS, Les perles noires de Gorée, 2009 .
Ilyas Ahmed Ali, Le miroir déformant, histoires extraordinaires, 2009.
Boika TEDANGA Ipota Bembela, Le Destin d'Esisi, 2009 .
Patrick-Serge BOUTSINDI, L'homme qui avait trahi Moungali, 2009.
Ludovic FALANDRY, Sawaba. Une vie volée, 2009 .
Jimmy LOVE, Les Émigrants, 2009.
Mamadou Dramane TRAORE, Les soupirs du baobab, 2009 .
Abdoul Goudoussi DIALLO, Un Africain en Laponie, 2009 .
Simplice IBOUANGA, Aupays des tyrans, 2009 .
Oumar Sivory DOUMBOUYA, Chronique d'un retour en Guinée, 2009.
Yvonne OUATTARA et Jean-Luc POULIQUEN, En souvenir de L'Arbre à palabres. Lettres de France et du Burkina Faso, 2009.
Alexis KALUNGA, Mes frères, pourquoi vous me faites ça  ? , 2009.
Brigitte BERTONCELLO, avec la collaboration de Thomas Samba SARR, Du Sénégal à Marseille. Migration réussie d'un gentleman rasta, 2009.
Bazoumana OUATTARA, Le sacrement constitutionnel, 2009 .
Colette LANSON, Professeur Béatrice Aguessy. Une vie de femme(s), 2009.
Bertrand LEMBEZAT, Palabres en pays kirdi, 2009 .
Viviane MPOZAGARA, Ghetto de riches, ghetto de pauvres, 2009.
Pascal DA POTO, Mort héroïque, 2009.
Mahmoud BEN SAÏD, La Guinée en marche. Mémoires inédits d'un changement. Volume 2 , 2009.
Aboubacar Eros SISSOKO, Une enfance avec Biram au Mali, 2008.
Bellarmin MOUTSINGA, La Malédiction de la Côte, 2008 .
Daniel GRODOS, Niamey post, 2008 .
Kamdem SOUOP, La danse des maux, 2008 .
Alban Désiré AFENE
 
 
Essola
 
 
L'Harmattan
 
 
© L'Harmattan, 2009
5-7, rue de l'Ecole polytechnique, 75005 Paris
 
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
 
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
 
ISBN : 978-2-296-10094-7
EAN : 9782296100947
 
A ssise sur un petit banc en bois que son père avait fabriqué pour elle et qu’elle affectionnait, Essola se demandait bien pourquoi ses deux chiens ne cessaient d’aboyer derrière la maison. C’était la première fois qu’ils agissaient ainsi. Au début elle ne fit pas attention alors qu’elle râpait en chantant les amandes grillées qui allaient, avec du poulet fumé et des ignames, constituer le repas du soir. Puis elle se rendit compte que sa voix n’arrivait plus à couvrir les aboiements de plus en plus bruyants.
« Caboche et Babouche ! Taisez-vous ! », lança-t-elle dans le vide alors qu’elle ne les voyait pas.
« Que se passe-t-il ? Pourquoi aboient-ils comme ça ? »
Essola se retourna et vit Effire, sa mère, qui se tenait debout devant la porte. Elle ne semblait pas aller mieux. Elle tenait d’une main ferme son pagne contre sa poitrine, pagne qu’elle n’avait certainement pas eu le temps de nouer.
« Maman, tu es réveillée ? »
« Comment veux-tu que je dorme avec tout ce bruit. Ces chiens ont quoi ? », dit-elle doucement.
« Je ne sais pas. Ils aboient comme ça depuis tout à l’heure.
Pourtant ils ont mangé. »
« Fais les taire s’il te plaît. J’ai toujours très mal à la tête et le bruit qu’ils font ne m’aide pas. »
Sur ces mots Effire se retira. Essola se leva, abandonnant momentanément ses amandes. Lorsqu’elle fit le tour de la maison, elle assista à une scène qui lui parût quelque peu étrange. Les deux chiens étaient assis devant l’arbre qui se trouvait au milieu de la cour arrière commune. Ils avaient les poils du dos hérissés, manifestement irrités par quelque chose qui s’y trouvait.
« Qu’est-ce qui se passe ici ? Pourquoi vous aboyez comme ça ? », dit-elle en s’approchant. La vue d’Essola sembla énerver de plus belle les chiens. Ils se levèrent et aboyèrent deux fois plus fort en contournant l’arbre. Essola les observa un moment et pensa à une poule ou encore à un chat qui avait du se loger sur une des branches pour leur échapper.
« Mais qu’est-ce qui vous arrive ? Qu’est-ce qu’il y a dans cet arbre, hein ? »
En disant cela, Essola s’approcha et se positionna sous les branches pour voir ce qui irritait les chiens. La nuit commençait à tomber mais il y avait encore suffisamment de lumière pour qu’elle se rende compte qu’il n’y avait rien sur l’arbre qui pouvait expliquer pourquoi Caboche et Babouche étaient dans cet état.
« Mais il n’y a rien ! », dit-elle en regardant les chiens qui s’étaient calmés. Alors qu’elle s’apprêtait à s’éloigner, une odeur fétide agressa ses narines. Elle se pinça fortement le nez quand tout à coup Caboche et Babouche détalèrent en poussant des sons de détresse. Essola eut l’impression qu’ils avaient vu le diable lui-même.
« Mais qu’est-ce qui sent mauvais comme ça ? », lança-t-elle. Aussi rapidement qu’elle était arrivée, cette odeur nauséabonde se dissipa dans l’air.
La nuit était tombée et tout ceci avait retardé Essola dans ses tâches. Elle n’avait pas encore mis la lumière dans la maison et aux alentours. Elle se dirigea vers le poulailler et en verrouilla les portes. Rapidement, elle retira le linge qui avait été déposé à sécher sur la corde le matin même par sa mère. C’est d’ailleurs à ce moment que cette dernière s’était sentie mal. Elle était alors allée se coucher pour ne ressortir de la maison que dérangée par les aboiements de Caboche et Babouche.
Après avoir rentré le linge et les bancs, Essola se hâta de finir de préparer le repas pour son père qui n’allait pas tarder à rentrer des champs où il passait la journée. Une fois le poulet fumé et les ignames sur le feu, elle décida de prendre rapidement son bain. Elle était contente car elle avait réussi à rattraper le temps qu’elle avait perdu à cause de ces deux stupides chiens. En passant devant la porte de la chambre de sa mère qu’elle pensait endormie, Essola l’entendit gémir. Lorsqu’elle poussa la porte, elle trouva sa mère en nage et fébrile. Elle s’assit près d’elle et lui toucha le front.
« Maman, mais tu es brûlante ? » Elle courut à la cuisine, versa de l’eau dans une casserole et retourna au chevet de sa mère. A l’aide d’un gant, Essola lui essuya le front, puis le cou afin d’essayer de la refroidir en attendant l’arrivée de son père. Lui au moins saurait quoi faire.
« Essola… », murmura la mère.
« Maman ! »
« Essola … », murmura encore la mère.
« Maman ! », répondit-elle.
« Je vais partir…ils m’ont eu... »
« Maman qu’est-ce que tu racontes, je ne comprends pas ! »
« Les chiens…les chiens les ont vus…l’odeur...c’était eux. »
« Mais eux qui maman ? Les chiens ont vu qui ? »
« Il faut couper cet arbre… tu m’entends ! »
Essola ne comprenait rien à ce qu’essayait de lui dire sa mère. Elle ne sut quoi répondre.
« Il faut brûler cet arbre ! », insista la mère en lui serrant l’avant bras.
« Oui ! », dit-elle finalement sous la pression.
« Je vais chercher papa Mba. »
« Ce n’est pas la peine. Je ne vais pas guérir. »
« Mais qu’est-ce que tu dis Maman ? Il ne faut pas parler comme ça ! »
« Il faut être forte ma fille. Ce qui arrive était prévu. C’est ainsi que les choses doivent se passer. »
Les yeux d’Essola se remplirent de larmes lorsqu’elle entendit sa mère parler ainsi.
« Maman, ne parle pas comme ça ! Tu me fais peur. », dit-elle en sanglotant. Puis soudain le regard d’Effire se figea. Elle écarquilla brutalement les yeux.
« Maman ! Maman ! », cria Essola en la secouant aussi fort qu’elle le pouvait pensant que cela allait changer le cours des choses.
« Maman ! Qu’est-ce qu’il y a ? Maman ! Parle-moi ! »
Effire ne répondit pas. Elle était effrayée. On aurait dit qu’elle voyait la mort. Tout d’un coup, Effire expira bruyamment. Elle rendit l’âme dans les bras de sa fille. Essola tenta de la ramener à la vie en la secouant, mais rien n’y fit. Elle poussa alors un cri strident de désespoir qui alerta les voisins.
Tout ce qui suivit s’enchaîna rapidement. Lorsqu’elle

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