FISSURES DANS LES MURAILLES DE BAGDAD  (TOME II)
148 pages
Français

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FISSURES DANS LES MURAILLES DE BAGDAD (TOME II) , livre ebook

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Description

- Pendant l'ancien régime, une recommandation de la part du parti Baath suffisait pour que toutes les portes s'ouvrent devant toi. Aujourd'hui, pour parvenir à ton objectif, ton nom doit figurer sur la liste des bénéficiares des quotas sectaires. (...)

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 septembre 2011
Nombre de lectures 94
EAN13 9782296466685
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

FISSURES DANS LES MURAILLES
DE BAGDAD
Lettres du monde arabe
Collection dirigée par Maguy Albet
et Emmanuelle Moysan

Fouzia OUKAZI, L’Âge de la Révélation, 2011.
Rachida NACIRI, Nanna ou … les racines , 2011.
Abdelaaziz BEHRI, Moha en couleurs, couscous light et autres récits …, 2011.
Myriam JEBBOR, Des histoires de grands , 2011.
Moustapha BOUCHAREB, La troisième moitié de soi , 2011.
Ahmed-Habib LARABA, L’Ange de feu , 2011.
Mohamed DIOURI, Chroniques du quartier , 2011.
Nadia BEDOREH FAR, Les aléas de ma destinée , 2010.
Sami Al Nasrawi, L’autre rive , 2010.
Lahsen BOUGDAL, La petite bonne de Casablanca , 2010.
El Hassane AÏT MOH, Le Captif de Mabrouka, 2010.
Wajih RAYYAN, De Jordanie en Flandre. Ombres et lumières d’une vie ailleurs , 2010.
Mustapha KHARMOUDI, La Saison des Figues , 2010.
Haytam ANDALOUSSY, Le pain de l’amertume , 2010.
Halima BEN HADDOU, L’Orgueil du père , 2010.
Amir TAGELSIR, Le Parfum français , 2010.
Ahmed ISMAÏLI, Dialogue au bout de la nuit , 2010.
Mohamed BOUKACI, Le Transfuge , 2009.
Hocéïn FARAJ, Les dauphins jouent et gagnent , 2009.
Mohammed TALBI, Rêves brûlés , 2009.
Karim JAAFAR, Le calame et l’esprit , 2009.
Mustapha KHARMOUDI, Ô Besançon. Une jeunesse 70 , 2009.
Abubaker BAGADER, Par-delà les dunes , 2009.
Mounir FERRAM, Les Racines de l’espoir , 2009.


Dernières parutions dans la collection Écritures arabes


N° 233 Rachid OULESBIR, Le rêve des momies , 2011.
N° 232 El Hassane AÏT MOH, Le thé n’a plus la même saveur , 2009.
Sami A L N ASRAWI


FISSURES DANS LES MURAILLES
DE BAGDAD


Roman

Tome II


Traduit de l’arabe
par Driss El Baouchari
Du même auteur


Sadâ al-samt ( L’Echo du silence ), Roman, 1988 et 1991
Al-su‘ûdu ila al-manfâ ( Montée vers l’exil ) , Roman, 1988
Mâ warâ’a al-sûr ( Au-delà du mur ) , Roman, 1989, traduit au russe en 1996
Al-Dawwâmah ( le Cercle vicieux ) , Roman, 1990
Zakhkhâtu al-Tâ‘ûn ( Averses de peste ) , Roman, 1991
Al Mukâfa’ah ( la Récompense ) , Roman, 1995
Lawahât mina al- wâqi’ ( Tableaux du réel ) , Recueil, 1996
‘alâ hâfati al ’âkhirah ( Au seuil de l’au-delà ), Roman, 1996
Awrâq al Zaman al dâ’i‘ ( Feuillets du temps perdu ), Recueil, 2006
Achchati’ Al Aâkhar ( L’Autre Rive ), Roman, T1, 2006
Achchati’ Al Aâkhar ( L’Autre Rive ), Roman, T2, 2007
Achchati’ Al Aâkhar ( L’Autre Rive ), Roman, T3, 2008
Ahl al Kahf ( Les Gens de la caverne ), Recueil, 2009
Choroukh fi Asswâr Baghdad ( Fissures dans les murailles de Bagdad ), Roman, T1, 2009.
Choroukh fi Asswâr Baghdad ( Fissures dans les murailles de Bagdad ), Roman, T2, 2011.


© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-55415-3
EAN : 9782296554153

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
1
Peu importe que l’on se trouve au début de la marée humaine ou à sa fin. Il semblait que l’on vivait le jour du jugement dernier. Il était midi. Le soleil, au milieu du ciel, bombardait nos têtes de ses rayons brûlants et enflammait le sol sous nos pieds. On aurait dit que nous étions en train d’être grillés dans un four. Le gosier sec, le corps en sueur, nous nous étions rassemblés devant le portail principal de la prison d’Abou Ghrib dès que nous avions appris à la radio l’amnistie générale proclamée par le Président. Nous attendions, les yeux en larmes. Des larmes de joie et d’inquiétude à la fois. L’espoir des retrouvailles se mêlait à la crainte d’être déçus par de mauvaises surprises. En effet, nous étions inquiets, si tendus que nous ne tenions pas à un seul lieu. Les marées humaines se bousculaient tellement que ceux qui se trouvaient en tête se heurtaient au regard vigilant et aux visages renfrognés des gardiens postés derrière le portail, armés de leurs mitraillettes et prêts à tirer sur les assaillants à qui ils ordonnaient de reculer.
Les marées humaines, battaient en retraite, effrayées, criant à la longue vie du Chef. Pour éviter d’être abattues par ces statues muettes qui gardaient le portail de la prison, c’était le seul message salvateur dont elles disposaient.
A un certain moment, les foules vainquirent leur peur et prirent d’assaut le portail de la prison. Les gardes furent immobilisés et se résolurent à ouvrir les portes avant de se retirer. Seul un petit groupe resta sur le toit de la prison pour surveiller de près ce qui allait se passer.
Les portes des cellules étaient grandes ouvertes, mais aucun des prisonniers n’avait quitté les lieux. Les détenus n’en croyaient pas leurs oreilles et doutaient fort de cette nouvelle d’amnistie générale. Ils considéraient que ce n’était qu’un piège pour les liquider, sous prétexte d’émeute ou de tentative d’évasion, dès qu’ils se seraient retrouvés hors de leurs cellules. C’était d’ailleurs ce que l’un d’entre eux m’avait révélé après sa sortie de prison. Cette situation n’avait pas duré très longtemps car les prisonniers, en apercevant les foules se ruer vers l’intérieur du bagne, se hâtèrent de ramasser leurs affaires et de les emballer dans des baluchons pour les porter sur la tête.
Je nourrissais l’espoir de retrouver mon épouse et mon fils Hamid dans l’une des cellules mais je craignais fort de les retrouver infirmes comme ce fantôme que sa mère serrait contre la poitrine, la tête pendante. Le cœur gros, je la suivais du regard alors qu’elle pleurait et criait, riait et poussait des youyous en même temps tout en serrant son fils contre elle. Elle ne cessait de l’embrasser et de caresser son visage tout en s’adressant aux passants :
- J’ai retrouvé mon fils ! Je l’ai retrouvé. Aidez-moi s’il vous plaît. Ayez pitié de lui ! Aidez-moi ! Je ne peux le porter toute seule.
Les foules l’enjambaient sans apitoiement. Personne ne prêtait attention à ses supplications, car tout un chacun était préoccupé par le sort de l’un de ses proches qu’il espérait retrouver parmi les allants et venants qu’il scrutait du regard. L’épreuve carcérale change bien les traits d’un prisonnier si bien qu’il devient difficile de le reconnaître.
Fatiguée de porter son fils, la vieille femme le déposa par terre puis l’étendit en délirant :
- Il y a cinq ans que nous ne savons plus rien de lui. Ils l’ont enlevé de nuit et nous ont dit qu’il collaborait avec les traîtres du parti d’Ad Daâwa et qu’il avait déchiré les portraits du Président. Que Dieu assiste le Président ! Nous avons réalisé qu’il ne reviendrait jamais parmi nous, tout comme notre voisin Abderrazzak, lequel, enlevé de la même manière, n’est jamais réapparu. Seule Amina, ma belle-fille n’avait jamais perdu espoir et attendait le retour de son mari. Pour elle, la miséricorde divine et la magnanimité du Président étaient sans limites. Partant, elle n’a pas porté le deuil ni reçu de condoléances. Amina a veillé sur ses enfants et repoussé tous les prétendants qui avaient osé demander sa main. Elle aurait pu accepter car elle y avait droit, d’autant que trois années s’étaient déjà écoulées sans que son époux ne donnât signe de vie. C’est une brave femme, authentique. Elle n’avait pas cessé d’attendre son retour. Je vais lui annoncer la bonne nouvelle ainsi qu’à ses enfants. Leur joie sera immense. Vive le Président Saddam Hussein ! Vive le Président Saddam Hussein ! Que Dieu l’assiste !
« Quelque malheur se généralise et devient supportable », me disais-je en la suivant du regard, les yeux en larmes. J’éprouvais de la pitié envers elle et déplorais son sort et le mien en même temps, même si au fond de moi-même je l’enviais malgré sa misère. Elle, au moins, avait retrouvé son fils. Peut-être resterait-il en vie et c’est là tout son souhait ; mais même s’il mourait, la souffrance ayant endolori sa mère durant cinq ans prendrait fin. Elle l’enterrera, le pleurera et trouvera l’occasion d’aller se recueillir sur sa tombe. Quant à moi, j’ignore tout de mon fils, de mon épouse et de ma fille Halima. Seraient-ils morts ? Seraient-ils encore en vie ? Si c’est le cas où et quand pourrais-je les revoir ?
Dans l’une des marées humaines envahissant la prison, nous nous précipitâmes, la main dans la main pour ne pas nous séparer, cheikh Hamdane et moi, vers les cellules, dans l’espoir de retrouver mes proches portés disparus, mais en vain.
De mauvaises odeurs couvraient la prison. Même la cour découverte, pré

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