Fragment(s)
142 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

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Description

"Le sabot du cheval frappe la terre en cadence. Cinq kilomètres, ce n'est rien. Tout en marchant, Jeanne se demande s'il est possible de rapiécer les coeurs en lambeaux, de raccomoder les vies entaillées. Ce serait si commode, si rassurant ! Piquer de petits points soignés pour ourler les attaches rompues, préparer de grandes aiguillées pour repriser les âmes usées." La Nouvelle George Sand vous convie à découvrir Une parcelle d'humanité et les sept autres fragments qui composent le recueil 2016 d'un concours de nouvelles désormais incontournable.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 février 2017
Nombre de lectures 10
EAN13 9782140028854
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Collection « Nouvelles nouvelles »


Collection « Nouvelles nouvelles »
animée par Marie-Christine Quentin

La création de cette collection dédiée aux recueils de nouvelles correspond à notre volonté de donner un coup de projecteur sur ce genre littéraire trop souvent méconnu, et considéré à tort comme le parent pauvre du roman.

Laissez-vous séduire par ces textes intenses, ciselés, qui ont sur le roman l’avantage de la brièveté. Ils vous transporteront dans de courtes escales, pour le meilleur ou pour le pire… jusqu’à la chute.


Déjà parus

Brigitte M OLKHOU , Femmes en pleine confusion , 2016.
Marie-Christine Q UENTIN , À fleur de sel , 2016.

Les recueils du concours de la Nouvelle George Sand intègrent dès cette année cette toute jeune collection.
Titre

Sous la direction de
Fabrice Bonardi








Fragment(s)

Concours de la nouvelle George Sand
12 e édition
Copyright

























© L’Harmattan, 2016
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-78121-1
C’est bienjoli par ici, c’est bien clair, on voit loin.
Voir loin, c’est la rêverie du paysan ; c’est aussi celle du poète.




Déols en Berry

Le concours de la nouvelle George Sand de Déols en Berry
Le concours de la Nouvelle George Sand de Déols en Berry a été lancé à l’été 2004, dans le cadre du bicentenaire de la naissance de l’écrivain, en hommage à son œuvre, et pour souligner son apport considérable en faveur de l’égalité des sexes. Hommage aux valeurs que la langue française doit continuer à véhiculer – liberté, égalité, fraternité–, il est ouvert à toutes les femmes s’exprimant en français, sans distinction de lieu de naissance ou de résidence. Par sa rigueur et sa volonté de promouvoir de nouveaux talents ou d’accompagner la reconnaissance de plumes plus aguerries, il s’est installé parmi les concours les plus renommés de France.
Les nouvelles distinguées ont été publiées sous forme de recueils (annuels pour la plupart), aux éditions L’Harmattan, partenaire historique du concours, sous la direction de Fabrice Bonardi :
Dernières nouvelles du Berry , 2007.
Le souffle Déols , 2008.
La nouvelle George Sand , 2011.
Nouvelle moisson , 2012.
Des nouvelles du désir , 2013.
Parfums de l’âme et autres feux follets , 2014.
Ricochets , 2015.
Une lumière , 2016
Préface
C’est avec un sentiment de mission accomplie que la Nouvelle George Sand vous présente les huit fragments qui composent ce recueil de l’édition 2016.
Il aurait pu, malgré un nouveau record de participation, être le dernier du genre. En effet, alors que le soutien de certains partenaires n’était plus assuré (du fait de circonstances économiques) et que la diffusion des recueils publiés était en berne, la petite équipe de bénévoles de l’organisation était exténuée…
Et puis le déclic est arrivé ! Il y eut tout d’abord la décision de Jean-François Piaulet, l’emblématique chef d’entreprise, apportant le soutien de sa toute jeune compagnie, Piaulet Aviation (ce qui nous transporta… d’allégresse). Ensuite ce fut à Déols de nous assurer d’un soutien plus manifeste, qui s’accompagnera de celui de Berry Province, grâce à son président, Marc Fleuret. Et, cerise sur le gâteau, L’Harmattan devait nous témoigner de sa confiance de belle façon : Marie-Christine Quentin, notre lauréate 2011 et auteure dorénavant confirmée, devenue directrice de la toute jeune collection « Nouvelles nouvelles » de l’éditeur, en sera la représentante et intègre le jury – un jury que viennent par ailleurs renforcer d’autres compétences (que vous pourrez découvrir sur le site internet du concours). Perrine Fourgeaud aura assuré de son côté la fabrication de ce recueil avec dévouement.
L’enthousiasme des candidates et l’action, efficace et discrète, de Gérard Robin firent le reste : il y aura une édition 2017 !
FB
Patricia Vignat Une parcelle d’humanité
Prix Astronics de la Nouvelle George Sand 2016
De la gare à la ferme, il n’y a que cinq kilomètres. Ce n’est rien pour un homme de la campagne, un paysan à la foulée généreuse, un colosse aux pas de géant. Pourtant, elle prend soin de seller le cheval. Comme l’animal la fixe d’un regard étonné, Jeanne murmure : « il sera peut-être fatigué ». Puis ils partent, bottines contre sabots, dans l’aube naissante.
Ils empruntent la route du haut, celle qui contourne le village. Sur le chemin de crête, elle s’arrête un instant. Dans le bourg en contrebas, blotties les unes contre les autres, les maisons tremblent dans la lumière frémissante. Seul le clocher, veilleur solennel, émerge au-dessus de la brume mouvante du matin. Jeanne resserre le châle autour de ses épaules.
Le clocher. C’est lui qui le premier avait donné l’alerte. Puis, pendant quatre ans, avec une régularité de métronome, il avait sonné le glas de décès sans cadavres, de veillées sans corps, de funérailles sans cercueils, de deuils sans convois. La fosse commune des absents s’était creusée tandis que les épouses, les mères, les sœurs, se voilaient de noir au son funèbre du tintement des cloches. Nombre de ces femmes tournaient alors vers la pointe du ciel leurs yeux rougis, leurs cœurs meurtris. Que pouvaient-elles faire d’autre ? Sinon prier, prier pour les âmes à jamais vagabondes de leurs hommes tombés au champ d’honneur. Mais d’autres, pauvres créatures, épuisées de larmes, folles de douleur, sans tombeau sur lequel agenouiller leur chagrin, erraient par les chemins, serrant contre elles des bouquets chiffonnés qu’elles finissaient par abandonner sous les paupières baissées d’une madone de marbre ou au pied d’une croix étranglée de mousse.
En revenant des champs, Jeanne croisait parfois ces ombres souffrantes. Et elle se demandait pourquoi Dieu, dans son infinie Miséricorde, lui avait épargné ce destin-là. Car, par un jour frileux de novembre, les cloches, mises en volée, annoncèrent la fin de la guerre.
Antoine reviendrait.
Jeanne aimerait bien rester là, sur les hauteurs, en équilibre entre la vie d’hier et celle de demain. Mais d’un coup de museau impatient le cheval la pousse légèrement. Elle reprend sa marche, la main crispée sur la bride pendante. Elle va chercher Antoine à la gare. Cinq kilomètres, ce n’est rien. Mais combien de temps faudra-t-il pour dépasser sans offense tous les réveils séparés, toutes les journées dissociées, toutes les nuits désunies ? Quel chemin prendre pour traverser sans sombrer les heures perdues, les années gaspillées, les rêves abîmés ?
Les permissions avaient été rares, courtes, frustrantes. La vie de l’autre était devenue une terre étrangère dont il fallait chaque fois réapprendre la langue. La guerre restait pour Jeanne un pays inconnu à la frontière du réel. Elle ne pouvait en imaginer la géographie chamboulée, l’humanité saccagée. Pourtant, Antoine avait tenté de raconter : le bruit infernal du canon, le gouffre obscur de la peur, le long râle des agonisants abandonnés sur le champ dévasté.
Mais il avait alors vu passer dans les yeux de Jeanne le voile trouble de l’incrédulité. Et si elle, elle doutait de ses paroles, qui le croirait ? Mieux valait donc se taire et enfouir les mots au plus profond de soi comme les généraux enfouissaient les hommes au fond des tranchées. Ce n’était, après tout, qu’un reniement de plus. Déjà, il avait dû s’arracher au rythme rassurant des saisons, renoncer au rituel des repas pris à heure fixe, se séparer de l’insouciance du sommeil. Lors de ces retrouvailles éphémères, Jeanne et Antoine se frôlaient sans se reconnaitre, dans l’urgence, le cœur déjà déchiré par l’inéluctable départ.
Restait les lettres, tête à tête de pacotille, conversation fantôme qu’interrompaient des périodes de mutisme terrifiant. Jeanne décrivait la couleur des moissons, la trace des labours, la hauteur des fenaisons. Antoine répondait froid, boue, pourriture, vermine. Elle glissait dans l’enveloppe un épi de blé, un brin de lavande, une feuille de vigne. Il envoyait un billet fou, gribouillé de phrases inachevées et maculé de larmes. Elle composait des phrases touchantes chargées de promesses. Il perdait espoir, voyait la mort rôder partout et lui faisait des adieux bouleversants. &#

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