Hamouro
219 pages
Français

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Hamouro , livre ebook

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Description

Après un cyclone et contraints par un politicien aux ordres d'un homme d'affaires véreux, les habitants de Hamouro, village côtier du Rocher Hippocampe, abandonnent cases et terres pour s'installer à M'piyani-Ville-Nouvelle. Seule kanamagno-l'Edentée, une vieille folle, résiste et croit encore en la résurrection des lieux. Avec l'arrivée de Bubu, un enfant muet mystérieusement venu des eaux, la vie reprend... Mais Hamouro restera-t-il longtemps ce havre de paix où se sont réfugiés les damnés d'une indépendance inachevée?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2006
Nombre de lectures 143
EAN13 9782336255156
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

site : www.librairicharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr e.mail : harmattan1@wanadoo.fr
© L’Harmattan, 2005
9782747598170
EAN : 9782747598170
Hamouro

Salim Hatubou
Lettres de l’océan indien
Collection dirigée par Maguy Albet

Déjà parus
ROUKHADZE Tchito, Le retour du mort, 2005.
CALLY J. William, Kapali.La légende du Chien des cannes et autres nouvelles fantastiques créoles, 2005.
ARIA Jacqueline, L’île de Zaïmouna , 2004.
TURGIS Patrick, Tanahéli — chroniques mahoraises , 2003.
TURGIS Patrick, Maoré, 2001.
FOURRIER Janine et Jean-Claude, Un M ‘ zoungou à Mamoudzou, 2001.
HATUBOU Salim, L’odeur du béton, 1999.
BALCOU Maryvette, Entrée libre, 1999.
FIDJI Nadine, Case en tôle, 1999.
COMTE Jean-Maurice, Les rizières du bon Dieu, 1998.
DEVI Ananda, L’Arbre-fouet, 1997.
DAMBREVILLE Danielle, L’llette-Solitude, 1997.
MUSSARD Firmin, De lave et d’écume, 1997.
TALL Marie-Andrée, La vie en loques, 1996.
BECKETT Carole, Anthologie d’introduction à la poésie comorienne d’expression française, 1995.
DAMBREVILLE Danielle, L’écho du silence, 1995.
BLANCHARD-GLASS Pascale, Correspondance du Nouveau Monde, 1995.
SOILHABOUD Hamza, Un coin de voile sur les Comores, 1994.
GUENEAU Agnès, Le chant des Kayanms, 1993.
RAFENOMANJATO Claarlotte-Arrisoa, Le Cinquième Sceau, 1993.
AGENOR Monique, L’aïeule de l’isle Bourbon, 1993.
BOYER Monique, Métisse, 1992.
DU MÊME AUTEUR
Aux mêmes éditions;
Hassanati, de Mayotte à Marseille, roman, 2005
Les matins de P‘tite Lô, roman, 2005
Chifchif et la reine des diables, conte bilingue, 2004
Sur le chemin de Milépvani, je m’en allais..., contes, 2001
L’odeur du béton, roman, 1998
Le sang de l’obéissance, roman, 1996
Contes de ma grand-mère, contes, 1994
A Wissam et Laurence A Isabelle et Ahmed Mohamed A Mohamed Ahmed-Chamanga A la mémoire de maman Au nom de tous les miens qui laissent leur vie entre les îles soeurs.
Voiles à l’horizon, on n’a jamais su quel genre d’oiseaux passaient sans saluer ceux qui moururent sans même nous demander une civière. Voiles à l’horizon qui multiplient les témoignages, ossification de derniers poissons visités, victorieuse idée de sauver un corps. Frères retors qui fuyez votre ombre, je n’ai pas vos noms. Sur les barques que les pêcheurs disent reconnaître à leur allure de tempête, la brume a mangé vos visages. Et l’anonyme mort grandit, isolée dans l’invisible et dans les pleines lunes calcaires sans le vrai silence. Pourquoi plantez-vous vos épines sur mon pauvre dos ? Ô frères allotropes ! Pourquoi répandre le sang pourri de vos souvenirs ? Ah ! algues végétant avec difficultés... Nord-Sud, Est-Ouest parcours sans avoir trouvé ceux qui manquent, adolescents de la dernière traversée.
Salndoune Ben Ali In Testaments de transhumance, Ed. KomEdit
Il sera utilisé contre nous, pour nous forcer à renoncer à notre unité nationale, l’arme absolue : l’arme économique et financière.
Ali Soilihi Président des Comores 1975-1978
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Lettres de l’océan indien DU MÊME AUTEUR Dedicace Remerciements
Calmement, le soleil se brise derrière les collines de mon iris. Les murmures de mes proches m’attristent et les chants de mes ancêtres, assis en cercle sur l’autre rive, me bercent, m’acclament et me réclament. Les miens d’ici disent : « Il nous quitte très tôt ! » . Les miens de là-bas rétorquent : « Il nous rejoint enfin !». Mais je ne suis ni avec les uns ni avec les autres. Je reste à Milango Miyili, l’Entre-Deux-Portes, et attends un éventuel périple dans les limbes. D’un côté, la naissance des pleurs pour un homme qui s’éteint, de l’autre le commencement des joies pour un enfant qui arrive au pays des Aïeuls.

La voix de mon ancêtre Mindu Mine, grand devin-guérisseur, me parvient et dit :

- Moi, Mindu Mine l’unijambiste, je vous fais offrande de quelques consignes divinatoires. Faites un talisman pour Faiseur de Paroles. Pour cela, coupez trois cheveux d’un enfant né un vendredi, dites à un orphelin de parcourir un pays rouge et de revenir avec le sang d’un zébu blanc, faites venir neuf descendants du prophète et ils liront neuf versets d’un coran dont il doit manquer neuf pages, capturez à reculons un coq rouge et noir. Ramenez-moi le tout, mais attention, sur le chemin, ne regardez ni à gauche ni à droite, ni le ciel ni la terre. Fixez l’horizon. De mes doigts crochus, moi Mindu Mine l’unijambiste, je guérirai Faiseur de Paroles.

Cette voix-là me fait rire et mon corps frissonne.

Halakalmawuti, Faucheur d’Ames, s’impatiente et trépigne. Il dit qu’il faudrait supprimer Milango Miyili, l’Entre-Deux-Portes, invisible zone d’attente.

- C’est insupportable, se plaint-il, on m’ordonne d’aller les prendre et leurs dossiers ne sont pas prêts ! C’est toujours la même chose, il faudrait un peu d’organisation par ici !

Je le laisse dans sa colère et pense aux miens qui font les cents pas dans les longs et silencieux couloirs. Sèche tes larmes, mon petit prince, car notre sang bouillonne encore dans mes veines comme les cascades d’eau de mon archipel natal ! Ne pleure pas, ma douce, et approche pour entendre mon souffle soulever encore mon corps d’ébène ! Peu importe la porte qui s’ouvrira, je continuerai à mettre bout à bout des mots pour en faire les plus belles rhapsodies.

Halakalmawuti, Faucheur d’Ames, fixe son triste regard sur moi et s’écrie :

- Ah, tu es là, Faiseur de Paroles ! Raconte-moi une histoire pour caresser le temps !
- Est-ce le lieu et le moment pour raconter des histoires ?
- Chaque instant est un début d’histoire, chaque lieu une outre de mots, alors pourquoi ne raconterait-on pas une histoire à chaque instant et en tout lieu, hein ? Je suis venu te chercher, Faiseur de Paroles, je dois te transporter jusqu’aux mains de Munkar et Nakir, les Interrogateurs. Ensuite, ton corps deviendra poussière et le jour du Jugement Dernier, ton Dieu te ressuscitera à partir de ton os résiduel du coccyx, et assemblera la poussière de ton être pour te redonner vie ! Et tu seras jugé. Mais avant tout cela, Faiseur de Paroles, souviens-toi de ta promesse selon laquelle tu dirais toujours des histoires, même au cours de la Grande Traversée. Voici venu le temps de dire. Alors, dis et j’écoute !
Tu sais, Halakalmawuti, J’ai tellement raconté de légendes et parcouru de contrées où j’ai semé le Verbe de la mère de ma mère qu‘aujourd’hui ma besace est tarie. Je soulève chaque galet de ma mémoire, fouille et cherche mais ne trouve rien.

vérité, Faucheur d’Ames, je ne sais pas par quel mot commencer.

Sur mon archipel de quatre rochers, sache que dès que l’on met le tabac entre la gencive et la lèvre inférieure, dès que l’on se tient debout pour ouvrir la bouche, dès que l’on dit «Je vais dire...», il faut savoir maîtriser chaque mot, chaque souffle, chaque articulation et faire de la Parole un tam-tam de noces. Je viens d’un peuple dont la fierté et l’orgueil dépassent l’immensité de Dieu. Nous pensons qu’au-delà de nos quatre ridicules rochers, rien d’autre ne fut créé. Nous nous nourrissons de gloire et de paraître. Tu as dû t’en apercevoir toi-même, Halakalmawuti. Quand tu iras chercher l’un des nôtres, il te regardera avec mépris et te dira après avoir sifflé entre ses dents : « Ce n’est pas toi qui viens me prendre, je ne fais que suivre l’appel de M’gu Djalalu, le Roi Suprême et Miséricordieux ! » . Et il te précédera, comme s’il était maître des invisibles chemins. Sur le trajet, il te parlera de ses quatre rochers aux quatre formes différentes : Hippocampe, Le-Pas, Pointeur-de-Sagaie et Vache-Couchée. Et il discourra sur ses rochers, ses rochers, ses rochers et encore ses rochers. Il te confiera que la reine de Sabah et le roi Salomon se réfugièrent jadis dans son insignifiant archipel pour s’aimer, comme si la terre n’était pas si vaste. Et il partira d’un long rire en te révélant que la souveraine y cacha sa bague et le roi son trône ! Mais bien sûr ! Il te dira qu’il est le fils de toutes les civilisations. Il évoquera ses pères guerriers en bombant le torse. Et il pleurera ses terres qui,

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