Il était une fois la Bretagne
121 pages
Français

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Il était une fois la Bretagne , livre ebook

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Description

La Bretagne est un monde enchanté. Et merveilleux. De tout temps. C'est la terre d'élection des fées, des nains, des korrigans, des bugel-noz, des mauvais sorciers et des bonnes marraines, de l'Ankou, des morganed, des folliked et des korrils. Une terre où le monde visible se double, en permanence du monde invisible. Le pays de Gwenc han, le dernier druide et de Merlin l'enchanteur. Du roi Arthur et de son amante Viviane. Celui aussi où les dragons se cachent à l'eau pour ressusciter en des temps meilleurs.


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 janvier 2013
Nombre de lectures 247
EAN13 9782365729215
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le frère de lait


Gwenolaig était l’une des plus jolies, des plus tendres et des plus attentionnées de toutes les jeunes filles que l’on put trouver dans tout le Trégor occidental et sans doute même au-delà. Seulement elle était aussi infortunée que pleine de dons et de qualités. Sa mère avait été rappelée à Dieu. Comme ses six s œ urs. Et elle était restée seule au domicile de son père, qui l’aimait bien, mais qui avait commis la faiblesse de se remarier avec une femme auprès de qui le dragon de sant Efflamm ferait presque figure d’ange. La marâtre la rudoyait du matin au soir et à longueur d’année, ne lui laissant guère le temps de se reposer entre la coupe de la lande pour la litière des chevaux, l’entretien de la maison et la traite des jolies petites vaches bretonnes pie noire aux cornes en forme de lyre.
Elle ne savait pas quoi inventer pour montrer l’aversion qu’elle avait pour la pauvre enfant.
La vie de la petite Gwenola finissait par ressembler bien plus au calvaire de Lampaul-Guimiliau qu’ à un conte de Luzel. Mais elle faisait comme on dit, contre mauvaise fortune bon c œ ur, et continuait vaille que vaille à s’occuper et de la maison et de la ferme familiales. Or un jour qu’elle était allée puiser de l’eau à la fontaine du ruisseau des nains, Gwenola s’entendit héler par son nom. Lorsqu’elle se retourna, à son grand étonnement et son ravissement, elle vit un beau chevalier, monté sur un fier destrier. C’ était son frère de lait, pour qui elle avait toujours nourri un sentiment tendre et réciproque, qui revenait de la guerre contre les Français aux marches de Bretagne.
- ma chère âme, fit le garçon, dont le teint était pâle comme la neige en décembre. Je m’en vais soigner une vilaine blessure reçue à la guerre, mais prenez cet an neau en gage de mon amour. Dans trois semaines et trois jours, je reviendrai et vous emmènerai avec moi.
Gwenola rentrait le c œ ur plein de joie à la demeure familiale, lorsque sa marâtre l’apostropha sur un ton triomphant :
- ma chère Gwenola, il est temps pour vous de prendre mari.
- Si fait, répondit la jeune fille qui se réjouissait à ces propos et qui voyait déjà sa main dans celle de son frère de lait à l’ église de Tredrez. J’y pensais aussi...
- A la bonne heure ! J’ai décidé que vous allez convoler avec Job al Loarer !
Job al Loarer, Job le lunatique ! Le valet d’ écurie, brusque comme un Cornouaillais, sot comme un Vannetais, louche comme pas deux, de surcroît roux comme un louarn, puant comme le putois, toujours coiffé avec un pétard, et dépourvu de la moindre éducation. La marâtre ne pouvait décidément trouver pire humiliation pour Gwenolaig, qui à ces mots fondit en larmes.
Les noces furent fixées promptement. Le frère de lait ne se montrait toujours pas. Le jour de la cérémonie, toute l’assistance était contrite et navrée et les larmes de Gwenola trempaient sa belle robe d’un rouge éclatant. Mais au moment où les jeunes convives, bien plus pour respecter les traditions que pour montrer une joie qui eut été feinte, entrèrent dans la chambre nuptiale pour apporter la soupe de lait, Gwenola éclata en sanglots, jeta sa bague et son bandeau de noces et s’enfuit de la maison.
Elle cheminait ainsi, depuis un moment, le c œ ur lourd et l’ âme en charpie, lorsqu ’elle entendit une voix familière qui s’adressait à elle. A sa plus grande joie, elle reconnut son frère de lait qui tenait ses promesses, bien qu’avec quelque retard. Elle ne songea pas une seconde en lui en faire grief et sauta en croupe de son fier bidet breton qui se mit instantanément à galoper à l’amble.
Le coursier galopa longtemps. Et dans une direction inconnue de la jeune fille, qui, au bout d’un moment, s’en étonna.
- Il est encore loin, mon aimé, le manoir de tes parents ?
- N’aies crainte, ma dousig, nous y arriverons bientôt.
Rassurée par ces propos, Gwenola se serra contre son doux ami et recula, en proie à un mauvais pressentiment.
- Tes cheveux sont mouillés ! Ton c œ ur et tes mains sont glacés, mon âme. Que t’arrive-t-il ?
Elle n’avait pas fini sa phrase que le curieux équipage abordait sur une île peuplée de pommiers chargés de fruits rouges et éclatants, et où des foules de jeunes gens dansaient des rondes au son d’une musique étrange. Au milieu de l ’ île coulait une petite fontaine. Des âmes mortes semblaient y revenir à la vie. Dans la foule de ceux qui s’en approchaient, Gwenola reconnut sa mère. Et ses s œ urs...

(D’après Théodore Hersart de la Villemarqué, Barzaz Breiz)

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