je vous dis au revoir, Vanessa mon amour
338 pages
Français

je vous dis au revoir, Vanessa mon amour , livre ebook

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338 pages
Français

Description

Vous vous posez des questions sur les risques que pourraient faire courir les centrales nucléaires? Vous avez le sentiment qu'on ne vous dit pas toute la vérité? Lisez ce roman; vous y croiserez des ministres s'opposant à des associations de défense de l'environnement, des ingénieurs réglant leurs comptes et même un clochard et une corneille. Voici l'histoire d'une jeune femme et celle d'un adolescent. Six jours de leur vie...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2012
Nombre de lectures 27
EAN13 9782296482067
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait








JE VOUS DIS AU REVOIR,
VANESSA MON AMOUR





















Pierre-Emmanuel Desanges








JE VOUS DIS AU REVOIR,
VANESSA MON AMOUR
La fin du nucléaire



Roman





























































© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-55877-9
EAN : 9782296558779
Prologue
Elle entendit d’abord le glissement des pas dans le couloir. Ils
s’arrêtèrent derrière la porte. Puis ce fut le frottement de la clé qu’on
enfonçait dans la serrure. Deux hommes entrèrent dans sa chambre,
la regardèrent.
« Joyeux anniversaire, Vanessa ! » dirent-ils en souriant.
Vanessa ne pensait pas les avoir invités : elle n’avait jamais
apprécié les anniversaires, les amis ou les cadeaux. Et aujourd’hui,
qu’on soit le trente mars ou un autre jour, elle ne souhaitait qu’une
chose : rester seule.
Vanessa aimait la pièce où elle passait ses journées, allongée sur
le lit sans bouger. Quatre murs de pierres aussi blanches que la
blouse qu’ils lui avaient donnée à son arrivée, en échange de ses
vêtements. Un plafond gris, un sol carrelé de blanc, toujours froid,
étincelant sous la lumière du plafonnier allumé en permanence. Une
porte d'acier fermée de l’extérieur. Une fenêtre décorée de barreaux.
Un lavabo et des toilettes, blancs eux aussi. Une table en formica,
blanche, et une chaise de la même couleur. Un lit de fer peint en
blanc, caché par une couverture blanche. Seule note de fantaisie : les
draps, finement rayés de gris. Cette pièce représentait l’univers de
Vanessa.
Vanessa attendait depuis un an, sans s’être jamais demandé ce
qu’elle attendait. Par la fenêtre au-dessus de son lit, elle pouvait
apercevoir le ciel. Elle ne s’en lassait pas. A l’automne, à la nuit
tombée, les lumières d’une ville tout proche coloraient les nuages de
reflets orangés. Elle ne connaissait pas le nom de la ville et s’en
moquait. Elle avait imaginé les passants sous leur parapluie. Les
trottoirs luisant sous l’éclairage des phares. Les voitures qui
klaxonnaient, bloquées pare-chocs contre pare-chocs. Les feuilles
emportées par l’eau boueuse du caniveau, flottant quelques instants
avant de se noyer dans une bouche d’égout. Puis était venu l’hiver et
les flocons aussi blancs que les murs de sa cellule. Et le printemps
avec son ciel d’un bleu transparent.
Elle sortait une fois par jour, dans un parc, à l’arrière du bâtiment.
De hauts murs cachaient l’extérieur, filtrant tous les bruits.
Vanessa parcourait en boitant ses allées gravillonnées, profitant
des rares moments où il ne pleuvait pas. Le jardin aussi avait suivi le
5rythme des saisons. Les platanes s’étaient parés de teintes rouille,
jaune pâle ou chocolat. Les cyprès, insensibles à la fuite des jours,
avaient conservé la même couleur, vert presque noir. Ils formaient un
bosquet au fond du jardin, silhouettes sombres dressées contre le ciel,
veillant à la sécurité des lieux. Cet hiver, Vanessa s’était dissimulée
sous leurs branches chargées de neige. Elle était restée des heures à
respirer l’odeur résineuse des aiguilles qui recouvraient le sol, assise,
les genoux serrés dans ses bras, à attendre que la neige recommence
à tomber.
Vanessa était toujours accompagnée de la même personne, une
femme ni jeune ni vieille aux yeux mi bleus mi verts, si clairs qu’ils
paraissaient transparents. Sœur Véronique. Vanessa était certaine de
la connaître, elle ou quelqu’un qui lui ressemblait beaucoup, mais elle
était incapable de se rappeler à qui sœur Véronique pouvait lui faire
penser. Vanessa l’avait surnommée numéro Trois. Trois, vêtue d’une
blouse grise serrée à la taille, un voile couvrant ses cheveux, arborait
sur la poitrine un Christ en bois. Elle venait la chercher dans sa
chambre, ouvrait d’une clef noire la porte du jardin, puis la suivait,
quelques pas en retrait. Elle ne lui adressait jamais la parole.
Trois n’aimait pas voir Vanessa se réfugier dans le bois de cyprès.
Au fil du temps, les promenades de Vanessa étaient devenues de
moins en moins fréquentes.
Les visites d’autres personnes venaient parfois rompre sa solitude.
Deux hommes. Elle les avait appelés numéro Un et numéro Deux.
Contrairement à numéro Trois, ils ne s’étaient pas présentés, ou, s’ils
l’avaient fait, Vanessa l’avait oublié. Ils étaient tous les deux jeunes,
plutôt beaux garçons, et portaient des lunettes rondes presque
identiques. Seule la couleur de la robe les différenciait : la blouse de
l’un était blanche, celle de l’autre noire. Tout le reste les rapprochait,
surtout la manière doucereuse d'essayer de la rassurer, de la
convaincre que tout allait s'arranger. Vanessa ne savait s’ils étaient
avocats ou médecins.
Numéro Un et numéro Deux lui rendaient visite au milieu de
l’après-midi, trois ou quatre fois par semaine, traînant leurs chaises
derrière eux. Ils les disposaient en face de son lit, s’asseyaient après
lui en avoir poliment demandé l’autorisation. Même leurs attitudes
étaient identiques. Les mains croisées posées sur leur estomac
6naissant, le buste légèrement penché en avant, la tête inclinée sur le
côté, ils l’interrogeaient d’une voix douce, l’assuraient qu’elle n’avait
aucune raison de s’inquiéter. Ils semblaient pourtant préoccupés par
sa santé. Vanessa leur parlait peu. Elle n’en avait pas envie, leur
réponse se limitant toujours au « Oui… Oui… » dont ils ponctuaient
toutes ses paroles.
Ils refusaient de lui donner la moindre information sur leur
identité, sur son lieu de séjour ou sur le monde extérieur, comme ils
refusaient toute visite.
Au début de son séjour, ils l’avaient réveillée à l’aube. Une voiture
attendait dans le parc, numéro trois au volant. Vanessa était montée
sur la banquette arrière, encadrée par Un et Deux. Ils avaient roulé
pendant une heure, sans prononcer un mot. Vanessa n’avait pas
reconnu la ville déserte. Ni le bâtiment de béton gris, éclairé par le
soleil levant, devant lequel numéro trois avait garé la voiture. Ils
avaient traversé un hall vide, monté un escalier qui se voulait
imposant, toujours sans croiser qui que ce soit. Une dame aux
cheveux blancs attendait derrière un bureau sentant le bois ciré. La
grand-mère l’avait fait asseoir, puis avait ôté ses lunettes cerclées
d’or pour mieux lire une déclaration à laquelle Vanessa n’avait rien
compris. Numéro Un et Deux étaient restés debout, légèrement en
retrait. Numéro Trois s’était assise devant un ordinateur. Mère-grand
avait posé plusieurs questions auxquelles Vanessa n’avait pas su
répondre, puis renoncé à poursuivre leur entretien. Vanessa avait
signé le papier tendu par numéro Trois sans même le lire. Elle ne leur
avait pas demandé ce que cela signifiait. A la fin de l’entretien,
mèregrand avait demandé à Un, Deux et Trois de sortir. Ils avaient obéi.
Mère-grand lui avait souri. Elle l’avait regardée lentement puis hoché
la tête de gauche à droite. « Vanessa… si tu veux me revoir, parles-en
à Véronique. »
La vieille dame, blouse grise, blouse blanche et blouse noire
étaient les seules personnes que Vanessa avait vues depuis un an. Les
repas, avec les sorties dans le parc, étaient ses uniques distractions.
Numéro Trois lui apportait, selon l'heure, le plateau du

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