L âne au bord du volcan
153 pages
Français

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L'âne au bord du volcan , livre ebook

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153 pages
Français

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Description

Dans l'archipel des Cyclades, le volcan de Santorin est le seul qui soit encore actif. Les traces stupéfiantes de la catastrophe de 1450 av. J.C lui valent une réputation sulfureuse. Depuis quelques mois des vulcanologues prétendent qu'un regain d'activités se manifesterait dans les entrailles du volcan. Invité par quelques amis dans le but d'étudier le phénomène, le narrateur débarque à Santorin dans la chaleur de l'été. A Santorin, on dit que le passé ne se répète pas, que les vieux mythes sont impitoyables. Pendant que le volcan s'agite, le narrateur va-t-il en subir la péremptoire confirmation ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2010
Nombre de lectures 32
EAN13 9782336262864
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2010 5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296126237
EAN : 9782296126237
Sommaire
Page de Copyright Page de titre DU MÊME AUTEUR Avertissement CHAPITRE 1 – L’AÉROPORT CHAPITRE 2 – L’HÔTEL DU CRATÈRE CHAPITRE 3 – UN ÂNE SOUS UN OLIVIER CHAPITRE 4 - LA BOUCHE DU VOLCAN CHAPITRE 5 – ARIANE ET L’ATLANTIDE CHAPITRE 6 – MÉTAPHYSIQUE DE LA BAIGNEUSE CHAPITRE 7 – LES AMPHORES D’ARIANE CHAPITRE 8 – LES INTERMITTENCES DU VOLCAN CHAPITRE 9 – LES CHAPELLES D’EMPORIO CHAPITRE 10 – UN FIGUIER DANS LA NUIT CHAPITRE 11 – UNE SILHOUETTE DANS LE MUSÉE CHAPITRE 12 - LE MYTHE DE L’ATLANTIDE CHAPITRE 13 – L’AUBERGISTE DU POSEIDON
L'âne au bord du volcan
Roman

Jean Libis
DU MÊME AUTEUR
Maisons de Mémoire Éditions Virgile, 2009
Gaston Bachelard ou la solitude inspirée , essai, Berg international, 2007
Marie Javouhey, Chemins de traverses, Éditions Spiralinthe, 2005
Putain de froid sec, récit, Le Rocher, 2005
Les footballeurs dans le verger, Nykta, 2003
La Bibliothèque, roman, Le Rocher, 2000
Comme un désir de fin d’été , récits, Nykta, 1998
Folies douces, essai sur la peinture de Marie Javouhey, éditions W., 1995
L’eau et la mort , essai, Éditions universitaires de Dijon, 1993
Trop de jaune sous les acacias , roman, Aléï, 1991
La Dormeuse d’ombres , roman, Aléï, 1988 (Prix Bourgogne 1988)
La Musique et l’hiver , roman, Balland, 1985
Le mythe de l’androgyne, essai, Berg international, 1980
Avertissement
Le récit qui suit est entièrement fictif.
En revanche le cadre de l’île de Santorin, dans la mer Egée, a été dans l’ensemble scrupuleusement restitué – à quelques petites licences près. Une carte de l’île incluse au début du texte sera utile au lecteur qui ne s’est jamais rendu sur place.
Quelques mots de grec ancien sont explicités en notes de fin de texte. Il en est de même pour certains termes techniques et pour trois ou quatre personnages mythologiques.

CHAPITRE 1 – L’AÉROPORT

Lundi 5 juillet
L’avion perdait sensiblement de l’altitude et s’engageait maintenant dans un espace bleu cristallin. Il amorça brusquement un virage sur l’aile qui nous rapprocha encore davantage de la surface de la mer. Quelques voyageurs étouffèrent un gémissement de crainte et de satisfaction. Je vis distinctement les vagues, vertes et molles, à quelque quarante mètres juste en-dessous de moi. Un délicieux vertige, à peine, gagnait l’ensemble des passagers. À ma gauche, le barbu rouquin qui ressemblait au Professeur Mortimer sembla un instant perdre son flegme, s’intéresser à ce qui se passe.
Là tout en bas, une profondeur émeraude figeait maintenant tous les regards. Le pilote négocia un contre-virage autour de la grosse masse rocheuse qui constitue le point culminant de l’île. Soudain je me souvins distinctement de ce lieu, entouré début juin de grosses plantes jaunes parcheminées et coiffé en son sommet d’un bâtiment militaire truffé d’antennes paraboliques. L’hôtesse annonça un atterrissage imminent : il était 11 heures 38 et la température de 26 degrés centigrades. À l’idée que la vérité se dissimule dans cet abîme, entre ces rochers noirs et cette mer couleur de carte postale, entre ces chemins de chèvre et ces terrasses d’une blancheur inouïe, je me sentis vaciller comme si j’allais sauter en parachute. Il allait me falloir affronter à nouveau le secret de Poséidon.
Quelques secondes encore et l’avion s’engouffra sur la piste d’atterrissage, freinant au maximum dans un vacarme épouvantable de turbo-réacteurs malmenés. On voyait des baraques blanches et des fils électriques, des opercules grillagés.

Cela faisait cinq ans, presque jour pour jour, que j’avais pris congé de Santorin en pensant n’y jamais revenir.

Sur la passerelle de délestage, les voyageurs étaient secoués par des rafales de vent chaud, qui soulevaient la poussière et enveloppaient toutes choses d’une lumière irritante, d’une pénétration bleu-gris où se confondaient la mer et la terre. Des papiers volaient entre deux fuselages, quelques plastiques restaient accrochés aux épineux en bordure de la piste d’où surgissaient de faux tamaris roses empoussiérés. Il y avait même un chien couleur de cendre qui circulait en travers du tarmac ! Je me suis dit qu’il fallait venir en Grèce pour voir ça. Le haut-parleur annonça « Santorini, Santorini » - en rudes syllabes rocailleuses. Pour être tout à fait franc je ne parle pas un traître mot de grec moderne.
Soudain j’eus l’impression de me trouver au bout du monde.
Giovanni m’avait demandé de l’attendre le long de l’avenue à l’entrée de la salle des pas perdus. Giovanni, c’est mon vulcanologue de service, un Italien pure souche marié à la très douce Maria-Rita. J’ai récupéré mes valises et suis allé fumer une cigarette en regardant les chauffeurs de taxi qui parlementaient avec les nouveaux arrivants. Un vent chaud, instable, agitait la poussière, accumulée sur les épineux en une cellophane grise : je me suis dit que ça devait être comme ça en Afrique et que j’avais peut-être trop d’imagination. Nous n’étions jamais qu’à l’extrême sud de la mer Egée, dans une île menacée d’effondrement (c’est du moins ce que prétendait mon ami Timoléon qui m’avait fait découvrir ce lieu – exactement cinq ans auparavant). Il n’y avait pas un nuage dans le ciel et les graminées sèches sur les talus étaient couvertes d’un résidu jaunâtre et granuleux.
Une petite automobile courtaude s’est arrêtée brusquement à ma hauteur. J’ai reconnu Giovanni derrière ses éternelles lunettes noires. Il avait vraiment l’air d’un metteur en scène italien des années 70 et m’a crié qu’il m’emmenait déjeuner chez Démétrios, que Maria-Rita m’envoyait ses amitiés tendres et qu’on se verrait tous le lendemain. L’idée de retourner chez Démétrios me fit soudain l’effet d’une séquence forte dans un feuilleton sentimental. Cinq ans auparavant nous avions souvent fréquenté sa terrasse fleurie avec ses oliviers en pot, ses lauriers nains, son perroquet vert d’une impudence hors du commun, ses vin blancs résinés aux vagues relents de citronnelle et de verjus. « Ainsi, pensai-je, les rites se reproduisent aussi bien que les cercles du temps ». Maintenant la route serpentait entre les vignes, un village blanc se découpait sur la ligne de crête d’où surgissaient partout des chiens, des ânes et des scooters. L’un d’eux fit une embardée devant nous, Giovanni jura et me gratifia d’une tape dans le dos.
Cela me fit des papillons devant les yeux et je lui demandai où nous étions, exactement. « Sur le raccourci qui mène à Pyrgos », dit-il « tu ne te souviens donc pas ? ». Il partit de son rire napolitain pétaradant comme une tige de roseau sec. Italien de souche et de langue, il parle aussi couramment le français que le grec moderne : c’est bien pourquoi, en face de lui, je me suis toujours senti un peu lourdaud et empoté.
Dix minutes plus tard nous étions assis sur la terrasse de Démétrios, Giovanni congratulait le patron qui nous traitait en vieux amis. Je ne suis pas sûr qu’il m’ait reconnu mais cela n’avait aucune importance. Démétrios se frotta les mains, il était toujours aussi agité, un peu onctueux avec son visage fin et ses yeux de velours qui font régulièrement chavirer quelques Allemandes en quête de mythologie grecque. Il nous offrit l’ouzo de l’hospitalité : les olives, les glaçons, l’eau fraîche, tout l’arsenal en plein midi avec le vent qui fait plisser les yeux. « Bon dieu », me dis-je, j’ai l’impression que nous démarrons fort. Il paraît que le perroquet est en pension chez la belle-sœur de sa femme et qu’on va le revoir bientôt. À Pyrgos, les soirées d’été sont si longues que l’on a bien besoin d’un perroquet pour donner la réplique aux clients, apostropher les habitués, faire la pause entre deux improvisations de leur musique lancinante qui vous donne toujours l’impression d’être à la veille d’un départ.
Giovanni m’abandonna un petit quart d’heure pour aller négocier des mèches chez le droguiste. Des mèches  ? Je lui ai fait répéter le mot et je suis resté seul, face à la mer. Elle surgissait maintenant de partout, entre des langues de terre et de gros rochers granuleux, sur l’horizon interrompu par d’autres îles encore, noires et opaques dans des espaces de lumière crue. On aurait dit qu’une vapeur s’élevait de la mer vers le ciel à la manière d’une trombe impalpable. Au centre de cela, rugueux, presque anodin, tapi comme un gros chat, le volcan écrasé dans le contre-jour : midi est une heure fatidique, et je m’aperçus que je transpirais à grosses gouttes. J’avais tout simpleme

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