L arbre aux mille feuilles
198 pages
Français

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L'arbre aux mille feuilles , livre ebook

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198 pages
Français

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Description

L'arbre aux mille feuilles relate la tragédie de la Révolution congolaise à travers le drame d'un citoyen éminemment honnête devenu, par le fait de l'histoire, l'otage aussi bien de la JMNR que des religions syncrétiques messianiques : Alifax Salabange.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2011
Nombre de lectures 50
EAN13 9782296467491
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’arbre aux mille feuilles
Écrire l’Afrique
Collection dirigée par Denis Pryen

Dernières parutions

Otitié Kiri, Comme il était au commencement , 2011.
Mamadou SY TOUNKARA, Trouble à l’ordre public , 2011.
Liss KIHINDOU, L’expression du métissage dans la littérature africaine. Cheikh Hamidou Kane, Henri Lopes et Ahmadou Kourouma , 2011.
Jacques ATANGANA ATANGANA, Les fourberies d’Essomba , 2011.
Frédéric TRAORE, La guerre des pauvres et le destin de Hassan Guibrilou. La dent de l’aïeule, tome III , 2011.
Frédéric TRAORE, Les affres de l’enfer. La dent de l’aïeule, tome II , 2011.
Frédéric TRAORE, Chassé-croisé sur Fadougou. La dent de l’aïeule, tome I , 2011.
Lulla Alain ILUNGA, La gestion du pouvoir , 2011.
Esther GAUBERT, Brukina, rose du désert , 2011.
Marcel KING JO 1 er , Tina ou le drame de l’espèce humaine , 2011.
Aboubacar Eros SISSOKO, La Tourmente. Les aventures d’un circoncis , 2011.
Robert DUSSEY, Une comédie sous les tropiques , 2011.
Alexis KALUNGA, Vivre l’asile , 2011.
Nenay QUANSOI, Souvenir d’un jeune Africain en Guinée et en Tunisie , 2011.
Nadine BARI et Laby CAMARA, L’Enfant de Xéno , 2011.
Aboubacar Eros SISSOKO, Une mort temporaire , 2011.
Édouard Elvis BVOUMA, L’amère patrie. Nouvelles , 2011.
Roger FODJO, Les Poubelles du palais , 2011.
Jean FROGER, La Targuia , 2011.
Pierre LACROIX, Au chevet de l’Afrique des éléphants. Fable , 2010.
Jeanne-Louise DJANGA, Le gâteau au foufou , 2010.
Dina MAHOUNGOU, Agonies en Françafrique , 2010.
Elise Nathalie NYEMB, La fille du paysan , 2010.
Z OUNGA B ONGOLO


L’arbre aux mille feuilles

roman


L’H ARMATTAN
© L’H armattan, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-56056-7
EAN : 9782296560567

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
A feu Ernest Bikoumou,
ancien Sous-préfet de Kinkala....
Avant-propos
Il était une fois la JMNR…
1963, la révolution éclate au Congo-Brazzaville. Le Mouvement National de la Révolution (MNR) fraîchement arrivé au pouvoir, ne peut se fier à la force publique issue des entrailles de l’armée coloniale française. Aussi se dote-t-il d’une jeunesse, la JMNR , qu’il érige en « fer de lance de la Révolution. » Sa mission délicate et complexe consistera à « défendre la Révolution coûte que coûte jusqu’au bout » contre les agressions répétées des réactionnaires et contre-révolutionnaires de tous bords, dilués au sein de la population.
Malgré le fort soutien qu’il jouit auprès du pouvoir, ce mouvement juvénile militarisé connaîtra très tôt sa « maladie infantile du communisme », comme cela s’est passé partout ailleurs dans le monde. Son rôle étant de dénicher les contre-révolutionnaires dans la société, la JMNR s’emploiera à les rechercher partout, les débusquant dans les marchés et les débits de boissons, dans la rue, jusque dans les foyers conjugaux. Pour ces jeunes, toute déviance morale ou sociale, tout malentendu est une manifestation de la contre-révolution. De ce fait, la JMNR s’arrogera le droit de torturer les transgresseurs et de les martyriser. Aussi se mêlera-t-elle de tout, tant des problèmes de familles que des querelles de ménage ; de la divergence entre parents et enfants que des altercations entre jeunes dans les quartiers, entre garçons et filles, etc. Tout cela fera partie de leur menu.
Dans cette houle, l’armée nationale ne sera pas épargnée, car la JMNR ne respecte aucun galon, surtout pas ceux de l’armée. Nombreux sont les officiers et soldats qui seront ridiculisés, jetés dans les cachots, parfois sans motif évident… Comme il fallait s’y attendre, l’armée finira par s’enflammer ; et la guerre du camp Météo devint inévitable.
« L’arbre aux mille feuilles » relate les événements de cette période difficile, sans oublier ceux intervenus en 1967 au camp Météo, plus connus au Congo sous le nom de « la Guerre du Biafra », en rapport à la conflagration qui, à cette époque, opposait les milices du Colonel Odjuku à l’armée du Général Gowon au Nigeria. Sans avoir connu le même retentissement au plan international, les événements de Brazzaville ont eu un réel impact au Congo. Ayant opposé la Défense Civile, branche armée de la JMNR, à l’armée Nationale, ces événements avaient marqué une étape importante dans la vie politique du pays : le passage du « socialisme bantou » au « socialisme scientifique. »
Plus expérimentée aux méthodes de combat, l’armée avait gagné la guerre ; certes, non sans l’aide des transfuges de la Défense Civile. Les réactionnaires et contre-révolutionnaires congolais avaient, quant à eux, cru bon de ne pas se mêler de cette « querelle intestine » qui, selon eux, opposait des fractions révolutionnaires entre elles.
Mais peut-on ignorer l’intervention mitigée du camp de la neutralité, composé en partie des grandes religions mais aussi des mouvements syncrétiques religieux, tel que le Matsouanisme ? C’est pour ne pas minimiser leurs apports multiformes dans cette guerre que, dans ce roman, l’auteur a cru bon de mettre en exergue leur contribution non moins négligeable.
Est-ce un hasard si, un quart de siècle après la disparition de la JMNR, au sortir de la Conférence Nationale Souveraine de 1991 qui a fait les états généraux de la Révolution, la jeunesse congolaise, rejeton de la JMNR, s’est éclatée en plusieurs milices politiques rivales, appelées sous divers labels : Ninjas, Cobras, Zoulous, Aubevillois, Cocoyes, Mambas, Faucons, Requins, Nsilulu-Condors-Saint-Michel etc., et a mis le pays à feu et à sang pendant la dernière décennie du XXème siècle ?…
C HAPITRE I
Tassé dans un coin du cachot, Salabange se frotte le visage de ses mains. Sous ses pieds, la pierraille entame sa chair. Ses pores sécrètent une substance huilée, faite de sueur et de matières grasses, qui ruisselle sur sa peau. La chaleur le consume avec une régularité irritante. Il a la sensation de cuire à petit feu. Au moindre mouvement, les pierres pointues l’agressent atrocement. La réflexion vagabonde reste son unique refuge : penser à l’homme, à la société, à Dieu ; philosopher, comme on dit, en s’ignorant complètement jusqu’à négliger sa propre existence.
Il se lève, ôte son contre-sueur et l’essore. La sueur s’en échappe comme de l’eau. Puis, il se met à s’éventer à coups irréguliers.
Pour comble, dans cette maison inachevée, toutes les ouvertures ont été cimentées, excepté la porte métallique qui se ferme presque hermétiquement. Le plafond, fait de contre-plaqués, est un repère de chauves-souris. Il emmagasine toute la chaleur de la journée pour la répandre ensuite dans le cachot où il règne une odeur de pipi de chauve-souris.
Salabange ouvre démesurément la bouche à la recherche d’un filet d’air frais. Hélas ! La paroi est pleine d’une humidité torréfiée. C’est un four à rôtir les prisonniers à la vapeur. L’obscurité abrutissante tuméfie les paupières et ronge les prunelles. Impossible de marcher : ses pieds nus sont devenus allergiques à ces pierres tranchantes.
Pourtant, il faut bouger pour libérer le sang dans les veines des jambes engourdies. Il marche en se tortillant de douleur, en boitillant et, soudain, il s’écroule. Il se prend le visage dans les mains, le front collé au mur rugueux, et retient ses sanglots.
Que s’est-il passé ?
Salabange ne comprend rien. Depuis qu’il est rentré de France, il ignore pratiquement tout dans ce pays qui est pourtant sa patrie. Des fois, il a l’impression d’être redevenu un enfant. Il est l’objet d’une histoire tourmentée qu’ici on appelle « Révolution » ; un mot qui retentit avec une résonance inouïe, surtout parmi les jeunes. Salabange est seul à ne rien comprendre de ce brouhaha collectif. Serait-il devenu un étranger dans son pays ? Cette idée lui inflige le frisson, et il a peur de se poser la question qui, logiquement, s’ensuit. Il veut arrêter de penser, mais la question monte et lui revient continuellement à l’esprit a

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