L ombre des anges
228 pages
Français

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L'ombre des anges , livre ebook

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228 pages
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Description

Emile Lloret a toujours écrit des mots de l'âme qui nous transportent vers des ailleurs différents. C'est certainement l'exil et sa musique qui lui ont donné ce souffle poétique particulier. Ce livre est un chant à la vie, à l'absolu, à l'idéal, à la révolte, à l'émotion et à sa vie d'artiste dissolue, délirante et magique. Il a sorti de l'ombre les apparences trompeuses, s'est éloigné des rails qui nous rassurent. Emile Lloret n'est pas un écrivain, c'est certainement l'un des derniers troubadours en cette période décadente. Est-ce que la vie vaut d'être vécue sans ces transports de l'âme ? Viviane L.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2009
Nombre de lectures 237
EAN13 9782296682764
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'ombre des anges
 
Remerciements
 
 
à Emilie, Natacha
 
au cardiologue Falah Aboukhoukir
à l'ostéopathe Denis Forgeon
Émile Lloret
 
 
L'ombre des anges
 
 
roman
 
 
L'Harmattan
 
 
 
© L'Harmattan, 2009
5-7, rue de l'Ecole polytechnique, 75005 Paris
 
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
 
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattanl@wanadoo.fr
 
ISBN : 978-2-296-09819-0
EAN : 9782296098190
 
Lorsque le Potier du verbe se pencha sur son berceau, il lui murmura les notes d'une ritournelle arc en ciel.
Au midi du jardin de la promesse, Emile les déclina aux rythmes des paons et des papillons.
Au soir de l'éternel humain, il nous les restitue en cris et bégaiements rouges et noirs, lueurs et leurres blanches et jaunes... ; par chemin de ses désirs et de ses passions.
Osama Khalil, philosophe et poète
 
E ncore et encore et encore d'autres nuits, d'autres fantômes qui s'envolent, d'autres voyages qui voyagent vers des cathédrales, des ciels d'orage de Bretagne, de Normandie ou d'ailleurs.
 
Je m'en fous, j'aime tout le monde et tout le monde m'aime. Je suis une éponge imbibée de trous, de bosses, de vin bon ou mauvais, imprégné de vos angoisses et des miennes, de vos bassesses, de mes faiblesses.
 
Si je parle trop, c'est que je sais parler, et surtout, je sais quoi vous dire, avec des mots serpents, aventuriers, caravaniers, des mots de vent de sable, des mots nomades, des mots nobles et voilés comme le visage des femmes arabes.
 
Alors, ça dérange quelques uns. Ça les frustre, ça les éjecte de leur planète silencieuse. J'aime pas le silence. Le silence c'est fait pour les cow-boys à la John Wayne, regard lointain et mystérieux. Rien dans la tête, tout dans les yeux.
 
Et moi, je suis là tout seul, comme un bateau squelette quand la marée s'est retirée, et je me demande si je vais réentendre le bruit des vagues et le murmure des ambitions humaines.
 
Vous me désespérez avec votre réussite. Vous m'avez aimé, je n'vous aime plus, avec vos déprimes et vos calembours. Vous avez trop de vernis à l'intérieur. Faut nettoyer tout ça au dissolvant. Vous gonflez trop, vous allez exploser, imploser du dedans. Des gentils toutous comme vous, faut pas sous prétexte de susciter quelques rires, quelques applaudissements, de claquer des doigts et d'avoir ce qu'on veut, faut pas se mettre dans cet état. Mais non, vous n'êtes pas des dieux, vous n'êtes pas des anges, vous n'êtes que des hommes, des tout petits, petits, petits hommes. « Ah bon ! tu crois ? J'ai eu peur, j'croyais qu'il allait me pousser deux ailes dans le dos. »
 
La réussite, on s'en fout. C'est la carotte qui fait avancer l'âne. De toute façon, je ne trouve plus d'artistes comme je les aime et je n'ai pas encore fait le tour de moi-même. D'ailleurs, faut pas trop trouver ce qu'on cherche. On y perdrait le sens de l'inconnu et du mystère. Qu'on reste dans nos rêves étouffés, dans nos démesures, dans nos abdications et nos frustrations, dans notre cocon de grands malades, avec nos illusions de la vie et de nous-mêmes. Qu'on se retire, qu'on laisse la meute se déchirer entre elle. Elle est éternelle, elle renaît de son fumier.
 
J'ai vu des gens réussir, ça n'a pas l'air si extraordinaire que cela. Un sourire un peu plus large pour celui-ci, une grimace un peu plus étroite pour celui-là, pour qui ? Pourquoi ? Moi, ce serait pour les loyers, les impôts ; les vautours à ne plus payer. Je n'ai pas dû assez en baver, parce que la rage de la réussite, je l'ai pas.
 
Et puis, j'ai d'la fièvre, beaucoup de fièvre, trente-neuf ? Quarante ? Cinquante ? Je ne sais plus, je tremble comme une locomotive en sueur, je vois des oiseaux roses, des ressentiments noirs, des Chinois qui font miaou, miaou, mes cheveux sont des algues, mes pieds sont des palmes, mes mains sont des nageoires qui m'emmènent plus loin dans le bleu de la mer, mon lit est un bateau qui tangue, je donne des ordres, personne ne m'écoute, je délire. Mais le bateau-lit continue à tanguer de plus en plus, nous sommes à cinquante degrés à l'ombre de mon corps. Je transpire, je respire de plus en plus fort. Je m'aime tant. Je suis une sirène. Alors la réussite, hein ?
 
Il n'y a pas de dernier train. Après la mort, on emportera tout. Toutes les images qui bougent autour de nous, toutes les musiques, les bruits, les rêves qui tournent et se retournent, les mots si secrets, si mystérieux que l'on n'arrive jamais à comprendre, à fouiller, à découvrir le paysage profond d'une bouche, la tête et l'âme des gens qui cachent tant d'amour et de solitude.
 
Pourquoi ce désespoir ? Mon autre moi en femme, ma cachette, ma lumière. Je suis tellement de choses en elle. Je ne la quitterai plus jamais. Tellement d'ombres dans ce battement de cœur, ce frisson d'elle, ma sœur, mon frère, un deuil qu'on porte déjà.
 
J'ai pris le dernier train en marche, un train fantôme où il n'y a que toi et moi. Un train qui nous emmène tellement loin, tellement nulle part, pour se toucher sans se sentir, se sentir sans se toucher, dans des villages de montagnes où on voudra nous tuer, nous rejeter encore, parce qu'on ne fait partie ni du jeu, ni des gens.
 
Souviens-toi, invente-moi des vies, je t'inventerai des « ne me quitte pas » comme tu n'en as encore jamais vu. C'est moi l'homme de ta vie, l'homme des grands espaces, du dernier étage, la dernière comète.
 
Tu verras quand tu te sentiras et tu te sens proche de moi, des choses et du temps, tu m'aimeras à la folie. Tu n'aimeras jamais plus personne comme moi.
 
Je t'ai découvert comme une forêt vierge. Tu es une jungle, et je suis un singe, un lion, je ne veux pas t'emmener dans ce dernier train. Tu as tellement de choses à vivre, à aimer, à sentir dans ta tête. Je pleure beaucoup quand tu n'es pas là.
 
Boire, parler, rire, des idées, encore des idées qui ne sont pas des idées. Arrêtez ! J'ai des frissons au bout des pieds. Je suis électrique. L'EDF devrait me payer, j'ai magouillé le compteur, j'ai mis une tige dans mon cœur pour arrêter le moteur pour dire non aux chiffres qui passent.
 
Enfin Paris, ris pas. Des mois que j'étais sans moi. J'aime bien quand je dis moi, on dirait un truc mystérieux qui est plus haut que nous, et qui doit pas être très grand. C'est le soleil qui cache les nuages.
 
Enfin voilà, 45 ans à jouer au 45 tours, à jouer à la poupée. J'ai joué la vie, je l'ai amusée et je me retrouve ni poète, ni vagabond. Je croupis dans une fourrière qui enlève les âmes, les fourmis à quatre pattes.
 
Je veux écrire un livre. C'est ma nouvelle et grande idée puisque j'ai tout laissé derrière, et qu'il faut bien quelque chose à laquelle se raccrocher pour faire passer le temps.
 
Un livre ! Oui, mais il faut une trame ! Et quand il n'y en a pas de trame, quand c'est que du brouillard et du vague partout, hein ? On fait comment pour jeter un roman sur des pages de Moyen Age ?
 
Je suis un troubalourd. Je suis pas contre les passages cloutés, les passages doutés, je sais pas que ça existe, j'les vois pas, c'est pas d'ma faute. C'est comme les femmes ou l'amour, je suis une femme et je suis l'amour, moi tout seul. J'ai envie d'un truc bien cochon, j'mets la pellicule en marche, je préfère le noir et blanc. J'suis raciste. J'aime pas la couleur, ni les banlieues d'ailleurs. J'aime bien les jaunes intelligents et la Chine et le mur de Berlin. C'est quand même bizarre d'être moche et de se sentir beau. Ça doit être l'intérieur.
 
Dans ce livre qui n'est pas un livre, il faut que je dise « je », il faut que je dise que vous trompez trop de gens. Que votre vie est une tromperie ! Il faut que je dise que vous sortez de la rue, mais de la pauvre rue, celle qui n'apporte rien. Vous n'avez jamais rien cherché, et vous ne trouverez rien que des billets de banque et des imbéciles sur votre passage. Il faut que je dise « j

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