LA BOHEME AU DEMI SIECLE NOUVELLE EDITION
172 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

LA BOHEME AU DEMI SIECLE NOUVELLE EDITION , livre ebook

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172 pages
Français

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Description

berjane le bibliophile, Vidal de Montfort, le cancre devenu marchand de tableaux, Tallien et Salbert, artistes peintres, un appartement parisien sans confort... tels sont les personnages de ce roman savoureux qui, avec simplicité et stoïcisme, accueillent les bons et les mauvais moments de leur vie de bohème et célèbrent le bonheur de l'amitié et de l'amour de l'art.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2011
Nombre de lectures 53
EAN13 9782296468467
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LA BOHÈME AU DEMI-SIÈCLE
Reproductions de la couverture :
La déesse KUBABA de V. Tchernychev ;
Illustrations de P.F. Morvan

Directeur de publication : Michel Mazoyer
Directeur scientifique : Jorge Pérez Rey

Comité de rédaction
Trésorière : Christine Gaulme
Colloques : Jesús Martínez Dorronsorro
Relations publiques : Annie Tchernychev, Sophie Garreau
Directrice du Comité de lecture : Annick Touchard

Comité scientifique, série monde moderne,
monde contemporain
Jean-Michel Aymes (Université de Paris III), Antonio Barragan (Université de Cordoue), Régis Boyer (Université de Paris IV-Sorbonne), Claude Hélène Perrot, (Université de Paris I-Panthéon-Sorbonne), Patrick Guelpa, (Université Charles de Gaulle-Lille 3), Hugues Lebailly, (Université de Paris I-Panthéon-Sorbonne), George Martinowsky (Université Clermont II-Blaise Pascal), Paul Mirault (Professeur de philosophie), Perez Rey (Université de Paris I-Panthéon-Sorbonne), Hélène Pignot (Université de Paris I-Panthéon-Sorbonne), Olga Portuondo (Université d’Oriente), Annie Tchernychev (Université de Paris I-Panthéon-Sorbonne), Richard Tholoniat (Université du Maine)

Ingénieur informatique
Patrick Habersack ( macpaddy@free.fr )

Avec la collaboration artistique de Jean-Michel Lartigaud,
et de Vladimir Tchernychev

1 e édition, éditions SIC, 1957
Ce volume a été imprimé par
© Association KUBABA, Paris

© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-56450-3
EAN : 9782296564503

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Collection KUBABA
Série Éclectique


Jacques GAULME


LA BOHÈME AU DEMI-SIÈCLE

Nouvelle édition


Illustrations de P. F. MORVAN


Association KUBABA, Université de Paris I,
Panthéon-Sorbonne
12, place du Panthéon 75231 Paris Cedex 05

L’Harmattan
Bibliothèque Kubaba (sélection)
http:/ /kubaba. univ-paris1.fr/


Série Monde moderne, Monde contemporain
L’enseignement de l’Histoire en Russie, Annie Tchernychev
Le Lys, Poème marial islandais , Eysteinn Ásgrímsson, présentation et traduction de Patrick Guelpa
Un homme de désirs : Einar Benediktsson, Patrick Guelpa
Toi qui écoutes, Jon Óskar , traduction de Régis Boyer
Les elfes des falaises , Einar Benediktsson , présentation et traduction de Patrick Guelpa
Le Village Jón úr Vör, traduit de l’islandais et présenté par Régis Boyer


Série Éclectique
Il faut reconstruire Carthage , Patrick Voisin
Arrobazze, le petit thon des mers , France Duhamel
Une saison russe , Annie Teyssier
Une initiation à la philosophie de Claude Tresmontant , Paul Mirault
Sueurs ocres , Elie Lobermann
Les difficultés de l’anglais : la voix passive , Christian Banakas,
Les difficultés de l’anglais : les paronymes , Christian Banakas
Au-delà des mots , René Varennes
À Blanche, en forme de dédicace
Au pays, à Bizen’village, vous étiez déjà une grande personne quand, tout gamin, j’allais en classe chez le père « Guerzjllon » . Vous étiez du bourg, ce qui, à mes yeux, augmentait votre prestige, car du « Champ de la Croix » , demeure de ma grand’mère, un long chemin me séparait de l’Ecole. Cet isolement ne favorisait pas nos rencontres. Aussi, chacune d’elles était un événement : avec la distinction de sa silhouette, la jolie cousine que vous étiez incarnait le charme féminin. Je goûtais en vous embrassant la douceur de votre peau. Vos mains blanches et fines attestaient que vous étiez exempte de travaux domestiques. Même un léger strabisme de l’œil gauche ajoutait à votre séduction en vous donnant un je ne sais quoi de particulier. Et puis vous vous trouviez à cette époque de la vie qui m’attirait le plus : Vous étiez grande.
Les gens disaient que vous étiez toujours dans les livres et que vous vous apprêtiez à partir pour la capitale.
Après qu’à mon tour j’eus quitté notre village, tandis que divers séjours dans plusieurs villes de province me faisaient passer de l’enfance à l’adolescence puis de l’adolescence à l’âge d’homme, nos rencontres furent encore plus rares et ce n’est qu’au hasard des vacances, par un écho dans la famille, que je fus mis au courant de votre réussite à Paris. Enfin l’occasion de vous rencontrer à nouveau se présenta.
C’était au mariage de votre sœur cadette. La noce se faisait au bourg, chez Barret. J’avais vingt-deux ans et vous étiez ma cavalière. De cette journée j’ai gardé un autre souvenir. Vous aviez alors la réputation d’une personne ayant acquis une excellente situation chez un grand éditeur, situation qui vous donnait au village la considération à laquelle ont droit l’instituteur et le curé. Physiquement, à votre distinction naturelle, vous aviez joint le rayonnement que donne l’équilibre intellectuel. Votre air qui me parut froid cachait-il de la réserve ?
Intellectuellement, je n’étais pas de taille et la différence d’âge était trop grande pour que je vous apprécie librement. En dehors de mes études, des problèmes futiles m’assaillaient et la timidité m’empêchait d’en discuter avec vous. D’autre part, j’étais amoureux de Louise qui, au bras de Pierre Fournier, faisait partie de la noce et j’étais plus pressé de danser avec elle que de discuter avec vous. Tout compte fait, ce jour-là, nos rapports ne dépassèrent pas les bornes de la politesse.
Quelque temps après, je m’établis à mon tour dans la capitale, où par sa nouveauté, la vie parisienne impose au provincial des sentiments multiples et des réactions imprévues. De vous en parler aujourd’hui remplacera peut-être la conversation manquée de chez Barret car je sais que vous avez subi ce même ensemble de difficultés et que ce même ensemble de profits vous a réconfortée.
Rappelez-vous, Blanche, comme on est saisi les premiers jours par cette invraisemblable activité, cette vie si séduisante aux gens de passage pour lesquels Paris à l’air d’une fête continuelle. L’optimisme de la jeunesse nous fait nous adapter rapidement au bruit des poubelles qu’on ramasse de bonne heure, aux coups de frein des premiers autobus. On sait vite traverser les rues calmement et circuler avec aisance sur les différentes lignes de métro. Téléphoner d’une cabine à l’automatique devient un jeu. Et puis c’est amusant de déjeuner dans les prix fixes au gré de sa fantaisie. Cela change du confort discipliné de la table familiale.
Viennent les difficultés : Bientôt l’impression de solitude remplace celle de la liberté. Ce n’est pas aussi facile qu’on pensait : il faut comprendre. Il faut réagir vite.
On s’affole : Gare à la tentation du retour, gare aux lettres des mamans éplorées qui vous répètent qu’après tout, il y a près d’elles un présent paisible avec un avenir bien certain.
Comme on a un peu de caractère, on tient le coup, on mange au même restaurant. On fait peu à peu connaissance. Les années passent, la situation s’améliore et les liens spirituels qui vous unissent à des amis solides vous paraissent plus importants que ceux du sang. Déjà, vous souriez au souvenir de vos débuts et de ces gens qui vous reçoivent avec politesse, parfois avec déférence, et terminent toujours l’entretien en vous demandant aimablement de laisser votre adresse.
Bien sûr, vous ne saviez pas que Paris, c’est aussi un monde de petites communautés presque imperméables.
Mais tous les mauvais moments sont loin. On peut désormais se consacrer à cette activité dont la vocation fut ressentie au village. On s’est fait sur l’art, notre raison d’exister, une idée plus simple, plus vive, plus fidèle. Et au pays, durant les vacances, comme on goûte mieux le rythme d’un paysage, la structure d’une rose, le dessin d’une feuille. Comme on sait mieux reconnaître spontanément la véritable valeur du rustique. Comme on apprécie son village d’un regard plus sincère.
Voyez, Blanche, comme on l’aime mieux, comme vous êtes mieux dans cette terre du nouveau cimetière que dans celle d’une nécropole parisienne où l’on peine tant à retrouver ses amis. Ici, dans la douceur du temps, votre esprit semble s’exhaler comme l’éclat insaisissable des gouttes de rosée. De votre tombe par-dessus le mur d’enceinte, on voit des prés avec des arbres et des animaux blancs à la vie sereine.
Hélas vous ne pouvez me répondre, puisque de l’être que j’ai admiré, il ne reste qu’une inscripti

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