La Chaconne
144 pages
Français

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La Chaconne , livre ebook

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144 pages
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Description

Roman existentiel, La Chaconne est l'histoire d'une quête spirituelle. C'est le roman d'un premier amour déchiré entre les convictions profondes d'une foi naissante et la crise humaine d'un monde égoïste et éclaté. Mais sensibilité exacerbée et recherche intérieure peuvent-elles vivre en harmonie dans le même individu?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2010
Nombre de lectures 230
EAN13 9782296709577
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Chaconne
 
 
 
© L’H armattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
 
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
 
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
 
ISBN : 978-2-296-13118-7
EAN : 9782296131187
 
J osé O gab
 
 
La Chaconne
 
 
Roman
 
 
L’H armattan
 
Le salut humain -félicité, éternité –
ne sera jamais possible que sur fond de crise .
 
(La pommeraie) Michel Potay
 
Chapitre premier
 
 
Abracadabra
 
L e 10 octobre 1989 alors qu'il venait de recevoir une cassette de son cousin comprenant la chanson de Steve Miller Abracadabra , Henri sortait avenue du Général Leclerc pour acheter des affaires de toilette, lorsqu'un type longiligne d'une trentaine d'années l'arrêta en lui disant :
– Est-ce que tu trouves qu'il faut humaniser la terre ?
– Oui, il y a du progrès à faire, répondit-il ouvertement. Il y a Gorbatchev bien sûr avec sa Perestroïka…
– Est-ce que tu désires faire quelque chose dans ce sens ?
– Oui, mais quand ?
– Tout de suite !
– Ah ? Oui !
– Ok, suis-moi !
Il conduisit Henri dans un café non loin de là, à l'angle de la rue Daguerre et le présenta à David en discussion avec deux ou trois jeunes gens de style plutôt anar. Henri l'observa parler. David semblait doux, il avait les cheveux longs et un manteau blanc très simple. Henri se souvint qu'il avait fait un rêve cette nuit-là, dans lequel une voix lui criait « Christ, Christ, Christ ! » Il avait observé le visage de Jésus dessiné sur le sol à la craie de couleur peu avant sa rencontre avec l'homme qui l'avait arrêté et concluait qu'il s'agissait d'un groupe de foi chrétien. Il se sentait « appelé », c'est pourquoi il écouta David sans aucune réticence.
David lui téléphona quelques jours plus tard et passa le voir avec sa façon de penser qui le fascinait. Henri lui disait qu'il croyait en Dieu et David bien qu'athée respectait la croyance des autres. Beaucoup de membres du Mouvement humaniste croyaient dans la réincarnation. Henri et David passaient parfois plusieurs après-midi à parler de l'humanisation de la terre dans les squares, les rues et les jardins publics.
Lorsqu'Henri parlait trop, David s'arrêtait de marcher et questionnait un passant. Henri sentait parfois que ce qu'il disait n'avait pas d'importance pour David, qu'il ne le prenait pas vraiment au sérieux et cela le blessait. David avait son idée fixe : parler et faire parler du Mouvement autour de soi, à des gens susceptibles d'y entrer à leur tour. Henri appréciait l'héroïsme de ce type. Il avait découvert le livre de la Révélation d'Arès quelques jours plus tôt à la librairie Joseph-Gibert à Saint-Michel. Il réfléchissait encore à l'action qu'il pourrait mener dans la société pour changer les choses. Il était étudiant et n'avait pas de gros moyens. Néanmoins, Henri entra dans le groupe de David et commença avec lui le « contact » de rue afin de rassembler le plus grand nombre de gens sensibles à cet appel. David s'était tourné vers le Mouvement sur le conseil de son épouse et pour échapper à la psychose des musiciens de jazz qui s'enfuyaient dans la drogue. David n'en revenait pas encore d'avoir su convaincre un fidèle si rapidement.
Fin novembre, David rencontra Franck un jeune homme blond, sain et dynamique, place de la République. Franck avait perdu son père en bas âge. Il lui vouait depuis, une admiration totale. Franck était fort, enthousiaste et généreux. Sa mère l'empêchait de disposer de son argent à sa guise. Il travaillait depuis l'âge de quinze ans dans une bijouterie. Après les réunions du Mouvement , Henri l'invitait à dormir à Paris car Franck vivait à Saint-Germain-en-Laye.
 
Il commençait de bonne heure et rentrait tard. Franck s'endormait parfois dans son bain, exténué de fatigue. Le Mouvement était pour lui l'occasion de grands changements dans sa vie. Il parlait souvent à Henri de ses sœurs et de ses amis.
Le « contact » urbain était hebdomadaire, organisé et régulier. Les réunions avaient lieu le mercredi, tantôt chez David à Nogent-sur-Marne, tantôt chez Henri rue Cassini ou bien chez Sophie la troisième recrue de l'équipe de David. Chacun devait témoigner de ses « contacts » dans les rues parisiennes. Dénombrer les numéros de téléphone recueillis, le nombre des indifférents, les sympathisants. Cette chasse à l'homme dans la capitale les rendait plus forts et chassait leur angoisse existentielle. Pourtant, elle persistait chez Henri, qui attendait toujours de rencontrer un amour digne de ce nom. Il côtoyait beaucoup de jeunes femmes dans le Mouvement , mais aucune réellement proche de ce qu'il était. Il se repliait dans ses lectures ésotériques qui d'ailleurs commençaient à gêner David. Lorsqu'Henri prenait la parole pour exposer la pensée du Maître Aîvanov, personne ne le suivait. La majorité des membres du Mouvement ne croyait en rien. Ils pensaient pouvoir changer le monde sans Dieu, par la seule volonté humaine. Qu'auraient-ils fait de mieux que les autres si le monde leur avait été confié ? En rejetant les systèmes économiques, financiers, religieux et judiciaires, Silo l'argentin fondateur du Mouvement voulait-il recréer un nouveau petit système dans le système  ? L'argent que donnaient les membres actifs servait à louer les salles, acheter des places d'avion pour que certains puissent se rendre en Argentine aux congrégations.
Henri se préoccupait peu de tout cela. Il voulait vivre sa vie de jeune idéaliste en recherche du monde et se confronter à des idées et à des hommes de son temps. Faire des expériences. Elles ne tardèrent pas à venir.
 
Un soir, son grand-père comédien, âgé de presque quatre-vingts ans, l'invita à l'enregistrement d'une émission de variétés pour la télévision avec Michel Drucker, entouré de la troupe du théâtre des Nouveautés où il jouait actuellement. Carlos, Misraki, Sacha Distel et la compagnie du Paradis Latin animaient la soirée. Henri passa des minutes éblouissantes sous les feux des projecteurs. Il découvrit les coulisses et la mise en scène du show-bizness. L'ambiance était chaleureuse bien que gonflée des chimères de la gloire éphémère du vedettariat que le Mouvement abominait. Les danseuses étaient belles et Henri dans son complet noir trois-pièces emprunté pour l'occasion passait pour un dandy avec le regard noir et pétillant du penseur. Il avait côtoyé les célébrités du moment et reçu les applaudissements adressés à son grand-père comme une marque de reconnaissance légitime du public qui lui était aussi adressée, pensait-il.
 
Il raconta sa soirée à l'équipe réunie le mercredi suivant et promit qu'ils le verraient passer à la télévision très bientôt pour les fêtes de fin d'année. David justement était passé une semaine plus tôt en concertiste de Jazz chez Drucker avec son vibraphone, mais il n'en avait pas parlé.
Franck lui présenta un soir après le « contact » sa sœur Nathalie, curieuse de connaître le Mouvement dont lui parlait tant son frère. La semaine suivante, Henri fit entrer Abdel dans le groupe et l'invita à les rejoindre au café Cadet près du métro où se tenaient les réunions d'information pour les nouveaux. Nathalie était venue pour savoir qui étaient ce David et cet Henri qui faisaient toute l'admiration de Franck.
 
Chapitre II
 
 
La pluie
 
P endant le week-end suivant à Viarmes dans un gîte, Henri a parlé avec sincérité de son engagement dans le Mouvement humaniste. C’était assez récent mais il avait des convictions. David a stigmatisé le comportement des gens qui acceptent le système tel qu'il est. Cette violence, ces propos dans les films où chacun se renvoie son mépris et sa haine au visage pour être le plus fort ou le plus malin. Ils ont fait des photos du groupe. Ils ont fait des jeux psychologiqu

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