La danse du saltiki
198 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

La danse du saltiki , livre ebook

-

198 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Ce livre nous plonge dans les méandres de la culture seereer. Il suit les traces d'un jeune homme du nom de Ndiig dont le frère jumeau a quitté leur mère Wodé sans jamais donner de raisons, aménageant dans un village inconnu et tournant le dos à Soobé et autres pangool qui font trembler le village de Took Ngol. Une séance de divination aura lieu et voilà qu'à cause des visions du saltiki, le regard du village sur Ndiig et sa famille ne sera plus le même...

Découvrez toute la collection Harmattan Sénégal en cliquant ici !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2012
Nombre de lectures 160
EAN13 9782296479425
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L A DANSE DU SALTIKI


roman
Dernières parutions
chez L’Harmattan-Sénégal
(Catalogue en ligne sur harmattansenegal.com )


SOLY Tombon, Autour du feu de nuit, contes, décembre 2011.
NANKASSE Félix, L’impure , roman, novembre 2011.
MBACKE Khadim, Le parcours d’un arabisant de Touba , collection « Mémoires & Biographies », novembre 2011.
DIOUF Malamine, Sinig, poèmes, « Rimes & Proses », octobre 2011.
GUISSÉ Ameth, Femmes dévouées, femmes aimantes, roman, « Nouvelles Lettres Sénégalaises », septembre 2011.
FOFANA Mamadou Lamine, Maître Abdoulaye Wade. Sa vision libérale de la gouvernance, essai, septembre 2011.
THIOUNE Bassirou, Gott. Le retour vers la terre, roman, « Nouvelles Lettres Sénégalaises », septembre 2011.
DIA Khassimou, Pour une alternative générationnelle : l’humanisme, manifeste, septembre 2011.
DIENG Amady Aly, Histoire des organisations d’étudiants africains en France, essai, août 2011.
DIAGNE Mayacine (Sous la dir. de), La relance du développement local au Sénégal, revue Leeuru, n° 1, août 2011.
NIOUKY Ange-Marie et ROBERT Michel, Les Brames ou Mancagnes du Sénégal et de la Guinée-Bissau. Essai sur leurs us et coutumes, juillet 2011.
DIALLO Kalidou, Le syndicalisme dans l’enseignement public en Afrique occidentale française. 1903-0960. Préface de Iba Der Thiam, juillet 2011.
SARROUSS Ousmane Sarr, Anagrammaire suivi de Prières de Sarrouss, poésie, juin 2011.
TOURE Tamaro, Bracelets d’Afrique, Beau livre, avril 2011.
WONE Malick, La récitation du chapelet, poèmes, « Rimes & Proses », avril 2011.
DELLAU Alexandra Guénaèlle, Mélodies intérieures, poèmes, « Rimes & Prose », mars 2011.
NGAÏDE Abderrahmane, Les voix abyssales de Bissau, ou les douleurs de la mémoire, récit, mars 2011.
FAYE Mame Ngoné, Épaves oniriques, poèmes, « Rimes & Prose », mars 2011.
A BDOU N GOM


L A DANSE DU SALTIKI

roman
© L’H ARMATTAN- S ÉNÉGAL, 2011
« Villa rose », rue de Diourbel, Point E, DAKAR
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
senharmattan@gmail.com
ISBN : 978-2-296-54892-3
EAN : 9782296548923

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
DÉDICACE

À mes enfants
À toutes les personnes qui me sont chères.
C HAPITRE PREMIER
« Qu’est-ce qui a pu décider Seek à quitter Took Ngol et à tourner le dos à Mère Wodé et à toute la famille ? Que signifie son silence ? Y a-t-il antinomie entre le devoir filial et les principes édictés par sa nouvelle religion ? Jouit-il encore de toutes ses facultés mentales ? Quoi qu’il arrive, moi, Ndiig, j’ai choisi de vivre aux côtés des miens. J’ai choisi de rester à l’ombre des baobabs séculaires abritant nos pangool {1} . Oui, je veux demeurer éternellement là où ma race a enseveli le cordon ombilical qui me lie aux générations passées et à celles à venir, ainsi que le prépuce dont l’excision a fait de moi l’homme que je suis. Je prie Roog Seen qu’il me donne la force de ne jamais décevoir l’espoir de mes parents et de préserver l’honneur et la dignité de ma famille, même dans des circonstances extrêmes ».
Bien que Ndiig défendît ouvertement la liberté de culte auprès de ses amis, l’image que lui renvoyait la nouvelle religion à travers les pratiques quotidiennes de son frère jumeau était loin d’être engageante. À ses yeux, Seek était trop attentionné, trop efféminé, trop propre. Des talons que des lavages réguliers rendaient aussi luisants que la calebasse de beurre sur le garde-manger de Wodé Njaay. En plus, son chapelet aussi long que la laisse d’un cheval ne le quittait jamais. Assis sur sa peau de chèvre, les jambes repliées sous le corps, Seek passait des heures à murmurer la même incompréhensible litanie. Quelle souplesse de corps, mais quelle oisiveté aussi ! Ndiig s’interrogeait souvent : « au moment où il implorait son Dieu d’exaucer ses prières, pensait-il aux braves gens qui s’échinaient au soleil pour lui assurer son couscous du soir arrosé de lait frais, et dans lequel flottaient pêle-mêle des haricots aussi succulents qu’un gigot de bouc ? »
Seek s’était reconverti et avait ouvertement choisi une autre voie. Certes, on ne devrait pas se réveiller un beau matin et commencer à fouler au pied les principes sacro-saints légués par les ancêtres. Mais pour Ndiig, il demeurait toujours son frère de sang. Il s’était éloigné du monde des fétiches et des saltiki {2} depuis des années. Non pas, disait-il, par défiance ou par décision irréfléchie. Seek avait choisi en connaissance de cause et lui, Ndiig, s’était plié à ce choix et avait appris à le respecter.
Presque tous les villageois, au début, en voulaient au nouvel adepte, et même quelques-uns furent prompts à s’en prendre à sa famille. Pour eux, la nouvelle religion allait finir par mettre en danger la vie de tous les Took ngolois, parce qu’elle s’attaquait ostensiblement au socle sur lequel la stabilité de la société était bâtie, en privant le clan de la protection des pangool et de leurs représentants parmi les hommes.
À cause ou même en dépit de la vie saine et ascétique que menaient les rares pratiquants de cette religion comme Seek, Ndiig se posait encore moult questions auxquelles il ne pouvait lui-même répondre. En revanche, la sagesse populaire lui avait appris, et il en était convaincu, que la main qui donne est toujours au-dessus de celle qui reçoit.
Chaque fois que Seek arrivait de son lointain Darou, et ses visites étaient de plus en plus espacées maintenant, son premier réflexe était de nettoyer la case qui lui était habituellement réservée pendant ses courts séjours dans sa famille. Il balayait également les alentours immédiats, rejetant au loin les crottes de chèvre et de mouton, pourchassant le chien qui passait toutes ses journées à l’ombre de l’acacia surplombant sa case.
« Ce malpropre souille tout sur son passage, fulminait-il alors ».
Ndiig se demandait souvent comment on pouvait prétendre allier la netteté et la régularité commandées par un tel rite aux rigueurs du climat, au labeur des champs et au contact avec les bêtes du troupeau. À part son frère, il n’avait jamais approché de très près un adepte du nouveau credo qui pût éclairer les recoins païens de sa conscience. Souvent, lorsque Seek vivait encore dans la maison, Ndiig l’observait du coin de l’œil, et l’image gravée dans sa mémoire avait gardé les mêmes contours. En fait, quelquefois, il lui arrivait de douter de la réalité de cette image. La silhouette qu’il voyait dans son souvenir s’aspergeant le visage d’eau était-elle réellement celle de son jumeau ? Celui-ci avait une forme longiligne qui jurait d’avec la robustesse et la vigueur qui faisaient la renommée des Sarr, la famille de Ndiig. Débroussailler et semer un champ de gadianga {3} avec des mains de jeune fille, arpenter les pâturages à longueur de journée avec des jambes aussi frêles que celles d’un échassier, Ndiig ne comprenait pas comment Seek, qui avait maintenant pris le nom de Cheikh Saar, pourrait gagner sa vie en exerçant les mêmes activités que les hommes de sa génération. Il doutait même de sa capacité à féconder une femme, avec ses minces fesses que ne lui envierait pas Samba Dabel, le rachitique lawbe {4} sillonnant à dos d’âne les routes sablonneuses à la recherche de sa pitance quotidienne. De quoi vivait Seek à Darou ? Peut-être avait-il une autre occupation dans sa lointaine contrée. Ndiig ne pouvait s’imaginer qu’un être doté de capacités physiques et doué de raison acceptât de vivre à la sueur du front des autres. Il se promit d’en discuter avec Seek lors de sa prochaine visite.
En tout cas, une fois au village, Seek choisissait la voie des ablutions et des récitations infinies qui ne lui laissaient aucun temps libre pour tirer profit des richesses innombrables que recelait la terre de Took Ngol. Son dieu devait être généreux et très conciliant, lui qui régnait sur un empire où le parasitisme, la débrouillardise et l’éloquence étaient érigés en vertus. Ndiig était quasi certain que Seek et son maître se trompaient sur l’interprétation des textes qu’ils ressassaient nuit et jour. Dans son esprit, l’humanité aurait du mal à survivre si tous les ho

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents