La dernière pièce du puzzle
142 pages
Français

La dernière pièce du puzzle , livre ebook

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142 pages
Français

Description

S'il nous était donné de connaître l'avenir, pourrions-nous modifier le cours de notre vie ? Cette interrogation hante Pierre et Paul, les personnages de ce roman à suspense. Le premier enseigne la littérature fantastique à l'université, le second crée des jeux de société. Leur rencontre, dans un jardin exotique au Portugal, n'est peut-être pas le fruit du hasard...

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Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2011
Nombre de lectures 54
EAN13 9782296454477
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2011 5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-13949-7 EAN : 9782296139497
La dernière pièce du puzzle
Du même auteur
Essais
Federico Garcia Lorca : Images de feu, images de sang, Coll. Approches Littéraires, L’Harmattan 2006
Le Féminin dans l’art occidental, histoire d’une disparition, Coll Les Essais Éditions de la Différence 2007
Roman
Jonathan : Des steppes d’Ukraine aux portes de Jérusalem, Coll Roman Historique, L’Harmattan 2006
Claude Leibenson La dernière pièce du puzzle Roman
L’Harmattan
out a commencé à Sintra, dans les jardins du Palais de Tla Regaleira. Le Portugal était devenu pour moi une destination obligatoire après ma découverte de Pessoa. Un type qui s'appelait "personne" et qui s'était créé au moins quatre identités différentes, ça valait bien un détour ! À sa mort, on avait retrouvé des cahiers écrits par tous ses doubles. Quatre génies, quatre poètes enfermés dans une malle, c'était plus fort qu’Aladin avec sa lampe. J'avais décidé d'en parler à mes étudiants, à la rentrée prochaine mais pour cela il me fallait plonger dans un univers que je ne connaissais pas. Un voyage s'imposait. Pessoa. Je regardais sa photo, c'était sûrement un juif, avec son chapeau rond, sa petite moustache et cet air craintif et plein d'espoir qu'avaient tous ces émigrés dans les années 20. La religion ordonnait d'aimer tous les hommes mais elle en avait stigmatisé quelques-uns et massacré beaucoup d'autres. Pour ça aussi je ne pratiquais pas et je croyais plus en Freud qu'aux messies, ceux qui étaient déjà venus ou ceux qui ne devaient pas tarder à arriver. Pessoa m'avait donc conduit à Lisbonne où l'on me conseilla d'aller visiter les châteaux de Sintra, la côte ne présentant que peu d'intérêt. Je pris le chemin de ce village étrange hérissé de châteaux d'opérette et de parcs de légende. Sintra, « au clair de la lune et du rêve » dit le poète. C'est là que se nouèrent les fils de mon destin.
I
e rencontrai Paul dans le parc du château de la JRegaleira. Il dessinait, assis sur un banc de pierre à demi enfoui sous une végétation tropicale. Le soleil était au zénith et malgré l'ombre qu'apportaient les immenses arbres exotiques poussés au gré du vent, la chaleur était accablante. Interrompant mon ascension vers le puits de l'initiation, chef-d'œuvre de l'architecte Manini d'après les guides volumineux dont je m'étais encombré, je quittai le sentier et découvris un lieu ombragé dissimulé par un épais feuillage. C'était une petite place. Les rayons du soleil filtraient entre les branches, laissant tomber des gouttes de lumière sur les statues qui entouraient une fontaine de pierre. Le bruit continu de l'eau, sortant de la bouche grande ouverte d'un poisson de marbre, rythmait le silence. Une forte odeur sucrée émanait des fleurs sauvages dissimulées dans l'herbe sombre et pénétrait dans la gorge à chaque frémissement du vent. Cette végétation foisonnante, lumineuse semblait, à première vue, l’œuvre d’une nature puissante et désordonnée mais, à y mieux regarder, on sentait omniprésent, le savoir-faire des jardiniers. Je m'assis, étourdi par la violence de la lumière et l’intensité des senteurs acides et chargées de pollens. L'homme leva la tête et me regarda avec surprise, presque
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LA DERNIÈRE PIÈCE DU PUZZLE
avec effarement. Je venais peut-être de troubler son inspiration. Je le saluai, j’avais l’impression d’être entré par effraction, dans un domaine privé. Tout était silencieux. Il faisait de plus en plus chaud, je me sentais comme engourdi. Le soleil en fusion tentait de se frayer un chemin jusqu'au cœur des bosquets et formait maintenant un rideau illuminant d'un éclat d'or presque artificiel toute la nature. Le temps s'arrêtait lentement. Mon voisin se tourna vers moi et engagea la conversation. J'appris qu'il venait souvent à Sintra. Il avait pris l'habitude de rester dans ce jardin des après-midi entières. Lui aussi subissait le charme de Pessoa mais, s’il avait choisi ce lieu, précisément, c’était en raison des symboles qui s’y trouvaient et qu’il tentait de déchiffrer. « Je ne sais pas exactement ce que je cherche mais j’ai l’intuition que je vais découvrir des choses, ici » me dit-il. Je regardai ses croquis. Pourquoi remplaçait-il systématiquement les superbes courbes de ce château baroque hérissé de dentelles de pierre, ses colonnades de marbre rose et ses animaux fantastiques par des lignes géométriques ? Même les statues de femmes aux corps opulents étaient stylisées avec sobriété, je dirais même avec sévérité. – Je dessine des symboles qui doivent tenir dans un espace pas plus grand qu'une carte à jouer, m’expliqua-t-il. C'était assez mystérieux mais il ne m'en dit pas plus. La conversation s'arrêta.
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