La fable du deuxième sexe
189 pages
Français

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La fable du deuxième sexe , livre ebook

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189 pages
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Description

"Rien ne relève d'une "plume errante" : ni les thématiques qui ancrent la narration dans le terrain fertile de l'imaginaire, ni le profil des personnages et des environnements familiaux, ni le défilement des composantes des paysages et des éléments constitutifs d'usages locaux ou régionaux. Tout est construit, pesé, sous pesé. Et par-dessus tout, "inséré" (Jacques Herman)".

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2011
Nombre de lectures 121
EAN13 9782296806238
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Maquette de la couverture : Osama Khalil
Illustration : Maria Zaki
 
Roman
 
 
La fable du deuxième sexe
 
 
Maria Zaki
 
 
Préface de Jacques Herman
 
Le Scribe cosmopolite – Roman
Collection dirigée par Osama Khalil
 
 
 
 
©
Le Scribe l’Harmattan
ISBN : 978-2-296-54654-7
 
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
 
« Ecoute un beau récit. Toi tu penseras que c’est une fable , mais selon moi c’est un récit. Je te dirai comme une vérité ce que je vais te dire. »
 
Platon
Préface
 
 
« Que tu sois un garçon ou bien une fille, je t’aimerai toujours autant. »
Il faudra que le lecteur marque un temps d’arrêt devant ce propos et qu’il le considère à la fois comme un élément du discours direct dans un dialogue, comme une phrase de type déclaratif à percevoir au premier degré et comme la formulation verbale de la clé de lecture du roman que Maria Zaki consacre à cette métamorphose inattendue du personnage central de son roman, Adam.
Le prénom ne doit rien au hasard. D’ailleurs il ne se trouve pas la moindre ligne, pas le moindre mot, dans ce livre, qui relèverait d’un vagabondage de la pensée conduisant, in fine , à la mise en place d’une architecture romanesque ordinaire. Rien ne relève d’une « plume errante »: ni les thématiques qui ancrent la narration dans le terrain fertile de l’imaginaire, ni le profil des personnages et des environnements familiaux, ni le défilement des composantes des paysages et des éléments constitutifs d’usages locaux ou régionaux. Tout est construit, pesé, sous pesé. Et, par-dessus tout, « inséré ».
Car Maria Zaki maîtrise parfaitement l’art de l’insertion, dans ce roman-ci comme dans tout ce qu’elle a déjà publié à ce jour en vers et en prose. Son art de l’insertion est comme son empreinte digitale, son signe de reconnaissance. L’action, le décor, les messages porteurs d’espérance ou de douleur, le doux profil des hautes dunes des vérités éternelles qui relèvent de l’indicible et qui, par nature, échappent à l’analyse, aussi bien que les forts ancrages de la raison, l’univers contrasté des saisons de l’esprit : autant de marques qui lui sont propres, qu’elle insère dans le déroulement chronologique des faits et qui modulent les expressions de son message.
Comment échapperions-nous, dans l’approche de l’écriture de Maria Zaki, à l’un de ses aspects fondamentaux, essentiels, à savoir le cheminement du particulier vers le général et du régional vers l’universel ? Elle se faufile à l’aise, avec une souplesse féline, dans les forêts de symboles tout autant que dans les méandres du quotidien le plus banal. Mais dans l’une et l’autre situation, elle invite ses lecteurs à participer à un mouvement ascendant de l’esprit, vers des horizons que parfois l’on devine, qui parfois nous surprennent. L’œil de Maria Zaki se fait aussi photographique à certaines occasions : l’écrivain nous donne alors à voir les choses célestes à partir d’un simple fragment des choses terrestres et nous nous remémorons en la circonstance ces paroles de la Tabula Smaragdina d’Hermès Trismégiste : « ce qui est en bas est comme ce qui est en haut et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, pour accomplir les miracles d’une seule chose ».
La femme, dans ce roman, apparaît clairement comme un nombril discret. Elle surgit de la métamorphose d’Adam, sans la moindre intervention chirurgicale et sans la plus petite référence à l’humanité originelle. Elle sourd de la puissance de l’imaginaire qui devient le serviteur de la réalité tangible et palpable et qui sculpte le profil, toujours mouvant, de ces choses quotidiennes que l’auteur épingle pour mettre en évidence l’étonnante plasticité.
Donnez à Maria Zaki une poignée de sable de Merzouga, une poignée de terre de Tarouddant, un peu d’eau puisée au large d’Essaouira ou d’El Jadida, c’est suffisant pour qu’à travers l’élément local, elle vous amène aux questions universelles, aux interrogations essentielles. Et jamais elle n’impose un point de vue, ni par force, ni par ruse, ni par technique persuasive. Elle suggère, elle esquisse, elle trace des sillons (souvent plus profonds qu’on ne l’imagine quant au labour de l’âme) à l’aide du stylet qu’est parfois le vent qui passe et parfois la vague de l’océan. Et c’est au lecteur de suivre le cheminement de l’auteur et de mettre ou non ses pas dans les siens, toujours dans le respect de la plus absolue liberté de conscience.
Enfin, on me permettra sans doute d’ajouter encore à ces considérations, la mélodie du monde née de la plume de Maria Zaki. Elle nous donne effectivement à entendre une musique de fond dont le rôle, contrairement à ce que l’on pourrait croire, n’est pas anodin. Pas plus que des propos qui pourraient paraître anecdotiques et qui, de fait, ne le sont jamais : chaque énoncé porte toujours sa propre raison d’être; il s’inscrit dans une organisation très structurée de la pensée sans jamais en montrer l’ossature. Avec Maria Zaki, on est invité à deviner comme à réfléchir, certes, mais surtout à se laisser imprégner. Et, ce faisant, à rejeter toute soumission, de quelque nature qu’elle soit. En bref, dans ce roman comme dans toutes ses œuvres précédentes, elle nous invite à ce que l’on pourrait appeler une lecture par « imbibition ».
La musique de Maria Zaki nous est connue depuis longtemps : qu’on relise ses poèmes et aussitôt « voici défait le silence » . Preuve, s’il en était besoin, que le roman peut chanter doucement à l’oreille, semblablement à la poésie, et que tous les genres littéraires, finalement, recèlent dans leur fécondité des portées musicales et des notes communes.
 
Jacques Herman
Président de l’Association Vaudoise des Écrivains
Vice-président du PEN Club de Suisse romande
L a plage était déserte en ce mois de mars. On ne voyait que les vagues se briser au loin en écume sur les rochers. Le vent agitait le paysage alentour d’une manière irrégulière, tantôt forte, tantôt faible, comme pour le sortir de sa torpeur provoquée par le crépuscule. Adam regardait les rayons vermeils du soleil qui descendaient de plus en plus à l’horizon quand son regard fut attiré par des traces de pas sur le sable. Une vingtaine d’empreintes de pieds très visibles que l’on pouvait attribuer à un adulte. Les pas commençaient quelques mètres plus haut, puis continuaient curieusement jusqu’à la mer.
Tout à coup, le jeune homme vit entre deux traces de pas, un foulard de soie rose et blanc que le sable recouvrait à moitié. Il s’en saisit sans réfléchir et le secoua énergiquement pour le débarrasser des derniers grains de sable qui demeurèrent accrochés à lui. Ce mouvement provoqua l’effusion d’un parfum suave qu’Adam apprécia tout de suite. Il porta le foulard à ses narines pour mieux l’humer, puis le cacha soigneusement dans la poche de sa veste et rentra chez lui.
Adam était un jeune homme de quinze ans qui, comme tous les habitants de la ville d’El Jadida de son âge, menait une vie ordinaire entre le lycée et la famille. Celle-ci se composait de ses parents, Tibari et Loubna, et de sa petite sœur, Leïla. Tibari était avocat et Loubna, une employée des télécommunications.
Ce jeune homme aimait beaucoup l’océan et savourait tous les sports et plaisirs qui s’y rattachaient.
Sa mère lui conseillait, cependant, de ne pas trop s’attarder en mer après le coucher du soleil. Elle connaissait un bon nombre de vieux contes populaires passés de bouche à oreille à travers des générations de conteurs, où des monstres effrayants, des créatures de l’invisible, douées de force surnaturelle, peuplaient l’océan. Elle-même disait qu’elle n’y croyait pas mais qu’il valait mieux être prudent.
De son côté Adam trouvait que le roulis des vagues et le bruit rythmique qu’elles faisaient pouvait donner l’impression que l’océan respirait, mais dès l’âge

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