La goutte de trop
274 pages
Français

La goutte de trop , livre ebook

-

274 pages
Français

Description

Selbiaf vit avec sa famille à l'abri d'une bicoque en bois de mauvaise qualité, dans une des vallées surpeuplées et insalubres de la capitale. Père aimant, il subit le joug de sa femme, tourmentée par un désir incompréhensible d'amasser de l'argent pour en arroser ses frères. Jusqu'où iront la sensibilité et la détermination de Justeline, leur fille aînée, tandis que se révèle au fil des pages la profonde faiblesse de son père ? Le lecteur plonge dans une misère que n'atténue pas le semblant de fierté qu'affiche le peuple de la vallée.


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Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 juillet 2015
Nombre de lectures 8
EAN13 9782336386751
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Gatchou NJAMENLa goutte de trop
Les mésaventures de Selbiaf
Ancien cadre dans une huilerie, Selbiaf et sa famille vivent
abrités sous une sorte de bicoque construite en bois de La goutte de trop
mauvaise qualité et enduite de boue sablonneuse, dans
une des multiples vallées surpeuplées et insalubres de la
capitale. Il subit le joug de sa femme, un être tourmenté Les mésaventures de Selbiaf
par un désir incompréhensible d’amasser de l’argent pour
en arroser ses frères. Père aimant, ses enfants sont pour
lui le centre de ses intérêts. Justeline, sa première fi lle, est
une personne sensible et extraordinairement déterminée.
L’auteur fait d’elle la meurtrière indirecte de son père, dont
la profonde faiblesse se révèle au fi l du roman.
Dès les premières pages, le lecteur est plongé dans
une misère que n’atténuent ni la proximité des grands
immeubles, ni le semblant de fi erté qu’affi che le peuple de
la vallée comme réponse à la pauvreté omniprésente.
Gatchou NJAMEN est un homme d’aff aires
camerounais, né en juin 1975 à Bangangté, descendant de la
lignée noble des Tanyatad. Il se passionne de
littérature depuis ses premières années de lycée et n’arrêtera
plus, malgré ses occupations diverses dans le cadre de
l’activité économique qu’ il mène au quotidien pour joindre les deux
bouts. Ce roman est le tout premier d’une série qu’il compte publier
progressivement.
Illustration de couverture de l’auteur :
un habitat urbain, 2015.
27 € Lettres camerounaises
ISBN : 978-2-343-06722-3
H-CAMEROUN_S_LETTRES-CAMEROUNAISES_PF_NJAMEN_LA-GOUTTE-DE-TROP-OK.indd 1 04/06/15 17:47
Gatchou NJAMEN
La goutte de trop





La goutte de trop


Lettres camerounaises
Collection dirigée par Gérard-Marie Messina


La collection Lettres camerounaises présente l’avantage du
positionnement international d’une parole autochtone
camerounaise miraculeusement entendue de tous, par le moyen
d’un dialogue dynamique entre la culture regardante – celle du
Nord – et la culture regardée – celle du Sud, qui devient de plus en
plus regardante.
Pour une meilleure perception et une gestion plus efficace des
richesses culturelles du terroir véhiculées dans un rendu littéraire
propre, la collection Lettres camerounaises s’intéresse
particulièrement à tout ce qui relève des œuvres de l’esprit en
matière de littérature. Il s’agit de la fiction littéraire dans ses
multiples formes : poésie, roman, théâtre, nouvelles, etc. Parce que
la littérature se veut le reflet de l’identité des peuples, elle alimente
la conception de la vision stratégique.


Déjà parus

Robert-Marie JOHLIO y Pedro VIÑUALES, El Esqueleto de un
Gigante, 2015.
Paul Emmanuel BASSAMA OUM, Un homme et ses deux femmes,
2015.
P. K. NKAMANYANG Lola, Rustles on Naked Trees, 2015.
André MVESSO, Lucie ou le retour au pays, 2015.
Paul Vincent NLEPE MBAMA, Le fils de Hanna Ngale, 2015.
Jeanne-Louise DJANGA, Fantasia. Bienvenue à Paris, France,
Europe, 2015.
Lacatus ELAT, Interprétations poétiques et philosophiques. Une
poésie qui parcourt la vie, 2015.
Joseph SOP, L’amour est un pseudopode, 2015.
André-Pascal LIKWAÏ, La colline en larmes, 2015.
André BION, Les enfants d’aujourd’hui, 2015.
Golimé MARKUS, Le coup de ma fustibale, 2015.
ÉPINGLÉ, Les faces du monde, 2015.
Gatchou NJAMEN



La goutte de trop
Les mésaventures de Selbiaf






















































© L’Harmattan, 2015
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-343-06722-3
EAN : 9782343067223
Les rues
Deux années déjà depuis la fin brutale de Selbiaf. Un pauvre
diable mort sans avoir vraiment combattu, simplement convaincu
qu’il n’y avait rien à combattre, mort comme une vermine qu’on
écrase sous les pieds, mais sous des roues désolées, mort à cause d’un
nid-de-poule en création dans le bitume et à un tournant, mort en
traversant une rue singulièrement étroite, une parmi les innombrables
rues et routes de sous-développés qui détruisent des vies avec une
froideur et une rapidité innommables, à cause, parfois, des petits
trous sur la chaussée que l’érosion et les pneus transforment
dangereusement en crevasses, les rendant encore plus aveugles et
sourdes devant la désolation et la mort, encore plus assoiffées de
sang, de vie, comme d’un carburant qui, en millions de litres
seulement, pourrait alors enclencher la machine à pitié, les émouvoir,
les calmer pour qu’alors, la mort violente des milliers de leurs
victimes n’apparaisse plus si habituelle, si transparente et si inutile.
Pourtant rien n’a changé. La rue qui un jour ôta la vie à Selbiaf est
toujours la même, à peine plus large que deux petites voitures en
dépassement. Son côté gauche, comme on vient de la vallée
marécageuse, est bordé d’une haute barrière de béton bien crépie.
Cette barrière entoure le CRB, un centre de recherche sur le bois.
Une rangée de sapins symétriquement distribués sur une pelouse
étroite, mais bien entretenue accompagne le mur et la rue dans une
douce ascension. Seul un grand immeuble s’impose, tel un mirador
gigantesque, au vaste domaine du CRB comme une victoire sur ces
arracheurs de bon terrain que sont ces groupuscules d’Occidentaux
pré et postcoloniaux qui, avec les « missionnaires », capitalistes
jusqu’à la moelle des os, sont les propriétaires terriens dont les
terrains, les plus grands et les mieux placés, sont acquis au prix de
rien, aux noms sacrés de Joseph-Marie-Jésus, Marie-Jésus-Joseph…
Seul un grand immeuble, disais-je, vient rompre l’harmonie de ce bel
alignement d’arbustes. Il est à la fois vaste, haut et moderne
d’architecture. Hissé sur de larges poteaux de béton rappelant les
constructions dans certaines régions marécageuses, avec des pilotis, il
s’enfonce dans l’enceinte du CRB, mais n’en fait pas partie. Le soleil
fait briller ses murs en partie recouverts de céramique polie.
5 L’utilisation régulière du verre en rajoute à la beauté de cette
construction à travers de grandes baies vitrées qui se peignent aux
couleurs du ciel qu’elles reflètent inlassablement. Entre les gros
poteaux de fondation se trouve un parking toujours décoré de belles
voitures. Dans un angle de l’immeuble au premier étage, une
imposante croix lumineuse à rayures vertes clignote avec une brutalité
réglée ; elle attire l’attention du plus distrait même, et informe tout le
monde de la présence à cet endroit d’une pharmacie. En bas, un
ouvrage d’un peu moins du mètre de haut est implanté à quelque
distance seulement des fondations de l’immeuble. Il est peint de
couleurs fluo rouges et blanches. Il n’est pas là pour la parade.
Encore que, bien qu’étant beau dans son genre, il n’est nullement
assorti aux belles couleurs du bâtiment. Par son côté violent, il rompt
net avec le paisible de la construction, car ce bâtiment est situé juste à
un tournant, à l’endroit même où un important nid-de-poule se
développe au centre de la rue. Après cette crevasse en herbe, lorsque
l’on vient des bas-fonds, la rue entame une courbe soudaine à droite
tout en grimpant courageusement vers le sommet. La présence de
cette solide barrière bicolore y est nécessaire, car une voiture qui
viendrait à manquer son virage échouerait, en l’absence de cette
protection, dans les entrailles de l’immeuble. Or, cette rue est le
théâtre permanent de la vitesse des automobilistes. Les voitures n’y
ralentissent que si elles doivent disparaître sous ce grand immeuble ou
so

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