La Marche Turque
186 pages
Français

La Marche Turque , livre ebook

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186 pages
Français

Description

Ce roman est une plongée dans l'univers des musiciens, avec leurs rêves, leurs angoisses, leurs succès ou leurs échecs. Pourquoi, comment peut-on décider à 18 ans de consacrer sa vie à la musique ? Voyage dans la musique, mais aussi dans le temps. Des années 70 à aujourd'hui, que reste-t-il de l'indispensable rêve adolescent ?

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Informations

Publié par
Date de parution 02 janvier 2014
Nombre de lectures 24
EAN13 9782336334264
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Elle devient ainsi la conIdente de quatre musiciens de milieux sociaux très différents dont les destins, du bal populaire aux festivals
Lola a les pieds sur terre, et ces grands enfants trouvent auprès
cohérence à leurs vies chaotiques.
leurs rêves, leurs angoisses, leurs succès ou leurs échecs. Pourquoi, comment peut-on décider à 18 ans de consacrer sa vie à la musique ? Voyage dans la musique, mais aussi dans le temps. Des années 70 à aujourd’hui, que reste-t-il de l’indispensable rêve adolescent ?
Jean Tricot
La Marche Turque
Roman
La Marche Turque
Jean Tricot La Marche Turque Roman
Du même auteur :
LA MUSIQUE À MAINS NUES SCEREN (CRDP – Académie de Montpellier) © L’HARMATTAN, 2013 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-02420-2 EAN : 9782343024202
PREMIÈRE PARTIE 1 - Lola J’adore écrire, c’est peut-être ce qui m’a poussée à accepter ce poste de nuit. On entend souvent des écrivains invités dans les émissions littéraires déclarer qu'ils préfèrent travailler la nuit, pendant toutes ces heures où on est absolument seul, tranquille, en prise directe avec les fantômes, les rêves, les souvenirs, les envies secrètes. Moi je ne suis qu’une infirmière puéricultrice, pas vraiment seule à l’hôpital, on me dérange souvent, mais je peux grappiller quelques heures entre deux soins, entre deux cauchemars des enfants. Je ne dois pas dormir, alors le meilleur moyen de me tenir éveillée, c’est d’écrire. N’importe quoi, j’en ai de pleins cahiers, poèmes, nouvelles, observations sur ma vie et sur mon travail, portraits d’enfants que je regarde se battre contre la maladie, de collègues empêtrés dans leurs contradictions, leurs bavardages syndicaux, leur générosité suicidaire. Mais depuis que j’ai rencontré Jean et ses trois amis musiciens, j’écris surtout pour essayer de comprendre ce microcosme tellement nouveau pour moi. C’était au vernissage de l’exposition de mon amie Chantal, que j’avais connue au temps où j’étais avec elle aux beaux-arts. L’affiche sur papier kraft annonçait “Collages et Bricolages“ : vieilles affiches publicitaires découpées et assemblées à contre sens, morceaux de bois trouvés sur la plage, bouts de chiffons multicolores, terre cuite, poussière et métal rouillé. J’aimais beaucoup cette ambiance postmoderne, tellement chaleureuse, chargée de temps passé, et éloignée du chic techno et de l’obsolescence programmée. J’en parlais avec Chantal qui m’a présenté Jean, son cousin, a-t-elle précisé. Il était visiblement venu là pour lui faire plaisir, hermétique aux
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arts plastiques en général et aux créations de sa cousine en particulier, il n’a même pas fait l’effort de s’intéresser à notre bavardage enjoué sur l’esthétique de la mémoire des objets et m’a aussitôt parlé de musique, me révélant qu’il était pianiste, comme il aurait dit je suis le frère du pape ou le fils du président, persuadé que ça allait me passionner et me séduire, me proposant de nous revoir dès le lendemain pour me présenter des musiciens - des types très intéressants, affirmait-il - avec qui il allait bientôt jouer. J’ai toujours été curieuse et, dans la mesure du possible, disponible. Cet angelot élégant m’intriguait, et son odeur de propre m’attirait déjà, je suis donc venue à l’heure de l’apéritif, place de l’horloge, où il m’attendait avec trois jeunes hommes qui n’étaient pas encore ses amis, ni les miens. C’est lui qui m’a fait remarquer que leurs prénoms étaient ceux des quatre évangélistes. Il y voit un signe. Foutaises, ça ne me fait ni chaud ni froid, j’aurais été plus impressionnée s’ils avaient porté les noms des Trois Mousquetaires, mais ça a l’air important pour lui, Dieu faisait partie de sa famille, semble-t-il ! J’écris aussi pour essayer de trouver un sens à ce qui m’arrive : quatre hommes tournent désormais autour de moi qui ne suis pas d’une beauté remarquable, tout juste agréable à regarder, mais surtout, d’après eux, facile à vivre, car je ne suis pas trop compliquée... C’est que je n’exhibe pas mes états d’âme, je présente au monde un visage apaisant. Et je sais bien, moi, pourquoi je les intéresse : c’est que je les écoute avec un réel plaisir, j’écoute leur musique, et surtout leurs histoires, leurs questions, leur avalanche de mots, il semble que je les rends bavards. Luc, le plus fragile, Luc l’écorché s’est mis peu à peu à me raconter sa vie, au fil de nos rencontres. Il recherchait,
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provoquait ces moments en tête à tête avec moi, me croisant comme par hasard dans la rue et m’invitant à boire un café, mais il n’a jamais essayé de me séduire, comme s’il ne voyait pas la femme en moi. Je ne suis pas son genre ? Ou bien pense-t-il que c’est lui qui n’est pas mon genre ? Je suis donc devenu son confesseur, et sa plume. Marc, lui, s’obstine à me draguer : laborieusement, lourdement. Je lui ai pourtant clairement dit qu’il ne me plaisait pas, mais il croit m’impressionner en me racontant lui aussi ses aventures de musicien, sa méthodique ascension dans le métier, comme il dit, alors que c’est justement son ambition et son opportunisme qui me dérangent. Quant à Mathieu et Jean… Mathieu avait enfin arrêté de jouer dans des orchestres de bal. Il avait monté un groupe de musique entre jazz et rock, il jouait ses propres compositions, j’entendais dire que c’était très original, d’un bon niveau musical, mais qu’il manquait quelque chose… Je sais bien ce qui manquait, moi, c’est le sourire ! Un soir, je n’étais pas de garde et j’ai réussi à aller les écouter. Ils passaient en première partie de John Scofield, l’idole de tous les guitaristes. Bien sûr, le public n’était pas là pour eux. Bien sûr, les techniciens et les organisateurs étaient aux petits soins de Scofield, et le concert du groupe de Mathieu s’est déroulé dans une indifférence à peine polie, même si j’estime qu’ils ont très bien joué. À la sortie, je l’ai retrouvé dans le hall bruissant des conversations des mélomanes, il était seul, avec l’air d’un chien perdu. On se connaissait par l’intermédiaire de Jean avec qui j’entretenais une relation agréable, suffisamment aérée : on était venus ensemble au concert, mais à cet instant il parlait avec d’autres musiciens. J’ai suivi mon impulsion sans hésiter quand j’ai vu Mathieu arborer sa tête de martyr : je ne lui ai pas laissé le temps de se lamenter sur
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