La résistance pacifique
220 pages
Français

La résistance pacifique , livre ebook

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220 pages
Français

Description

Le récit se déroule dans un pays biracial et multiculturel dénommé Harfusowo, une contrée qui ressemble fort à la Mauritanie, la patrie de l'auteur. Cinq ethnies, partageant quatre langues, en plus du français, cohabitent difficilement dans un territoire pourtant très spacieux. Des leaders d'une nouvelle génération ne reculent devant rien pour vaincre l'esclavage et le racisme d'Etat. Mais ceux qui gouvernent le Harfusowo sauront-ils écouter la grogne d'une majorité longtemps restée silencieuse ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 mai 2017
Nombre de lectures 14
EAN13 9782140037511
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La résistance paciIque
Mamadou Kalidou BA
La résistance paciIque
La résistance paciIque
Roman
Ecrire l’Afrique Ecrire l’Afrique
La résistance pacifique
Écrire l’Afrique Collection dirigée par Denis Pryen Romans, récits, témoignages littéraires et sociologiques, cette collection reflète les multiples aspects du quotidien des Africains.Dernières parutions Boubacar Hama BEÏDI,Le bruissement des souvenirs. Récit d’un instituteur nigérien, 2017. Patrick Serge BOUTSINDI,Les amants de Bar-le-Duc, 2017. Paule FIOUX,Foudres d’Afrique. Les impostures d’une révolution, 2017. Guikou BILET ZAFLA,Un enfant du village, nouvelles, 2016. Gaston M’BEMBA NDOUMBA,Escale à Brazzaville, 2016. Moussa CISSE,Tombouctou à tout prix. Récit d’une passion pour le Mali, 2016. Joachim OLINGA,Les métis de ma mondialisation, 2016. Gaston M’BEMBA NDOUMBA,Escale à Brazzaville, 2016. Mamadou DANTÉ,Moi, l’étranger… Le Mali en mémoire, 2016. Aimé NOUTCHÉ,La route de l’exil, La veste du demandeur d’asile, 2016. Prosper GUBARIKA WA MUDI-WAMBA VANELLA,Péril en la demeure, 2016. Michel Dieudonné VOHITO,Polokamba. Hippopotame et esprit sur l’Oubangui, 2016. Alfred Diban KI,L’œil ouvert. Nouvelles, 2016.Aichetou CAMARA,Au-delà des frontières, 2016.Adrien POUSSOU,Black bizarre, 2016.Jeanne de Chantal WODOBODÉ,? 50 ans après Où est le pont l’indépendance, 2016.Alphonse ONGAGOU-DATCHOU,L’oraison silencieuse, 2016.Stéphane SCRIVE,Quand le Niger marchait au pas…, 2016. Judicaël-Ulrich BOUKANGA SERPENDE,Dunia, 2016. Marilaure GARCIA-MAHE,Dignes, libres et puissantes, 2016. Jean-Yves EPAILLY, Bangui, Fauves, amour et chirurgie, 2016. Kouadio Koffi Richard KARA,Koléma, Itinéraire d’une femme de l’Afrique à L’Europe, 2016
Mamadou Kalidou BA La résistance pacifique Roman
© L’Harmattan, 2017 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-11711-9 EAN : 9782343117119
A mon père BA Kalidou Abdoulaye qui m’a appris le sens du principe et à assumer…
Chapitre I Gayel ! Qu’attends-tu encore pour allumer les lampes et fermer les poulaillers ? Il faut qu’on te le répète tous les jours ! Si c’est à cause de ce ballon, je finirai par te le confisquer, ajouta la mère du garçon qui venait de terminer sa prière du crépuscule. Gayel, « petit taureau », en langue fu, est le diminutif de « Ngaari », qui signifie Taureau. Etait surnommé ainsi, un homme dont on voudrait vanter l’ardeur et le courage. Mais la mère du garçon savait mettre dans sa tonalité une telle dose d’affection que le substantif en perdait toute sa connotation. De sa voix se dégageait, tantôt une douceur caressante, tantôt une autorité qui ne manquait jamais de rappeler à l’ordre. Boly Tall était en effet une de ces mères qui, si elles savaient couver, supplier leur enfant en le couvrant de cadeaux pour l’encourager, pouvaient aussi se montrer impératives voire sévères pour le ramener à la raison. Le garçon d’une douzaine d’années, abandonna la balle qu’il jonglait depuis son retour de l’école pour s’exécuter ! Il y avait dans la maison trois lampes à pétrole dont l’entretien lui était dévolu. Il lui fallait, tous les jours, ou tous les deux jours, en extraire les verres, les essuyer avec un morceau de chiffon mouillé avant de vérifier que la quantité de pétrole contenue dans le réservoir et la mèche susceptible de brûler petit à petit à travers le remontoir sont suffisantes pour éclairer une bonne partie de la nuit. Aussi l’enfant éprouvait-il une réelle fierté lorsque ses frères aînés, déjà au collège ou au lycée, faisaient appel à lui pour « réparer » une lampe qui venait de s’éteindre après d’interminables et menaçants ‘bof-bof’ Ils s’écriaient alors à son intention : ! Viens donc nous examiner notrede lampe  Technicien Eclaireuse !
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Le garçon franchissait d’un trait la courte distance qui le séparait de ses frères dont la chambre se situait à l’entrée de la maison. Il se saisissait de la lampe, faisait extraire le verre avant de l’essuyer en même temps que les alentours du bout de la mèche sortant par le tuyau du remontoir. Parfois, deux ou trois claques données sur la tête de la lampe suffisaient à arrêter les ‘bof-bof’, conséquence d’un trop grand échauffement intérieur. Alors tous l’acclamaient en applaudissant. Pour le remercier, ils feignaient tous d’être impressionnés par une telle « ingéniosité » ! Gayel Bâ allait à l’école, comme beaucoup de ses petits camarades. Les portes de l’école élémentaire étaient ouvertes cinq jours sur sept, les mardis et les vendredis étant des jours fériés. Aussi c’était toujours avec anxiété que le jeune écolier se rappelait qu’il était un samedi. s’écriait-il, trois jours successifs à supporter  Oh, ; trois jours au cours desquels il faut, matin et soir, se rendre à l’école… Le garçon préférait de loin se retrouver un mercredi, car de ce jour, il n’avait qu’un autre jour à affronter pour enfin jouir de sa liberté le vendredi. LIBERTE était, il est vrai, un mot que Gayel ne pourra appréhender à sa juste valeur que bien des années plus tard ! Ce n’était pourtant pas qu’il détestât l’école – quoi que ce lieu lui apparaisse comme un endroit où sa liberté est presque constamment étouffée – loin de là ! Il n’envisageait presque jamais de s’absenter, même pas en feignant d’être malade. Ses parents avaient réussi à lui inculquer l’idée selon laquelle, pendant les neuf mois que dure l’année scolaire, la vie d’un jeune garçon comme lui, doit se résumer essentiellement à la fréquentation de l’école. Seulement, il adorait, plus que tout, les moments de retrouvailles avec ses amis du même âge. Ceux avec lesquels il formait le « fédé » ou groupe d’âge.
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Le matin du vendredi, son père leur confiait, ses frères aînés et lui, quelques petits travaux du genre balayer sous les moutons et les ânes avant d’aller verser les crottins dans le jardin où ils devaient contribuer à enrichir cette portion de terre utilisée pour des cultures maraîchères. Il leur était aussi souvent demandé de laver le grand bélier tout blanc aux mystérieuses vertus protectrices. Mais ce sont là des corvées qui se terminaient très tôt. Vers dix heures, Gayel était déjà libre. Pendant que ses frères se retiraient dans leur chambre pour siroter leur thé à la menthe toujours accompagné du pain chaud dont raffolent les jeunes gens de Séby, le garçon filait tout droit chez son père Thiérno (en Afrique noire en général et chez les Fu en particulier, les frères du père sont vos pères au même titre que votre père biologique) où il devait retrouver son intime ami et frère Demba, le troisième garçon de Thiérno. Gayel et Demba ont beaucoup de choses en commun. En effet, en plus d’être des cousins, les deux enfants étaient unis par un très fort lien d’amitié. Ils étaient surnommés les Inséparables. Il arrivait – c’était très souvent le cas – que Gayel trouvât que ses cousins n’avaient pas encore fini le travail qui leur avait été confié par l’oncle Thiérno, alors il se joignait à eux afin d’abattre ces interminables tâches qui les empêchaient de vaquer à leurs jeux préférés. Si ces travaux pouvaient être faciles à exécuter (balayer sous la jument), ils pouvaient aussi s’avérer particulièrement exténuants : battre les épis de mil, crépir les bâtiments en banco…  Demba ! Détachez la jument et allez l’abreuver. C’était l’oncle Thiérno qui s’adressait ainsi aux deux amis. Sans s’en rendre compte, le marabout venait de mettre fin à une bien longue attente. Depuis des heures, les oreilles tendues de Gayel n’attendaient que cette injonction. Il aimait beaucoup monter à cheval, ce en dépit de ses nombreuses chutes, car s’il faut bien l’avouer, le jeune garçon n’a jamais été,
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