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Description
Sujets
Informations
Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 01 novembre 2010 |
Nombre de lectures | 155 |
EAN13 | 9782296711457 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
La route de Qâhira
ou l’exilé du Caire
Roman historique
Collection dirigée par Maguy Albet
Dernières parutions
Didier MIREUR, Le chant d'un départ , 2010.
Ambroise LIARD, Dans l'ombre du conquérant , 2010.
Marielle CHEVALLIER, Dans les pas de Zheng He , 2010.
Tristan CHALON, Le Mage, 2010.
Alain COUTURIER, Le manuscrit de Humboldt , 2010.
Jean DE BOISSEL, Les écrivains russes dans la tourmente des années 1880 , 2010.
Dominique PIERSON, Sargon. La chair et le sang , 2010.
René LENOIR, Orages désirés , 2010.
Philippe CASASSUS, Philippe, le roi amoureux , 2010.
Jean-Claude FAUVEAU, Joséphine, l’impératrice créole , 2009.
Roger BOUCHAUD, L’homme du Sahel , 2009.
Tristan CHALON, L’homme-oiseau de l’île de Pâques , 2009.
Danièle ROTH, Marie Roland, Sophie Grandchamp : deux femmes sous la Révolution , 2009.
Luce STIERS, En route vers le Nouveau Monde. Histoire d’une colonie à New York au 17° siècle , 2009.
Michel FRANÇOIS-THIVIND, Agnès de France. Impératrice de Constantinople , 2009.
Petru ANTONI, Corse : de la Pax Romana à Pascal Paoli , 2009.
Christophe CHABBERT, La Belle Clotilde. Le crime du comte de Montlédier , 2009.
Michèle CAZANOVE, La Geste noire I, La Chanson de Dendera , 2009.
Tristan CHALON, Sous le regard d’Amon-Rê , 2009.
Yves CREHALET, L’Inconnu de Tian’Anmen , 2009.
Jean-Eudes HASDENTEUFEL, Chercheur d’or en Patagonie , 2009.
Jacques JAUBERT, Moi, Caroline, « marraine » de Musset , 2009.
Alexandre PAILLARD, La Diomédée , 2009.
Bernard JOUVE, La Dame du Mont-Liban , 2009.
Bernard BACHELOT, Raison d’État , 2009.
Marie-Hélène COTONI, Les Marionnettes de Sans-Souci , 2009.
Aloïs de SAINT-SAUVEUR, Philibert Vitry. Un bandit bressan au XVIIIe siècle , 2009.
Tristan CHALON, Une esclave songhaï ou Gao, l’empire perdu , 2009.
OLOSUNTA, Le bataillon maudit , 2009.
Jean-Noël AZE, Cœur de chouan , 2008.
J EAN- C LAUDE VALANTIN
La route de Qâhira
ou l’exilé du Caire
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-13326-6
EAN : 9782296133266
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
À la mémoire de Marie-Louise et
de Charles
Je remercie Magol, mon épouse, pour son soutien constant
et son aide précieuse
Ainsi que Madame Azza HEIKAL
Chapitre I
La fête de l'été
C'était la vigile de Saint-Jean-Baptiste. La ville était en liesse. De nombreuses corporations fêtaient leur saint patron. Elles rivalisaient d'apparat. Des ruelles étroites déferlait en bandes bruyantes une jeunesse chantant on ne savait quelle joie. Tous se dirigeaient vers la place de Grève. Là se dressait une immense croix de pierre posée sur un piédestal à degrés.
Entre Seine et Croix, un bûcher de fagots était installé, perpétuant de très anciennes coutumes. À son sommet accroché à une perche, un sac s'agitait de sinistre manière : deux douzaines de chats et un renard sacrifiés à l'été nouveau hurlaient leur effroi.
Et le feu fut bientôt allumé, selon la coutume, par le roi Charles lui-même, septième du nom, faisant ainsi danser les ombres en multitude de la foule assemblée.
La population, bourgeois et mendiants, riches et pauvres, louait saint Jean à la manière païenne. Mille cris, mille danses dans la nuit naissante, sur cette place des supplices, lavée en un soir de tout ce sang répandu pendant l'année. Le sang des condamnés, comme autant de sacrifices.
Quand la nuit eut enfin vaincu les derniers fêtards, lorsque les feux saluant la naissance de l'été ne furent plus que tas de braises, sur le chemin qui me conduisait à mon logis, je rencontrai une forme humaine immobile, regardant le ciel, près de la rive du fleuve.
En me rapprochant, je vis un homme étrange dont le visage était médiocrement éclairé par les reflets de la lune dans l'eau. Il regardait le ciel, indifférent à ce qui l'entourait, comme obsédé par le ballet des astres.
Je lui lançai :
— Eh compère, cherches-tu une nef pour monter là-haut ?
— Ce n'est pas la peine, j'ai une barque amarrée sur la rive. Je ne suis pas pressé.
« Tiens, me dis-je, voilà un homme d'esprit. » Il se retourna vers moi et me dévisagea. Ce qui me frappa d'abord, ce fut sa longue chevelure noire et bouclée. Nous autres escholiers avions à peu près tous le chef taillé à l'écuelle. Et puis, dans la pénombre, on devinait un teint cuivré, buriné par on ne savait quel soleil. De ses oreilles pendaient des anneaux d'argent de petite taille. Il portait le pourpoint à larges rayures des Bohémiens. Ses mains s'accrochaient à une ceinture serrée sur sa taille. Quel âge pouvait avoir ce diable d'homme ?
Tous les Bohémiens inquiétaient un peu, après qu'ils eurent beaucoup intrigué : il y a quelques années, une bande d'une centaine d'hommes et de femmes venant de la basse Égypte fut logée à la chapelle Saint-Denis.
Les hommes très noirs, les cheveux crépus ; les femmes, des dessins inscrits dans la chair de leur visage. Les enfants qui les accompagnaient rivalisaient d'habileté. Ils jonglaient.
C'étaient des créatures qu'on n'avait jamais vues, curieusement vêtues de vieilles robes drapées, liées d'une corde à l'épaule, recouvertes souvent d'une simple chemise. Des sorcières qui lisaient l'avenir dans les mains comme dans un livre ouvert les accompagnaient.
Aussi, lorsque la nouvelle se répandit, jamais on ne vit plus de monde à la bénédiction de la foire du Lendit en la chapelle Saint-Denis. C'était pour voir les Bohémiens qui séjournaient là-bas.
Monseigneur l'archevêque de Paris en fut informé. Il se rendit sur place, avec un frère mineur du nom de « Petit Jacobin » auquel il commanda de prêcher les dogmes de notre Église. L'évêque en vint à excommunier les imprudents qui avaient montré leurs mains, puis chassa les Bohémiens et les envoya en pèlerinage expiatoire à Notre-Dame de Pontoise. Plus tard, certains de ces Bohémiens, qu'on appelait aussi les Égyptiens, se risquèrent à reparaître à Paris.
L'excitation de la fête, et peut-être aussi la cervoise qui avait coulé abondamment, m’aidèrent à vaincre mes craintes.
— Je hasardai une nouvelle question pour bavarder.
— Viens-tu de la petite Égypte ?
Il ne répondit pas. Il avait recommencé à scruter le ciel.
— Es-tu un Bohémien ? risquai-je, enhardi par son silence.
Il me dévisagea à nouveau puis commença à s'éloigner. Après avoir avancé de quelques pas, il tourna la tête. Sans me regarder, il me lança :
— Je suis de l'Égypte vraie
— Où vas-tu, Bohémien ? lui criai-je.
— Que me veux-tu ?
Il était las. Je l'ennuyais sans doute. Je lui ai quand même dit :
— Je louerai ton nom si tu me parles de ton pays.
Il poursuivit son chemin.
— Si tu veux me voir, viens au cimetière des Innocents, tu demanderas Tahir le Sarrasin.
Ce diable d'homme m'intriguait, et le fait qu'il vînt d'un pays lointain n'expliquait pas tout. Une sérénité habitait son esprit et son corps. Il donnait l'impression de vivre ailleurs. Nous prêtions alors grande attention aux mystères et quelques mauvais bougres en profitaient pour abuser le pauvre peuple crédule, par divers maléfices et divinations.
Aussi, je m'interrogeais sur ce qui pouvait causer la curieuse impression que m'avait laissée le Sarrasin.
Il me fallait apprivoiser cette ombre de la nuit, cet homme qui aurait pu être mon père, alors que, tel un oiseau de proie, il allait me dévorer et bousculer mon existence.
Je me dirigeai à mon tour vers mon lieu de repos et retrouvai deux de mes compagnons d'université, un temps abandonnés, qui gravissaient les pentes d