La vie, ça commence demain
248 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

La vie, ça commence demain , livre ebook

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248 pages
Français

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Description

Après avoir été quittée par son amant, Elsa Dune, psychanalyste, est confrontée à son passé de militante d'extrême-gauche. Ces épreuves cumulées vont pourtant lui permettre d'entrer en contact avec un passé encore plus ancien. A l'image de la vie, ou d'une psychanalyse, les allers-retours entre présent et passé vont lui permettre de se dégager de ce qui l'habitait, sans qu'elle le sache...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2014
Nombre de lectures 24
EAN13 9782336339467
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Copyright





















© L’Harmattan, 2014
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr

harmattan1@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-68957-9
Écritures
Collection fondée par Maguy Albet


Pain (Laurence), Elsa meurt , 2014.
Cavaillès (Robert), Orgue et clairon , 2014.
Lazard (Bernadette), Itinérantes , 2013.
Dulot (Alain), L’accident , 2013.
Trekker (Annemarie), Un père cerf-volant , 2013.
Fourquet (Michèle), L’écharpe verte , 2013.
Rouet (Alain), Le violon de Chiara , 2013.
Zaba (Alexandra), Rive Rouge , 2013.
Boly (Vincent), Crime, murder et delitto , 2013.
Hardouin (Nicole), Les semelles rouges , 2013.
Lherbier (Philippe), Ourida , 2013.
Aguessy (Dominique), Les raisins de la mer , 2013.
Pommier (Pierre), Au bout de l’été , 2013.
Oling (Sylviane Sarah), Tes absents tu nommeras , 2013.
Leroy-Caire (Marjorie), Le marché aux innocents, 2013.
* * *
Ces quinze derniers titres de la collection sont classés par ordre chronologique en commençant par le plus récent. La liste complète des parutions, avec une courte présentation du contenu des ouvrages, peut être consultée sur le site www.harmattan.fr
Titre

Danielle Bastien











La vie, ça commence demain

Roman
Du même auteur

Le plaisir et les mères, Paris, Imago, 1997 et 2002, ebook 2011.
Une chambre au bord du fleuve, roman, Paris, Imago 2000.
Le couple ou le dialogue inconscient, Paris, Imago, 2005, ebook 2013.
Clinique du couple, avec P. De Neuter, Toulouse, Eres, 2007.
Pour Victor et Maurice
« Ce que nous croyons découvrir, nous l’avons toujours su. On n’oublie rien. Nous n’avons jamais chassé de notre mémoire ces quelques syllabes, l’éclair de lassitude, le mot chuchoté. Nous avons gardé au plus profond de nous ce geste regretté. C’est cette part aveugle qui a décidé de notre destinée. Qu’un grain se glisse dans la blessure si mal refermée et tout bascule : amours, rêves, certitudes. Notre chemin se perd sous le sable, pierre sans mémoire qui coule entre nos doigts, chair des destins fragiles, ciment des châteaux éphémères. »
Philippe Grimbert, Un garçon singulier , 2011.
Il fait chaud. Si chaud. Je ne sais plus depuis combien de temps je suis ici. Combien d’heures, combien de jours ? J’ai l’impression que je pourrais rester ici toute la vie. Toute la durée de ce qui me reste à vivre. Les palles du ventilateur brassent encore et toujours un air lourd et odorant : un mélange de poussière, de feijao et de café. Le bruit sourd et irrégulier de la tôle ponctue le temps sur un mode anachronique. L’air est découpé, hachuré par la cadence discontinue des bras de l’engin. D’être en dessous, et de devoir être soumis à ce bruit intermittent pour espérer avoir un tout petit peu de fraîcheur, un début de refroidissement, amène de suite, allez savoir pourquoi, la crainte irraisonnée, presque folle, que l’objet pourrait se détacher et tournoyer dans l’air en rugissant d’un cri strident. Comme un feu d’artifice égaré, qui viendrait ensuite strier le corps, la chair.
Et le téléphone reste silencieux. Pas l’ombre d’une vibration. Pas la trace d’un début de sonnerie. Rien. Nada . Je suis trempé d’une sueur qui ne cesse pas de m’envahir et de m’incommoder. Mais je n’ai pas la force de me lever. Encore moins de me laver. Juste d’attendre. Jusqu’à quand ?
– La cinquième question est cruciale. Vous le savez. Nous le savons tous. Nous tous ici rassemblés, et tous les téléspectateurs devant leur écran. C’est un quitte ou double ! C’est un passe ou casse ! Nous sommes d’accord ? Est-ce que vous êtes d’accord ? Paulo ? Maria ? Bien. Alors cinquième question.
La lumière de la télévision irradie la pièce par saccades et induit même en plein jour, une lueur étrange presque fluorescente. Et la sonorité particulière des émissions de jeux do Globo envahit toute l’atmosphère. Entre cris et euphorie. Entre excitations et agitations. Trop fort, trop bruyant, trop exubérant pour l’état de mes neurones. Je m’empare de la télécommande et réduis considérablement le son. Je suis incapable de savoir pourquoi j’ai allumé cette télévision. Sans doute une tentative stupide de trouver un infime apaisement. Une minute ou deux, plus si affinités. Les murs vert d’eau délavés deviennent quasiment photogènes. Ils s’éclairent, le temps d’une image, d’un éclat de rire, d’un moment de pub. J’entends au loin, comme si j’étais dans la pièce d’à côté, le vacarme de l’illusion consumériste. Le bonheur garanti, grâce à un soda, une paire de chaussures ou un nouveau maillot de bain. Et moi, je suis face au néant. Face à l’impossibilité totale de savoir ce que je deviendrai dans une heure, un jour, une semaine.
Il fait chaud. Si chaud. A moins que ce soit moi qui n’arrive plus à sentir ? Mais qu’est-ce qui se passe ? Est-ce que j’ai oublié quelque chose qu’elle m’a dit ? Quel jour sommes-nous ? Elle ne peut quand même pas être partie comme ça, sans un mot, sans une parole ? Peut-être que je deviens fou. Je suis fou. Elle est là à l’étage, et moi je ne l’entends plus, ne la vois plus. Ou alors je suis mort. Je suis déjà mort et elle est vivante, c’est pour ça que je ne la retrouve pas. Ou c’est elle qui s’est effacée. Delete. Evaporée. Tout ça c’est n’importe quoi. Elle n’a emporté aucun vêtement, aucun objet, aucun bijou. Elle n’est pas partie. Elle a disparu.
– Et monsieur vient de remporter quoi ? Vient de remporter quoi ?
Les applaudissements envahissent l’espace sonore avant d’être brutalement interrompus par mon action sur la télécommande. Ce bruit de fond m’est insupportable. Pourtant le brouhaha du ventilateur est pire. Il faut que je boive quelque chose ou que je fume. Il faut que je me lève. Il faut que ce téléphone sonne. Que ça s’arrête. Qu’on en finisse. Que je sache.
– 1 –
Une carte postale du Canal Grande de Venise, avec juste son nom, son adresse à elle et sa signature à lui. Comme promis. Un jugement sans appel. C’était fini. Point, barre. C’était prévu depuis longtemps. Depuis le début. Pourtant, elle ne s’y était pas réellement préparée. De manière aussi incroyable que cela puisse paraître aujourd’hui, elle n’y avait pas cru. Elle n’avait pas pu y croire. Comme si ça n’arriverait jamais. Pas dans cette belle histoire. Pas avec lui. C’était une blague. Néanmoins, dès qu’elle eut ramassé le courrier et qu’elle prit conscience de ce que cela signifiait, elle sut que c’était bien arrivé. On ne rigolait plus. L’heure était à la fin brutale. A l’arrêt sur image. A l’abandon. Elle eut l’impression que le sol se dérobait sous ses pas. Comme un cauchemar dont on n’arriverait pas à se réveiller. Alors elle tourna, tritura, observa ce petit bout de papier presque vierge hormis leurs noms écrits de sa plume à lui. Aucun doute n’était permis. Elle le lut et le relut. Il n’y avait rien d’autre à y trouver que ce « Ciao bella, basta cosi ! » Tout en le tenant entre ses deux mains comme s’il pouvait s’envoler, Elsa se laissa glisser doucement et puis de plus en plus rapidement, emportée par son propre poids le long du mur. Elle finit par être complètement assise par terre, la carte toujours broyée entre ses mains qui tremblaient. Elle se remémora les moments où elle grelottait en l’attendant dans une des chambres fades de l’hôtel Dunia. Le lieu était sordide mais elle ne le voyait pas. Elle ne voyait rien. Ni les murs, ni les rideaux, ni la couleur du ciel. Elle ne savait rien d’autre que sa certitude qu’il allait arriver et la délivrer du manque. C’était le désir qui lui donnait froid. Bizarrement. Il préférait qu’elle arrive avant lui. Toujours. « C’était plus sûr » disait-il en souriant, et elle ne savait pas si c’était pour des raisons de prudence ou d’embrasement du désir. A moins que cela ne soit les deux. Là, maintenant, ici, plus de désir, plus d’attente, juste une douleur telle, qu’elle avait l’impression de ne jamais avoir eu aussi mal. Même la douleur physique était plus supportable. Quand elle fut en contact avec le sol, elle se laissa aller aux pleurs. Elle pleura de toutes ses larmes. Puis soudain elle commença à crier. Un hurlement comme une détresse à l’état brut. Elle n’avait rien vu venir. Vraiment. A moins qu’elle n’ait pas voulu savoir. Ou qu’elle se soit trompée sur toute la ligne ? Les larmes coulaient sur le carton et délavaient les lettres fatales. Son nom disparaissait peu à peu. Elle ressentait quelque chose dans son corps qui lui disait qu’elle ne pourrait pas y survivre. Une brûlure semblable à

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