LE BAL DES PRETENDANTS QUEL ROI DANS UN AN
132 pages
Français

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LE BAL DES PRETENDANTS QUEL ROI DANS UN AN , livre ebook

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Français

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Description

Ce pamphlet est un conte. Une forme de " conte moral " qui se déroule dans une période révolue à l'aube du Siècle des lumières. Souverains et ministres du royaume imaginaire où se déroulent les faits présentent toutefois de curieuses similitudes avec les dirigeants politiques que nous connaissons ou avons connu. Est-ce en vérité si surprenant ? Force est de constater que la sagesse et le bon sens n'ont guère progressé. Quête de richesse et lutte pour le pouvoir continuent à aveugler les hommes…

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2011
Nombre de lectures 33
EAN13 9782296466975
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE BAL
DES PRÉTENDANTS
Charles de Varin


LE BAL
DES PRÉTENDANTS
Quel roi dans un an ?
Illustrations © Huré


© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-55461-0
EAN : 9782296554610

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
À JEH, en souvenir d’un homme libre.
1 PRÉAMBULE
Avant-propos. Les enseignements de ma gouvernante et l’exemple de mon père. Les dérives du Grand Roi. Le départ de mon père et mon entrée à l’université. Voyage dans ma province natale.

Les événements que je vais vous conter se déroulèrent à l’origine dans une période heureuse où, après l’effondrement de son ennemi le plus farouche, l’Empire du Froid, l’Europe des vingt-sept royaumes vécut une période de paix et de grande prospérité. Mais l’appât immodéré du gain et la recherche effrénée de jouissances finirent par provoquer de graves turbulences. Tous les souverains furent la cible d’amères critiques.
On s’en prit dans notre royaume au Régent, que ses adversaires avaient affublé du sobriquet de Clinquant, pour stigmatiser son goût pour l’or et la richesse, qu’il avait pourtant souhaité partager avec ses sujets. Mais mon propos n’est pas de me livrer à des considérations élevées sur la gouvernance des royaumes. J’avoue être dépassé par les enjeux de telles exégèses et je laisse volontiers le soin de les réaliser à ceux qui feignent de ne pas l’être ! Qu’on me permette seulement de suggérer aux lanceurs d’anathèmes de tous poils de mettre un peu d’eau dans leur vin, car quand il leur reviendra de prendre les rênes du pouvoir, ils réaliseront soudain que l’action est un art moins aisé que la critique. Et, s’ils ont quelque humilité, ils conviendront que n’étant pas beaucoup plus sots qu’eux-mêmes, ceux qu’ils ont remplacés auraient déjà trouvé les bonnes recettes, c’est-à-dire celles efficaces et indolores, si elles existaient vraiment.

Les enseignements de ma gouvernante et l’exemple de mon père.

Bien des gens qui s’enrichissent au-delà du raisonnable mettent ce résultat sur le compte de leurs qualités, qu’ils jugent incomparables, et en particulier sur celui de leur intelligence, qu’ils considèrent hors du commun. Leurs simagrées ne trompent pourtant personne, et surtout pas les esprits simples qui ne se laissent pas éblouir par les artifices que déploient les chevaliers d’industrie ou de finance pour masquer bassesses, mesquineries et tromperies dont ils ont dû faire abondant usage pour parvenir à leurs fins.
Louise, la gouvernante qui m’a élevé, et que j’aimais comme une mère – hélas, la mienne ne survécut pas à une grave maladie qui l’emporta quand je n’étais encore qu’un jeune enfant – m’a tenu un jour, narquoise, des propos qui restent gravés dans ma mémoire. Venant de lamentablement échouer à la traduction d’un texte de Tacite, je doutais devant elle de mes capacités à tenir un jour le rang auquel j’aspirais. « Oh Charles ne désespérez pas, me dit-elle moqueuse, même le dernier des imbéciles peut devenir riche, pour peu qu’il accepte de flatter les princes et de prendre l’argent des pauvres ! »
Louise reprochait à mon père de trop orienter mon éducation vers l’art du négoce, au détriment de la pratique de la religion et des humanités sur lesquelles devait, selon elle, se fonder la formation d’un honnête homme. Mon père, qui l’aimait bien, ne s’en offusquait pas. Il répliquait en riant que la fréquentation assidue des églises n’avait jamais nourri son homme et qu’il craignait que la parfaite connaissance des dialogues de Socrate ou des discours de Cicéron ne fût une arme insuffisante pour gagner décemment sa vie.
Il se gardait bien, toutefois, d’émettre en public des remarques aussi séditieuses ! Une telle attitude n’aurait pas été de bon ton au temps du Grand Roi. Pire ! Elle lui aurait valu sans conteste de perdre sa charge de commis général de la manufacture royale où, avec talent, il exerça ses activités jusqu’à une date encore récente – il est désormais retiré sur les terres familiales que nous ont léguées nos ancêtres. Quatrième garçon de la famille, mon père n’avait pu prétendre ni administrer nos biens agricoles, ni rejoindre l’armée, ni embrasser une carrière ecclésiastique. Mon grand-père s’était en définitive résolu à le confier à un ami commis général dans une manufacture royale.
Influencé par les préjugés de l’époque, mon grand-père faisait peu de cas de la carrière de mon père, dont la fierté en souffrit. Mais le peu de cas qu’on fit de sa charge contribua à lui forger de la force d’âme et le poussa à lutter pour améliorer sa condition. Il y réussit d’ailleurs à merveille. Gravissant progressivement tous les échelons, il devint grand maître des écritures comptables, puis commis aux finances avant d’accéder, récompense suprême, au poste de commis général de la manufacture royale. Mon père retira de sa longue carrière une légitime satisfaction, et des avantages matériels que moi, son fils unique, j’appréciai à leur juste valeur. Mais il sut raison garder. Il ne se complut pas dans la recherche débridée de richesse et dans des spéculations hardies comme bien de ses confrères qui engagèrent leur fortune dans des opérations hasardeuses de commerce maritime et qui finirent immensément riches ou entièrement ruinés. Son aisance matérielle lui en donnant le loisir, la littérature et la musique prirent progressivement une part grandissante dans l’ordonnancement de la vie de notre maison. Il ne se passa plus une semaine sans que quelque claveciniste ou violiste de gambe vînt enchanter nos soirées ou nos réceptions champêtres durant les mois d’été.

D’étonnantes dérives du Grand Roi, sourd aux aspirations de ses sujets.

Mon père mérite bien des louanges d’avoir su tirer son épingle du jeu en une période aussi peu propice au négoce que celle des règnes du Grand Roi et de l’Usurpateur, son prédécesseur. Ces deux monarques proclamaient que l’excès de fortune des bourgeois et des manufacturiers du royaume leur était insupportable, mais ne faisaient rien qui pût accroître le bien-être du peuple. Chaque fois qu’un de leurs sujets se mettait en tête d’entreprendre, une armée de gabelous à la solde des fermiers généraux lui prenait ses écus avant qu’il n’ait rien produit, si bien que nombre d’objets manufacturés venaient à prix d’or des voisins de notre beau royaume, qui commença à s’appauvrir. Heureusement les manufactures royales échappaient aux critiques, pour peu que leurs commis généraux rappelassent en tous lieux et en tous écrits qu’ils n’avaient qu’un souci, l’intérêt du royaume, et qu’ils sussent flatter et récompenser les fabriqueurs et les fabriqueuses les plus portés sur la fronde.
Quand il devint commis général sous le règne du Grand Roi mon père m’expliqua qu’il devait dissimuler par tous moyens et tous expédients les bénéfices de sa manufacture, car il n’était pas recommandé d’en faire état auprès de la cohorte de tous les biens pensants, et du premier d’entre eux, le souverain. Celui-ci cachait son incapacité à comprendre et à maîtriser le cours des choses par une activité fébrile et désordonnée qui n’impressionnait que ses thuriféraires les plus serviles, comme son aide de camp, le marquis de Baupain, personnage flamboyant mais dérisoire qui se prenait pour Virgile quand il déclamait des vers boiteux, les cheveux au vent, face à la mer déchaînée.

Le départ de mon père.

Mon père était en avance sur son temps, car il avait compris l’importance du négoce pour la prospérité d’un royaume. Désormais retiré loin de l’agitation de la capitale, il vit un bonheur paisible sur ses terres. La veille de son départ, il m’avait demandé de venir le rejoindre dans son cabinet de travail :
« Charles, il faut que je te parle. Isolons-nous car j’ai tant de choses à te dire

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